Transition énergétique : le gouvernement doit tracer un cap ambitieux et clair

21 juillet 2013 - Posté par Alain Grandjean - ( 19 ) Commentaires

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[Article publié dans le Nouvel Observateur]

Le Débat National sur la Transition Énergétique se termine avec plus de 150 propositions d’actions, dont une dizaine ne font pas consensus. Certes, ce ne sont pas les moins importantes. Mais en déduire que ce débat est un échec, comme le titrent certains médias, est une contre-vérité, blessante pour tous ceux qui sont engagés ensemble pour réfléchir à l’avenir de la France.

Sur la forme, rappelons d’abord que la synthèse produite le 18 juillet a bien été signée par tous les acteurs (regroupés dans sept collèges), à l’exception du syndicat FO, qui avait pris cette décision de principe depuis fort longtemps (Voir l’article). Ensuite, pourquoi mettre l’expression de divergences, formulées précisément, au débit d’un débat démocratique ? Nous ne sommes ni au pays des bisounours ni dans un pays totalitaire. C’est donc au contraire une preuve de sérieux et de maturité. Les parties prenantes ne se sont pas voilé la face. 

Sur le fond, les grands enjeux de la transition énergétique ont tous été abordés, de manière sérieuse et documentée – il suffit pour s’en convaincre de lire les centaines de pages des annexes du rapport de synthèse et des études fournies par les experts. Les investissements à réaliser et les économies d’énergies fossiles qui en résultent ont été chiffrés en ordre de grandeur ainsi que les emplois générés.

Comment maîtriser la facture d’énergie (par une baisse de la consommation), comment développer les énergies renouvelables, comment décentraliser notre politique énergétique alors qu’elle s’inscrit dans un cadre européen ? Sur ces trois sujets, quels financements mettre en place ? Les orientations fournies par le débat et les mesures proposées sont claires, même si elles restent à préciser dans certains cas.

 

Réduire la consommation d’énergie, un défi

 

La divergence principale est relative à l’ambition à 2050 en matière de consommation d’énergie. Certes, diviser par deux la consommation à cet horizon (c’est-à-dire réduire notre consommation de 2% par an en moyenne) est un défi, qui ne convient sans doute pas aux énergéticiens (plus précisément, à ceux qui vendent de l’énergie : tout le secteur des services à l’énergie est intéressé à une ambition forte en matière d’efficacité énergétique), dont l’intérêt est globalement inverse.

 

Mais les gains de productivité réalisés par l’industrie ou l’agriculture depuis les années 1950 sont de cet ordre de grandeur, ou supérieurs. Pourquoi refuser a priori que ce soit impossible au plan de l’efficacité énergétique ?

 

Quand le président du comité énergie du Medef (également président de l’Union française des industries pétrolières) déclare « cet objectif nous semble totalement utopique » et qu’il lui « paraît impossible de concilier une telle baisse de la consommation d’énergie avec le développement de l’économie et de l’emploi en France », ne manque-t-il pas d’ambition et de confiance en l’avenir ?

 

Le gouvernement, garant de l’intérêt général

 

Quoi qu’il en soit, ce « facteur 2 » est simplement apparu comme nécessaire pour diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre à cet horizon, suite à l’analyse objective des 15 scénarios énergétiques dont nous disposons. Cet objectif n’a pas été remis en cause formellement dans le débat. Cela étant, les discussions vraiment difficiles sur la fiscalité écologique et la taxe carbone montrent là aussi qu’il faut que le gouvernement assume son rôle de garant de l’intérêt général…

 

Précisons toutefois la formulation nuancée qui a été proposée par le Medef dans le document final :

 

« Ils proposent ainsi de le ramener à un rythme moins élevé, avec une réduction minimale de -20% à 2050, en recourant dès que possible, quand elles seront commercialement disponibles, aux nouvelles technologies nécessaires, notamment aux techniques de capture et de stockage de CO2. »

 

Pour finir sur ce point, le DNTE a recommandé de faire un bouclage macroéconomique des quatre différentes trajectoires en comparant les résultats de plusieurs modèles. Cet exercice est souhaitable pour éclairer le gouvernement et le Parlement sur la question de la faisabilité économique de telle ou telle trajectoire.

 

Crainte d’un effet d’éviction dans le bâtiment

 

Dans la cinquantaine de mesures proposées pour réduire la consommation d’énergie, celle qui a polarisé les divergences est l’obligation de travaux dans le logement – pour le sectaire tertiaire, l’obligation de travaux est « dans les tuyaux », encore un peu bouchés à ce jour ; le DNTE demande à raison de publier au plus vite le décret d’application de l’obligation de rénovation des bâtiments tertiaires publics et privés.

 

La  formulation retenue est prudente :

 

« Ces conditions, si elles sont réunies, doivent permettre d’envisager progressivement l’introduction d’obligations de travaux aux grands moments de la vie des bâtiments (par exemple travaux de gros œuvre), en particulier collectifs. »

 

Pourtant, « certains acteurs économiques sont opposés à cette obligation ». Quelle n’a pas été la surprise de la majorité des présents de constater que les fédérations d’entreprises concernées (la FFB et la CAPEB pour ne pas les nommer) ont fait un blocage de principe sur une mesure dont on pourrait penser qu’elles vont en bénéficier massivement ? L’analyse de leur blocage révèle l’une des clefs de ce débat.

 

Dans une économie en stagnation, les entreprises du bâtiment craignent un « effet d’éviction ». Si on rend obligatoires certains types de travaux, ce sera, à leurs yeux, au détriment d’autres travaux. La solution à ce dilemme a été proposée et nécessite des innovations, comme la création de la Société de financement de la transition énergétique, qui permettent de développer des crédits privés avec garanties publiques partielles – légitimes, car il s’agit d’opérations d’intérêt général – vers les actions de rénovation thermique des bâtiments. Gageons que sa mise en œuvre lèvera bien des réticences !

 

Dissensus ordinaire sur le nucléaire

 

Concernant le nucléaire, qu’un débat participatif ne conduise pas à un consensus en France, ce n’est quand même pas une surprise. La nécessaire diversification des sources de production électrique est plutôt consensuelle en France. Il est raisonnable de ne pas dépendre d’une technologie ne pouvant exclure un accident majeur ni  des défauts génériques (position de l’Autorité de Sûreté Nucléaire [1]).

 

Cela étant, comment réconcilier les intérêts économiques et industriels d’EDF et d’Areva, les intérêts scientifiques et technologiques du CEA, ceux de la défense des emplois existants par les syndicats, avec la demande exprimée clairement des ONG de sortir du nucléaire, selon un calendrier plus ou moins rapide, et celle des citoyens de « diversifier nos moyens de production » ? Sachant qu’il s’agit de résoudre cette équation tout en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre…

 

Il appartient maintenant au gouvernement d’indiquer sa feuille de route, qui permettra de définir aussi l’objectif (non consensuel à ce jour) sur les énergies renouvelables électriques (y compris hydraulique). En produire 130 TWh en 2030 est accessible techniquement, mais est-ce utile si la production nucléaire est maintenue au niveau actuel  et la consommation stabilisée (du fait d’une diminution de la demande sur les usages actuels compensée par des reports d’usage) ? Soulignons cependant que, sur la biomasse, un objectif ambitieux de 20 MTep (équivalent à  230 TWh) a été fixé de manière consensuelle.

 

Proposition de loi charpentée

 

Quant aux gaz de schiste, objets de dissensus, le gouvernement a pris une position assez ferme mais contraire aux intérêts de certains acteurs. La fièvre liée à son développement aux USA fait espérer que son exploitation en Europe pourrait permettre de réduire la dépendance énergétique européenne. Avant de lancer la moindre exploration (séparer l’exploration de l’exploitation est artificiel : quel acteur privé pourrait envisager d’explorer sans bénéficier des droits à exploiter si l’exploration s’avère positive ?) et de prendre des risques de jacquerie, il est raisonnable de faire une étude d’impacts sociaux, écologiques (dont climatiques) et économiques pour avoir une meilleure estimation des enjeux réels de l’exploration en France de cette source d’énergie. C’est précisément l’une des recommandations issues du débat…

 

Pour conclure, la synthèse du débat est consistante. La vraie question maintenant, c’est ce que va faire le gouvernement de l’ensemble de ces recommandations. Il doit lancer plusieurs approfondissements ou concertations complémentaires (il lui est recommandé par exemple d’organiser une conférence bancaire et financière de la transition énergétique et Instaurer un groupe de travail partenarial ad hoc pour définir la feuille de route « mobilité des personnes et des marchandises »).

 

L’essentiel, c’est qu’il fasse une proposition de loi charpentée sur la transition énergétique, après avoir affirmé un cap convaincant. Voilà qui serait à son honneur et lui permettrait sans doute de redonner du sens à son action politique, qui en a bien besoin.

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[1] « L’expérience a montré que la standardisation comporte aussi le risque qu’un défaut grave, que l’on ne peut exclure a priori, soit générique et affecte plusieurs réacteurs. Dans une telle situation, l’ASN pourrait juger nécessaire, au regard des exigences de sûreté, de suspendre sans délai le fonctionnement de ces réacteurs. L’arrêt rapide d’une part significative des moyens de production électrique provoquerait, en l’absence de marges, une pénurie d’électricité avec des conséquences sociales et économiques considérables. » Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN. Contribution au débat national sur la transition énergétique, le 16 mai 2013.

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19 Responses to “Transition énergétique : le gouvernement doit tracer un cap ambitieux et clair”

  1. Il y a toujours une petite remarque antinucléaire, c’est le cas dans cet article par la note juste au-dessus.

    La standardisation dezs réacteurs nucléaires procure des avantages : les réacteurs américains du même type ont dix ans d’ancienneté en plus : on voit venir les problèmes. De même, les problèmes apparaissent sur le début des séries

    • @PH
      ce n’est pas une remarque « anti-nucléaire »; c’est la position de l’ASN, qui n’est pas anti-nucléaire. je pense être arrivé à sortir du « manichéisme » qui est toujours présent dans ce dossier…
      bien à vous
      ag

  2. C’est une citation sortie de son contexte, l’ASN est indépendante, ce qui signifie aussi qu’elle défend ses intérêts propres. Il faut comprendre cette citation, non pas comme une hypothèse objective de survenue d’un défaut grave ; mais comme la manifestation d’une autorité qui rappelle ces prérogatives.

    Si vous considérez maintenant qu’il y a risque sur la prolongation du parc, vous devriez adhérer à la conclusion logique : il faut lancer deux types de réacteurs différents : des EPR encore plus sûrs est des réacteurs à neutrons rapides qui ont eux aussi progressé en robustesse. Les éoliennes et le photovoltaïque ne répondent pas beaucoup à la demande électrique.

    Je suis très étonné que vous fassiez appel aux gains de productivité depuis les années 1950 dans l’agriculture et l’industrie, alors que l’économie repose principalement sur les services, et qu’il faut observer l’intensité énergétique : +1% de PIB et -2% de consommation énergétique est impossible.

    Nous ne pouvons donc pas diviser par 2 notre consommation en énergie primaire.

    • bonjour
      Pour l’EPR en France il me semble que la question qui se pose est d’abord d’arriver à le finir, en connaître le coût exact en investissement (8,5 Geuros?) et le coût de son exploitation. Manifestement EDF préfère prolonger la durée de vie des réacteurs existants…ET en effet je pense que la diversification à laquelle pense l’ASN est une diversification entre solutions nucléaires ou entre solutions nucléaires et autres.
      Quant à affirmer que les Energies Renouvelables ne font pas l’affaire, c’est vrai aujourd’hui, mais ca bouge beaucoup. Au niveau mondial les ENR yc compris hydraulique, seront en 2016 la deuxième source de production électrique au niveau mondial.
      Toute la question est bien celle que vous posez in fine, celle de notre capacité à réduire la conso d’énergie. L’exemple des gains de productivité n’est pas une preuve juste une image pour dire ce qu’on a su faire (quand le signal prix, en l’occurrence celui de la main d’oeuvre était là). je ne crois pas à l’impossibilité du découplage, ce ne me semble pas être une loi de la thermodynamique, pas plus qu’une loi arithmétique.
      bien à vous
      ag

  3. Bonjour,

    Dans un article intitulé « Les conditions de la «croissance verte» » (http://bit.ly/gl80iJ) , vous appeliez à une « transition rapide vers un modèle plus sobre sur le plan matériel, ce qui, les conventions comptables actuelles étant ce qu’elles sont, ne peut se traduire que par une baisse du PIB ».

    Or la synthèse du DNPE n’évoque pas de baisse du PIB, et au contraire prend pour acquis que le découplage énergie/PIB est possible. Bien d’autres aspects de la synthèse ne semblent pas prendre en compte ces « conditions  » que vous décriviez.

    N’y a-t’il pas là une forte faiblesse du débat, qui justifierai qu’on le qualifie d’échec, car ne posant pas la question dans les bons termes, et incapable d’envisager que, comme vous l’écriviez en conclusion, « l’aiguillage qui est devant nous est fort simple: soit nous changeons (dans la bonne humeur) de modèle socio-économique, soit nous allons tout droit vers des conflits militaires dus aux multiples pénuries qui se profilent à l’horizon » ?

    Bien à vous,
    tc

    • Bonjour Thierry, oui sur ce plan il y a eu deux faiblesses. En termes de méthode les « acteurs du débat » (les membres du CNDTE représentant des corps intermédiraires) n’ont pas posé cette question; à l’exception d’Yves Cochet… Or le rôle des experts étaient essentiellement de répondre aux questions. Mais du côté des experts, et notamment de ceux qui ont analysé les divers scénarios possibles, l’ambivalence a été forte. Le scénario dit EFF, représenté par celui de l’ADEME repose sur une hypothèse de PIB croissant, on peut penser que s’il permet de réduire la conso d ‘énergie d’un facteur 2 à horizon 2050 et d’un facteur 4 au meme horizon les emissions de GES, alors si le PIB croit moins vite ou décroit il sera encore plus facile d’y arriver (puisque la conso est fonction croissante du PIB). On peut penser l’inverse, en disant que si pib décroit on n’aura pas les moyens de faire les invts permettant de faire le découplage. C’est donc bien un sujet de fond, j’espère qu’on va arriver à le poser maintenant ; si, comme je le souhaite, on fait travailler des économistes de cultures différentes sur le bouclage macroéconomique des scénarios.
      A suivre donc.
      bien à vous
      AG

  4. Les deux EPR, ce sont deux têtes de série, d’une industrie qu’on a arrêté pendant …20 ans. Il est évident que celui de Penly serait beaucoup moins cher.

    Les ENR officielles sont limitées par des contraintes physiques et non pas par la technique. D’autre part pour les renouvelables électriques officiels (éolien et photovoltaïque) on est tellement loin de la rationnalité économique, que ce qui peut » bouger », ne permettra jamais d’atteindre une contribution significative.

    Je ne comprends pas que tout ça vous paraisse si mystérieux. Les économies d’électricité possible : même pas 60 TWh. La diminution de 200 TWh du chauffage au moins 1000 milliards d’euros, etc….

    Alors de grâce, laissez nous construire 19 EPR supplémentaires (atteindre 94 GW de puissance nucléaire) pour nos enfants. Ils paieront déjà assez cher pour les pompes à chaleur et l’électrification des véhicules.

    Bien à vous

    • bonjour
      ne me prêtez pas trop de pouvoir je n’autorise ni n’interdit quoi que ce soit à qui que ce soit! puis-je juste savoir qui est « nous » dans la phrase laissez-nous construire 19 EPR supplémentaires, en tous les cas ce n’est pas EDF….
      bien à vous
      ag

  5. Bonjour Alain,
    Je doute qu’on puisse faire « travailler des économistes de cultures différentes sur le bouclage macroéconomique des scénarios ». La communauté des économistes, vous le rappelez assez souvent, est assez fermée aux concepts nouveaux et à la compréhension des aspects physiques sous-jacents aux processus économiques.

    Permettez-moi par exemple de reprendre votre phrase « je ne crois pas à l’impossibilité du découplage, ce ne me semble pas être une loi de la thermodynamique ». Je suis arrivé à la conclusion inverse, à partir de la baisse des EROI des sources énergétiques, ou l’augmentation de la quantité d’énergie pour extraire des matières premières. Ce sont, d’une certaine manière, des conséquences du 2nd principe: l’énergie extraite peut rester constante, mais l’exergie (« énergie utile ») baisser.
    La conséquence est que, toutes choses étant égales par ailleurs, pour fabriquer un bien ou produire un service demandant une certaine quantité de matière ou d’énergie (nette), il faudra de plus en plus d’énergie brute, ce qui va à l’inverse d’une baisse de l’intensité énergétique du PIB, donc du découplage.

    Des économistes-physiciens américains, tels que Charles Hall, on fait ce genre de calculs, qui semblent être ‘de bon sens ». Or, je ne connais, en France, aucun économiste citant ces travaux, ou intégrant d’une façon ou d’une autre les coûts énergétiques croissants pour extraire les matières premières, notamment énergétiques.
    Comment, dans ces conditions, sérieusement « boucler » économiquement des scénarios, qui eux-mêmes ignorent l’EROI des énergies qu’ils traitent ? Que vaut la constatation que « les ENR seront en 2016 la deuxième source de production électrique au niveau mondial », si par ailleurs elles sont aussi la deuxième source de consommation énergétique (ce n’est pas le cas, heureusement, mais ça pourrait l’être ponctuellement, par exemple pour le PV dans le nord de l’Europe, dont l’EROI une fois installé est sans doute proche de 1:1) ?

    J’ai bien peur qu’il soit impossible de réaliser des modèles bouclés un tant soit peu robustes; tant sont nombreuses les boucles de rétroactions de genre. Et même si on y arrivait; il faudra des années avant qu’ils soient acceptés par les économistes « classiques ».

    La meilleure approche – celle de Tim Jackson et de la NEF brittonique, me semble de prendre comme hypothèse « raisonnable » qu’il n’y aura pas d’amélioration significative du découplage, et d’en tirer les conséquences.
    Le DNTE aurait été bien différent si on avait pris cette voie.

    Bien à vous,
    TC

    PS: J’ai développé ce genre d’argument ici: http://bit.ly/19c0eHS

    • OK merci Thierry, de mon côté je n’ai pas assez travaillé la question , je n’ai pas d’avis. IL me semble que pris dans son ensemble le « système  » peut s’en sortir en générant des gains d’efficacité côté usage, voire transfert d’energie qui compensent les pertes amont. Cela étant faire bosser des personnes qui raisonnent différemment ne me semble pas impossible… je suis optimiste
      bien cordialement
      ag

  6. Bonjour Alain

    Il y a un mot qui ne figure pas dans cette page, ni dans les échanges auxquels elle a donné lieu jusqu’à présent: gaspillage !

    Faute de reconnaître que nos modes de production et de consommation, nés au siècle dernier, celui de « l’énergie abondante et pas chère »… sont source de formidables « gas-pillages », il est évidemment impossible de voir la chance, vis a vis de l’objectif de réduire de moitié notre conso d’énergie, que représentent ces gaspillages colossaux ! (Ceux de tes lecteurs qui « ignorent » – à plus d’une sens du terme – cette réalité, me rappellent ce concentré de sagesse populaire: « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! » )

    Sur lesdits gaspillages colossaux, voir ma réaction sur cet article d’Enerzine: L’usage généralisé de turbines à vapeur ou de moteurs thermiques dans la production électrique et dans le transport peut se comparer au comportement consistant à ouvrir une boite de petits poids d’1 kg et à… en jeter 700 g ! Cette conséquence du second principe de la thermodynamique se prête à quelques « calculs de coins de table » sur… « l’économie de l’énergie »; […] La suite sur:
    http://www.enerzine.com/835/diesel—les-francais-pris-au-piege/participatif.html

    Bien amicalmement
    Raymond

  7. Allons Alain Grandjean,

    Vous avez piloté le DNTE.

    Vous demandez qui est « nous » , et bien, le peuple français, qu’on manipule en cachant les courbes de productions éoliennes et photovoltaïques En cachant pas les coûts de rachat, comme on l’a fait lors de l’augmentation du coüt de l’électricité.

    L’énergie nucléaire est l’énergie du peuple par le peuple, c’est celle qui demande le moins d’importations, celle qui permet d’accumuler de la matière fissile. En 1973, l’italie avait la clémence du climat, l’Allemagne la lignite et les autres puissances industielles se sont partagé les hydrocarbures de la mer du Nord, la France avec ses seules ressources a bâti un parc nucléaire exemplaire.

    Ne dites Alain Grandjean que vous n’avez pas de pouvoir, vous avez eu droit à un article entier dans un quotidien national dans lequel vous avez fait croire que l’éolien et le photovoltaïque créaient des emplois, alors que macroéconomiquement , c’est faux.

    Bien à vous

    • Bonjour PH. C’est formidable de se sentir représentant du peuple! Mais c’est peut-être un peu présomptueux,non?
      Ce n’est pas mon cas, et je n’ai pas piloté le DNTE.
      j’ai présidé au groupe des experts auprès du CNDTE, qui a débattu en suivant une organisation thématique décidée lors de la conférence environnmentale de septembre 2012, et selon une méthode décidée par un comité de pilotage dont j’étais un membre invité (et pas un membre « plein »). Et un article dans un quotidien n’est en rien une preuve de pouvoir… peut-être d’influence, ce que j’essaie de faire en effet.
      Concernant le raisonnement macroéconomique, les échanges sur ce blogsont rigolos. Je milite depuis des semaines pour qu’on fasse le bouclage macroéconomique des différentes ‘trajectoires »; comme la macroéconomique n’est pas une science exacte , ca se saurait, je pousse pour qu’on compare les résultats des 4 trajectoires avec trois modèles différents, pour qu’on ait une meilleure vision des effets macros. Je crois savoir ce qu’est votre raisonnement macro, mais je connais un modèle macro (three me, OFCE/ADEME) pour ne pas le citer qui conclut comme moi. Donc on verra bien.
      D’autres commentaires sur ce blog me poussent à ne pas perdre de temps avec une macroéconomie qui ne tient pas compte de la physique….
      bien à vous
      ag

  8. Bonsoir Alain Grandjean,

    Quand une partie se sent faire partie d’un tout, elle ne se réclame pas être son représentant, par exemple lorsqu’un supporter d’une équipe nationale crie « nous avons perdu » il ne se prend pas pour le chef de l’état.

    C’est étrange que vous évoquiez la macroéconomie qui tienne compte de la physique, alors que vous parlez exclusivement en TWh pour cacher que l’éolien et le photovoltaïque n’évitent pratiquement aucun investissement dans les moyens de production électrique et font exploser les coûts de réseaux.
    La macroéconomie que j’utilise m’a conduit à définir le watt utile.
    Qui de nous deux ne tient pas compte de la physique et fait l’impasse sur les externalités des renouvelables officiels ?

  9. Bonjour,
    1) A propos du découplage énergie – PIB:

    Si le PIB est la somme des VA françaises, comment peut-on faire de la VA avec moins d’énergie ou de ressource naturelle?
    1- à iso-ressources, en innovant dans de nouvelles VA, ce qu’on fait déjà, sous la stimulation du marché
    2-en étant plus efficient: il y a du gras sur ce point mais on peut prédire une asymptote liée à la physique : on sait économiser un élément mais bien souvent au détriment d’un autre moins critique (exp : le carbone des avions économise le kerosène)
    3- en dégradant le service (exp: pour 50€ de VA, hier, on avait des pulls épais et chauds; maintenant à ce prix là on a froid et le pull pluche bien vite)
    Ce point 3 entraîne clairement une dégradation de confort de vie.
    4-en plumant le client final: si tout le monde double ses VA, on
    augmente le PIB sur le dos du français mais sans augmentation de richesses (=inflation?).

    Bref, le découplage ne durerait pas?

    Il paraitrait logique que ce soit plus facile de créer de la richesse non pérenne que de la richesse pérenne. De plus, on a commencé par la plus facile, la plus accessible (cf. T Caminel)

    2) Pourquoi personne ne parle d’optimiser le ratio nombre d’emploi par unité de PIB? Certes cela sous-entend diminution de richesses (bien du monde a de la marge) mais plein emploi possible. On peut imaginer par exemple faire fondre le coût du travail et compenser par des taxes « ressources » et « pollutions »

    L’avenir serait donc plus pauvre, mais pas forcément plus miséreux et c’est bien cela qui peut rendre optimiste.

    En espérant apporter quelque chose.

    jp-42

    • rebonsoir
      à mes yeux l’avenir sera plus partageur…mais c’est sans doute de l’optimisme, et en moyenne beaucoup plus pauvre matériellement, il va bien falloir moins
      « consommer »; bien à vous
      ag

  10. Traitant d’un sujet de 1er ordre d’importance et de conséquences pour le pays, vous tentez de pensez global, pour ne pas oublier un angle mort dans ces dures manœuvres économiques.
    Je vous invite à vous intéresser à la contrainte biodiversité qui égale en enjeux les problèmes climatiques; à un tel niveau d’importance, il serait dommage que le Titanic évite l’iceberg alors qu’il y a le feu à tous les ponts.

    Cordialement,
    jp-42

  11. Bonjour Alain Grandjean,

    à quelle part du PIB comptez monter les revenus de redistribution ?

    Bien à vous

  12. Avant de découpler le PIB et l’énergie, il ne faut pas oublier de découpler le PIB de la qualité de vie.

    Le PIB n’est que le reflet de ce qui a été produit dans l’année. Il ne tient pas compte de ce qui a été produit dans le passé. Autrement dit, tous les biens déjà construits et durables dont nous bénéficions (maison, route, écoles…) n’entrent pas ou presque en ligne de compte du PIB.

    C’est déjà un premier point. Par exemple, une voiture en panne ne sert plus, les est plus efficace en terme de PIB d’en produire une neuve, aussi efficace en terme d’utilisation d’en produire une neuve ou de réparer la panne, plus efficace en termes énergétique et d’emploi de réparer la panne.

    Bref en 1, modifier l’utilisation du PIB me semble être un bon préalable.

    Maintenant, découpler le PIB de la consommation d’énergie est une tâche qui n’a jamais été réalisée dans l’Histoire ! Mais compte tenu des gaspillage actuels je suis résolument optimiste pour découpler au moins partiellement les deux grandeurs.

    Par exemple, un logement bien isolé remplira aussi bien sont office pour moins d’énergie, de même qu’un véhicule plus sobre.

    Reste le débat du comment faire. Du comment ne pas créer de révolutions ou de ruptures douloureuses. Comment faire accepter les évolutions aux perdants (les pétroliers, constructeurs de voitures,…)

    Pour ma part, la première pierre et la plus grosse s’appelle la sobriété énergétique. Si on réussi ce challenge, savoir si c’est tel ou tel moyen de produire le mieux sera une question bien plus simple à résoudre.

    Mais quoi qu’il en soit, je me dis qu’il sera difficile de quitte en même temps le nucléaire et le pétrole. Il faudra donc faire des mauvais choix (du moins les moins mauvais) dans un premier temps.

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