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Neutralité de la monnaie

Neutralité de la monnaie

Posté par Alain Grandjean - ( 0 ) Commentaires

Selon ce dogme monétariste, mais répandu très majoritairement dans l’opinion, la création monétaire ne pourrait être qu’inflationniste, car sans effet sur l’économie réelle (elle serait donc neutre). Dès lors il faudrait la soumettre à une institution indépendante, non tentée par l’électoralisme et interdire à l’Etat de recourir à la « planche à billets ». C’est ce dogme qui est à l’origine du traité de Maastricht et des statuts de la Banque Centrale Européenne. Ce dogme fait perdre de vue que la monnaie est en fait créée par les banques et est à l’origine de la perte de contrôle du secteur financier, à l’origine des crises financières récentes.

La monnaie sert à régler ce que nous devons à un tiers que ce soit au magasin pour payer nos courses, via un virement pour régler notre facture d’électricité ou un prélèvement bancaire pour rembourser une échéance d’emprunt. Nous utilisons donc de l’argent   sans nous intéresser vraiment à sa naissance. Pour nous elle provient en général de notre travail si nous sommes salariés des ventes liées à notre activité si nous sommes en libéral. Pour certains d’entre nous elle est issue de « rentes » , fruits du placement de notre argent qu’on a peut-être eu la chance d’ hériter. Mais tout ceci ne révèle pas l’origine de cette monnaie de transaction.

Comment la monnaie est créée ?

La monnaie n’existe que sous trois  formes :  pièces de monnaie , marginales en quantité, dont nous ne reparlerons pas dans la suite, billets de banque  et monnaie dite « scripturale », monnaie qui est inscrite dans notre compte bancaire. 

C’est la banque centrale (aujourd’hui en France la BCE) qui fabrique les billets de banque. Ce sont les banques commerciales, (celles où nous avons un compte bancaire) qui distribuent ces billets de banque quand nous en avons besoin. Ce sont elles aussi qui crée la monnaie scripturale. Or cette monnaie scripturale représente le plus gros de la monnaie en circulation (En Europe 85%, à vérifier ).

Contrairement à une idée reçue en effet la monnaie est aussi créée ex nihilo ; la preuve principale en est la croissance permanente de la monnaie en circulation.

(insérer graphique de la croissance de M1 en zone Euro depuis le début de l’euro et si possible de M1 en France avant sur longue durée) 

Si cette monnaie est en quantité croissante il faut bien qu’elle soit créée. Le mécanisme de cette création monétaire est tout simple et enseigné dans les livres d’économie. Quand la banque prête une somme d’argent, elle inscrit à  son actif une créance et au passif, sur le compte-courant du bénéficiaire du prêt le montant correspondant.  La monnaie est ainsi créée. Elle est détruite au moment du remboursement de l’emprunt. Mais en règle générale le montant des emprunts nouveaux est supérieur au  montant des remboursements.

La monnaie est aussi créée à d’autres moments de la vie économique ; (voir site chomage et monnaie). Nous n’y reviendrons pas ici. 

Bien sûr cette création monétaire est encadrée et réglementée. Les banques sont soumises à une série de contraintes, sous forme de ratios de gestion qui doivent être être respectés. Ce sont des organismes extérieurs aux banques qui les mettent au point et d’autres  qui les surveillent.

Voir site chomage et monnaie fiches techniques

Qu’est-ce que la monnaie centrale ?

 La monnaie que nous utilisons sert donc à dénouer des transactions entre acteurs économiques. Il existe une autre monnaie que nous ne pouvons utiliser même si elle est libellée de la même manière. Il s’agit de la monnaie « centrale » celle qui relie les banques entre elles et avec la banque centrale. Toutes les banques ont un compte courant sur la banque centrale. Cette « monnaie » est indispensable aux banques pour leurs transactions mutuelles et pour assurer leur « liquidité ». 

la création monétaire n’est pas nécessairement inflationniste 

il suffit de constater l’évolution de la hausse des prix dans les n dernières années et celle de la masse monétaire pour s’en convaincre.

Nous avons tous en tête cette idée car nous avons appris dans nos cours d’histoire la folle histoire des assignats révolutionnaires (voir post dans le blog) et celle de Weimar (voir livre la monnaie dévoilée)

Concernant Weimar, où nous nous souvenons des brouettes de billets, il nous arrive parfois de croire que cet épisode est en outre à l’origine de la montée au pouvoir d’Hitler en Allemagne. C’est tout simplement faux. Weimar se termine en 1923. C’est la crise de 29 née aux USA qui traverse l’Atlantique et met  à mal l’économie allemande, puis la réaction déflationniste du chancelier Bruning qui est à l’origine d’un chômage de masse et d’une crise majeure.

Il est  certes vrai que si une banque centrale se met à inonder de billets l’économie pour payer des dettes d’état sans discernement le risque est élevé de voir se perdre la valeur de la monnaie, surtout s’il y a une autre monnaie en circulation. C’est ce qui s’est souvent passé dans des économies où le dollar est présent et où la monnaie officielle se déprécie ainsi.

Les vrais risques de la finance dérégulée

Mais dans nos sociétés contrôlées démocratiquement ce risque est faible. L’Etat ne peut pas dépenser n’importe comment : il est sous le contrôle du parlement qui instruit la loi de finances et contrôle son suivi. La Cour des Comptes est là pour faire tous les contrôles nécessaires. 

Ce que l’on constate en  revanche si la banque centrale crée trop de monnaie centrale

( ce que la Fed a fait aux USA après la crise de 2001) c’est :

  • le risque de voir les banques développer une activité spéculatives car étant « abreuvées «  de liquidités par la banque centrale elles peuvent prêter au secteur financier ; elles ont par ailleurs su inventer des techniques comme la titrisation pour limiter l’emprise des ratios sur leur activité de crédit
  • un risque d’inflation des actifs de placement (les biens immobiliers ou les valeurs mobilières) 
  • un risque de déflation si les banques ne prêtent pas assez à l’économie (situation où les agents économiques sont endettés, privilégient le désendettement et attendent pour investir) (voir posts sur trappe à liquidités)

que faire ?

Nous défendons ici deux idées :

  • la nécessité de réguler la financer pour limiter les abus issus du pouvoir de création monétaire privée
  • la nécessité de flécher une partie de la monnaie créée sur des investissements de long terme nécessaires à la transition énergétique

Voir aussi : http://alaingrandjean.fr/2012/09/26/la-creation-monetaire-oeuvre-du-diable/

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