La création monétaire, œuvre du diable

26 septembre 2012 - Posté par Alain Grandjean - ( 18 ) Commentaires

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diable

Cet article n’aurait pas été écrit sans le témoignage de Gaël Giraud, de retour de Francfort et nous signalant la présence des extraits du Faust II de Goethe sur les murs de la Bundesbank. Pour autant j’assume l’entière responsabilité de ce qui suit.

Jens Weidmann, président de la Bundesbank s’est opposé à la récente opération OMT[1] de Mario Draghi,président de la BCE. Dans un de ses discours[2], il cite le Faust II de Goethe,  génie littéraire allemand né… à Francfort, siège de la BCE et de la BUBA. Et rappelle cette scène : l’Empereur est à court d’argent. Il se lasse des propositions mesurées qui lui sont faites et proclame : « J’en ai assez de ces éternels « Mais » et « Si » ; Je manque d’argent, alors qu’on en crée donc ! » Et le Diable, Mephisto, d’abonder dans le sens du Souverain : « Je crée ce que vous voulez, et j’en fais même bien plus. » L’histoire finit évidemment mal….

Cette allusion pourrait passer pour une simple preuve de culture littéraire, si le Faust II n’était en fait présent sur les murs de la Banque Centrale Allemande ! Impossible de rentrer dans ce temple moderne sans penser à Faust. Nous sommes là au cœur du dogmatisme. En fait en pleine religion.  Il est en effet bien connu, et enseigné dans tous les livres d’économie[3],  que les banques secondaires créent de l’argent par un simple jeu d’écritures. Les « prêts » font les « dépôts », dit-on en résumé. Si la banque me prête 1000 euros, elle les inscrit ex nihilo sur mon compte bancaire, inscrit en contrepartie à son actif la créance qu’elle a sur moi. Créance éteinte et monnaie détruite quand je rembourse ma dette.  Tout cela, si l’on en croit Goethe et avec lui Jens Weidmann, serait diabolique ?

La monnaie satanique si elle publique angélique si elle est privée ?

On pourrait presque le penser pour plusieurs raisons qui mettent en cause la création monétaire publique :  

  • les Allemands ont connu l’hyperinflation en 1923 avec la crise de Weimar et les brouettes de billets
  • la puissance du troisième Reich a reposé en partie sur le financement des grands travaux par la création monétaire : les « bons de travaux » ont permis au gouvernement allemand dès 1933 de payer des commandes et de remettre au travail 6 millions de chômeurs[4].
  • après la deuxième guerre mondiale l’Allemagne a connu un nouvel épisode inflationniste et n’a trouvé la stabilité monétaire que grâce au dispositif institutionnel actuel.
  • plus généralement l’histoire abonde d’épisodes hyperinflationnistes (des assignats révolutionnaires en France au Zimbabwé au début de ce siècle en passant par la Yougoslavie en 1993 et le Brésil dans les années 60 puis 80) qui accréditent cette thèse.

Mais peut-on penser que la création monétaire privée serait, elle, à l’abri de Méphisto ?

 Comment ne pas voir que la gigantesque crise financière actuelle est due fondamentalement au fait que les banques ont pu créer de la monnaie pour alimenter la machine à subprimes et plus généralement toutes les opérations spéculatives ?  Elles ont même mis au point la « titrisation » pour sortir de leurs bilans ces prêts et retrouver des droits à création monétaire, en contournant ainsi les dispositifs de régulation,  qui visent à limiter ce pouvoir exorbitant.

Plus profondément la démesure faustienne est clairement au cœur du capitalisme financier : si dans les siècles passés la « dématérialisation » de la monnaie n’avait pas été inventée, la croissance économique eût été impossible. Comment des flux croissants de marchandise pourraient aujourd’hui être échangés avec des pièces métalliques en quantité limitée ? La disproportion entre la quantité d’échanges et l’or a obligé Nixon à déclarer le dollar inconvertible en or, en 1971. cela n’a été possible parce que l’idée que la monnaie pouvait n’être qu’une simple convention s’est progressivement imposée.  En Europe aujourd’hui les pièces de monnaie ne représentent qu’une masse de 25 milliards d’euros pour une masse monétaire de 4500 Milliards. Les 10 000 tonnes d’or dans les caisses du SEBC ne  valent que… 400 Milliards (au prix astronomique actuel du métal précieux) soit moins de 10 % de la valeur de la monnaie en circulation.

Bref Méphisto nous a inspiré les moyens d’une croissance sans limite. Goethe n’a pas été si mal inspiré en associant à la création monétaire l’image de l’incarnation de la démesure. Lucifer, autre nom de Satan,  représente  celui  qui veut s’élever au-dessus de se condition d’homme et refuse de se soumettre à Dieu. C’est l’image de la transgression, du dépassement des limites.

Pour autant, le dogme moderne se limite à considérer que seule la « planche à billets » (monnaie créée par la Banque Centrale) est inflationniste. Il oublie de préciser  que la création monétaire (de monnaie scripturale) par les banques privées est à l’origine de l’inflation  des actifs et des bulles financières. Dès lors quand Mario Draghi lance son OMT il subit les attaques de Jens Weidmann, qui ne les adresse pas à tous les banquiers de la planète.

Comment sortir de cette sorcellerie ?

Tout d’abord, comme on le sait, le prince des Ténèbres a peur de la lumière. La priorité est donc d’éclairer les mécanismes de création monétaire. La prolifération sur internet des thèses conspirationnistes, complotistes voire antisémites à ce sujet n’est que le symptôme d’un manque de culture généralisé. Si la création monétaire est mal comprise c’est parce qu’elle est le résultat de mécanismes comptables qui sont difficilement compréhensibles, sans culture comptable minimale. Dès lors l’illusionnisme et son corollaire l’illusion peuvent prospérer. Et les banquiers peuvent passer a minima pour des magiciens, au pire pour des suppôts de Satan.

Le président de la Société Générale, Frédéric Oudéa ne vient-il pas de déclarer à la commission des affaires économiques : « Nous ne pouvons créer de l’argent. Il nous faut le collecter à travers les dépôts des particuliers et des entreprises ainsi que par des émissions sur les marchés. » Pour paraphraser une célèbre phrase d’Arnaud Lagardère, est-ce une preuve d’incompétence ou la défense cynique de ses intérêts et de ceux de la communauté financière ? Une interprétation plus charitable serait qu’il a oublié ses cours d’économie et ne comprend pas les mécanismes macrofinanciers, qui ne sont en rien de sa responsabilité.

La pédagogie en matière monétaire est donc indispensable, mais elle ne suffira pas à l’évidence pour résoudre l’actuelle crise mondiale, ce qui nécessitera de tourner la page du modèle actuel. Le statu-quo n’est manifestement pas une option.

Vu de Sirius, il va falloir  choisir entre quatre options :

  • Première solution, partagée par tous ceux qui ne voient que diablerie dans la création monétaire, l’interdire tout net, aux banques privées, publiques et centrales.

C’est la dépression assurée. L’immense majorité de l’argent en circulation étant temporaire (elle est détruite quand les prêts sont remboursés), s’il n’était pas recréé ex nihilo il se mettrait  à manquer dans toute l’économie.  C’est ce qui se passe pendant les grands krashs économiques.

  • Deuxième solution, qui ne voit diablerie que dans la création monétaire publique, la confier intégralement aux banques privées. C’est la voie promue par des ultralibéraux comme David Friedmann[5]. Qui semblent oublier les dérives et excès de la monnaie privée qui ont connu leur apogée en 2008.
  • Troisième solution, symétrique de la précédente, la confier intégralement au secteur public. C’est le 100% money plaidé par Irving Fisher au moment de la crise de 1929 et le (seul) prix Nobel français Maurice Allais qui n’hésite pas à traiter les banquiers de faux-monnayeurs. Solution radicale, pas facile à mettre en œuvre aujourd’hui, au vu du pouvoir de la communauté bancaire.
  •  Quatrième solution, plus pragmatique. Redonner le pouvoir de création monétaire à la puissance publique, pour des opérations d’investissement d’avenir bien identifiées. Ce qui permettrait de relancer la machine économique, de limiter le risque d’inflation et de dérive financière et d’orienter l’économie vers l’avenir. A mes yeux, la priorité serait de flécher cette création monétaire vers la transition énergétique et écologique.

 

Pas cap. ?

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[1]              Outright monetary transaction, opération lancée le 6 septembre et annonçant le rachat illimité des dettes souveraines européennes, sous conditions. Nous ne discuterons pas ici de l’intérêt ni des limites de cette opération. Notons juste qu’elle repose clairement sur de la création monétaire par la BCE.

[2]              http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20120920trib000720444/la-bundesbank-sort-l-arme-de-la-critique-litteraire-face-a-la-bce.html

[3]              Voir par exemple La monnaie et ses mécanismes, Dominique Plihon , La découverte ; voir aussi le site de Chomage et Monnaie http://www.chomage-et-monnaie.org

[4]              Voir notre livre la Monnaie dévoilée, Gabriel Galand et Alain Grandjean, L’harmattan, 1997,  mais aussi l’article de Jacques Mazier et Dominique Plihon exposé à la journée création monétaire des économistes atterrés :

[5] Voir David Friedman, Vers une société sans État, chapitre 46, Édition des Belles Lettres, 1992

 

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18 Responses to “La création monétaire, œuvre du diable”

  1. En toute rigueur, la monnaie émise par les banques non centrales n’est que de la reconnaissance de dette : elle s’éteint, comme vous l’écrivez, par les remboursements, mais aussi par l’effondrement des bulles et les défauts subséquents. On ne doit pas lui accorder la même confiance qu’à celle émise par la banque centrale. Son excès semble conduire plus sûrement à la dépression qu’à l’inflation : son évanouissement pousse les banques centrales à des opérations de QE pour compenser !

    • @Ermisse
      Bonsoir, et merci pour votre commentaire. Il me semble qu’on est bien d’accord. La monnaie émise par les banques de second rang est en effet temporaire, sauf quand le débiteur de la banque fait défaut. La monnaie reste alors en circulation.
      L’évanouissement de cette monnaie (après l’éclatement d ‘une bulle) conduit à la dépression, après une phase d’inflation des actifs financiers, sauf si les banquiers centraux réagissent rapidement, ce qui n’a pas été le cas dans les années 30 ni au Japon après la crise du Nikkei dans les années 90.
      Concernant la monnaie banque centrale, elle a deux composantes : une sous forme de billet en circulation (qui irrigue l’économie) et l’autre sous forme de mmonnaie scripturale qui n’est utilisée qu’entre les banques et la banque centrale. Dans les deux cas la contrepartie est pour partir une créance (comme pour les banques de second rang) pour partie seulement des actifs autres (or et devises). Elle est donc elle aussi sujette à perte de confiance…

      Bien à vous.
      AG

  2. Merci Alain, diabolique article 😉
    Ta quatrième solution, si on la pousse un peu plus loin, est presque de l’ordre du néochartalisme…

    • Merci André-Jacques
      je dois reconnaître mon ignorance, je ne sais pas ce que c’est le « néochartalisme ». (j’ai vu ce mot dans des échanges de mails mais je ne suis pas allé plus loin)!
      Amitiés
      Alain

  3. Cinquième solution : Autoriser et mettre en place la création des monnaies complémentaires. Une double monnaie comme en Suisse depuis 1936 avec le WIR et acceptée par l’état et gérée par les entreprises et une banque centrale (de cette monnaie) déconnectée des monnaies spéculatives.

    Très bonne article …
    Merci

    • Bonjour à MBdL
      Oui c’est une option qu’il faut signaler, vous avez raison. Si j’arrive à trouver le temps, j’essaierai de faire le bilan des avantages-inconvenients des solutions 3-4-5, et de leur adéquation à la résolution de certains types de problèmes.
      Bien cordialement.
      AG

    • Bonjour,

      Moi j’aime bien les horizons ensoleillés, comme ceux de Gérard Foucher : comptabilité mutuelle !
      Et une désindustrialisation, doublée d’une dé-technoligisation (Günther Anders et aujourd’hui : le groupe de Grenoble ; Pièces et main d’œuvre en réf.).
      Beaucoup de distance avec l’enthousiasme vert (attention rationalisation continue, reconditionnante de l’humain), alors que je vis en pleine campagne et explore la nature et mes relations à elle.
      A vivre.
      (Tout cela même si internet a du bon, et les liens vivants à d’autres échelle que le local.)
      Salut !

  4. Le plus « diabolique » dans tout ça est bien la déclaration de Frédéric Oudéa !!!
    Merci pour cet article. Il faut sans cesse rappeler comment fonctionne le système monétaire si l’on veut avoir une chance d’améliorer l’inculture de nos concitoyens dans ce domaine

    • @ecodemystificateur. Je suis bien d’accord au fait qu’il est utile d’expliquer et de réexpliquer en variant les approches et en essayant d’être un peu léger,aussi (cela étant le diable ne fait pas toujours rire…). Concernant votre suggestion (remettre la création monétaire au peuple), j’en prends note. Mais j’ai une interrogation sur la « gouvernance ». A mes yeux l’Etat est gouverné par les représentants du peuple via un dispositif démocratique. Il est bien sûr concevable de changer ces règles, et souhaitable sous bien des aspects. mais la monnaie à mes yeux doit rester « gouverner » et il faut donc bien un système de représentation et de mandat pour la gérer…. concernant le système socialisé de crédit, il faudra qu’on échange dessus à l’occasion.
      Bien à vous.
      AG

  5. Et j’allais oublier. Il y a une autre solution qui se propose de rendre le pouvoir de création monétaire au peuple, sans nécessairement le mettre entre les mains de l’État c’est le système socialisé du crédit proposé par Lordon

    • Bonjour,

      Article très intéressant.

      Il existe 5 solutions à un choix ou.

      L’un OU l’autre ?

      Réponses probable :

      1) Aucun
      2) l’un .. mais tôt ou tard tout retombe sur l’autre.
      3)l’autre..mais tôt ou tard tout retombe sur l’un.
      4) L’un et l’autre, ce qui retombe peux retomber sur les deux ou dans le vide.

      5) Une superposition des choix en fonction du temps et de l’évolution ainsi trouver le juste milieux de l’harmonie.

      méditez bien sur la réponse ET d’un choix OU.

      Salutations.

  6. je laisse ici un texte sorti de ma reflexion à la lecture du quotiedie nOuest France , avant même d’avoir lu le texte d’ alain Grandjean , plus proche du cri citoyen , mais étrangement convergent …
    TES et coefficient multiplicateur propre pour banque d’ investissement semi publiques .

    Selon l’ éditorial de François Regis Hutin directeur du quotidien Ouest France , une rigueur budgétaire basée sur un alourdissement de la fiscalité pout tous, davantage que sur la réduction des dépenses publiques , risque de mener à une récession économique . Le même FRH exhortait il ya peu les lecteurs à faire un effort de « ne pas vivre au dessus de nos moyens » en négligeant le traitement de la dette publique . Somme toutes de la rigueur budgétaire sans toucher à la fiscalité réputée toujours trop lourde en France et entrave intolérable à la compétitivité , donc à la résorption du chômage ….. Chansonnette mille fois interprétée , avant tout dans la milieux patronaux . Comme alternative à la pesanteur fiscale, FRH évoque un seul exemple, celui de la TVA sociale , présentée comme une avantage compétitif à l’exportation.

    Faisons tout d’ abord le constat que cette taxe est ambiguë quand à son objectif , dans la mesure où, sous couvert d’ alléger les entreprises « françaises » ( disons plus exactement qui produisent encore en France mais appartiennent de plus en plus à des investisseurs internationaux ) du boulet des charges sociales, elle supprime de facto mais mine de rien la seule obligation sociale du patronat , à savoir les négociations avec les autres partenaires sociaux .Qui plus est , elle le fait au risque qui n’ est pas mince de voir les entreprises ne pas jouer le jeu , et profiter de l’ aubaine pour majorer leurs marges en ne baissant pas leur prix de la valeur exacte des charges qu’ elles ne paieraient plus…. Sans compter l’ accusation par les pays partenaires de dévaluation compétitive à peine masquée à l’ exportation puisqu’ alors nos exportateurs seraient carrément exonérés de toute charge sociale …
    Pour pallier la perte de compétitivité face aux importations à coût social réduit , d’ autres solutions sont aisément concevables , comme de créer une TES ( Taxe d’ Equilibration Sociale qui serait l’ exacte différence entre les charges sociales dans le pays importateur , ici la France , et des pays exportateurs Chine Inde Pologne ou Roumanie au autres , TES perçue comme taxe au moment de l’ importation )Et inversement un AES allègement de charges sur le même principe symétrique pour nos exportateurs de manière à égaliser les charges des concurrents de chaque côté d’ une frontière sans attendre d’ hypothétiques et politiquement lointains accords internationaux . Voilà une vraie mise en concurrence à la loyale …, non ?Cela seul pourrait mettre une terme aux délocalisations sociales , qui donnent un alibi compétitif en or aux entreprises délocalisatrices souvent gérées en France par des fonds étrangers à la France . Cette taxe/ allègement ne pourrait être qualifiée de protectionniste par nos partenaires , sauf absolue mauvaise foi, vu l’ équitabilité de son principe, et permettrait de mettre de l’ ordre dans les marges des importateurs ( les importateurs de chaussures de sport par exemple vendent en France à des tarifs qu’ auraient des chaussures produites en France , les couts sociaux qu’ ils évitent de payer se transforment en grosses marges qu’ ils extorquent au consommateur en toute impunité compétitive , et loin de l’ image d’ Epinal de la saine compétition libérale…autrement dit le prix au consommateur devrait être le prix chinois augmenté des seuls coût du transport international et de la distribution nationale , soit très en deçà des 300 à 600 € atteints dans nos boutiques d’ équipements sportifs ,ne toute opacité des bénéfices des acteurs de cette chaine )

    Le milieu patronal connu pour abriter les meilleurs champions de l’ incivilité fiscale , quand ce n’ est pas la délinquance fiscale , se contente de réclamer systématiquement et sans autre suggestion , une baisse des coûts salariaux par baisse des charges sociales , ce qui revient à attendre des mesures anti sociales qui ramèneraient les couts sociaux à ceux de la Chine ou du Bengla desh ! Belle mentalité digne du XIX ème siècle de Zola , il faut en convenir .

    Pour juguler la crise , dans son volet monétaire , il y a mieux à proposer que tailler dans les services de l’ Etat en épargnant les gains privés – surtout les plus gros dont les vertus investisseuses selon le doux chant libéral sont très surfaites – tout en déroulant le tapis rouge aux marchés , formule proposée par le gouvernement précédent avec le succès que l’ on a pu voir . Pour cela il faut manifester nos capacités créatrices en matière de gestion monétaire , créativité dont on aura compris qu’ lle ne peut guère être attendue des « marchés » , ces machines de spéculation mathématiquement assistée qui ruinent avec efficacité l’ économie réelle au profit des manitous de produits toujours plus dérivés ….. mais ce n’ est pas hélas dans les habitudes de mon quotidien ouest France de s’ attaquer positivement au caractère pourri du monde de la finance . Oter le pouvoir à cette sphère qui impose sa dictature en particulier aux pays d’ Europe , c’ est pire que nettoyer les écuries d’ Augias certes , pourtant notre héroîque Hercule y parvint . Il nous faut donc devenir des demi dieux pour réussir cet exploit .

    Un nouveau brin de logique toute bête peut nous aider puissamment : puisque les banques et financiers privés son incapables de viser autre chose que le court terme , cessons de leur emprunter des milliards d’ euros à 4% que notre propre BCE leur a prêté à … 0.1% !!! C’ est le minimum de rigueur que l’ on peut attendre d’ une ménagère attentive à son budget !! Comment ? par la création de banques d’ investissement orienté, à caractère publique ou semi publique, à profits contrôlable ou plafonnés dont la vocation serait inscrite dans le champ du développement durable , alimentée par la BCE , et affectées d’ un coefficient multiplicateur ajusté aux besoins de l’ époque ( s’ il faut investir 500 milliards , oui 500 , au chantier nécessaire de l’ isolation thermique de l’ habitat et du tertiaire , autant au ferroutage , à la modification des pratique agricoles , à la transition énergétique …… autant d’ investissements long terme délaissés par la marchés soumis à la seule loi de la cupidité immédiate sans vocation sociale ou environnementale , nous pouvons nous en donner les moyens plutôt que d’ en laisser le monopole et le bon vouloir qui en l’ occurrence est plutôt mauvais vouloir aux banques et investisseurs privées ) Et si ce coefficient de 6 pour les banques privées ( une banque ayant 100 d’ actifs peut prêter jusqu’à 600 ) , est porté à 20 pour les établissements semi publics, cela ne pose aucun problème et surtout pas de risque inflationniste , puisque nous sommes en récession annoncée !! Avec du travail à la clé pour les entreprises de l’isolation , de la ventilation , des pompe à chaleur , des éoliennes , du solaire soit diffus soit centralisé ,de la biomasse , de l’ agriculture , des circuits courts de distribution , du ferroutage , de la recherche dans tous ces domaines y compris dans le nucléaire à déchets minimaux , soit de quoi résorber le chômage en dépensant moins d’ énergie qui est elle limitée , contrairement aux ressources financières qui sont elles purement consensuelles car dématérialisées .N’ est il pas facile de voir qu’ en limant les dents d’ une cupidité généralisée devenue improductive , en passant à une création monétaire orientée et régulée par notre compréhension collective de l’ état de la planète Terre , nous nous donnons les moyens de relever tout à la fois un défi monétaire et un défi écologique d’ épargne de nos énergies primaires et matières premières épuisables ?

    Comment nos têtes pensantes peuvent avoir l’ idéation à ce point inhibée que ces idées toutes bêtes ne leur viennent jamais aux méninges ? Il est vrai que le petit milieu néolibéral en fait des tonnes en lobbying pour maintenir un statu quo déreglementé tous azimuts au nom d’ une liberté qui profite surtout à ses plus grands prédateurs prêts à tuer tout ce qui vit sur la planète pourvu que cela rapporte et amplifie les prérogatives et avantages financiers dans une spirale d’ inflation constante –spirale jugée bien entendu vertueuse par ses bénéficiaires – de leur enrichissement personnel , avec l’ habilité diabolique de faire croire à tous les modestes patrons et possesseurs de petits biens qu’ ils font partie de la même famille dont l’ ennemi commun serait un Etat toujours trop dispendieux et gaspilleur …

    Je ne sais si Ouest France oserait publier ce petit texte de propositions de simple bon sens, inspiré des valeurs d’ épargne énergétique et matérielle , de partage « chrétien » entre frères – des bénéfices des entreprises comme des impots – et d’ équitabilité assez ferme pour éviter de prendre les vessies de l’ économie perverse des « marchés » pour des lanternes de sagesse monétaire éclairant notre avenir humain ( 2008 aura au moins eu la vertu de bien démontrer qu’il n’ est pas d’ avenir, ni écologique ni économique , dans la devise provocatrice des stars douteuses de Wall Street : « greed is good » .. que je traduit librement par « vive la cupidité »)

    « Yes we can » révolutionner notre existence en lui donnant un sens solidaire par nécessité de survie de l’ espèce entière et une direction durable , au prix de l’ abandon de nos pires habitudes au premier rang desquelles est le culte du toujours plus ( de marges , de rendement , de pouvoir, de croissance matérielle, de conquêtes , de parts de marché , de gloire , et de désirs ) et au bénéfice d’ une créativité sociale renouvelée du toujours mieux humain .Le règne socio biologique du SERVIR substitué au règne pré humain du SE SERVIR par transformation de notre état d’ esprit en même temps que de nos institutions . ET quand c’ est cela ou crever ensemble , on ne peut plus parler d’ idéalisme naif , mais d’ humble réalisme .

  7. Un peu plus d’info sur le monnaies complémentaires avec le livre de Bernard Lietaer en téléchargement gratuit.
    Et un autre sur la gestion de la crise.

    il y a aussi le livre André Jacques Holbecq : http://www.yvesmichel.org/webmaster/espace-economie-alternative/une-monnaie-nationale-complementaire

    Bernard Lietaer sur son site http://www.lietaer.com

    http://www.lietaer.com/writings/books/monnaies-regionales/

    le livre ici : http://www.scribd.com/doc/45913217

    http://www.lietaer.com/images/Livre_Blanc_Sur_la_crise_bancaire_syst_mique.pdf

    Bonne lecture

  8. Excellent article. Dans la presse Suisse, nous avons de temps à autre des interview et articles de penseurs théologiens et économistes protestants Allemands qui parlent de l’endettement comme un péché…En fait l’ordolibéralisme semble intimement lié à des ‘think tank’ religieux, quelque peu réminiscents des groupes religieux eugénistes de l’avant guerre…

  9. au contraire de André Selles je défends l’idée d’une « vraie tva sociale » qui serait le simple transfert de la totalité des charges patronales et salariales, de l’assiette des salaires vers la valeur ajoutée. Ce ne serait pas la fin des obligations patronales que diable ! puisqu’il ne s’agit que de changer l’assiette, l’obligation demeure, et le versement peut se faire comme aujourd’hui aux ursaff et non au budget de l’Etat, seul le mode de calcul change et çà change beaucoup de choses dans le sens souhaité de la compétitivité :
    – baisse des prix à l’export
    – hausse des prix à l’import
    – participation des importations au budget de la sécurité sociale
    Que ce soit vu comme une dévaluation compétitive : oui ! c’est le but, l’UE et sa zone Euro ne nous permet plus de la faire autrement…
    autre avantage à moyen ou long terme une telle mesure qui aurait un effet spectaculaire d ‘une part serait imitée aussitôt ? tant mieux puisque le but final est de trouver un équilibre durable des échanges internationaux (balances équilibrées) or l’effet de cette mesure est d’autant plus net qu’un pays est déficitaire et à l’inverse elle pénalise les pays excédentaires; n’est ce pas ce qui est souhaitable?
    Reste la question, difficile il faut en convenir, de l’utilisation politique de cette arme…Faut -il entrer dans des temps très difficiles pour l’oser ?

  10. Tout le système repose sur la confiance. Confiance que la monnaie qui a cours légal et forcé permettra d’acheter à des prix corrects, confiance que les débiteurs des banques ne vont pas faire défaut en masse.

  11. Bonjour,

    Dans un but de désendettement, la création monétaire est-elle judicieuse plutôt qu’une levée d’impôt majeure?
    Si demain, ce choix économique était affiché, tout le monde n’irait-il pas réfugier ses économies dans la pierre, les placements matériels et, par conséquence, décrédibiliser la monnaie ?
    N’est-ce pas un moyen de baisser nos dettes par destruction d’épargne qui peu s’avérer difficile à contrôler contrairement à une imposition planifiée ?
    En quoi une levée d’impôt supérieure, donc ciblée et progressive, est-elle moins évoquée pour rembourser nos dettes, sachant qu’il existe 3000 milliards d’épargnes dans ce pays ?
    En quoi est-ce légitime de faire trinquer les épargnants et les salaires au smics plutôt que les imposables ?

    Cordialement,
    jp

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