Un livre pour ne plus avoir à choisir entre la bourse et la vie !

18 septembre 2016 - Posté par Alain Grandjean - ( 0 ) Commentaires

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         Notre livre « Financer la transition énergétique », sort le 22 Septembre en librairie. Nous partageons ici avec vous les raisons qui nous ont poussés à l’écrire maintenant, et ce que nous voudrions apporter de neuf au débat.

1. Faire connaître les enjeux du climat à la finance, et réciproquement

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La Défense

         La prise de conscience du caractère déterminant, pour le monde de la finance, des enjeux du climat, est récente et encore très partielle. Mireille Martini a passé vingt ans à financer des projets internationaux dans des banques. Comme beaucoup d’autres personnes, elle peut en témoigner.  Les audits environnementaux sont souvent perçus et pratiqués comme une contrainte réglementaire de plus, et les Obligations Vertes comme une tendance du marché qu’il ne faut pas laisser passer. Nous avons donc tenté d’expliquer, à la suite notamment de Mark Carney, patron du FSB et de la Banque d’ Angleterre, en quoi le changement climatique va au contraire affecter l’ensemble de la chaîne de valeur financière.

        Quant au « monde du climat », ONGs, scientifiques, ingénieurs travaillant sur les enjeux climatiques, il est culturellement distant du monde financier. Pour certains, la finance est l’ennemie et il ne faut pas composer avec elle. La financiarisation de la nature n’est en effet pas souhaitable, et ce n’est pas là que porte notre propos. D’autres ont tendance à considérer la question du financement des projets comme secondaire, en importance  comme en priorité  temporelle : développons d’abord les projets, et le financement suivra. Ce point de vue se rapproche, assez paradoxalement, d’une conception assez générale dans le monde financier et économique : la finance sera au rendez-vous ; il faut juste que les projets de la transition soient économiquement pertinents. Or il n’en est rien. Passé le stade des études de développement,  combien de projets ne restent-ils pas lettre morte car considérés comme « non bancables » par les financiers ? Nous explorons les techniques de financement des grands projets pour permettre au lecteur non spécialiste de mieux comprendre les critères d’octroi des financiers aujourd’hui.

       Nous espérons que ce livre, en familiarisant le monde de la finance avec le monde du climat, et vice versa, créera la perspective de nouveaux développements  pour les uns et pour les autres.

      2. La transition est l’opportunité de résoudre la crise financière

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Marchés

        Ce n’est pas l’argent qui manque pour financer la transition. Le contexte macro-financier actuel se caractérise par l’hypertrophie de la sphère financière virtuelle, gonflée par les politiques dites «  accommodantes » des Banques Centrales occidentales. Mais l’épargne et la monnaie créées sont attirées en dehors de l’économie réelle. Celle-ci, privée des investissements nécessaires à la relance, s’enfonce dans la crise, qui devient maintenant sociale et politique. Comme de nombreux économistes (Adair Turner, Pierre-Noël Giraud, Gaël Giraud), nous proposons une vraie régulation financière à la fois pour mettre fin au risque systémique que la finance telle qu’elle existe aujourd’hui fait peser sur les économies, et aussi pour mieux flécher l’argent. Nos propositions permettent également de résorber l’endettement des Etats, qui les empêche de jouer le rôle moteur qu’eux seuls peuvent avoir dans la transition.

        Dans ce débat, l’apport de notre livre est de montrer que sans régulation financière, le financement de la transition ne pourra se faire à l’échelle requise. Nous situons l’enjeu de la régulation financière non pas sur le terrain du choix idéologique entre libéralisme et dirigisme, mais face à l’urgence absolue, à l’impératif vital qu’est la lutte contre le réchauffement. Nous ne nous cantonnons pas à  affirmer qu’il suffirait d’un « Green QE » (même s’il est indispensable) irriguant les projets verts. Nous insistons sur la nécessité simultanée de réguler la finance.

        3. La transition est le projet de société sur lequel peut se fonder la relance de l’économie

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        Alors qu’une multitude de projets, qu’il s’agisse de déploiement de technologies existantes ou de recherche, au Nord comme au Sud, achoppent sur des questions de financement, les investisseurs institutionnels et les grandes institutions internationales (FMI, OCDE), appellent à une relance des économies par l’investissement public. Le financement d’un développement décarboné au Sud est indispensable si on veut éviter des désordres géopolitiques majeurs, qui pointent déjà. Nos sociétés développées commencent à se fracturer sous la pression conjointe des inégalités et du chômage de masse.            De Loos en Gohelle au film Demain, une multitude d’initiatives locales foisonnent en réaction ; mais elles ne peuvent réellement prospérer et changer d’échelle sans être appuyées par un cadre général de politique publique qui enclenche réellement la transition et permet son financement.

       Nous avons souhaité dans ce livre poser les grandes lignes de ce que peut être une telle politique, au niveau mondial. Cela tient en six familles de mesures. Des mesures qui ne sont pas suffisamment discutées dans l’arène politique : nous espérons que ce livre contribuera à porter nos convictions dans le débat public.

        4. L’information, préalable au débat

        Le financement d’une économie n’est pas neutre: il structure la société, qu’il s’agisse de la création monétaire, de l’orientation de l’épargne, de la fiscalité, du mode de financement de l’Etat. Ces sujets sont mal connus en dehors des cercles spécialisés. Attribuer cette méconnaissance à une aversion d’origine culturelle pour les questions d’argent ne nous semble pas suffisant. Le sociologue allemand Wolfgang Streeck l’explique par le désengagement croissant de la politique du terrain économique et financier, après la seconde guerre mondiale. Plus précisément, suite à l’apparition, dès les années 1960, d’un chômage structurel, et de la difficulté de tenir la promesse politique d’un ascenseur social qui monte pour tous. A l’heure où tant la crise climatique que la crise financière nécessitent des choix, le choix de ne rien faire étant manifestement de moins en moins tenable sur les deux plans, il nous a semblé souhaitable de présenter de manière succincte, mais précise et documentée, les principaux circuits de financement de l’économie, et leur lien avec le financement de la transition. Nous avons également rappelé les grandes lignes de la trajectoire de décarbonation de l’économie mondiale ; car si un certain degré d’incertitude subsiste sur le déroulement précis des conséquences du changement climatique, les solutions techniques pour lutter contre sont, elles, bien connues. Procrastiner est un choix, en l’occurrence c’est le pire.

        Notre livre se veut à la fois  un outil d’information pédagogique et accessible aux néophytes, et un plaidoyer pour une action structurée. Nous avons eu le souci de bien séparer nos prises de position des arguments du débat. Comme nous l’avons déjà exprimé sur ce blog, la transition ne peut être laissée au seul débat d’experts.

Conclusion :  la lutte contre le changement climatique est le meilleur chemin pour sortir de l’impasse économique et financière

        Ce livre prolonge le rapport « Mobiliser les financements pour le climat » que nous avons remis au Président de la République en Juin 2015, dans le cadre de la préparation de la Cop 21. Hors de ce cadre officiel, spécialisé et de format court, nous avons pu élargir et approfondir la réflexion dans « Financer la transition énergétique ». Nous espérons que vous trouverez à le lire autant de plaisir que nous en avons eu à l’écrire. Et qu’il vous convaincra que la lutte contre le changement climatique est le meilleur chemin pour sortir de l’impasse économique et financière.  

Note : Merci pour votre participation au quizz !

Vous êtes 330 à ce jour à vous être prêtés au jeu, avec une moyenne de bonnes réponses de 7,7 sur 15 ! Les réponses au quizz confirment notre intuition : parmi les lecteurs de ce blog, les sujets climatiques sont mieux connus que les sujets financiers. La forte émissivité du charbon, le poids de la déforestation et du changement d’affectation des sols dans les GES, l’augmentation de la population mondiale d’ici 2050 et la nécessité de laisser la majorité des réserves fossiles dans le sol sont des sujets bien connus (plus de 75% de bonnes réponses). En revanche, les questions relatives au taux d’actualisation, au taux d’épargne des ménages en France, à la part des prêts à l’immobilier résidentiel dans le système bancaire du Royaume- Uni, ou au manque à gagner dû à l’évasion fiscale en France, ont environ 30% de bonnes réponses seulement.  Les thèmes de notre livre vont donc vous intéresser !

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