Lors de la primaire de droite, les débats ont fait l’impasse complète sur les enjeux du développement durable et de la transition énergétique. Comme si ces sujets pouvaient passer au second plan à ce moment important de notre vie démocratique où les citoyens sont amenés à réfléchir à un projet de société et à qui peut l’incarner. Comme si les grandes questions en la matière étaient réglées !
Or, malheureusement il n’en est rien. En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte a certes fait avancer certains dossiers. Mais on attend toujours une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) digne de ce nom. Les principaux avis qui ont été donnés sur le décret du 27 octobre relatif à la PPE, dont par exemple celui du comité des experts, sont tous critiques et pour de bonnes raisons. Cette PPE n’offre aucune visibilité aux acteurs sur la question clef de la trajectoire du nucléaire et, dès lors, de celle des énergies renouvelables, même si des objectifs ont été fixés. De la même manière, la rénovation des logements et des bâtiments n’avance que très lentement, faute de mécanismes de financement adaptés.
Le récent abandon du gouvernement de toute ambition sur l’accélération du retrait du charbon est une preuve de plus de son manque de vision et de volonté. Quand on connaît l’ampleur et la qualité des travaux effectués pendant quatre ans sur la transition énergétique par de nombreux acteurs de toute obédience, on ne peut être que très déçu de cette situation.
Des ambitions européennes dramatiquement insuffisantes
Au niveau européen la situation est encore plus critique. Le paquet énergie climat d’hiver, proposé par la Commission européenne est insuffisant par rapport à ce qu’il serait souhaitable de faire pour aligner la trajectoire de l’Union européenne avec l’accord de Paris. La discussion en cours sur les allocations de permis d’émission échangeables, qui doit statuer sur ce dispositif majeur pour la période 2020-2030, est très difficile et pourrait accoucher d’une souris. O, le prix du quota de CO2, de l’ordre de 5 euros la tonne, est bien trop bas pour décarboner nos économies. Pourtant des mesures efficaces et réalistes au plan juridique ont été proposées, comme celles du rapport Canfin-Grandjean-Mestrallet ou celles de Fabien Roques, un expert très reconnu au niveau européen.
Dans ce contexte, faut-il compter sur des coupures de courant pour réveiller l’opinion et nos (futurs) dirigeants sur l’importance de l’énergie dans notre vie courante ? Rappelons que l’Autorité de sûreté nucléaire a imposé l’arrêt de cinq réacteurs nucléaires pour que soient effectués des contrôles de résistance des générateurs de vapeur. Cela porte à un tiers du parc le nombre de réacteurs arrêtés, ce qui est considérable à l’arrivée de la fraîcheur d’hiver. Des délestages ne sont pas exclus. Et pourraient faire comprendre que l’électricité ne sort pas du mur, que le nucléaire, bien que très faiblement émissif en CO2, n’est pas la solution magique à tous nos problèmes et qu’il est donc plus que temps de prendre à bras le corps la question de l’évolution de notre mix énergétique.