Politique énergétique, ne pas se tromper de débats !

24 juillet 2017 - Posté par Alain Grandjean - ( 27 ) Commentaires

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crédit : Sabine Büring
Credit : crédit : Sabine Büring

Comme toujours en France le nucléaire suscite des débats passionnés ; pour autant ce n’est et de loin pas la seule priorité au regard des engagements climatiques réitérés dans le plan climat et de l’ensemble des autres enjeux de la politique énergétique. Si la question nucléaire est plutôt hexagonale, les autres sont beaucoup plus générales. Je ne ferai ici que planter le décor en espérant que le travail collectif des prochains mois, provoqué par la mise à jour de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, permettra de rentrer précisément dans chaque grand sujet.
A mes yeux il y a au moins six grandes priorités interdépendantes.
1-Sobriété, efficacité et maîtrise de la demande d’énergie.
2-Réduire nos consommations d’énergie fossile, à commencer par le pétrole.
3-Faire de la transition énergétique une source de rebond macroéconomique, mettre en place les bonnes incitations économiques et mobiliser les financements publics et privés.
4- Faire de la transition énergétique une source de relance du projet européen.
5-Diversifier nos sources d’énergie et réduire la part du nucléaire dans notre mix électrique pour que nos choix puissent redevenir réversibles.
6-Mettre en place un tableau de bord de conduite de la politique du pays qui complète l’actuel qui se limite de fait à croissance du PIB, déficit et dette publique.

1. Sobriété, efficacité et maîtrise de la demande d’énergie (1).

Le débat national sur l’énergie en 2013 avait réussi à inverser les priorités dans le débat français. Il a réussi à mettre la priorité sur la question de la demande d’énergie et de sa maîtrise. C’est ainsi qu’il est apparu qu’il serait impossible de réduire de 75% par rapport à 1990 nos émissions de GES sans réduire fortement notre consommation d’énergie (2). La loi de transition a retenu l’objectif de division par deux de la consommation finale d’énergie en 2050 par rapport à 2012 (alors que, rappelons-le la démographie croit encore d’ici là).
Si de nombreux acteurs se sont alors pour le moins ému de cet objectif, le taxant de « décroissantiste » les esprits ont mûri depuis. On sent de mieux en mieux à quel point nous gaspillons l’énergie. On voit de mieux en mieux les solutions pour y arriver.
Le résidentiel-tertiaire et le transport représentant en 2015 respectivement 42% et 29% de notre consommation finale, on sait qu’il faut agir massivement dans ces deux domaines.

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Rénovation massive des logements et des bâtiments : de ce point de vue le plan climat est volontariste. Un objectif extrêmement ambitieux de rénovation en 10 ans des 7 000 000 de passoires thermiques, alors que le rythme actuel est certainement inférieur à 200 000 par an. Le plan d’investissement prévoit de plus 4 milliards d’euros pour la rénovation du bâtiment public. On ne peut que souhaiter une grande réussite à ce gouvernement en la matière, mais il va falloir y mettre les moyens et cela ne semble pas acquis.
Transports : baisse de la vitesse sur les routes et autoroutes (de tous les véhicules), report modal quand c’est possible, efficacité énergétique dans la voiture et dans tous les usages de l’électricité dans les bâtiments. A noter que la voiture électrique, ayant un meilleur rendement que la voiture thermique, contribue à cette réduction de la consommation. Le plan climat annonce des Assises de la Mobilité en début 2018, excellente initiative. Il est en revanche muet sur le fret, nous y reviendrons au point suivant.
Ce sujet est majeur et bien plus complexe qu’il ne pourrait le sembler. D’une part, il ne se réduit pas à l’efficacité énergétique du fait de l’effet rebond (3). D’autre part, il suppose des changements d’habitudes, de valeurs et d’usage. Enfin, il faut des investissements qui peuvent être très importants comme le montre le graphique suivant issu d’un rapport AIE/IRENA (4). Ces trois grandes raisons font que cette question de l’usage intelligent et aussi limité que possible de l’énergie doit être débattue et re débattue publiquement et faire l’objet d’une appropriation politique lourde.

Source

Source : http://www.irena.org/DocumentDownloads/Publications/Perspectives_for_the_Energy_Transition_2017.pdf

 

2. Réduire nos consommations d’énergie fossile, à commencer par le pétrole.

La lutte contre le changement climatique passe par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, en 2014, les émissions (5) françaises de GES hors UTCF (changement d’affectation des sols qui conduit à un stockage ou à un déstockage du CO2 des sols) s’établissent à 459 MtCO2eq : 73% sont des émissions de CO2 (6) et 70% sont liées à l’énergie.
Les trajectoires construites dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone permettent de voir ce à quoi il faut s’attaquer en priorité : le pétrole, qui représente 66% des émissions de CO2 liées à l’énergie (7)

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Le charbon devrait sortir dans les prochaines années de la production d’électricité, nous y reviendrons. Le pétrole est la question centrale. Or il y a 95% de pétrole dans le transport et le transport compte pour 60% des importations de pétrole. Par ailleurs, nous sommes entièrement dépendants de pays tiers pour notre approvisionnement qui pèse sur notre balance commerciale. Enfin, pour les ménages et les entreprises la facture pétrolière est devenue fluctuante et une forte source d’incertitude.

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On voit donc qu’il est important de « sortir le fuel du logement » (8) (il reste 3 millions de logements chauffés au fioul en France ce qui est une aberration sociale (9), économique et écologique) et surtout de s’attaquer aux transports, que ce soit la voiture particulière (VP) dont nous avons parlé dans un post précédent, mais aussi aux camions et véhicules utilitaires qui émettent presque autant de CO2 (60 Mt de CO2) que les VP (70Mt de CO2).

Pour les voitures, nous avons évoqué la question de la motorisation mais le sujet est évidemment bien plus global : il s’agit d’aménagement du territoire qui permet de réduire les besoins, d’aménagement urbain pour faciliter les modes alternatifs à la voiture, de partage de la voiture, de covoiturage, d’allègement, de réduction de la vitesse, de développement des modes doux (10), de passage des deux-roues motorisés à l’électricité, etc.

Il est aussi important de relancer une politique du fret marchandise. Rappelons que la part modale de la route (exprimée en tonnes-km transportées) est de 87 % contre 11% pour le fer (alors qu’elle était de 20% en 1990) et 2% pour les voies fluviales. Il faut examiner toutes les pistes possibles après l’abandon désastreux de l’écotaxe : limiter les flux de marchandises en « dopant » le commerce et la production de proximité, ralentir les camions, limiter leur taille, passer une partie du parc au gaz, développer quand c’est encore possible des sillons de fret ferroviaire, électrifier des parties d’autoroute etc.

3. Faire de la transition énergétique une source de rebond macroéconomique, mettre en place les bonnes incitations économiques et développer la finance verte.

La transition énergétique est parfois vue comme un coût alors qu’elle est une source d’emplois, d’activités et d’innovation, et a des effets positifs au plan macroéconomique. On sait que cela peut ne pas ressortir de certains modèles dont on a fait la critique approfondie avec Gaël Giraud. Le travail de refondation de la macroéconomie est essentiel pour qu’elle cesse de désorienter les décideurs.

De manière plus pratique et plus microéconomique, il est essentiel pour que la transition se fasse au bon rythme de :

  • lever les obstacles administratifs, qui freinent encore trop souvent les projets d’ EnR de rénovation thermique du bâtiment, et plus généralement l’innovation ;
  • mettre en place les bons indicateurs de gestion : en l’occurrence dans le logement la norme RT2012 et le DPE (diagnostic de performance énergétique) qui raisonnent en énergie primaire (et non en énergie finale et en carbone) conduisent à ralentir la décarbonation des logements ;
  • mettre en place des incitations économiques suffisantes : de ce point de vue l’accélération de la croissance de la taxe carbone est une avancée ; d’autres dispositifs sont importants mais pas toujours optimaux (fonds chaleur, tarifs de rachat, crédit d’impôt transition énergétique, CEE etc.) ;
  • faciliter le financement des projets par la mobilisation de l’épargne vers les projets verts et par le développement des « green bonds ».

Le domaine de la finance verte (abordée au plan mondial dans le rapport que nous avons remis au président de la République avec Pascal Canfin) se développe en France grâce notamment à l’initiative de Paris- Europlace « Finance for Tomorrow ».

Nous verrons au point suivant qu’on peut aller beaucoup plus loin dans ce domaine, mais que dans l’état actuel des choses, cela passe par l’Europe.

4. Faire de la transition énergétique une source de relance du projet européen

La transition énergétique peut être aussi une source de relance du projet européen, comme nous l’avions déjà écrit en 2011, avec Patrick Criqui, Gaël Giraud et Cédric Philibert. Alain Trannoy et Vincent Aussilloux font la même suggestion et évoquent des grands sujets à traiter : le prix du carbone, la coopération européenne, le financement par la Banque Centrale, le développement de la R&D. Nous reviendrons dans ce blog sur le prix du carbone : à notre avis la priorité de 2017 est de négocier avec l’Allemagne, puis avec l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas un prix minimum de 30 euros la tonne de CO2 sur l’électricité, en s’inspirant d’une des recommandations du rapport Canfin-Grandjean-Mestrallet. Cela permettrait de créer un mouvement irréversible de sortie des centrales au charbon dans cette région et de redonner de la crédibilité à l’Europe en matière de lutte contre le changement climatique.

Concernant la banque centrale, nous avons poussé sur ce blog deux pistes : lancer un « Green Quantitative Easing » qui consiste à privilégier les valeurs vertes dans sa politique de « rachat » de créances, et, au moins, caractériser l’empreinte carbone de son portefeuille de collatéraux.

Alain Trannoy et Vincent Aussilloux proposent « que la BCE accepte [à la sortie du QE actuel] d’acheter des obligations vertes remboursables à 100 ans à 1%, visant à entreprendre les travaux, par exemple de rénovation énergétique, qui n’ont qu’un rendement faible au prix du carbone actuel et qui ne sont rentables qu’avec une trajectoire de prix résolument croissante. Les établissements de crédit seraient distributeurs de ces obligations vertes (dont l’acheteur serait la BCE) permettant de financer, sur le même horizon, investissements des particuliers et des entreprises. » Baptiste Perrissin-Fabert, Etienne Espagne et Michel Aglietta ont proposé un dispositif un peu différent. L’essentiel en la matière est de travailler rapidement sur ces pistes et d’avancer maintenant, pour échapper aux blocages budgétaires fondamentalement dogmatiques et contreproductifs imposés à l’Europe.

La deuxième piste à creuser rapidement est celle qui consiste à utiliser la régulation bancaire (qui est sous la responsabilité du comité de Bâle) pour décourager les banques (en Europe les banques financent 70 % de l’économie) de prêter aux projets « gris » (par un malus sur le coefficient de fonds propres qu’elles doivent respecter) et pour les encourager à prêter aux projets « verts » (par un bonus sur ce coefficient). Cette idée dont le volet « bonus » a été proposée par la Fédération Bancaire Française est en cours de discussion.

5. Diversifier nos sources d’énergie et réduire la part du nucléaire dans notre mix électrique pour que nos choix puissent redevenir réversibles.

L’énergie nucléaire est l’une des sources d’électricité les plus bas carbone (environ 10 gr de CO2 par kWh contre environ 1000 pour le charbon et 400 pour le gaz). C’est donc un atout dans la lutte contre le changement climatique et c’est en partie ce qui fait de la France un pays à l’économie peu carbonée (11) (même si nous recourons au pétrole de la même manière que les autres pays et que l’électricité ne représente que 25% de l’énergie finale). Il est vrai que se passer du nucléaire n’est pas si simple et peut compliquer la résolution du problème climatique : quand le Vietnam ou la Corée du sud annoncent qu’ils sortent du nucléaire, c’est au prix aujourd’hui d’une hausse de leurs émissions de CO2, du fait d’un recours accru au charbon ou au gaz. A l’inverse, il est faux de dire que le nucléaire est la solution au changement climatique pour une raison très simple : seuls 30 pays au monde sur 195 y ont recours, et le nucléaire ne représente que 5% de l’énergie primaire (ce qui est un majorant de la manière de compter le poids du nucléaire) dans le monde. Les trois quarts de l’électricité d’origine nucléaire consommée dans le monde le sont dans six pays : les États-Unis, la France, la Russie, la Corée du Sud, la Chine, le Canada et… l’Allemagne ; et cinq pays concentrent les trois quarts des capacités de production en construction en 2016 : la Chine, la Russie, les États-Unis, les Émirats arabes unis, la Corée du Sud- qui vient d’annoncer l’arrêt du nucléaire …- et l’Inde (12).

Pour autant l’énergie nucléaire pose une série de problèmes bien documentés: risque d’accidents majeurs, potentiellement extrêmement coûteux (l’IRSN avait publié en 2013 une estimation à 400 milliards d’euros, dont la méthodologie a été précisée en détail en 2014) non assurables, même dans un pays très développé – ce qui rend le financement privé difficile – risques d’accidents aux conséquences sociales et sanitaires importantes (13), risque terroriste, gestion des déchets coûteuse et créant un besoin de gestion de très long terme, très haut niveau de compétences nécessaires à garantir sur très longue période etc. Par ailleurs, si le coût de l’électricité nucléaire actuel est bas (moins de 40 euros le MWh en France) ce n’est pas le cas de l’EPR et de ses équivalents dans le monde qui sortent un MWh au coût d’environ 100 euros et n’est plus compétitif.
Il est donc devenu possible et rationnel d’envisager de pouvoir se remettre en situation de choix d’ici quelques décennies. En France, cette stratégie de réduction progressive de la part du nucléaire (conduisant à un taux de 50% en 2030-2035) est d’autant plus rationnelle que nous sommes face à une falaise de 58 tranches à « déconstruire ». Anticiper cette déconstruction s’impose pour des raisons d’acquisition progressive de l’expertise industrielle pour de tels chantiers et de gestion du personnel.

Dès lors il est souhaitable d’envisager pour la France un scénario progressif de montée en puissance des Enr, des capacités réseau et de stockage qui permette une première étape et un rendez-vous pour comprendre où sont les difficultés et en tirer les leçons.

6-Mettre en place un tableau de bord de conduite de la politique du pays qui complète l’actuel qui se limite de fait à croissance du PIB, déficit et dette publics.

Nous pilotons et commentons notre économie avec trois instruments insuffisants et complètement inadaptés à la transition énergétique et écologique. La loi SAS sur les nouveaux indicateurs de richesse rend obligatoire la mise en place et le suivi annuel d’une série d’indicateurs. Elle est rédigée ainsi :
« Le Gouvernement remet annuellement au Parlement, le premier mardi d’octobre, un rapport présentant l’évolution, sur les années passées, de nouveaux indicateurs de richesse, tels que des indicateurs d’inégalités, de qualité de vie et de développement durable, ainsi qu’une évaluation qualitative ou quantitative de l’impact des principales réformes engagées l’année précédente et l’année en cours et de celles envisagées pour l’année suivante, notamment dans le cadre des lois de finances, au regard de ces indicateurs et de l’évolution du produit intérieur brut. Ce rapport peut faire l’objet d’un débat devant le Parlement. »
Le gouvernement a mis en place les indicateurs et a fait en 2015 et en 2016 son rapport. Cela ne suffit pas du tout, du fait de l’absence évidente de médiatisation et surtout d’appropriation politique. Par ailleurs, concernant la transition énergétique nous avons besoin d’autres indicateurs, sectoriels permettant de voir les progrès accomplis (nombre de rénovations annuelles et leur surface par type de logements, consommation moyenne du parc (VP, VU, Camions), des véhicules vendus, part modale du fret, etc.) et là aussi qu’ils soient appropriés et communiqués.

Conclusion

Comme on vient de le voir, les enjeux de la transition énergétique sont vastes ; elle suppose et conduit à de profondes transformations de nos modes de production et de consommation. Elle va nous conduire en fait à une vraie révolution. Espérons que ce quinquennat va nous faire avancer rapidement et dans la bonne direction.

NOTES

1. On ne peut que féliciter la persévérance de l’ association Negawatt dans son travail pour porter ce message, le traduire en recommandations précises et en scénario énergétique même si on ne partage pas leur vision sur le nucléaire.
https://negawatt.org/Scenario-negaWatt-2017

2. Le scénario 2DS de l’AIE et plus généralement les scénarios compatibles avec la contrainte 2°C font tous la part belle aux économies d’énergie et à l’efficacité énergétique, qui pour l’AIE nous font faire presque la moitié du chemin en matière de réduction des émissions de GES.
http://www.iea.org/etp/etpmodel/

3. L’effet rebond désigne le fait que des gains en efficacité sur un appareil peuvent être perdus en nouveaux usages ou usages moins sobres.

4. Merci à Guillaume de Smedt qui m’a signalé ce graphique lumineux

5. Il s’agit ici d’inventaires d’émissions (celles qui sont faites sur le territoire français) et non d’émissions induites pas l’activité (dont certaines sont donc importées), estimées à sont de 572 MT pour le CO2 (pour des émissions d’inventaires de 380 MT)). Ces chiffres ne tiennent pas compte du captage par les sols et forets qui est estimé en France à 50 MtCO2 en 2014. Voir http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/2587/1072/chiffres-cles-climat-france-monde-edition-2017.html

6. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’occuper du méthane et du protoxyde d’azote très liés à l’agriculture et l’alimentation ni aux gaz fluorés ; mais ce ne sont pas les enjeux principaux de la politique énergétique.
7. Au niveau mondial c’est le charbon qui pèse le plus lourd dans le CO2 issus de la combustion des énergies fossiles(42%) suivi du pétrole (31%) et du gaz (18%).

8. Ce sujet n’est pas technique, il y a de nombreuses alternatives qu’elles soient de l’ordre des pompes à chaleur, des réseaux de chaleur, des chauffages individuels au bois .
9. Car ces logements sont souvent habités par des personnes en situation de précarité énergétique (en zone rurale ou périurbaine)

10. Voir par exemple l’avis du Conseil National de la Transition énergétique du 5 mai 2017 : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/cnte

11. 100 gr CO2 (issu de la combustion d’énergie fossile) par dollar de PIB contre une moyenne mondiale de plus de 400 et un niveau autour de 1000 pour des pays « charbonnés » comme la Chine, l’Inde et Afrique du Sud. A noter que la performance de l’Allemagne (200 gr CO2 par dollar de PIB) montre très clairement que le nucléaire n’est pas tout. Et ce toujours pour la même raison, l’électricité ce n’est que 20 à 25 % de l’énergie finale.
12. Voir http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/qui-sont-les-champions-du-nucleaire-civil-en-2016-566979.html et http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/parc-nucleaire-mondial-production-d-electricite
13. A ce sujet il a beaucoup été dit que l’accident de Fukushima n’avait pas fait de morts, contrairement au Tsunami. Ce chiffre ne suffit évidemment pas à rendre compte des conséquences sociales d’un tel accident qui sont massives et laissent des traces très profondes.

Répondre à bertrand cassoret

27 Responses to “Politique énergétique, ne pas se tromper de débats !”

  1. Hello,

    je suis depuis pas mal de temps votre « pensée écrite » sur les divers média, et j’apprécie ! merci !

    mais par pitié arrêter de parler de développement des modes doux…
    il est beaucoup plus doux d’être en voiture à l’abri qu’en vélo ou à pied pour un trajet utilitaire !!!

    merci de parler de modes actifs

    de plus un peu plus « valorisant » que les modes doux qui ramènent au temps de loisir voire à la retraite plan plan…

    au plaisir de continuer à vous lire, Hervé G

    •   Alain Grandjean   25 juillet 2017 à 13 h 23 min

      @Hervé G; merci de votre « appréciation » et de votre remarque/J’ai adopté sans réfléchir ce terme; en y réfléchissant je ne trouve pas que la voiture ce soit doux; ça dépend pour qui. J’ai appris récemment qu’un des déterminants majeurs de l’achat des « grosses voitures » c’est le fait qu’en cas d’accident c’est plus sûr (pour ceux qui sont dedans donc moins pour les autres).
      Je vous promets d’utiliser un autre terme, cela étant; bien à vous, ag

  2. Bonjour Alain

    Combien va couter ce « plan ambitieux pour la rénovation massive des logements et des bâtiments » en dehors des 4 milliards pour les bâtiments publics ? Quels budgets sont en fait prévus ?
    A combien avions nous estimé les investissements nécessaires dans le résidentiel en 2011 dans http://financerlavenir.fnh.org/propositions/financer-lavenir-proposition-et-debat-sur-linnovation-financiere/ ?

    Bref, j’ai l’impression que ce gouvernement jouera encore « petit bras » en attendant que tout s’effondre !

    Amicalement

    •   Alain Grandjean   25 juillet 2017 à 21 h 01 min

      hello André-Jacques ; 7 millions de logements à rénover sur 10 ans c’est en gros 140 milliards si on les rénove vraiment (à 200 euros le m2 et des logements de 100 M2, soit 20 000 euros le logement, c’est pas les couts parisiens!) soit 70 milliards sur le quinquennat, une moyenne de 12 par an ; si ce sont des logements habités par des personnes en précarité énergétique, je pense qu’il faut un financement public de 90% (ils peuvent en général pas empruntés ces ménages-là) sinon ca peut être moins et on peut avoir un complément bancaire ; on arrive à 10 milliards par an ; disons 5 à 1O ; l ‘enveloppe du plan d’invt macron est de 4 milliards sur le quinquennat si j’ai compris pour ce sujet; elle est additionnelle au budget actuel (dont je ne connais pas le montant) mais au total et à vue de nez on est à 20% des moyens pour atteindre les objectifs, je pense que NH le sent puisqu’il a parlé de la nécessité de financements innovants, rendez-vous le 12 décembre; mais c’est e. macron qui a été élu et sur un programme d’économie orthodoxe pour ne pas dire plus…amicalement. Alain

  3. Bonjour,
    Concernant la réduction du nucléaire, je trouve surprenant que vous fixiez un seuil, 50% et une date 2030/2035 alors que les évolutions technologiques requises ne sont pas encore disponibles voire mêmes accessibles.
    Je pense notamment au stockage long terme de l’électricité et au pilotage d’un réseau à plus de 20/30% de moyens de production non pilotables, sans parler des capacités d’ENR nécessaires à installer. 13 ou 18 annnees pour trouver les solutions et les mettre en œuvre n’est ce pas un peu court?
    Ne risquons nous pas pour des raisons électoralistes d’atteindre plus rapidement aux dates fixées le seuil de 50% de nucléaire sans avoir en face les 50% d’ENR et de stockage requis et devoir faire appel à nos voisins Européens équipés en fossiles (charbon et gaz) et rejouer le scénario allemand?

    Bien cordialement.

    T. V.

    •   Alain Grandjean   25 juillet 2017 à 22 h 32 min

      @Thierry V bonsoir; ces questions ont fait l’objet de longs échanges dans un de mes posts précédents, pour résumer, à 50% de nuc et 10% de fossile (du gaz quasi exclusivement) il reste 40% d’enr dont 15% de pilotables (de l’hydro et de la cogénération) et 25% de non pilotables; dans ce type de configuration il n’y a pas de pb pour RTE à cet horizon pour gérer la variabilité ; j’ai signalé des références en la matière; et pour être encore plus précis, RTE (dont la responsabilité est engagée dans ce type de travail) fournira en sept-oct des scénarios montrant en détail comment il est possible d’y arriver,notamment en tenant compte des interconnexions sur la plaque européenne; Concernant les enr à installer autant je suis très sceptique à horizon 2015 autant je ne vois pas de pb si on se donne 5 à 10 ans de plus, les technos sont là et le potentiel aussi, elles sont de plus en plus compétitives (vous pouvez regarder l’annexe du post https://alaingrandjean.fr/2017/07/15/nucleaire-plan-climat/ que je viens d’évoquer sur les coûts; bien à vous . AG

    •   Julien Glaizal   22 août 2017 à 23 h 05 min

      @ALAIN GRANDJEAN,

      Quel est l’intérêt nom de dieu de substituer de l’énergie véritablement décarbonnée (le nucléaire) par des énergies intermittentes qui le sont faussement (PV/éolien) du fait de cette intermittence, quel est le gain escompté en terme de baisse d’émissions de GES…?!! Evidemment je ne parle pas ici du coût financier, ni même social.

      Mais peut-être le but réel, caché, de nos faux écolos n’est-il pas dans la baisse de nos émissions, et qu’ils n’ont que faire du changement climatique anthropique, leur monomanie anti-nucléaire primant toute autre considération…

  4.   François Martin   25 juillet 2017 à 22 h 27 min

    Bonjour monsieur Grandjean.
    Article très clair et offrant une bonne vision de synthèse, merci !
    Une question concernant les rendements des voitures électriques et thermiques : vous comptez je suppose en énergie finale ?
    En comptant le rendement de la centrale électrique dans celui de la voiture électrique, l’inégalité s’inverse-t-elle ?

    •   Alain Grandjean   25 juillet 2017 à 22 h 36 min

      @françois martin, oui je compte en énergie finale car l’objectif de réduction d’énergie est en énergie finale, la passage à la voiture électrique (dont je pense qu’il sera partiel) facilite cet objectif (à demande de mobilité constante), sinon pour votre autre question ca depend du mix energique utilisé pour faire de l’elec, les conventions final/primaire ne sont pas les mêmes pour le nuc et les enr; bien à vous ? AG

  5. Bonjour et merci Alain pour cette chronique qui pose bien la question de l’application de la transition énergétique.
    Vous évoquez six grandes priorités interdépendantes:

    1-Sobriété, efficacité et maîtrise de la demande d’énergie:
    Cela me semble en effet bien être la première condition, mais pas la plus simple à mettre en oeuvre car elle est culturelle, liée à l’aptitude au changement de nos concitoyens, à la capacité de nos entreprises à changer de modèle, faire évoluer leurs produits, leurs objectifs de vente d’appareils ou de systèmes consommateurs d’énergie.

    2-Réduire nos consommations d’énergie fossile, à commencer par le pétrole:
    Cette deuxième condition liée à la première suppose de repenser les modes de transport, particuliers ou collectifs, les modes de chauffage, le choix des matières premières pour produire des polymères, sans doute aussi de s’intéresser davantage à l’hydrogène et au CO2 et à leur stockage.

    3-Faire de la transition énergétique une source de rebond macroéconomique, mettre en place les bonnes incitations économiques et mobiliser les financements publics et privés:
    Cela semble fonctionner en théorie, mais cela suppose sans doute de repenser les moyens d’information et les logiques de gestion des employeurs, de revoir aussi la fiscalité des entreprises qui constitue un frein évident à la création des nouvelles activités de substitution à celles sur lesquelles repose notre accès au mix énergétique actuel.

    4- Faire de la transition énergétique une source de relance du projet européen:
    Ayant eu la possibilité d’écouter parler le Commissaire européen à l’énergie Maros Sefcovic lors de différentes rencontres à Bruxelles ou en Allemagne, j’ai eu le sentiment que l’Europe de l’énergie a moins de sens pour lui que pour les dirigeants des sociétés en charge de la distribution de l’énergie en Europe, alors qu’il devrait être au moins leader sur ce plan. Par contre, il semble clair que la transition énergétique ne se fera de façon efficace que si ses orientations sont partagées par l’ensemble des 28 – Royaume-Uni inclus – et à l’aide de groupes de recherche et développement internationaux assez représentatifs pour dialoguer par la suite avec leurs homologues des autres régions du monde. Voir la vitesse à laquelle la Chine se positionne sur les ENR, l’exemple de Cadarache pour la recherche nucléaire, aussi.

    5-Diversifier nos sources d’énergie et réduire la part du nucléaire dans notre mix électrique pour que nos choix puissent redevenir réversibles:
    S’agit-il davantage de réussir à fermer des centrales des premières générations, ce qui sera inéluctable ne serait-ce qu’à cause de leur vieillissement, ou de revisiter les choix industriels de la filière nucléaire en abandonnant les projets de mégacentrales de type EPR pour privilégier les nouveaux concepts de réacteurs du type « Terrapower » soutenu par Bill Gates au Canada et aux USA, ou Nuscale, SMR américains, etc? Le nucléaire de 4ème et 5ème génération pourra utiliser les actuels déchets nucléaires pour produire de l’énergie, d’une façon toujours plus sécurisée. La vraie question est celle de la cybersécurité des systèmes de gestion et de contrôle des réacteurs, couplée au développement de l’intelligence artificielle appliquée à la production d’énergie, ainsi que la capacité de ces nouveaux modèles à répondre aux niveaux globaux de demande d’énergie anticipés par l’AIE et les autres organismes suivant ce sujet. De plus, réduire le nucléaire sans augmenter la production de carbone par d’autres biais ni résoudre le problème du recyclage des éoliennes, des panneaux solaires me semble dangereux.

    6-Mettre en place un tableau de bord de conduite de la politique du pays qui complète l’actuel qui se limite de fait à croissance du PIB, déficit et dette publique:
    Ce sixième point s’adresse à l’ensemble des économistes actuels autant qu’aux personnels politiques et aux organismes français et européens tels que la Cour des Comptes, la Commission européenne dont les communications colportent régulièrement des messages qui tuent toute volonté de réformer nos pays, en faisant pression un jour sur l’URSSAF, le lendemain sur les Fédérations professionnelles, les banques, lesquelles ne font plus leur métier en soutien aux entreprises, etc. Le seul crowdfunding ou financement participatif ne sera jamais assez conséquent en volume pour permettre aux ENR, aux futurs réseaux de distribution d’électricité pour la mobilité électrique ou à l’hydrogène de se développer à la bonne échelle.

    D’où la question que nous allons aborder avec MPE-Média (Matières Premières Energie Média) et Deloitte Développement Durable le 7 décembre au soir chez Deloitte dans le cadre d’une 3ème Nuit des matières premières et de l’énergie :
    « Quelles matières pour quelles énergies »? Ce en deux temps:
    – Quel mix voulons-nous mettre en place?
    – Quelles matières premières sont indispensables pour le réaliser et comment sécuriser nos ressources pour y parvenir?

    Si cela vous intéresse, merci de nous le signaler en retour, car vous pourriez utilement participer à cette rencontre qui vise à mieux faire percevoir aux participants la complexité de ces sujets et aussi notre capacité collective à relever ce défi de la « Révolution Energie » dont vous parlez justement!

    •   Alain Grandjean   26 juillet 2017 à 14 h 21 min

      @christophe journet, merci de ce long commentaire, ok a priori pour participer à la soirée du 7 dec; mais par mail ce sera plus simple grandjean.a(a)gmail.com
      concernant le point 4 je pense qu’il n’est pas obligatoire de se mettre d’accord sur grand-chose d’autre que ce qui est déjà sur la table : le respect de l’accord de Paris sur le climat, une réduction de notre dependance par rapport aux énergies fossiles une diversification des sources, une maitrise des couts et de l’impact écologique (en développant l’économie circulaire notamment); les paysages énergetiques des pays européens étant très différents il ne faut à mon avis pas viser à être plus précis, nos pays sont en vive concurrence économique et on risque de vite tomber sur des désaccords ; concernant le 5 il s’agit à mes yeux comme expliqué dans post précédent de se laisser du temps pour ne pas recréer d’irréversibilité; bien à vous. AG

  6. Nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience de la possibilité d’effondrement de notre civilisation… Une situation qui résulte de l’immense intelligence que nous devons à l’évolution pour assurer notre survie en tant qu’espèce; mais ce cerveau nous pousse à toujours vouloir maximiser, optimiser, et tel le tas de sable dont la métaphore est due à Per Bak, les effondrements se produiront à force d’en ajouter toujours plus dans ce processus exponentiel . C’est dans notre ADN. Et peut-être que nous sommes voués à l’effondrement mais qui ne se produira pas partout de la même manière et avec la même intensité comme le changement climatique. Petits, moyens et grands effondrements comme les avalanches; voire disparition totale?

    Merci Alain Grandjean pour votre blog « Chroniques de l’Anthropcène ». J’ai lu vos livres… Il est significatif que la page d’accueil du blog se réfère à l’île de Paques, donc à l’effondrement de cette civilisation locale découverte au 16è siècle par les premiers navigateurs circum planétaires.Cf. Jared Diamond « Collapse ».

    Comme ingénieur que vous êtes, vous ne vous résignez pas dans dans le catastrophisme et vous cherchez à promouvoir des solutions pendant qu’il est encore temps.: « C’est maintenant: 3 ans pour sauver le monde ». Merci.

    Voir mon billet http://bit.ly/2uDQskF

    et aussi la page groupe FB Transition 2030 http://bit.ly/2uE4NOa

    •   Alain Grandjean   1 août 2017 à 8 h 00 min

      @Pierre Ratcliffe, on ne peut exclure un effondrement total ou partiel de notre civilisation, c’est même le scénario central de Denis Meadows. de mon côté je prends très au serieux ce risque (je communique régulièrement dessus, je relaie aussi les dernières études qui me sont communiquées) et c’est l’un de mes moteurs; car quoiqu’il en soit de l’avenir il est possible d’agir aujourd’hui; cela étant le « catastrophisme » est souvent tétanisant et je préfère, quand je suis dans le temps de l’action, donc du présent, ne pas réévoquer le risque. par ailleurs il faut impérativement montrer que des choses avancent pour renforcer l’idée que la catastrophe n’est pas certaine, car alors pourquoi agir? Le sentiment que c’est foutu contribue à la catastrophe, or elle ne sera évitée qu’en mobilisant ; c’est cela le paradoxe avec le quel nous devons vivre, bien à vous. AG

  7. J’ai lu votre billet et le trouve très intéressant mais je le trouve relativement peu « alarmiste » par rapport à d’autres études qui suggèrent un réduction beaucoup plus drastique des consommations d’énergie et un changement radical dans nos comportements et habitudes. Qui dit vrai ?

    http://e-rse.net/comment-lutter-changement-climatique-concretement-23992/#gs.YPAUsBg

    •   Alain Grandjean   1 août 2017 à 8 h 06 min

      @pascal vedel; merci pour le lien (je vais lire en détail mais je vous réponds d’abord rapidement), lors du DNTE nous avons vu qu’il était possible de réduire d’un facteur 4 Par rapport à 1990 les émissions de GES de la France, notamment en divisant par 2 la consommation finale d’énergie (par rapport à 2010 en gros); il faut par ailleurs reduire l’usage du pétrole dans le transport et l’habitat; cet objectif a été retenu dans la loi de transition énergétique; cela suppose en effet de gros changts ce comportement notamment dans le rapport à la mobilité ce que j’explique rapidement dans ce post; ensuite tout est une affaire de « ton » on peut dire la meme chose en étant plus ou moins optimiste, pessimiste, catastrophiste….on peut constater des progres et les juger très insuffisants ou au contraire encourageants…bien à vous. AG
      sur le fond les chiffres sont assez partagés ; bien à ou

  8. Il y a un biais très important dans l’estimation par quiconque que le nucléaire français puisse ne représenter que 50% de la consommation en france. En effet, même si les estimations de rte étaient justes, c’est à dire que pour la france, il soit possible d’avoir 50% de renouvelables, en profitant des imports/Exports pour équilibre la demande à un instant t, cette estimation de facto vaut aussi pour les autres pays. Autrement dit, il faudrait que ces pays aient 50% de nucléaire! Sinon comment ces pays pourraient ils contrebalancer l’intermittence pour 100% de leur production. Déjà actuellement, ce que l’on voit c’est que la france alimente l’Espagne, le Ru et l’Italie alors même que ces pays n’ont pas 50% de renouvelables. Si l’Allemagne n’avait pas son charbon, il en serait de même avec l’Allemagne. Au final, si les autres pays ne construisent pas de centrales nucléaires à un haut niveau, il faut qu’on le fasse en france pour compenser. Sinon, je ne donne pas cher de l’Europe et il y aura encore des centrales au charbon partout.

    •   Alain Grandjean   1 août 2017 à 8 h 12 min

      @Delaurens, il y a évidemment un gros enjeu européen, je sors prochainement un post là-dessus; on peut nuancer votre propos de plusieurs manières
      -RTE fait des simulations et ces calculs cO2 en intégrant ce qui se passe et se passera en Europe (on regardera les résulats attentivement)
      -l’europe est largement surcapacitaire , on peut reduire substantiellement l’usage du charbon en augmentant provisoirement celui du gaz, ce qui réduit d’un facteur 2 les émissions concernées
      -tout est une question de calendrier; à 25%_30% d’Enr variables (je rappelle qu’il y a de l’hydro et de la cogénération) il n’y a pas de pb meme pendant les pointe d’hiver
      -le débat porte sur ce qui se passe après (avec bcp plus d’enr variables) mais je me permets de dire que je ne me suis pas exprimé sur un horizon au-delà de 2030_35
      bien à vous. AG

  9.   bertrand cassoret   29 juillet 2017 à 13 h 53 min

    Le coût des renouvelables intermittentes ne prend que rarement en compte le coût du nécessaire stockage. Sans lui, elles viennent en plus de, et non à la place de, et représentent forcément un surcoût.
    Le taux de retour énergétique du photovoltaïque est trop faible pour qu’il puisse permettre une société évoluée; le photovoltaïque n’existe que parce qu’on dispose de fossiles. Son bilan environnemental est très médiocre.
    Statistiquement le nucléaire fait moins de morts et de maladies que les fossiles, que le bois, que le photovoltaïque. Seuls l’hydroélectricité et l’éolien semble être équivalents, mais leurs capacités de production ne peuvent pas suffire à tous nos besoins, même divisés par 2.
    Le nucléaire ne représente que 5% de l’énergie mondiale aujourd’hui, et l’éolien bien moins, ça ne prouve rien sur ce qui est souhaitable pour demain.
    N’oublions pas que NegaWatt, c’est une division par plus de 2 de notre consommation d’énergie finale, en étant bien optimiste sur le potentiel des renouvelables. N’oublions pas que l’efficacité énergétique ne peut pas être suffisante, et que la sobriété énergétique n’est pas compatible avec la croissance que presque tous les politiques recherchent. La sobriété et la pauvreté sont des notions proches.
    La consommation d’énergie a permis des gains de productivité qui ont créé du chômage, mais dans le même temps la pauvreté a diminué. Le problème du chômage est bien moins important que celui de la pauvreté. Attention aux travailleurs pauvres, il n’y avait pas beaucoup de chômeurs au 19ème siècle… Moins d’énergie c’est plus de boulot, mais pas forcément moins de pauvreté.

    •   Alain Grandjean   1 août 2017 à 15 h 57 min

      @bertrand, concernant le ROI du PV il y a un débat en cours, avec les progres fulgurants du solaire PV on va arriver a de bons retours energétiques (voir http://www.fondation-nature-homme.org/sites/default/files/publications/151112_ela5_solaire_photovoltaique.pdf, page 32 ; je ne cite la faible part actuelle du nucléaire que pour montrer que ce ne peut être LA solution au chg climatique, vu l’agenda, et qu’il est impératif d’envisager d’autres options et de les développer. je pense que le découplage de l’énergie et du PIB est un très grand défi, pas impossible à gagner si je prends les exemples les plus évidents (logement, voiture, mais aussi industrie ); je ne crois pas du tout qu’il faille chercher de la croissance du PIB a tout prix, meme si je pense que si l’on fait des « grands travaux » d’efficacité énergétique cela génerera de l’emploi et du PIB. Cela étant je ne crois pas que la pauvreté soit liée aux gains de productivité; c’est un pb économique de choix de politique de rémunération et de redistribution.Bien à vous. AG

  10. Concernant le photovoltaïque, j’ai lu le document que vous avez mis en lien et ce document est intéressant: il met en exergue le fait qu’il est raisonnable d’être aux envions de 25% de la capacité totale de la pointe de consommation en puissance photovoltaïque installée soit une part de la consommation de 8% seulement sur l’année.
    Donc resumons: 50% de nucléaire, 20% d’hydraulique, 8% de photovolaique, donc 22% d’éolien (en moyenne).
    Avec un facteur de charge moyen de l’éolien de 20%, çela veut dire donc, une puissance installée d’éolien proche de la capacité totale installée, pour arriver à cette moyenne. Çela fait beaucoup
    question, la nuit en hiver sans vent, par un fort anticyclone et une forte gelée d’où viendront les 28%’manquant, de centrales au gaz? Du coup en capacité installée, nous aurons 50+20+25+100+28 soit plus de 2 fois la puissance nécessaire maximum installée: l’électricité coûtera 2 fois plus chère sans doute, pour couvrir tous ces besoins.

    •   Alain Grandjean   2 août 2017 à 14 h 39 min

      @delaurens, bonjour je ne suis pas sûr de la référence à laquelle vous faites allusion quand vous évoquez 25% de PV (la publi FNH indique qu’une prod de PV à horizon 205O de 25% de la prod mondiale d’électricité était atteignable). Concernant les perspectives à horizon 2030-2035 en France, il n’y aura pas besoin de la puissance que vous évoquez, la gestion du reseau permet de ne pas avoir à doubler les capacités pour un seul épisode hivernal , c’est plus sophistiqué que cela; quant aux 8% de PV je ne vois pas bien comment vous les calculez. Il est préférable de reprendre cet échange sur la base d’un scénario construit, or c’est qui est en train d’être fait; bien à vous; AG

  11. Où iront les réfugiés climatiques ?

    Où iront les réfugiés climatiques de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, de toute l’Asie du Sud ?

    Le XXIe siècle sera le siècle des très grandes migrations.

    Lisez cet article :

    L’Asie du Sud pourrait devenir inhabitable d’ici à 2100, selon une étude.

    Les auteurs ont constaté que sans réduction des émissions de dioxyde de carbone, les températures médianes de chaleur humide approcheront en été les 35 °C.

    Le réchauffement climatique menace plus que jamais la planète. Ainsi, les températures extrêmes risquent de rendre l’Asie du Sud – où vit un cinquième de l’humanité – inhabitable d’ici à la fin du siècle si rien n’est fait pour réduire les gaz à effet de serre, selon une étude publiée mercredi 2 août.

    « L’augmentation des températures et de l’humidité en été pourrait atteindre des niveaux excédant la capacité de l’organisme humain à survivre sans protection », ont déterminé ces chercheurs, dont les travaux paraissent dans la revue Science Advances.

    « Ces vagues de chaleur mortelle pourraient même se produire d’ici seulement quelques décennies dans des régions d’Inde, du Pakistan et du Bangladesh, y compris dans les bassins fertiles de l’Indus et du Gange, d’importantes régions de production agricole », préviennent également ces scientifiques.

    http://www.lemonde.fr/climat/article/2017/08/02/une-chaleur-humide-extreme-pourrait-rendre-l-asie-du-sud-inhabitable-d-ici-a-2100-selon-une-etude_5168016_1652612.html

    •   Alain Grandjean   6 août 2017 à 14 h 06 min

      @BA bonjour ;mon texte traite des priorités de la politique énergétique; pas des priorités en matière de changt climatique; merci pour la référence qui illustre bien l’un des enjeux du réchauffement climatique, et qui motive l’action pour le limiter; il est assez clair pour moi qu’un monde à 4 ° (de plus que l’ère préindustrielle) est un monde de conflits multiples. Bien à vous. AG

  12. Salut Alain

    Une fois encore, je suis impressionné par la qualité de ce que tu publies ici, et qui fait de ton blog … un véritable bien public !

    La seule petite frustration concerne ton survol, (un peu trop rapide à mon goût), de la question des énormes pertes et « gas-pillages »… de nos modes de production ET de consommation.
    Certes, tu écris: « On sent de mieux en mieux à quel point nous gaspillons l’énergie. »
    Mais cela ne met pas sufisamment en évidence, il me semble, que ces pertes et gaspillages constituent pour nous, (les pays OCDE…), une chance fantastique. Meme s’il manque pas mal d’info, il est clair qu’ils rendent moins difficiles les efforts que nous devons faire !
    Il me parait urgent de mieux caractériser le potentiel d’économies, à service rendu constant, (c. à d. sans même considérer la sobrieté, heureuse… volontaire… recommandée… ou obligatoire !)
    En effet, dans la cascade qui va de l’énergie primaire à l’énergie finale, puis à l’énergie utile, les connaissances disponibles sont de plus en plus réduites:
    si l’on sait que l’énergie finale, c’est autour de la moitié de l’énergie primaire, on ne sait pas grand chose, il me semble, des pertes et gaspillages à la consommation (c. à d. le rapport entre énergie utile et énergie finale, qui peut porter le taux de pertes + gaspillages de l’énergie primaire à plus de… 70 ou 80 % !)

    Tous les discours sur « l’impossible découplage »… que suscitent la fameuse « droite »… entre PIB et énergie p r i m a i r e ignorent / occultent la chance que constituent les pertes et gaspillages à la production, PUIS à l’utilisation !
    Quand mes petits enfants viennent dormir à la maison, si nous ne montons pas au 1er étage après qu’ils se soient levés, l’eclairage de la salle de bains peut rester allumé toute la journée !
    De meme, 30 à 40 % de la nourriture produite devient un déchet sans passer par le moindre estomac !
    Combien de cas semblables, mal pris en compte dans nos évaluations ?
    Pour tous nos concitoyens que le discours sur la transition obligatoire inquiète ou dérange, il me semble que c’est dommage de se priver de l’occasion de dire que… « dans plein de cas, ce ne sera pas si difficile » !

    Bien amicalement,
    Raymond

    •   Alain Grandjean   6 août 2017 à 14 h 19 min

      @Raymond, merci de tes encouragements, au fond je pense que nous sommes d »accord, c’est bien parcequ’on gaspille beaucoup qu’on peut envisager un monde bcp plus sobre, sans qu’il soit invivable par « manque de tout »; mais en effet je n’ai pas documenté mon affirmation qui était plutôt de l’ordre de la « perception » que du chiffrage; je suppose qu’une petite recherche pourrait le montrer; j’ai constaté personnellement que dans le domaine des économies d’électricité,pour ne prendre qu’un exemple, on avançait régulièrement, alors que c’était un sujet un peu passé au oubliettes; je connais une entreprise (mais je suis bien convaincu qu’il y en a plein d’autres)- DEEPKI qui a développé des outils de traitement de données (« big data » comme on dit maintenant) qui révèle pour pas cher du tout les anomalies de conso et permet de les traiter rapidement; pour les ménages ce sera un peu plus long, car comme le montre l’exemple de ta maison, il faut un effort pour limiter le gaspillage, (ou alors investir dans une lampe témoin en bas de l’escalier?) bien à toi . Alain

  13. Voici mes impressions en matière d’énergie.
    L’énergie et le travail sont une même notion en physique. En économie, le travail concerne l’activité humaine et l’énergie l’utilisation des « machines ». Il est normal d’envisager de répartir les charges sociales (chomage et retraites) sur le travail (cotisations sociales des entreprises) et sur la consommation d’énergie des ménages et des entreprises.
    Cette répartition doit correspondre à un point d’équilibre qui dépend du développement économique de chaque pays.
    Il faut envisager une application de la taxation de l’énergie pour financer les charges sociales, ce qui entraine une baisse du cout du travail pour les entreprises, donc création de nouveaux emplois, diminution des prix de la production des entreprises, donc augmentation des ventes; mais cela entraine une augmentation du prix de l’énergie en particulier pour les ménages. Cette mesure doit être effectuée à « niveau constant », l’équité étant respectée par une allocation à caractère universel récupérée sur les tranches d’imposition de l’impot sur le revenu.
    Cette mesure correspond à l’application de la note n°6 du CAE (Dominique Bureau), au projet de réforme fiscale de COE-REXECODE, à la thèse de d’Emmanuel Combet du CIRED.
    Son application permettrait de résoudre le problème de financement des retraites en 2035 et celui du vieillissement de la population dès 2025. Elle permettrait aussi de rétablir un équilibre économique avec l’Allemagne.
    Merci pour votre attention.

    •   Alain Grandjean   21 août 2017 à 22 h 15 min

      @paul.guyot; je suis d’accord avec vous sur les principes; le transfert d’une partie de la fiscalité qui pèse sur le travail vers une assiette énergie/carbone est une bonne idée; c’est en gros ce que le gvt a cherché à faire en financant le CICE par la taxe carbone, mais le cice est mal calibré à mon avis et la taxe carbone encore trop basse, mais on allait dans la bonne direction
      avec la réforme de la CSPE une partie de la taxe carbone paie les energies renouvelables via un compte d’affectation, et je vois moins les mesures prises pour réduire les charges sociales
      donc toute la question pratique au-delà de la « philosophie générale » qu’on partage c’est comment faire avancer les choses? bien à vous. AG

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