Sarko coupe le carbone en deux (« C dans l’air », 11/09/09)

14 septembre 2009 - Posté par Alain Grandjean - ( 8 ) Commentaires

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Merci à Yves Calvi de m’avoir invité et merci à Jean Jouzel d’avoir accepté ce debat.
Nos interlocuteurs avaient manifestement peu de connaissances sur le dossier scientifique et pas beaucoup sur le dossier fiscal. J’espère que les téléspectateurs s’y sont retrouvés…
J’ai été parfois un peu trop « tonique »…l’exercice me m’est pas habituel.
Merci à ceux qui m’ont fait des retours et qui nous permettent de mieux apprécier les informations à clarifier.

Voir l’émission en ligne sur le site de France 5

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8 Responses to “Sarko coupe le carbone en deux (« C dans l’air », 11/09/09)”

  1. En informant le consommateur des risques liés au CO2 par le moyen d’un signal-prix, la taxe carbone est entachée à mon sens d’une sérieuse erreur pédagogique, car ce signal est unipolaire et négatif (c’est un impôt !).
    Or bon nombre de nos concitoyens sont aujourd’hui assez motivés pour payer de leur personne (au sens propre) sous forme d’investissement personnel dans l’ECS et l’électricité solaires, l’isolation, le choix de véhicules à moindre émission de CO2 (ce qu’ont bien relevé les publicitaires), etc. Ils bénéficient d’aides de l’état, ce qui en soi constitue un signal positif, qui exprime en gros la considération et la gratitude de la nation envers des citoyens méritants à qui l’on décerne cette « médaille » – alors que la rentabilité financière de ces investissements personnels est pourtant loin d’être établie.
    Il est vrai, comme cela est dit dans l’émission, que l’on voit aujourd’hui les bienfaits de l’importance des taxes sur les carburants pour l’industrie automobile européenne, chose que la fable illustre depuis longtemps, opposant en l’espèce la cigale américaine à la fourmi européenne ! A cette différence près que les réserves récoltées par la fourmi (le produit de la taxe carbone) n’iront pas dans son garde-manger ni dans celui de la fourmilière mais dans les sables mouvants du budget national et de la crise financière. Autrement dit ce qui a fonctionné pendant des décennies via la TIPP et consorts risque aujourd’hui de déraper.
    En alliant la carotte au bâton, une solution bipolaire comme le bonus-malus me paraît donc préférable. Ou d’autres solutions, tout aussi bipolaires, comme par exemple l’idée d’une « TVA verte » émise récemment dans la presse.

  2. La proposition de taxe carbone actuellement discutée comporte un volet « redistributif » important pour les ménages sous forme de baisse d’impôt ou de crédit d’impôt'( = un « chèque) pour les ménages, c’est très proche d’un bonus malus, et cela vise bien à ne pas enfouir les recettes de la taxe carbone dans les poches profondes de Bercy. et surtout c’est pédagogique : il s’agit bien de montrer que le but visé n’est pas de sanctionner ou de punir mais d’orienter.
    Cela étant l’efficacité intrinsèque du « signal prix » au plan économique, est bien démontrée car l’étude des consommations énergétiques dans tous les pays du monde montre qu’elle est sensible au prix , sur la durée.
    Elle est efficace car équitable( tout le monde paie en fonction croissante de la pollution qu’il engendre) et incitatrice même pour le consommateur qui ne croit pas au changement climatique, ou qui pense que c’est aux autres de faire un effort (c’est la faute aux chinois, c’est bien connu)
    Bien cordialement
    Alain Grandjean

  3. Bonjour,
    Le lien permanent vers la vidéo (à ouvrir avec un client comme VLC par exemple) est le suivant :

    mms://a533.v55778.c5577.e.vm.akamaistream.net/7/533/5577/42c40fe4/lacinq.download.akamai.com/5577/internet/cdanslair/cdanslair_20090911.wmv

    Bravo Alain pour votre argumentation qui a su ne pas dériver sur le débat de fond, scientifique, dont visiblement vos opposants n’avaient rien à faire.
    C’est d’ailleurs sur ce point que Jean-Marc Jancovici s’était fait « avoir » dans une émission passée de « Mots Croisés », face à un porte parole de l’UFC Que Choisir et à des politiques intéressés par leur électorat.

    La France a fait un pas dans la bonne direction, et j’ai du mal à me rendre compte qu’elle l’ai fait.
    La difficulté à laquelle il va falloir s’attaquer maintenant est l’acceptabilité du grand public, et pour ce faire il va falloir éduquer ; la tâche ne sera pas aisée avec des négationnistes tels Laurent Cabrol ou Claude Allègre, non compétents dans ce domaine et dont le travail de sape bénéficie d’une couverture médiatique efficace…

  4. Merci de votre réaction encourageante. Je suis effectivement convaincu que la meilleure attitude est de ne pas céder aux pièges provocateurs. Pas facile…Je suis optimiste sur le fait que les « climato sceptiques »perdent en ce moment du crédit. Mais bien parce que les arguments sérieux sont de mieux en mieux exposés et les contre arguments démontés.
    Un gros travail de pédagogie est à faire encore. Bien d’accord avec vous.
    Bien cordialement.
    Alain Grandjean

  5.   Jean-Philippe Simand   13 octobre 2009 à 10 h 08 min

    Bonjour,
    La taxe seule a des inconvénients majeurs: Le territoire va s’aménager sous sa contrainte; nous allons donc assister à des situations critiques avant que les choses ne bougent; ces phases transitoires risquent d’être vécu par la population comme des incohérences dans l’action.

    Pourquoi ne pas avoir communiqué sur l’aménagement du territoire, complément indispensable à la taxe?

    Ne faudrait-il pas anticiper les effets de cette taxe par l’aménagement ? Quand le gasoil sera à 2€, tout le monde voudra habiter proche des Zi et aucun logement ne sera prévu! L’état devrait agir au plus tôt, comme il essaie de le faire actuellement pour le fret.

    Il n’y a qu’à regarder les travaux de la DIACT; ses préconisations sont d’une grande frilosité face au défi climato-énergétique. Seules ses \Perspectives 2030\ semblent esquisser des changements notables!!!

    Concernant la réorientation environnementale de l’économie, il vaudrait mieux, à mon humble avis, faire une taxe \environnement\ plutôt qu’une taxe carbone. Dans cette taxe seraient compris taxe carbone, taxe écotoxicité (coût de la pollution locale, PCB, etc.), eutrophisation, taxe déchets nucléaire (coût des déchets). Le tout indexé sur des résultats d’ACV, contrôlé par l’état.

    Ainsi, on ne tergiverserait pas sur la taxe de l’électricité ou plus globalement l’énergie.

    Si on fait une taxe environnementale par étapes, en commençant par le carbone, on va tout électrifier (voitures, camions, … ) puis se rendre compte peu de temps après qu’on n’a fait que déplacer le problème.

    Cordialement

    Jp

    • Bonjour
      Merci pour votre commentaire!
      Il y a effectivement un problème d’oeuf et de poule, l’aménagement du territoire a résulté en France de l’accès à un énergie peu chère et même de moins en moins chère, relativement au pouvoir d’achat; il est urgent d’arrêter la pompe à étalement par la taxe; elle a été fixée à un niveau très bas, elle est compensée de manière forfaitaire, de sorte qu’il n’y aura pas de vraies difficultés dans un premier temps. En revanche le « signal » est passé et les ménages qui s’installent dans des coins « reculés » savent qu’ils en paieront le prix un jour.
      Effectivement on aurait dû corriger le tir avant . Mais on ne l’a pas fait. Ce n’est pas une raison pour ne pas le faire maintenant.
      Effectivement il faut plus parler d’aménagement du territoire et d’urbanisme, qui sont des causes très structurantes de nos gaspillages, c’est en train de venir, le grand emprunt va, j’espère, y aider.
      Enfin je me permets de ne pas être d’accord avec votre souhait d’une taxe environnementale : c’est ce que fait la TGAP, qui est assez inefficace. il vaut mieux des dispositifs spécifiques et significatifs par grand problème écologique. Le sujet central est de progressivement faire peser les impôts sur les pollutions et les consommations de ressources naturelles, plus que sur le travail. Ce « basculement » ne va pas se faire très vite. Mais le sujet est maintenant sur la table.
      Bien à vous
      AG

  6.   Jean-Philippe Simand   15 octobre 2009 à 11 h 56 min

    Bonjour,
    Merci pour votre réponse.
    J’admets l’efficacité de taxe carbone sur l’aménagement du territoire. Je pense cependant que ce fut une erreur de communication du gouvernement de ne pas expliquer ses conséquences positives attendues dans ce domaine. Les gens attendent de l’aménagement et non une taxe aux effets mal connus.

    Concernant, la TGAP, l’INERIS explique son inefficacité à cause de la valeur trop faible de la taxe : 30 à 50 fois inférieurs à celle des pays de référence.
    http://www.ineris.fr/aielcp/general/index_frame.htm?http://www.ineris.fr/aielcp/fiches/industrie/autres_fiches/taxes_fr_tgap.htm

    A mon avis, la taxe carbone ne règle que le problème des GES car elle incite surtout à l’électrification massive. Elle ne répond donc que partiellement à la volonté de sobriété énergétique exprimée dans vos livres.

    Je pense que la mise en place d’un taxe environnement globale basée sur ACV, donc notamment sur la consommation de minerais et sur les déchets toxiques, pourrait offrir une garantie globale de sobriété énergétique. Traiter seulement un grand problème à la fois risque de nous faire échanger une grande problématique pour plusieurs autres (biodiversité, écotoxicité…) non moindres.
    Cordialement
    JPS

    • Bonjour.
      Merci pour le lien Ineris.
      Je partage votre avis sur la nécessité de communiquer plus sur l’aménagement du territoire, ainsi que sur le niveau trop faible de la tgap.
      Cela dit, je ne dis pas et ne pense pas qu’il faille se limiter à la taxe carbone.
      Je soutiens l’idée qu’il faut exercer une pression a la hausse sur le prix des énergies, qu’il faut aussi s’occuper du méthane et autres GES. Sur les autres préjudices environnementaux il faut aussi agir par voie fiscale mais pas en mélangeant tout dans un impôt unique. Il y a des problèmes difficiles d’assiette et de taux. On ne gagne rien à tout mélanger.
      Bien a vous.
      Alain Grandjean

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