Par Alain Grandjean, économiste
LE PLUS. La transition énergétique, c’est le passage des énergies fossiles (gaz naturel, pétrole, charbon) aux énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, etc.). Comment la financer ? Et surtout, comment la rendre moins chère ? Démonstration d’Alain Grandjean, économiste, avec Corentin Sivy, Benjamin Thibault et Alexandre Wagner, experts en énergies renouvelables.
La transition énergétique doit nous mener d’un monde qui consomme toujours plus d’énergie majoritairement carbonée (charbon, pétrole, gaz) à un monde qui consomme moins d’énergie et des énergies décarbonées.
Or, nos émissions de gaz à effet de serre et notre consommation d’énergie sont souvent contraintes. Pour les réduire, il faudra rénover les logements, produire des véhicules plus sobres, développer des énergies renouvelables. Investissements massifs qui contribueront à la sortie de crise, créant de nombreux emplois et réduisant notre déficit commercial, dont l’importation d’énergie représente 90%, mais qui seront lourds.
Diminuer leur coût est donc essentiel. Comment faire ?
Une électricité verte 30% moins chère, c’est possible
Prenons l’exemple de la production d’électricité. Si pour les énergies fossiles, le coût du combustible peut représenter 80% du coût du MWh, pour les énergies renouvelables et les économies d’énergie, c’est l’inverse. Ce sont les coûts d’investissement et de financement qui pèsent jusqu’à 80% du coût.
Si les coûts d’investissement ont fortement baissé ces dernières années, il n’en est pas de même pour le financement. Or, faire baisser le coût du financement de 10% à 5%, une rentabilité moins excessive que les exigences financières actuelles, diminue le coût de l’électricité verte de 30% !
Cela rendrait supportable pour les consommateurs l’atteinte des objectifs de la France en matière d’énergies vertes. Faire baisser le prix du MWh solaire de 200 euros à 140 c’est réduire la contribution au service public de l’électricité (CSPE), pour une puissance installée d’1,5 GW par an, de 2,2 milliards d’euros sur 20 ans.
Une banque spéciale pour financer la transition énergétique
Pour diminuer le coût du financement, trois mesures sont proposées :
– L’instauration d’un cadre réglementaire stable, dont les évolutions puissent être prévisibles, réduira la prime de risque.
– La création d’une banque de la transition énergétique qui se financerait à taux très bas auprès de la Banque européenne d’investissement, d’une banque publique française comme la Caisse des dépôts et consignations, voire de la Banque centrale européenne permettra d’offrir un financement à moindre coût et qui facilitera le financement des nouvelles technologies.
– La création d’un fonds de garantie réduira le coût du risque pour les banques commerciales.
C’est ainsi que sera vraiment lancée la transition énergétique. Nous attendons un signal fort en ce sens dela conférence environnementale.