Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire. Pascal Canfin

3 février 2012 - Posté par Alain Grandjean - ( 3 ) Commentaires

Catégories :
Tweet about this on TwitterShare on FacebookShare on LinkedIn

Achetez et lisez ce petit livre (5 euros, 123 pages, chez l’éditeur « les petits matins »). Vous ne le regrettez pas.

Très clair sur un sujet complexe (les réglementations à imposer aux financiers). Vivant et parfois captivant car parlant d’une expérience de député européen[1] qui se bat sur ce terrain. Qui a réussi à créer l’ONG FinanceWatch pour contrebalancer le lobby  des acteurs financiers à Bruxelles. Jamais inutilement polémique sans être langue de bois. Synthétique (il propose dix réformes), il ne se perd pas dans les détails inutiles.

Une très bonne introduction pour pénétrer dans cet étrange univers où personne ne s’étonne qu’il est possible pour une banque qui prête à un Etat de vendre par ailleurs une assurance (un CDS) contre le défaut de cet Etat qui probablement ferait faire faillite à la dite banque…(même pas mal puisque dans ce cas ce sont les autres Etats qui paieront…).

Un seul regret : sur la question monétaire, Pascal Canfin se limite à évoque

r les expériences de monnaie locale et l’idée d’emprunts populaires, sans jamais dire à quel point il est étrange que le pouvoir de création monétaire ait été accaparé par les banques pour se livrer à toutes ces opérations qu’il dénonce.

En conclusion, un livre qui donne le moral : oui on peut y comprendre quelque chose, oui on peut agir, non la finance n’est pas toute-puissante.

Alain Grandjean


[1] Europe Ecologie Les Verts, groupe européen verts/ALE , membre de la commission économique et monétaire.

Laisser un commentaire

3 Responses to “Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire. Pascal Canfin”

  1. La zone euro va exploser.

    Dimanche 12 février 2012 :

    Kastelórizo ou Megísti est une île de Grèce, baignée par la mer Méditerranée orientale et située à moins de cinq kilomètres de la côte Sud de la Turquie, environ 110 kilomètres à l’est de Rhodes.

    Le 23 avril 2010, Georges Papandréou s’y rend, pour nous annoncer par un très mauvais direct télévisé et en moins de six minutes que « la Grèce accepte le Mécanisme de soutien économique, institué par le Fond Monétaire International, l’Union Européenne et la Banque Centrale Européenne (…) Les marchés ne nous laissent pas le temps (…) Mais les partenaires de la Grèce nous offrent cette possibilité, afin de conduire notre navire dans les eaux d’un port alors protégé, pour pouvoir ainsi le réparer, utilisant des pièces solides et fiables (…) ».

    Notre dernière île si loin au large a été depuis surnommée par les journalistes, «île du Mémorandum ». Mais plus maintenant, et de manière officielle.

    Car son maire, Pavlos Panigiris, vient de proclamer « le retour à la drachme et ainsi à l’indépendance » de son île : « Nous reviendrons à la drachme, car sous l’euro notre patrie n’est plus souveraine. Pour rester libres et Grecs, il faut partir (…) Nous ne voulons plus les voir ici [ces politiciens], plus jamais » (journal des Municipalités – aftodioikisi.gr).

    http://greekcrisisnow.blogspot.com/2012/02/article-120.html

  2. Restructuration de la dette grecque : soupçon de corruption à la BCE.

    Deux articles édifiants, mettant en doute la probité de la BCE et de ses dirigeants dans les négociations portant sur la restructuration de la dette grecque, viennent de paraître ces jours-ci.

    Joseph Stiglitz, tout d’abord, s’est demandé pour quelle raison étrange la BCE apportait son appui à une restructuration « volontaire » de la dette grecque, comme si elle cherchait à éviter à tout prix l’officialisation du défaut partiel, lequel aurait pour effet de déclencher l’activation des CDS (assurances sur crédit). Les banques qui avaient eu la prudence de s’assurer contre risque de défaut se trouvent lésées et sont d’autant plus réticentes à céder sur les négociations avec l’Etat grec. Ecartant l’argument selon lequel le risque systémique serait plus important en cas de défaut officiel, Joseph Stiglitz tire la conclusion suivante :

    « En réalité, la BCE fait probablement passer l’intérêt des quelques banques qui ont émis des CDS (assurance contre le risque de défaillance d’un crédit) avant celui de la Grèce, des contribuables européens et des prêteurs qui ont agi prudemment en s’assurant (…) Ainsi qu’on le voit ailleurs, les institutions qui n’ont pas à rendre des comptes de manière démocratique peuvent être la proie d’intérêts particuliers. »

    Le lecteur, qui vient d’apprendre que la BCE ne protégeait ni l’intérêt des européens, ni même celui des banques en général, n’en saura pas plus quant aux « intérêts particuliers en question ». Mais quelles sont donc ces mystérieuses banques, émettrices d’assurances sur défaut, qui semblent être l’objet de toutes les attentions ? « Goldman–Sachs ou Merril–Lynch » répond Arnaud Parienty, professeur d’économie. Cela lui fait se demander sans détour, sur le site d’Alternative Economique : « Doit-on lier son insistance étonnante à ce que la restructuration de la dette grecque soit volontaire à la carrière au sein de Goldman Sachs de Mario Draghi ( le président de la BCE) ? « .

    Ce qui est troublant dans cette histoire, c’est que les accusations extrêmement graves portées par ces deux auteurs, en particulier par le prix Nobel d’économie, dont l’audience est mondiale, n’ont été relayées par aucun média (à ma connaissance), ni n’ont suscité de réactions chez leurs collègues ou dans le monde politique.

    Voir les 2 articles ci dessous.

    « Main basse sur la BCE ? », par Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie – Février 2012. Extrait.

    « Rien n’illustre mieux les divergences politiques, la présence d’intérêts particuliers et les considérations économiques à court terme à l’œuvre en Europe que le débat sur la restructuration de la dette souveraine de la Grèce. (…)

    La position de la BCE est curieuse. On aurait pu supposer que face au risque de défaut sur leurs obligations, les banques achètent une assurance. Dans ce cas, un régulateur qui prend en compte la stabilité systémique veille en principe à ce que l’assureur paye en cas de perte. Pourtant la BCE veut que les banques perdent plus de 50% sur les obligations qu’elles détiennent, sans être dédommagées. (…)

    En réalité la BCE fait probablement passer l’intérêt des quelques banques qui ont émis des CDS (assurance contre le risque de défaillance d’un crédit) avant celui de la Grèce, des contribuables européens et des prêteurs qui ont agi prudemment en s’assurant.

    Enfin, dernière étrangeté, l’opposition de la BCE à une gouvernance démocratique. C’est un comité secret de l’Association internationale des swaps et dérivés, une organisation professionnelle, qui décide si un incident de crédit a bien eu lieu. Or les membres de cette association ont un intérêt personnel dans ce type de décision. Selon la presse, certains d’entre eux utiliseraient leur position pour défendre une attitude plus accommodante au cours des négociations. Il paraît inconcevable que la BCE délègue à un comité secret d’acteurs du marché en situation de conflit d’intérêts le droit de décider ce qu’est une restructuration acceptable.

    Le comportement de la BCE n’est pas surprenant. Ainsi qu’on le voit ailleurs, les institutions qui n’ont pas à rendre des comptes de manière démocratique peuvent être la proie d’intérêts particuliers. C’était vrai avant 2008. Malheureusement pour l’Europe et pour l’économie mondiale, le problème n’a pas été résolu depuis.

    Project Syndicate, 2012.

    « Pourquoi la restructuration de la dette grecque est-elle si difficile ? », par Arnaud Parienty – Février 2012. Extrait.

    « (…) Les banquiers qui ont prêté à la Grèce ont généralement assuré ces prêts en achetant des CDS (credit default swaps) à des assureurs ou à des banques d’investissement telles que Goldman–Sachs ou Merril–Lynch. Le paiement des acheteurs de CDS est déclenché lorsque surviennent des « événements de crédit » tels qu’une faillite. Mais une restructuration volontaire n’est pas jugée comme étant un événement de crédit, elle ne déclenche pas le paiement par les banquiers des compensations auxquelles auraient droit les acheteurs de CDS en cas de restructuration imposée. (…)

    Pour comprendre l’enjeu de cette question, il faut savoir que les vendeurs de CDS, contrairement aux pratiques raisonnables d’un assureur ordinaire, ne mettent pas de côté de provisions destinées à couvrir le risque de sinistre. Ils sont censés utiliser leur capital pour cela ! C’est la raison pour laquelle la crise de 2008 a entraîné la quasi faillite du plus gros assureur américain, AIG, sauvé par le gouvernement fédéral pour un prix astronomique (probablement de l’ordre de 200 milliards de dollars). (…)

    La BCE pèse évidemment d’un poids considérable dans les négociations. Doit-on lier son insistance étonnante à ce que la restructuration de la dette grecque soit volontaire à la carrière au sein de Goldman Sachs de Mario Draghi ? En tout cas, la position de la BCE est difficilement acceptable.

    http://et-pendant-ce-temps-la.eklablog.com/restructuration-de-la-dette-grecque-soupcon-de-corruption-a-la-bce-a39362567

  3. Le président du directoire de Bosch, l’un des industriels les plus respectés d’Allemagne et proche conseiller de la chancelière Angela Merkel, a plaidé pour une sortie de la Grèce de l’Union européenne dans un entretien à Manager Magazin.

    « Cet Etat, avec ses retraités fantômes et ses gens riches qui ne paient pas d’impôts, un Etat qui n’a pas d’administration qui fonctionne, n’a pas sa place dans l’Union européenne, » a déclaré Franz Fehrenbach dans un entretien à paraître vendredi 17 février.

    Il s’agit du dernier en date d’une liste de grands dirigeants d’entreprises allemandes à s’élever contre le rôle de la Grèce dans l’UE et contre la mise en place d’un deuxième plan d’aide. Selon une enquête menée auprès de plus de 300 dirigeants parue dans le magazine, environ 57 % d’entre eux souhaitent une sortie de la Grèce de la zone euro et un retour à la drachme.

    A la question de savoir ce que les dirigeants politiques devraient faire si la Grèce ne quittait par la zone euro de son propre chef, Franz Fehrenbach, qui ne s’exprimait pas en tant que conseiller du gouvernement, a répondu : « Alors, l’Union Européenne doit modifier ses lois et l’expulser, aussi difficile que cela puisse paraître. »

    Reste par ailleurs un désaccord sur le point de savoir s’il faut conserver l’objectif d’un niveau d’endettement public grec ramené à 120% du PIB d’ici 2020 ou si on peut le laisser atteindre un niveau plus élevé, par exemple 125% du PIB. Sur ce point, « il y a les fétichistes du 120% qui n’en démordent pas », en particulier les Pays-Bas, l’Allemagne et la Finlande, selon une source proche des négociations.

    « Nous faisons face à une situation particulière, on nous pose toujours de nouvelles conditions, et cela est dû au fait qu’il y a des puissances dans l’Europe qui jouent avec le feu, qui croient que la décision d’octobre sur le nouveau prêt pourrait ne pas être appliquée, et qui veulent que la Grèce soit hors de la zone euro », a déclaré le ministre des Finances grec M. Vénizélos, à l’issue d’une rencontre sur l’économie avec le président grec Carolos Papoulias.

    Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a réaffirmé mercredi la volonté de son pays d’aider la Grèce, mais seulement si celle-ci n’était pas « un puits sans fond ».

    Mais le Luxembourg, quatrième pays de la zone euro toujours noté « triple A » par les trois grandes agences de notation avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande, a également manifesté son impatience ces derniers jours.

    Son ministre des Finances, Luc Frieden, a laissé entendre lundi que la Grèce pourrait être exclue de la zone euro si elle ne tenait pas ses promesses de réformes et de réduction du déficit public. « S’ils ne font pas tout cela, je pense qu’alors nous devrons continuer avec 16 pays » dans l’Union monétaire et « qu’ils s’excluent eux-mêmes de la zone euro », a-t-il dit.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-amere-et-determinee-face-a-des-europeens-intransigeants-2116d225dbd6ea3b0c2c988bd4ad4cd6

    En clair :

    L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande, ne veulent plus prêter des dizaines de milliards d’euros à la Grèce, car ils savent que la Grèce ne les leur remboursera jamais.

    L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande, veulent que la Grèce quitte la zone euro.

journal

Bibliothèque et papiers de référence