Home
»
Nos combats
»
Les défis des nouveaux modèles

Les défis des nouveaux modèles

Posté par Alain Grandjean - ( 1 ) Commentaires

transitionenergetiquecrayonne

La transition ne se fera pas  en modifiant à la marge nos systèmes de production et de consommation. Elle va nécessiter des évolutions en profondeur, sur tous les plans et dans tous les domaines. Elle va nécessiter d’investir massivement, l’appel à la vertu ne suffisant pas pour réduire la voracité de nos machines et les gaspillages liés à nos infrastructures et notre système économique.

Nos habitudes d’alimentation de consommation de déplacement vont être touchées et poser de nombreuses questions psychosociologiques. Nos comptabilités et nos raisonnements économiques  devront être modifiées en profondeur pour intégrer des effets indirects de nos choix (soit dans l’espace soit dans le temps). L’économie devra être mobilisée et la vision « mainstream » refondée en profondeur. Le PIB sera bientôt vu comme un indicateur d’un autre âge, mystérieusement adoré pendant quelques décennies .

La transition facteur d’innovation sur tous les plans

Le caractère très innovant des solutions à imaginer rapidement nécessite des modes de coopération nouveaux également tant dans les processus créatifs que dans le partage de la valeur créée. L’intelligence collective  devra être mobilisée à une époque où l’individualisme semble la seule valeur commune…et après des années d’endoctrinement visant à faire croire que la rapacité était favorable à l’intérêt économique général.

Notre rapport à la finance va évoluer massivement. Après des années de laisser-faire où nous l’avons laissé  dominer la vie économique, et, pour certains, avons été complices de cette toute-puissance (les « rentiers » ont bénéficié et ont  fait bénéficier leurs héritiers de l’évolution des prix des actifs notamment immobiliers), nous allons la mettre à sa place. Nous allons faire évoluer notre rapport aux banques, notre rapport à l’épargne : comment donner un sens à notre épargne dans le contexte de la transition énergétique et écologique ?

 La complexité de la situation  rend caduque la répartition des rôles entre le savant, l’expert, le politique et le citoyen qui s’est imposée progressivement dans notre civilisation occidentale. Les savoirs citoyens ou ancestraux, les intuitions  des citoyens ne peuvent plus être traités de vieilles lunes ou de réactions émotionnelles. En même temps l’activité scientifique n’a jamais été aussi productrice et il serait dangereux de se passer de ses résultats. Mais elle est parfois surdéterminée par l’intention technique qui la commande ou les lobbys qui l’instrument. Tout cela nécessite une remise en cause profonde de la  délibération collective dans les domaines qui demandent de manipuler des informations complexes ou incertaines.

 La transition concerne tous les domaines

La crise écologique concerne tous les domaines. Stopper la perte de biodiversité, réduire les émissions de GES  et la diffusion de produits toxiques (dans les sols, l’air et l’eau) dans le domaine agricole, tout cela suppose de remettre en cause radicalement le modèle actuel, qui est en outre inadapté dans de nombreux écosystèmes. On assiste aujourd’hui à la multiplication d’initiatives en agroécologie, agroforesterie, permaculture, agriculture durable, agriculture biologique et biodynamique (voir les  livres de référence de Michel Griffon et Marc Dufumier). 

La production d’énergie est aussi à révolutionner au niveau mondial, puisqu’elle est source de COpour 80% . Le débat est complexe : les énergies « décarbonnées » (renouvelables et nucléaire) sont très intensives en capital, leur financement ne peut être le même que celui  des énergies fossiles. Le nucléaire ne peut évidemment être généralisé dans tous les pays du monde et pose des questions difficiles à traiter démocratiquement (comment prendre une décision sur une technologie dont on ne peut exclure le risque d’accidents aux conséquences imprévisibles?). Les énergies renouvelables posent aussi un certain nombre de questions : l’éolien est intense en acier, nécessite du néodyme ;  le solaire dans certains cas pose aujourd’hui des problèmes de recyclabilité des panneaux. Les deux ne sont pas encore « compétitives » par rapport aux énergies fossiles.

La réduction massive de nos consommations d’énergie est inévitable. Comment la réaliser ? Elle est aussi intensive en capital et suppose des nouveaux mécanismes de financement. Elle nécessite aussi une révolution mentale : la puissance disponible (pour les déplacements, le chauffage de nos habitats mais aussi pour tous les moments de notre vie quotidienne) la facilité d’accès de cette puissance sont des valeurs fortes si ce n’est fondamentales de nos sociétés. Comment faire bouger  vite ces valeurs ? Par ailleurs elle suppose une formation massive des opérateurs et des dispositifs nouveaux en matière de contrôle qualité.

Nous ne pourrons plus éternellement vivre dans une société du toujours plus de consommation de produits jetables, voir fabriqué pour durer un temps limité (voir un site sur obsolescenée programmé) il va bien falloir aussi nous mettre à revaloriser une forme de sobriété et le plaisir des échanges dans des travaux de réparation et de réutilisation.  

Ces changements peuvent être éminemment positifs : permettre et favoriser de nouveaux liens, de nouvelles solidarités, développer des échanges et des coopérations ; bref un mieux vivre et travailler ensemble.

Bref nous allons devoir inventer de nouvelles manières de faire et de vivre sur tous les plans.

Quelques références bibliographiques

  • Alain  Grandjean, Hélène le Teno, Miser vraiment sur la transition écologique , Les éditions de l’atelier, 2013
  • Juliette Schor, La  véritable richesse, Editions Charles Leopold Meyer, 2013
  • Dominique Meda, La mystique de La croissance, Flammarion, 2013
  • Tim Jackson, Prospérité sans croissance, De Boeck, 2011
  • Robert Costanza et al Vivement 2050 ! : Programme pour une économie soutenable et désirable , Institut Veblen, Les petits matins, 2013

 

Laisser un commentaire

journal

Bibliothèque et papiers de référence