Europe : la trahison socialiste

24 août 2015 - Posté par Alain Grandjean - ( 20 ) Commentaires

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trahison_socialiste

Alexis Tsipras a trahi sa parole et ses électeurs en acceptant un plan d’austérité (voir les commentaires détaillés) de Yanis Varoufakis), imposé par le « quadrige » (Troïka + MES), voisin si ce n’est plus dur que celui que les grecs avaient refusé par référendum. Il a également porté un coup violent aux espoirs que son élection avait suscités en Europe. Cette trahison pourrait bien accroître encore chez les citoyens le rejet de l’Europe et du politique. Accroître aussi le sentiment de résignation que ceux qui n’acceptent pas la politique économique européenne mais finissent par croire qu’il n’y a vraiment rien à faire pour en sortir. Et, in fine, accroître le poids du vote pour les partis extrémistes. Il est donc utile d’en comprendre l’origine de cette trahison, indépendamment des particularités de la question grecque.

Alexis Tsipras a eu comme mentor François Hollande (qui a en effet aidé Tspipras à accepter le choléra d’une politique « austéritaire » au sein de l’Euro à la peste d’une sortie de l’Euro souhaitée par l’Allemagne) qui l’avait précédé dans le chemin de la trahison. Après avoir affirmé pendant sa campagne électorale « mon ennemi c’est la finance » il a fait le nécessaire pour que la France adopte en vitesse une loi de non-séparation bancaire et prenne de vitesse le commissaire européen d’alors Michel Barnier qui en concoctait une plus sérieuse au niveau européen (voir le livre Mon amie c’est la finance) qui en raconte l’histoire et les éléments du débat sur ce blog. François Hollande contribue aussi à la signature du TTIP et au projet d’union des marchés de capitaux…

 

Mondialisation financière : les socialistes à la manoeuvre

Il a lui-même suivi l’exemple de François Mitterrand et de quelques hauts personnages socialistes, à qui on doit la mise en place méthodique de l’ouverture de l’Europe et de la France à la mondialisation financière dans les années 80. C’est Jacques Delors, président de la commission européenne de 1985 à 1994 qui a fait préparer et voter l’acte unique européen en 1986 ((Art 16-4 « Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée [… Le Conseil] s’efforce d’atteindre le plus haut degré de libération possible. L’unanimité est nécessaire pour les mesures constituant un recul en matière de libération des mouvements de capitaux. »)  et le traité de Maastricht en 1992. Il a notamment joué un rôle déterminant dans la dérégulation des marchés financiers en décidant  de pousser la libéralisation bien plus loin que ne le prévoyait à l’origine le programme de marché unique. Il introduit notamment avec Pascal Lamy, un autre ténor socialiste, longtemps directeur général de l’OMC, la directive 88/361 sur les mouvements de capitaux en juin 1988 précisant qu’« aucune transaction, aucun transfert de capitaux n’échappait à l’obligation de libéralisation ».

 

 

C’est sous la présidence de François Mitterrand (1981 à 1995) qu’est voté le traité de Maastricht et que les mesures de déréglementation financière sont prises en France. Son tableau de chasse est impressionnant  (voir http://www.les-crises.fr/deregulation-financiere/) :

  • 1984 : loi bancaire dérèglementant le métier bancaire.
  • 1985 : réforme du marché monétaire. Création des titres de créances négociables. Introduction des bons du Trésor standardisés. Ouverture du marché à tous les investisseurs.
  • 1986  Ouverture le 20 février à Paris du Marché à terme d’instruments financiers (M.A.T.I.F., bientôt rebaptisé Marché à terme international de France).
  • 1986 : loi Bérégovoy sur la dérèglementation financière (déréglementation, désintermédiation, décloisonnement, désinflation) ;
  • 1987  Ouverture à Paris du Marché des options négociables de Paris (Monep). Introduction des premières options sur indice CAC 40 en novembre 1988.
  • 1988 : la France accepte le principe de la fin du contrôle des changes et la liberté de circulation des capitaux (sans création de la moindre harmonisation fiscale européenne).
  • 1988 :  Loi du 22 janvier sur la réforme boursière en France. Dissolution de la Compagnie des agents de change et création de la Société des Bourses françaises (rebaptisée quelques années plus tard Paris Bourse S.A.).
  • 1988 : Création le 15 juin de l’indice CAC 40 composé des 40 valeurs parmi les plus liquides de la place de Paris.
  • 1990 : forte diminution de la fiscalité sur les revenus du capital
  • 1992 : traité de Maastricht (« toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites ») ;

 

On doit par ailleurs à Dominique Strauss-Khan (ministre des finances de Lionel Jospin) la création d’un régime fiscal avantageux pour les stock-options en 1998…

Bref les socialistes portent la responsabilité historique d’avoir libéré le capitalisme financier. On peut comprendre leur souhait de prendre des distances par rapport au marxisme et de lui préférer une social-démocratie qui reconnaisse la nécessité du marché, des entreprises et des banques. Et il est inutile de revenir sur l’échec du communisme réel. En revanche on comprend plus difficilement cet acharnement à dérouler un tapis rouge au capital financier. Il serait lié, selon l’interprétation qu’en fait Gaël Giraud, à une croyance en la capacité de l’échelon international à dépasser les errements de l’étage national. Je reprends ici son propos  :

« Ceux qui ont pensé et organisé l’architecture mondiale d’une planète régie d’abord par la mobilité du capital, ce ne sont pas les « loups » de Wall Street (qui se seraient volontiers contenté de relations bilatérales à la manière du TAFTA, lesquelles permettent de dépecer un pays en silence), ni l’administration de Washington. Ce sont des Français et, majoritairement, socialistes et, souvent, chrétiens : Jacques Delors, Pascal Lamy, Michel Camdessus, DSK… C’est cette génération qui, déçue par le prétendu échec de 1981-1983, se convainc que la finance de marché mondialisée, c’est l’avenir de l’humanité, et qui « pense » l’architecture de la globalisation néo-libérale via quatre institutions majeures (où l’on retrouve beaucoup de Français à la manoeuvre) : le FMI, l’OCDE, l’UE et l’OMC.
A la fin des années 1990, Delors proposera même que le FMI puisse infliger des sanctions à n’importe quel pays qui prendrait des mesures défavorables à la mobilité du capital. Et ce sera Washington qui, avec le pragmatisme qu’on lui connaît, mettra son veto à cette idée…

Pour oser penser une mondialisation néo-libérale multilatérale, il fallait des Français pétris de l’universalisme de la Révolution et de Victor Hugo, des socialistes fascinés par une finance internationale sans lutte des classes, et des chrétiens qui ont reproduit inconsciemment le vieux projet pontifical (très pugnace tout au long du Moyen-Age, et jusqu’au Concile de Trente) d’un règne « spirituel » au-dessus des souverains légitimes, par le droit (canon pour les uns, le droit international pour les autres). »

 

Reconnaître ses erreurs ou continuer à trahir?

La mondialisation financière profite évidemment aux …financiers qui voient leur terrain de jeux s’agrandir, les contraintes réglementaires et fiscales s’alléger. Les banques « too big too fail » peuvent prendre plus de risques, puisqu’elles savent que les Etats ne les laisseront pas tomber. Les produits dérivés, les commissions bancaires (substantielles quand il s’agit de monter des opérations de titrisation par exemple), les prêts aux hedge funds et autres leur fournissent des revenus supérieurs à ceux de l’ennuyeuse banque à papa, qui consistent à analyser des risques de crédit (il vaut mieux les sortir de son bilan) et se faire rémunérer par les seuls intérêts des emprunts à l’économie réelle.

 

Les inégalités sociales ont augmenté. « La France a connu une réduction des inégalités de revenus au cours des quarante dernières années, mais depuis 15 ans la tendance s’est inversée. »  comme le montrent ces deux graphiques[1].

graph_evol

La mondialisation financière fait peser une énorme pression sur les entreprises et leurs salariés, soumis à la nécessité de sortir des résultats satisfaisant leurs actionnaires, et à une concurrence internationale toujours plus dure.

 

Je ne vais pas refaire ici en quelques lignes tout le procès de la mondialisation financière, mais il est clair qu’elle n’est pas en faveur des citoyens les plus fragiles ni même des classes moyennes, supposés être l’électorat socialiste[2]. Elle est globalement favorable aux personnes les plus diplômées, nomades  et défavorables aux sédentaires.

 

Comme on l’a vu dans un précédent post la gestion actuelle de l’Euro fait évidemment la part belle à cette mondialisation et n’en constitue en rien un rempart bien au contraire. La poursuite de cette construction sur les mêmes bases ne pourra en rien les changer… comme l’aurait dit Jacques de La Palisse.

 

Il est tout-à-fait possible de concevoir et de mener une politique sociale, démocratique et écologique, reposant sur le marché et la concurrence mais l’encadrant, s’appuyant sur les entreprises mais refusant qu’elles ne soient conduites que pour maximiser la valeur pour leurs actionnaires. Reposant sur un système bancaire et financier modernes mais refusant les abus de pouvoir liés à l’excès de taille, et refusant que l’Etat donc les citoyens assument les erreurs. Refusant aussi les pertes et inégalités fiscales considérables liées aux paradis fiscaux et opérations organisées par les banques (voir par exemple le livre de Hervé Falciani, Séisme sur la planète finance relatif au scandale HSBC), et par les multinationales via des prix de transfert qui leur permettent de réduire fortement leurs impôts[3].

 

 

Tout ceci est possible et souhaitable. La théorie économique et les faits ont montré qu’il fallait en finir avec l’ouverture tous azimuts de tous les espaces économiques à la liberté de circulation des marchandises et des capitaux. Mais il est indispensable de reconnaître les erreurs commises, d’en comprendre la source idéologique, pour pouvoir tourner la page. Sans cette remise à zéro, la trahison socialiste continuera.

————————————————————

[1] Voir la définition de l’indice de Gini

[2] C’est sans doute pour cela qu’ Olivier Ferrand fondateur du think tank Terra Nova avait signé avec Bruno Jeanbart et Romain Prudent en 2011 un rapport très remarqué sur la nécessité de changer la stratégie électorale du PS.

[3] On doit à Pascal Saint–Amans une action puissante et efficace au niveau de l’OCDE contre ces pratiques, qui vont donc être limitées

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20 Responses to “Europe : la trahison socialiste”

  1. (Inutile de publier ce commentaire)

    Erreur dans le paragraphe intitulé « les socialistes à la manoeuvre » : « qui a fait préparé et voté l’acte »

    •   Alain Grandjean   24 août 2015 à 21 h 42 min

      merci je vais corriger demain si possible
      désolé
      bien cordialement
      ag

    • Bonjour Mr Grandjean
      Tout d’abord merci beaucoup pour ce blog dont je lis tous les articles (et partage beaucoup sur le net). La qualité des articles ne va que grandissante !

      J’ai une question qui n’a pas de rapport avec le sujet de l’article, en tous cas directement.

      Comme beaucoup de jeune ( j’ai 28 ans) je commence à me demander si il faut investir dans un biens immobilier pour l’avenir. je vois beaucoup d’amis acheter un appartement ou un studio parfois à des prix important suivant les villes. Cependant je me pose actuellement la question suivante :

      Est ce que acheter un morceau de terrain cultivable dans une région qui s’y prête est la meilleure stratégie permettant de faire vivre un groupe de personnes dans le contexte mondiale qui s’annonce?

      la question corollaire étant : le prix de l’immobilier ne risque t’il pas fortement de s’effondrer dramatiquement comme en Grèce dans la décennie à venir et en France cette fois ci? dans ce cas mieux être ruiné avec un lopin de terre à cultiver que ruiné à mendier dans la rue.

      cordialement, merci de continuer votre travail pédagogique

    •   Alain Grandjean   25 août 2015 à 9 h 05 min

      bonjour Matthieu D, merci pour votre intérêt et votre soutien!

      Je me suis toujours refusé de donner des conseils patrimoniaux… y compris à mes enfants (qui ont donc en gros votre âge); il y a trop d’éléments intriqués dans la situation de chacun pour que des généralités puissent être vraiment utiles. Quant au prix de l’immobilier il est depuis longtemps soumis à des cycles; il n’est pas facile de voir venir les retournements de manière assez précise dans le temps pour pouvoir faire des choix rationalisés. Avant la crise des subprimes j’ai lu des économistes spécialisés qui voyaient bien la formation de la bulle mais ils ne pouvaient pas vraiment dire quand elle allait exploser.
      le seul truc que je peux dire c’est que ces questions (d’installation et de choix immobilier) ne sont pas pour moi des questions économiques ou financières (sauf pour les gens très riches) , mais bien des choix de vie, qu’il faut bien peser….

      cordialement
      ag

  2. Encore un article passionnant de votre blog que je lis avec assiduité.
    Juste un commentaire sur une affirmation un peu rapide « Et il est inutile de revenir sur l’échec du communisme réel ».
    Pouvons nous objectivement soutenir cette affirmation ? Quels sont les éléments qui la soutiennent ?
    Si nous gardons en tête les principes du marxisme, où a t il été mis en œuvre fidèlement à la doctrine et suite à cette mise en œuvre, quelles sont celles qui sont des échecs?
    J’imagine que vous n’avez pas en tête d’assimiler les dictatures dans les pays de l’ex URSS voire le régime Chinois comme des exemples de mise en œuvre de la doctrine?
    Pour mémo, la base de la doctrine est de confier le pouvoir au citoyen pour l’ensemble des décisions concernant la Cité….
    Merci encore pour votre blog si enrichissant dans cette période passionnante, où tout devient possible, le pire comme le meilleur.

    •   Alain Grandjean   25 août 2015 à 9 h 21 min

      Merci Rocchi pour vos encouragements, j’ai parlé en effet du « communisme réel » pour ne pas rentrer dans le long débat du rapport entre ces réalités (léniné, staline, mao, pol pot,…) et le marxisme, ni dans celui de la validité du marxisme (en économie); il me semble qu’aujourd’hui il y a un renouveau d’intérêt pour les « communs » et que c’est notre enjeu clef actuel. Comment concevoir une économie qui »joue » avec la liberté économique (et le droit à la concurrence , qui est un droit important , car il s’oppose au risque de monopole d’état ou autre) et organise une gestion convenable des « communs », qui ne peut pas résulter du libre jeu des acteurs privés (c’est la tragédie des communs d’Hardin). J’ai tendance à considérer qu’il est nécessaire de reprendre la question « à zéro » car les conditions de vie de notre espèce ont profondément changé depuis Karl Marx (avec la question écologique, mais aussi informatique et numérique) et, d’autre part, les expériences réalisées nous font voir de quoi nous sommes capables… bien cordialement. AG

    • N’oublions pas Evo Morales…
      Marxiste, largement réélu démocratiquement, il a proposé  » un référendum mondial notamment pour voter sur le principe d’un tribunal international climatique et de la défense des droits de la Terre mère »

      « En décembre 2010, sous l’impulsion des communautés locales andines et du président Evo Morales, la Bolivie a introduit une « Loi des droits de la Terre Mère » qui accorde des droits à la nature, à l’instar des droits de l’homme « (http://en.wikipedia.org/wiki/Law_of_the_Rights_of_Mother_Earth).

    •   Alain Grandjean   30 août 2015 à 10 h 02 min

      à jps simand
      j’ai pas creusé cette idée, mais je suis persuadé que l’enjeu du droit écologique international est majeur, faudrait en discuter avec un juriste!
      cdt
      ag

  3. Cher Alain,
    Je ne te suivrai pas dans cette logique. Alexis Tsipras s’explique ici: http://arretsurinfo.ch/alexis-tsipras-le-peuple-grec-a-surpasse-le-parti-et-le-gouvernement/.
    On peut sûrement critiquer des erreurs et incohérences de nos socialistes (et tout ce que tu listes n’étais pas forcément mauvais), mais le vocabulaire de la « trahison » évoque la politique « classe contre classe » et la haine de la social-démocratie, dont on sait où elle a conduit les communistes allemands (et tant pis si mon compte de points Godwin augmente). Et on voit où elle conduit Sapir aujourd’hui, illustrant bien les craintes que j’exprimai dans un autre commentaire il y a quelques jours.
    Je n’accepte ni l’idée que, forcément, la Direction du Trésor impose ses vues au Président élu, ni l’idée qu’on pourrait la convaincre que sortir de l’Euro est finalement plus acceptable que d’en réformer la gouvernance.
    Bien à toi

    •   Alain Grandjean   26 août 2015 à 9 h 07 min

      Cher Cédric merci du lien, la longue explication de Tsipras est passionnante et éclairante!

      J’employais le mot trahison dans un sens non politique; je cite wikipedia : « La trahison est le fait d’abandonner, de livrer à ses ennemis ou de tromper la confiance d’un groupe (politique ou religieux), d’une personne (ami, amant, famille) et/ou de principes (moraux, ou autres). Mais… « L’épithète de « traître » a souvent été utilisé à des fins politiques, notamment à l’issue d’une guerre civile ou insurrection, les vainqueurs prenant soin de désigner les vaincus comme traîtres »… Il est possible de faire des confusions. Et je suis bien d’accord avec le fait que Sapir attise le feu et aide le pen ce qui n’est évidemment pas du tout souhaitable .
      Cela étant il me semble toujours que :
      -il est nécessaire pour se réformer de reconnaître ses erreurs et en l’occurrence ça été une très grosse erreur de laisser trop d’espace à la finance; par ailleurs, j’ ai suivi d’assez près le chantier de la non-séparation bancaire et il est évident à mes yeux qu’il a été piloté par bercy (et en sous-main par quelques grands banquiers français)
      -la DGT a sur les questions monétaires et financières un primat car elle l’interlocuteur de l’eurogroupe; elle ne commande pas au PR et il a évidemment la possibilité de se dégager de cette tutelle mais en gros ma perception c’est que Bercy est le bras armé du pouvoir central européen.
      pour s’imposer face à cela il faut avoir à l’esprit une vraie alternative construite, car nos technocrates sont bien formés, bien informés et intelligents.
      -pour construire cette alternative il faut bosser intellectuellement le sujet (ce qui ne me semble pas encore vraiment fait) et se mettre en position d’organiser un rapport de force (mais je sais que tu ne penses pas cela nécessaire)
      -il faut continuer à échanger : je ne crois pas du tout détenir la vérité
      merci encore de tes commentaires
      amicalement
      ag

    • Bonjour,
      Si le FN dit que ciel est bleu, on ne va pas dire le contraire pour se démarquer d’eux…

      A mon avis, Sapir semble, à mes yeux, le côté émergé de l’iceberg réactionnaire qui atteint le pays.
      Ce courant souverainiste, incarné par Poutine, nourrit par un anti-américanisme francais, séduit beaucoup la droite et non seulement. Marine LP souhaite incarner ce courant dit républicain et établit donc de nouvelles lignes de failles dans les partis de droite et divise donc les Républicains sur l’ Europe, les relations avec les USA, l’ héritage de mai 68, etc. Anti TAFTA, opposé aux interventionnismes, ce courant pourrait séduire des minorités à gauche.

      http://www.marianne.net/agora-vladimir-poutine-contre-universalisme-occidental-100235985.html

      Cordialement,
      Jps

  4. Cher Alain,

    Merci de ta réponse. Bien sûr qu’il faut construire des rapports de force pour faire changer les choses! Mais, comme Tsipras, je reste convaincu qu’on peut les faire changer dans la zone euro. Quand j’entends Macron dire aux Allemands qu’il ne peut y avoir d’union monétaire durable sans transferts… et quand j’entends Merkel (et les supporters de football allemands) accueillir les réfugiés, je me dis qu’il ne faut pas désespérer de cette Europe et continuer de la faire avancer, plutôt que la déconstruire avec Le Pen. La politique du Sapir est toujours la pire des politiques!

    Bien à toi,
    Cédric

    • le point goodwin va finir par s’appeler le point philibert :) au passage il faut s’attendre à ce que la campagne du PS en 2017 se résume à une jumbo point goodwin
      f carlier

  5. Juste un petit ajout au sujet de la trahison des élites françaises à la finance mondiale. Il est intéressant de prendre en considération la loi du 3 janvier 1973 (Pompidou – Directeur chez Rothshild/Giscard) qui interdit désormais à la France à emprunter à la Banque de France, celle-ci devant emprunter sur les marchés internationaux. Donc tant de gauche comme de droite les élites trahissent la France.

    •   Alain Grandjean   6 septembre 2015 à 9 h 03 min

      A JB
      Juste un mot en réponse à votre remarque. L’histoire de libéralisation des marchés de capitaux en France a été faite par Benjamin Lemoine dans une thèse passionnante (voir
      https://halshs.archives-ouvertes.fr/pastel-00712284/). Les responsabilités sont bien partagées. Le traité de Rome vise clairement déjà le libre-échange. Et les élites de droite ont bien sûr contribué. Mais dans ce cas en première analyse elles sont généralement en cohérence avec leur idéologie et leur électorat. C’est bien sûr plus compliqué que cela puisqu’il y a au moins deux droites, une libérale, qu’incarnait Giscard et l’autre souverainiste, issu du mouvement gaulliste. Mais il me semble qu’il y a beaucoup plus de difficultés à reconnaître cette responsabilité au PS que dans tout autre parti. Grâce à la thèse de Lemoine j’ai appris par exemple le rôle clef de Jean-Yves Haberer (en tant que directeur de cabinet de Michel Debré, mais qui était aussi un proche de Berogovoy…., et dont on se souvient de la gestion désastreuse du Crédit Lyonnais) dans le démantèlement du circuit du Trésor qui a conduit de fil en aiguille à rendre l’état complètement dépendant des marchés financiers.La loi de 73 n’est que le couronnement de tout ce travail. Il y a à l' »évidence une grande continuité de la pensée au Trésor , assez indépendante de la polarité politique. La libéralisation de la circulation des hommes, des biens, des services, des capitaux (aujourd’hui encore « améliorée » dans le projet de CMU) est au coeur des traités européens et fait consensus chez nos élites economiques.
      Bien à vous.
      AG

  6. Bonjour,

    Actuellement, les citoyens ont légitimé les idées des conservateurs et autres PP au parlement , indirectement au conseil européen et à la commission. Dans l’ordre électoral, les secondes idées représentées sont celles des sociaux-démocrates.
    Donc n’est-il pas normal qu »il soit difficile de remettre en cause les traités, soutenus par les deux premières forces de l’UE?
    La question qui m’intéresse est: si demain, une coalition eelv – FDG- ND était dominante tels que les SD et PP aujourd’hui, tout ne serait pas possible?
    Le problème serait alors juste un problème électoral. il est comprehensible que les institutions ne se plient à des idées à 5% de popularité.
    Cordialement,
    Jp Simand

    •   Alain Grandjean   6 septembre 2015 à 20 h 07 min

      bonsoir JPS
      bien d’accord, c’est pour cela que Jean Gadrey dit que la sortie de l’euro est contraire à la démocratie, la grande majorité n’en veut pas, (semble t il à et à ce stade; c’est moi qui rajoute). Le petit pb aujourd’hui n’est-il pas que les medias sont massivement contrôlés par le pouvoir (politique et/ou économique) et que du coup l’opinion est très mal informée des questions économiques?
      cdt
      ag

  7. j’ai voté oui a mastricht
    je disais a a grandjean il y a encore trois ans qu’il fallait rester dans l’euro etc

    je me suis trompé et je l’admets. En dehors de tout souverainisme (je me considère comme apatride), il faut déconstruire (dans nos tetes puis en acte) les 30 ans de l’union économique monétaire.

    et en effet le role du Tresor et de la technostructure poussant a fond la mise en place des marchés financiers, notamment en lui confiant le soin de financer les états, est crucial (et malheureusement miné par le conflit d’interêt quand on sait où travaille un responsable du trésor passé 40/45 ans).
    fc

    • Chômage en août 2015 : record historique battu.

      Chômage : catégories A, B, C, D, E :

      France métropolitaine :

      6 116 300 inscrits à Pôle Emploi.

      France entière, y compris l’outre-mer :

      6 452 100 inscrits à Pôle Emploi.

      Variation sur un mois : + 0,3 %

      Variation sur un an : + 6,2 %

      http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-BVNMK3.pdf

      Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

      – « Quand on dit que l’Europe de Maastricht créera des emplois, ça reste vrai. Il se trouve que le traité de Maastricht n’est pas encore appliqué. Lorsqu’il le sera, il est évident qu’il y aura une très forte croissance qui en découlera, car nous aurons un grand espace économique avec une monnaie unique. » (Jacques Attali, sur France 2, débat télévisé « Polémiques » animé par Michèle Cotta)

      – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

      – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

      – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

      – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

      – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

      – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

      – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

    •   Alain Grandjean   26 septembre 2015 à 18 h 22 min

      merci BA de la brochette de citations!
      cdt
      ag

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