En quelques semaines, trois sujets hautement symboliques, au cœur du débat écologie / technologie ont fait la une des journaux. Le gouvernement met un arrêt à l’exploration des gaz de schiste en France et annonce la fermeture de la centrale de Fessenheim. Le Nouvel Observateur fait sa une[1] sur « Oui les OGM sont des poisons » et engendre un débat passionné.
S’agit-il du retour de l’obscurantisme, comme le pointe, pour le cas du gaz de schiste, un petit papier t de Favilla dans les Echos[2], au titre remarquable : « Mantras contre le gaz de schiste » ? En voici la conclusion :
« Bref, dans une nation où sont nés Descartes, d’Alembert et Auguste Comte, on aurait pu débattre rationnellement des risques liés à cette rare source d’énergie présente dans notre sol, des moyens d’y faire face et prendre ainsi une décision éclairée. Au lieu de quoi, un président marabouté par d’obscurs sorciers écologistes s’est précipité pour annoncer une décision qui engage l’avenir de la France sans l’ombre d’une discussion préalable. Ce grand pays scientifique aurait mérité mieux. »
Puis-je ici tenter de plaider l’inverse ? Que nous assistons au contraire à l’émergence, accompagnée des douleurs de l’enfantement, d’une nouvelle rationalité ?
Ecologistes français et républicains américains même combat ?
Les deux décisions du gouvernement pourraient être interprétées comme des concessions ou des gages donnés aux Verts par un président pensant déjà à sa réélection et conscient de sa nécessaire alliance avec les écologistes. La une du Nouvel Obs pourrait être considérée comme un simple coup médiatique[3] et une tentative de reconquête du lectorat vert.
A un deuxième niveau d’analyse, on pourrait se dire que les écologistes à séduire sont vraiment obscurantistes : hostiles à l’expérimentation (pourquoi ne pas explorer le potentiel des gisements de gaz de schiste ? ) , hostiles au progrès et incapable de raisonnement économique (la fermeture de Fessenheim coûte un bras !) et incapables de comprendre la démarche scientifique (l’étude de Gilles-Eric Seralini sur les OGM, même bien faite et publiée dans une revue à comité de lecture n’emporte pas la conviction scientifique, tant qu’elle n’a pas été analysée, discutée scientifiquement et refaite[4]).
Curieux paradoxe. Aux Etats-Unis ce sont les républicains les plus extrêmes (le tea-party et assimilés) qui rejettent la science[5] et veulent réduire ses budgets… Parce qu’elle s’oppose à leurs convictions religieuses (évolutionnisme contre créationnisme), philosophiques (la dérive climatique contre le refus des limites) ou morales (dans le débat sur l’avortement[6]).
Alors qui est irrationnel ? Le milieu des affaires américain ou l’écologie française ? Sommes-nous certains que nos entreprises qui se plaignent du blocage anti-science de l’écologie ne se mettraient pas à se plaindre de la science si elle s’opposait à leurs intérêts ? N’est-ce pas d’ailleurs ce qui s’est passé pour l’épisode climato-sceptique où les propos profondément obscurantistes et anti-scientifiques de Claude Allègre et de ses acolytes ont été appréciés et relayés par une partie du milieu des affaires ?
Avant de reprendre chacun des dossiers évoqués qui ont leurs particularités, rappelons quelques faits qui sont à l’origine d’une légitime prudence de la part des personnes (écologistes ou non, scientifiques ou non) qui connaissent un peu l’histoire des relations entre science, technique et société.
Science, santé et environnement : la fabrication de la méfiance
1 Des preuves répétées de dangerosité caractérisée de produits mis sur le marché peuvent non seulement ne pas être prises en considération par les industriels concernés mais niées farouchement avec les moyens les plus puissants. Rappelons quelques scandales ayant marqué l’opinion : le tabac, le PCB, le plomb, l’amiante, les hormones de croissance, la vache folle, le mediator… Une étude danoise faite en 2001[7] a tenté de tirer les leçons de cette forme d’incapacité collective à tirer rapidement les leçons des « alertes précoces ». Un seul exemple : l’amiante, qui provoque 100 000 décès dans le monde par an[8]. Sa dangerosité a été mise en évidence en 1898, les études montrant que c’était un cancérogène sont antérieures à la deuxième guerre mondiale. Son interdiction en France ne date que de 1997…
2 Les industriels concernés peuvent utiliser les moyens à leur portée soit pour nier les résultats des études qui seraient contraires à leurs intérêts soit plus subtilement pour financer des travaux scientifiques et des campagnes de communication instillant le doute dans l’opinion publique. C’est ce que montrent les travaux de Naomi Oreskes [9] dans plusieurs domaines dont celui du changement climatique.
3 Les effets sur la santé des faibles doses de produits toxiques ont été largement sous-estimés pour des raisons culturelles, scientifiques et technologiques. L’idée simple que « la dose fait le poison » (donc que l’effet sur la santé d’un poison est proportionnelle à la dose) était un quasi-dogme ; grâce à des mesures beaucoup plus fines des doses ingérées (notamment dans le domaine des perturbateurs endocriniens) on s’aperçoit que des doses très faibles peuvent avoir des effets supérieurs à des doses plus élevées. Que la notion de seuil minimum n’a parfois pas de sens. On commence en outre à mettre en évidence des effets cocktail[10] (la conjugaison de deux toxiques ayant plus d’effet que l’addition de leurs effets individuels). Dans le domaine de l’impact sur la santé des rayonnements, ce n’est que récemment qu’on vient de constater que la « radiosensibilité » (la réponse de notre corps aux irradiations) était très variable d’un individu à l’autre[11].
4 Si les résultats de la recherche scientifique dans le domaine des sciences dures (en particulier en mathématique et en physique) sont « granitiques », c’est clairement moins le cas dans les difficiles domaines de l’épidémiologie et des liens entre santé et environnement. Le seul critère de « résultat présenté dans une revue à comité de lecture » est insuffisant. L’indépendance des scientifiques est dans ce secteur un vrai problème car ce sont les industriels qui peuvent rémunérer les meilleurs spécialistes et les études scientifiques. Or le risque de conflit d’intérêts est permanent dans ce domaine.
5 La proportion de cancers dus à des questions d’environnement au sens large (nouveaux produits chimiques- ou autres- dans l’alimentation, dans l’habitat, dans le milieu professionnel) est difficile à évaluer scientifiquement. La reconnaissance de ce lien n’est que très récente. En outre, les cas de cancers dans le monde devraient s’accroître à un rythme bien plus soutenu que l’accroissement naturel de la population, avec une augmentation évaluée à 75% d’ici à 2030[12] : « La population de la planète devrait passer de sept milliards d’habitants en 2012 à 8,3 milliards en 2030. Mais le nombre des personnes atteintes d’un cancer devrait lui grimper de manière plus rapide pour passer de 12,7 millions en 2008 (dernier chiffre disponible) à 20,3 millions en 2030 »[13].
Du côté médical, alors que les progrès de la médecine ont été fulgurants au XX eme siècle, on voit arriver des maladies antibio-résistantes. Les impasses thérapeutiques[14] se multiplient avec le tourisme médical. « L’épidémie galopante des EBLSE[15] a conduit à une surconsommation des carbapénèmes entraînant une résistance à toutes les β lactamines avec un risque majeur d’impasse thérapeutique. En 2010, l’épidémie atteint le Royaume Uni, à partir de sujets ayant effectué du tourisme médical en Inde et au Pakistan ; ces épidémies se mondialisent et touchent notamment l’Europe (Grèce et Espagne). »[16] S’imagine-t-on revenir dans quelques années à la situation qui sévissait dans le monde entier avant la découverte des antibiotiques ? Je crois qu’il va falloir s’y habituer. Ceci va aggraver encore le scepticisme de la société vis-à-vis de la science (à l’origine de problèmes qu’elle est incapable de les régler) !
6 L’accident de Fukushima a accru le doute sur la capacité de l’industrie nucléaire à maîtriser sa propre technologie. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique s’était en quelque sorte portée fort d’imposer des règles de gouvernance garantissant la sûreté nucléaire dans le monde. Le cas du Japon montre à l’évidence qu’elle a échoué. La conception du réacteur (mal dimensionné par rapport à un risque connu), et la gestion de l’accident ont montré à la fois l’échec de cette gouvernance et que l’Europe ne pouvait pas se considérer comme à l’abri d’un accident majeur. La combinaison de risques improbables et d’une gestion erratique d’un accident ne peuvent être considérées comme une spécialité japonaise ni russe !
7 Plus globalement, le sentiment confus que le monde va dans le mur (dérive climatique, érosion de la biodiversité, pression excessive sur les ressources y compris alimentaires, toxicité croissante des résidus de l’activité humaine, pression sur les sols…) ne peut être séparé d’un doute légitime sur l’activité scientifique. Comment réussir à séparer science et technique ? Comment ne pas mettre en doute une activité qui est à l’origine du succès biologique récent de l’espèce humaine- avec son explosion démographique[17]– mais aussi de sa formidable capacité de destruction et d’autodestruction ? Pour prendre un exemple parmi mille, l’équivalence entre matière et énergie, découverte par Einstein, est un pas extraordinaire dans la compréhension de la Nature, mais aussi l’origine de la bombe atomique…
8 Pour revenir spécifiquement sur le cas des OGM, il est patent que les multiples campagnes de communication des industriels comme Monsanto ont réussi à faire croire que les OGM (PGM dans ce cas) étaient la solution à la sous-nutrition, sans aucun risque sur la santé. Le débat portait sur des enjeux écologiques (risque d’apparition de variétés résistantes aux pesticides insérés dans les PGM en question). Ce débat technique ne mobilisait évidemment pas l’opinion. Pas plus qu’elle ne se sentait vraiment concerné par la soumission de millions de paysans à l’obligation d’achat des semences. On peut regretter que le débat de fond ne revienne à la surface que grâce à une seule étude, mais sur le plan de la santé publique n’était-ce pas au total la seule voie possible compte-tenu des rapports de force en présence ?
Le doute, valeur scientifique, au service d’une meilleure maîtrise des sciences et techniques.
C’est faire preuve d’aveuglement irrationnel que de ne pas voir les réalités historiques et sociales, ne pas prendre conscience de la responsabilité des industriels et des scientifiques, et de l’insuffisance des garde-fous dans la méfiance actuelle de l’opinion.
Comment ne pas qualifier d’irrationnelle l’arrogance scientiste qui consiste à cantonner dans l’émotionnel et l’irrationnel des réactions de peur face au nucléaire, aux OGM, aux nouvelles technologies, comme l’extraction des gaz de schiste ? Il est irrationnel de simplifier et mépriser ces réactions. Les dossiers scientifiques des critiques aux OGM, aux gaz de schiste, au nucléaire sont loin d’être vides ou inconsistants.
Certes, il y a dans l’opposition à ces technologies des composantes purement affectives; certes elles sont parfois sans aucun fondement argumenté. Parfois elles sont issues de l’idée que la Nature et bonne intrinsèquement (comme un bon plat d’amanites phalloïdes ?) et que l’Homme en la manipulant la dévoie. Mais réduire cette opposition à de l’anti-cartésianisme primaire[18] est non seulement léger mais contradictoire : la valeur première du scientifique n’est-elle pas le doute ? C’est en outre un vieil argument dont il faudrait refaire la généalogie. L’histoire a malheureusement montré que les humains n’avaient pas tort de craindre les conséquences des apprentis sorciers qui prenaient d’un peu trop haut leurs peurs irrationnelles. C’est ce que nous venons de voir.
Pour que les décisions prises sur tous ces sujets soient éclairées, il faut rétablir les conditions d’un échange équilibré et honnête. Ce n’est évidemment pas le cas aujourd’hui. Les lobbys (qu’ils soient industriels ou financiers) ont évidemment beaucoup plus de moyens pour lancer des études scientifiques, pour mettre en valeur leurs arguments, pour influencer l’opinion et les cercles de décision, pour peser sur les parlementaires et les cabinets ministériels et in fine sur les medias. De ce déséquilibre naissent des méthodes de contestation qui utilisent fatalement d’autres moyens, jusqu’à la violence, même si elle est bien sûr condamnable.
Pour en finir avec des oppositions radicales (le scientisme primaire d’un côté et la technophobie de l’autre), ce qui me semble rationnel c’est d’instruire ces sujets à fond, et de faire émerger enfin le doute cartésien dans la démarche d’évaluation de ces choix technologiques. Bref il s’agit de mettre en doute la prééminence de la science et de la technique comme porteurs nécessaires du progrès, d’accepter une place légitime et nécessaire à des valeurs affectives. Réduire la rationalité à un calcul coûts-bénéfices (le sommet du raisonnement économique, dit-on !!) c’est réduire l’être humain à un calculateur, au sens propre et figuré : quelqu’un qui se conforme à ses stricts intérêts supposés être égoïstes et capable de les mettre en chiffres. Ce serait désarmant de naïveté si ce n’était d’abord profondément réducteur et éminemment dangereux.
L’émergence d’une nouvelle rationalité
L’humanité ne deviendra pleinement humaine que quand elle prendra conscience de l’ensemble de ses potentialités et qu’elle les valorisera pleinement. Nous venons de vivre en Occident une longue période de triomphe des valeurs individualistes. Dans le monde de la finance, même la cupidité a été considérée comme un must ! Il est devenu ringard de montrer un peu de compassion et d’oser avancer que le « commun » pouvait l’emporter sur l’individuel. Que la générosité pouvait être autre chose qu’un égoïsme bien compris.
Mais nous constatons maintenant que ça ne marche pas ; comme nous avons constaté que le « collectivisme » ne marche pas. La crise financière, les abus extravagants de ce monde-là, les dérives et les escroqueries récentes, l’incapacité à prendre en charge les vrais problèmes de l’humanité sont maintenant bien démontrés. La page doit être tournée vite, car l’heure tourne. Nous devons changer de modèles et de valeurs. Ce qui est en jeu c’est une révolution anthropologique et non pas uniquement économique ou morale. Est-ce un doux rêve ? Ce serait alors un cauchemar, car alors plus aucun espoir ne serait permis !
Parmi d’autres, le livre de Jacques Lecomte, « La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité »[19] vient mettre les pendules à l’heure. Il remet en cause, sur la base des travaux scientifiques les plus récents, l’idée reçue selon laquelle l’être humain serait par nature égoïste et violent. Dans le même registre, le dernier livre de Gaël Giraud « L’illusions financière ; pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire »[20] insiste fortement sur les progrès que nous pouvons réaliser dans la gestion des biens communs. Il s’inspire notamment des travaux de l’économiste Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d’économie, dont l’un des ouvrages « Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles »[21] fourmille d’exemple de populations ayant conclu des accords en vue de s’engager dans une stratégie coopérative.
Les signaux de ce « changement de paradigme » sont là. A nous des les saisir, a nous de contribuer à la sortie de ce monde que les « maîtres du soupçon » nous font croire comme plus vrai que celui, plus humain, qui s’ouvre à nous. Dans ce « nouveau monde » la rationalité n’est pas étroitement calculatrice et froide. Elle s’ouvre à toutes les dimensions de l’âme humaine ! Et cela va nous permettre de reprendre tous nos choix sociaux sur d’autres bases.
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[1] Voir http://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120920.OBS3130/ogm-9-critiques-et-9-reponses-sur-l-etude-de-seralini.html
[2] Voir http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/debat/0202271510590-mantra-contre-le-gaz-de-schiste-363874.php
[3] Assez remarquable puisqu’outre le scoop (l’étude était sous embargo jusqu’au 19 septembre et fait la une le même jour) un film et deux bouquins sortent en même temps.
[4] Voir en contrepoint de l’interview ci-dessus cité l’analyse critique de Michel de Pracontal http://www.mediapart.fr/biographie/119420
[5]Voir http://votonsscience.blog.lemonde.fr/2012/09/17/science-bafouee-campagne-republicaine-usa/
[6] Le candidat au Sénat pour le Missouri Todd Akin disserte sur les moyens que posséderait le corps féminin pour « empêcher la fécondation » en cas de « viol véritable » !
[7] Signaux précoces et leçons tardives : Le principe de précaution 1896 – 2000. Institut français de l’environnement (Ifen), 2004. Voir www.developpement.durable.sciences-po.fr/…/signaux_precoces.pdf
[8] Voir http://www.senat.fr/rap/r05-037-1/r05-037-19.html
[9] Voir le livre « Marchands de doute » qu’elle a écrit avec Erik M. Conway, publié en France chez Pommier.
[10] Pour le seul cas de l’eau voir http://www.ihest.fr/mediatheque/series/les-etudes-de-l-ihest/dossier-l-eau-en-questions/3-la-pollution-de-l-eau#8
[11] Voir par exemple guilleminot.sfrnet.org/rc/org/sfrnet/htm/Article/…/C_COLIN.pdf et les travaux de Nicolas Foray.
[12] Selon une étude publiée vendredi 1er juin dans le revue médicale « The Lancet Oncology ».
[13] http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120601.OBS7305/sante-explosion-des-cancers-a-l-horizon-2030.html
[14] Incapacité à soigner un malade, en particulier par absence d’antibiotiques, la bactérie étant résistante à toute la panoplie disponible.
[15] Bêtalactamases possédant un spectre étendu
[17] Les progrès de l’hygiène, déterminants en matière de démographie, sont liés à l’esprit scientifique (refus des dogmes, sens de l’observation, expérimentation etc .)
[18] Le journal les Echos par la voix de son éditorialiste David Barroux réutilise l’argument (utilisé pour les gaz de schiste) ce coup-ci pour les OGM le 23 octobre. « Descartes réveille-toi ! » On peut prévoir qu’il le resservira sur le nucléaire à la prochaine occasion !
[19] Paru chez Odile Jacob en 2012
[20] Paru aux Editions de l’atelier, 2012
[21] Paru chez De Boeck en 2010
8 réponses à “OGM, gaz de schiste, Fessenheim, retour de l’obscurantisme ou émergence d’une nouvelle rationalité?”
Merci pour ce très bon article !
Votre référence au livre de Jacques Lecomte me fait immédiatement penser à un livre de l’anthropologue Marshall Sahlins, « La Nature humaine: une illusion occidentale. », dont vous pouvez trouver une traduction française ici :
http://www.lyber-eclat.net/lyber/sahlins/nature1.html#00
@JMichel
Merci pour votre encouragement et la référence à ce livre que je ne connaissais pas!
Bien à vous. AG
salut
Je suis un citoyen tunisien. Je vous félicite pour votre travail. Je vous invite à notre site web (qui regroupe des français, des tunisiens, des grecs, des espagnols….).
Bonne journée
Bonjour et merci pour cet article.
Une remarque: évaluer les risques d’une technologie ou d’une pratique n’a de sens que si on les compare à leurs solutions alternatives.
Ainsi évaluer le risque de l’industrie nucléaire ne vaut que si on passe à la loupe les risques liés aux autres filières énergétiques.
Salutations
Je suis entièrement d’accord avec vous. En caricaturant à peine, les pro-nucléaires banalisent le risque et les anti-nucléaires le considèrent comme
hors norme. Ces deux attitudes sont à mes yeux irrationnelles;le nucléaire n’est pas le « diable » ni la solution magique qui n’auraient que des inconvénients mineurs par rapport à ces avantages. Par ailleurs, la « pesée, la « balance » ne peut pas se faire avec une méthode coût-bénéfice supposée monétarisée les coûts et les bénéfices en les actualisant. Cela c’est de la pseudo rationalité. La difficulté à mes yeux c’est : comment faire une « pesée » sociétale qui intègre non pas les fantasmes positifs ou négatifs mais les vrais enjeux (avec le degré limité de connaissance qu’on en a et en acceptant de tenir compte des peurs), sans recourir à cette méthode réductrice, et dans un contexte démocratique.
Bien à vous.
AG
Bonjour,
Ce petit mot pour vous conseiller la lecture de « la science en action » de Bruno Latour qui se pose, entre autre, la question de la distinction entre la science et l’irrationnel. Il finit par conclure que tout le monde est rationnel à son niveau et que « l’irrationnalité est une accusation qui est toujours portée par celui qui construit un réseau (comprendre qui essaie de convaincre un maximum de gens de sa cause) contre quelqu’un qui se dresse sur son chemin ». Bruno Latour analyse comment se construisent les « vérités scientifiques », notamment par le succès des « grands découvreurs » à étendre progressivement leur « réseau » (convaincre des gens de leur thèse et trouver des financements) jusqu’à quasi tout le monde au point de ridiculiser les éventuels opposants (qui sont alors universellement taxés d’irrationnels et ne sont plus écoutés). Je conclus notamment de cette lecture, mais peut-être un peu vite, que la science n’est pas capable de trancher des débats trop passionnels dans la société civile (ex : dangerosité ou non du nucléaire ou des OGM) car il y a alors des camps et des intérêts opposés très forts (qui dureront autant que la polémique), capables d’alimenter le débat en arguments et contre arguments en permanence, et donc, que l’un des camps n’arrivera pas à absorber l’autre camp dans son réseau tant que cette polémique durera. Paradoxe quand on a l’impression que beaucoup de gouvernants attendent justement de la science qu’elle tranche le débat ? (débat qu’elle parvient plus rapidement à trancher pour des sujets complètement non-passionés dans la société civile comme l’existence ou non d’un boson de Higgs ou la formule exacte de la loi de la gravité).
Bonne journée,
@Julien
Merci du conseil de lecture, qui va en effet dans le sens de mes propos. je n’ai pas apprécié la période ‘relativiste » de Latour qui
comme plusieurs sociologues des sciences a eu tendance à penser que la science était un langage comme les autres. L’activité scientifique
réussit bien à faire émerger des savoirs; mais dans le cas des grandes controverses sociétales il est très important de bien faire la part de ce
qu’elle peut apporter, des incertitudes réelles, des faux débats (avec les scientifiques « achetés » par les lobbies pour créer des écrans de fumée, et des
limites intrinsèques. On bute sur ces limites dès lors qu’il est question de décider sur des critères qui ne peuvent être que sociétaux et non strictement
logiques ou factuels. Les décisions n’appartiennent alors qu’à ceux qui ont la légitimité pour les prendre : les citoyens et leurs représentants.
Ces limites sont difficiles à trouver quand il y a encore des questions scientifiques non tranchées ; je crois de mon côté que c’est le cas pour tout
ce qui concerne les faibles doses et leurs effets à long terme. Dans ce cas -là on est bien obligé d’introduire un principe supérieur, c’est l’objet du principe de précaution qui s’applique à ces situations.
Merci encore
bien à vous;
AG
« A un deuxième niveau d’analyse, on pourrait se dire que les écologistes à séduire sont vraiment obscurantistes : hostiles à l’expérimentation (pourquoi ne pas explorer le potentiel des gisements de gaz de schiste ? ) », mais, on pourrait ajouter tout à faits favorables à la recherche, au développement et à l’expérimentation dans le secteur de EnR.
Ce que le récent débat sur les Gaz de schiste organisé par l’institut Montaigne oubliait aussi ! (voir l’article sur Greenetvert.fr ou mon blog)
PS. je découvre votre blog et vais explorer vos pages « ressources »