Depuis le lancement du plan numérique par la ministre de François Hollande, Madame Najat-Belkacem, on entend deci delà des contestations. Parents et professeurs s’émeuvent d’éventuels désagréments liés à ce plan ambitieux. Aucun d’entre eux, c’est évident, ne souhaite bannir le numérique des écoles, comme le font de façon certainement un peu extrémiste les élites de Google, Facebook et autres Gafam de la Silicon Valley, pour leurs propres enfants. Une petite revue des arguments avancés concernant l’usage du numérique à l’école ne fait pour autant pas de mal. Après ce tour d’horizon un peu rapide nous nous permettrons de présenter notre modeste proposition pour sortir par le haut de cette controverse.
Ce texte nous a été envoyé par une enseignante, qui n’a pas souhaité signer de son nom complet, en raison des récentes polémiques sur le devoir de réserve des fonctionnaires. Pour limiter encore plus tout risque de passer pour séditieuse, elle s’exprime à la manière de Voltaire ou de Swift. Un peu d’humour n’est pas encore répréhensible dans l’exercice critique… elle ose profiter de cette liberté.
La tablette s’invite dans les programmes des classes de maternelle.
La tablette numérique (ou son concurrent direct le smartphone) est bien évidemment indispensable dans notre vie de tous les jours (qui pourrait désormais trouver une recette de cuisine ou s’orienter dans une ville sans cet outil précieux ?). Est-il pour autant nécessaire d’en prôner l’utilisation dans les programmes de maternelle ? Les directives de l’OMS, me direz-vous, autorisent l’usage de tablettes interactives pendant une heure par jour maximum, entre 3 et 6 ans.
N’est-ce pas usurper un temps précieux de repos aux parents, qui rentrant du travail et ayant encore bien des tâches à accomplir, confient leurs bambins à l’écran salvateur ? Et que dire de la gestion compliquée que cela représente pour le professeur, qui chaque soir, devra indiquer aux familles le temps passé sur les outils numériques, afin que puissent être respectées ces directives…
D’aucuns rétorqueront que l’école doit former des futurs travailleurs et qu’il s’agit donc de ne pas les couper du monde moderne dans lequel ils devront un jour s’insérer.
Soit.
A ceux-là, je remémorerai cette scène à laquelle ils ont forcément un jour assisté.
Parent 1, des étoiles d’admiration dans les yeux : « C’est incroyable, Baptiste (ou Chloé) a à peine deux ans, et il a réussi tout seul à allumer ma tablette et à se connecter sur youtube... ». Il faut bien évidemment en conclure que Baptiste (ou Chloé) est d’une intelligence suprême et non, vieux rabat-joie que vous êtes, que ces outils ont été conçus pour que leur utilisation soit… un jeu d’enfant… Qui, sous prétexte que des chimpanzés parviennent à utiliser Instagram, pourrait douter que l’utilisation de ce type d’application nécessite une intelligence supérieure ? Je ne voudrais d’ailleurs pas faire de mauvais esprit en rappelant la rapidité avec laquelle les outils numériques évoluent et que, ce qu’un jeune adulte utilise aujourd’hui n’existait absolument pas quand il était en maternelle…
Mais ce qui saute aux yeux pour la maternelle doit très certainement être nuancé par la suite.
L’institut Montaigne fait en effet remarquer de façon très pertinente que « Les écrans font désormais pleinement partie du quotidien de nos enfants. Un enfant de dix ans passe davantage de temps devant des écrans (en moyenne 2 heures 50 par jour, soit plus de 1 000 heures par an) que sur les bancs de l’école (864 heures par an). » Leur conclusion semble aller de soi : introduisons le numérique à l’école ! Car il est clair, qu’en rajoutant, disons, une heure par jour devant un écran, ce qui reste encore somme toute raisonnable, on ne voit pas comment cela pourrait ne pas améliorer les choses !
Tournant numérique : la promesse d’un avenir radieux
Les inquiets et autres « c’était-mieux-avantistes » s’empresseront de brandir le sacro-saint principe de précaution ! En effet, un certain nombre d’études, certainement financées par les lobbys des low-techs, tendent à montrer que l’exposition prolongée aux écrans a des incidences très négatives sur la santé (problèmes de sommeil, d’attention, risques d’addictions sévères, ou d’hyperactivité, risques d’obésité liés à la sédentarité des utilisateurs, même si ce problème devrait être en passe d’être résolu dès que pourront être commercialisées les lunettes connectées qui permettront de faire du footing, du jogging, du running et autres variantes de la course à pied, tout en suivant le débat sur les résultats des élections aux européennes…)[1].
Faut-il risquer pour autant de rater le tournant du numérique à l’école, tournant dont les effets bénéfiques sont garantis par l’institut Montaigne et autres organismes fiables et mondialement reconnus, au nom de pseudos-risques sur la santé physique et mentale de nos enfants ? L’Éducation Nationale, elle-même, n’annonçait-elle pas dès 2015 des « méthodes d’apprentissage innovantes », promettant de « favoriser la réussite scolaire », de « former des citoyens responsables et autonomes », de « préparer aux emplois digitaux de demain » ?
Doit-on vraiment remettre en cause de telles promesses d’avenir sous-prétexte que même le rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) de 2015, qui se base sur le rapport PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des Élèves) pourtant très favorable au numérique, révèle que plus on utilise l’outil informatique, moins la compréhension de l’écrit est bonne[2]. Il est également vrai que ledit rapport, toutes choses égales par ailleurs, soulignait qu’aucun lien n’avait été prouvé entre les bons résultats scolaires et l’accès à ce type d’outil numérique prenant pour exemple des pays comme l’Espagne ou la Pologne qui ont ainsi vu le niveau de leurs élèves baisser après avoir introduit des outils numériques dans les classes.
De là à penser que l’on pourrait faire le lien entre l’introduction du numérique et l’effondrement des résultats, il n’y a qu’un dangereux pas à franchir. C’est sans compter sur la responsabilité évidente des enseignants qui n’ont pas su mettre à profit de si puissants outils, et les mettre au service de l’égalité des chances et du progrès. Car, selon le fameux institut Montaigne, si les plans numériques se sont succédés très efficacement depuis les années 80, « ce mouvement ne s’est pas accompagné d’un véritable renouvellement des pratiques pédagogiques ». Voilà le HIC !
Il ne faut d’ailleurs pas oublier le Danemark (ou la Norvège, c’est selon) dont l’école est un symbole européen de réussite à l’école. Le Danemark (ou la Norvège) ayant introduit le numérique dans les classes, il est donc indéniable que le numérique permet de réussir à l’école. (Les amateurs de l’immortalité de Socrate apprécieront, d’autant qu’un regard attentif aux résultats laisse songeur…)
On pourrait certes opposer quelques exceptions : bien sûr ce n’était pas mieux avant, mais il fut néanmoins une époque durant laquelle un enfant issu d’un milieu non francophone (basque, breton…) et populaire apprenait à lire à l’école, et même à écrire et ce, aussi étonnant que cela puisse paraître, sans l’usage du numérique… Oui, mais il y avait la guerre, et on s’ennuyait le soir pendant le couvre-feu, sans Twitter ou Facebook…
Pour conclure ce paragraphe, nous dirons tout simplement, que, contrairement à ce que l’on pense, les vertus du numérique ne sont pas une construction sociale du néolibéralisme (ambiant) jamais interrogées pour ce qu’elles sont.
Reste à étudier l’épineuse question de la protection des données.
Rassurez-vous, je donnerai un seul exemple qui montre que nos politiques ont déjà pensé à tout : celui d’un petit collège rural, d’un département rural, bien sous tous rapports.
Suite à une expérimentation dont les mauvaises langues susurrent que sa généralisation à l’ensemble du département a été mise en place avant lecture des résultats (fake news probablement, n’y prêtons donc pas foi), il a été décidé d’installer dans chaque collège, une classe mobile (comprendre : une quinzaine de tablettes branchées à un chariot à roulettes, donc théoriquement déplaçable dans toutes les classes – bon, pas de chance pour vous, si vous êtes dans un établissement un peu trop vieillot et qu’il y existe encore des escaliers…).
Connaissant bien les réticences probables des enseignants, osons le mot, un peu conservateurs en matière de pédagogie numérique, les élus ont eu l’idée de génie de leur offrir (enfin, de leur prêter, puisqu’ils devront la rendre en cas de départ à la retraite, ou s’ils quittent le département) une tablette Apple (puisque c’est cette marque qui a été choisie) pour qu’ils puissent tranquillement se familiariser avec l’outil avant de le faire utiliser aux élèves. L’investissement prévu à terme pour ce seul département est de 3 millions d’euros, dont 1,2 million d’euros d’aide de l’Etat. Nous ne savons pas si ce chiffre comprend le changement des vidéos-projecteurs dans certaines salles de classe, afin de les rendre compatibles avec les applications desdites tablettes[3]. Il est vrai que de tels investissements sont bien plus utiles et urgents que la rénovation énergétique des écoles, collèges et lycées, mainte fois évoquée dans ce blog. Entre transition énergétique et révolution numérique, le choix est rapide à faire !
Quid de la protection des données me direz-vous ?
Et bien, une tablette passant de main en main, de classe en classe, n’est pas un outil performant pour sauvegarder le travail réalisé par les élèves (pas de port USB par exemple). C’est là que l’on voit que tout était bien pensé à l’avance : le Cloud ! Chaque élève créera donc un compte Apple (s’il l’accepte, car hélas, trois fois hélas, il n’est pas encore possible de l’y obliger), qui lui permettra de garder ses travaux bien au chaud. Et s’il refuse… nous dirons que cela devient… compliqué …
Laissons de côté les accusations douteuses de brader les données scolaires aux Gafam et surtout posons les bonnes questions : doit-on s’offusquer de ce genre de pratique, quand le rapport sur les données numériques au sein de l’éducation nationale, rédigé par des inspecteurs du ministère de l’Education Nationale montre que cette problématique touche en fait l’ensemble des données collectées ? En voici un court extrait : « Lors des entretiens menés par la mission, certains interlocuteurs ont souhaité que les données scolaires soient intégrées dans la liste des données sensibles. À cet égard, il convient de noter que le RGPD fait une liste explicite du périmètre des données sensibles, et que les Etats n’ont pas latitude de la modifier. L’extension de ce périmètre au cas des données personnelles scolaires est donc impossible. » (Les esprits critiques feraient bien de s’abstenir de lire ce rapport.)
Je vois déjà les complotistes se frotter les mains : Apple serait donc derrière tout cela, faisant d’une pierre deux coups (ou plus) : gagner les juteux marchés de l’école tout en récupérant des utilisateurs du Cloud et de potentiels acheteurs Apple[4] dans le futur, qui tout habitués qu’ils sont à une interface donnée, préférerons garder leurs précieuses habitudes, le tout avec la caution morale de l’Education Nationale…
Ce raisonnement me semble bien tiré par les cheveux…
Et le climat ?
Là, le sujet se complique un peu, car il faut avouer qu’il est difficile de faire croire que la tablette est un objet propre et respectueux de l’environnement[5]. Certes les plus utopistes d’entre nous ont déjà imaginé l’économie de papier monumentale que représenterait l’utilisation de la tablette en classe… remplaçant les manuels scolaires et peut-être même, à terme les cahiers. Réglé le problème du cartable trop lourd ! Et là, nos yeux brillent d’une émotion intense en voyant tous ces arbres qui ne seront pas abattus, tout ce CO2 stocké par mère nature, pendant que nous pourrons béatement être connectés à nos tablettes. Il me semble malheureusement que nous n’en sommes pas encore là et qu’il existe encore bien des freins idéologiques à une telle solution.
En attendant, voici un rapide calcul de l’empreinte carbone des tablettes selon deux hypothèses.
- Imaginons un plan numérique ambitieux, mais pas trop, qui consisterait à mettre en place une classe mobile par collège (15 tablettes) et une par école (13 tablettes). Cela donne un total de 773 400 tablettes. Rajoutons une tablette par enseignant, soit 884 300 tablettes de plus, ce qui fait un total de 1 657 700 tablettes[6]. Un Ipad Apple entraîne par sa construction, son utilisation, etc. environ 100 Kg de CO2. Ce qui fait donc un total de 165 770 tonnes de CO2, pour une durée de vie d’environ quatre ans.
- Imaginons maintenant un plan très ambitieux. Une tablette par élève à partir du collège, soit 3 315 000 tablettes auxquelles nous ajoutons les tablettes pour la classe mobile et pour les enseignants, soit un total de 4 866 200 tablettes, soit 486 620 tonnes de CO2.
Or actuellement la tablette, de fait, vient s’ajouter à tout le reste : aux cahiers, aux manuels, aux ordinateurs…
Pour que cette production de CO2 soit compensée par une utilisation moindre de papier, il faudrait que la tablette remplace cahiers et manuels scolaire… ce qui signifie tout bonnement que nos bambins passent leur journée d’école devant un écran puisqu’il remplacerait tous les autres outils ! Fi donc des recommandations de l’OMS ! On ne peut pas tout avoir !
Nous n’avons pas parlé ici des coûts, car il ne faudrait pas être bassement matérialiste : l’avenir de nos enfants et de nos arbres n’a pas de prix !
La réduction du CO2 n’est donc pas le vrai argument à utiliser ! Non le vrai argument est celui de l’impact que cela aura sur les élèves, ces petits êtres en formation….
En effet, de plus en plus, les programmes mettent l’accent sur le développement durable, sur le changement climatique… (SVT, Histoire-géographie-EMC, mais aussi Français à travers certaines problématiques proposées, Physique…) et beaucoup d’enseignants sont également sensibles à la protection de notre planète.
Or, en proposant aux élèves l’utilisation de tablettes, clairement nocives pour le climat, nous les mettons face au fameux : « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais », adage nécessaire à intégrer pour qui veut rentrer en politique par exemple. Vous me direz, tous ne veulent pas entrer en politique. Pour les autres, il est important qu’ils puissent comprendre, de manière concrète, le principe de contradiction, pour pouvoir le dépasser. Je m’explique : un élève bien formé devrait comprendre de lui-même l’aberration écologique que représente l’usage des tablettes à l’école ou au collège et cela devrait, par esprit de contradiction, le pousser à adopter la sobriété heureuse, tout naturellement…
Des ennemis partout
On pense, à tort, que la cause du numérique est une cause acquise. Il n’y a qu’à prendre un transport en commun, aller au restaurant, enfin dans tout espace où l’on a la possibilité de rencontrer un être humain, pour voir que le smartphone a été adopté par tout un chacun. Quelle joie de voir alors à quel point l’homo numericus communique avec son prochain ! Mais il ne faut pas s’y fier, l’ennemi est partout qui distille ses poisons.
Il est un argument absolument irréfutable à l’introduction des tablettes à l’école et que tout le monde reconnaît. Les enseignants en premier lieu, même les plus hostiles, cèdent face à cette évidence : la nécessité de former les enfants à un bon usage du numérique, qui viendra compenser et sublimer l’usage domestique, plus discutable.
Et pourtant !
Et pourtant, ce matin encore (vendredi 31 mai 2019) pendant que je m’attelais à la rédaction d’un paragraphe de cet article, j’entends sur France Inter [7], une longue liste de pathologies nouvelles liées à l’usage abusif des écrans (nomophobie, ataxagoraphobie, schizophrénie de profil et autres noms barbares). Mais surtout j’entends qu’arrêter les écrans et les réseaux sociaux, équivaudrait, en terme de difficulté́ à arrêter de fumer ! Je m’insurge contre Nicolas Demorand qui semblait approuver cette affirmation ! Et son invité de décrire avec force détails la dépendance terrible que cause l’usage des nouvelles technologies évoquant même « un moment de grande inconséquence de notre part » ! Quand je pense que l’utilisation des tablettes fait progressivement son entrée dans les programmes de l’Éducation Nationale, je me dis que si cela était vrai, cela serait donc un peu comme si l’école distribuait des cigarettes… avec comme motif qu’il faut apprendre à bien fumer pour compenser les mauvaises habitudes du tabagisme… Non, monsieur Demorand, vous exagérez !
Pour conclure
En terminant cet article, qui m’a permis de lire (sous format numérique bien sûr) et de découvrir tant d’aspects fascinants de la technologie et des écrans sous toutes leurs formes, je m’aperçois que je fais fausse route. Introduire le numérique a l’école semble une bonne idée, mais c’est en fait une illusion d’optique, qui ne fait que nous détourner de la vraie solution !
Osons être disruptifs : supprimons la tablette à l’école et instaurons l’école par la tablette ! Après tout, si l’on essaie d’être un peu objectif et d’éloigner de nous les craintes anxiogènes et les préjugés délétères disséminés par les réactionnaires en tout genre, il apparaît évident que remplacer les enseignants par ces joyaux de la technologie résoudrait définitivement :
- les problèmes de déficit public (voir chiffre des dépenses consacrées à l’éducation nationale) ;
- les problèmes de recrutement, de remplacement, d’absentéisme éhonté ;
- les casse-têtes de l’individualisation et de l’aide personnalisée face à une classe de 30 élèves ;
- les dépenses énergétiques : plus besoin d’un plan de rénovation des établissements scolaires ;
- les problèmes de harcèlement, de violence dans la cour de récréation ;
- les problèmes de pollution entrainés par le transport scolaire ;
- la question des inégalités de territoire (ZEP où les enseignants ne vont qu’à reculons, zones rurales enclavées…) ;
- la question de l’unification des enseignements : une même parole, une même version pour tous.
Et soyons lucides : de toutes façons, le durée d’attention des millenials (ensemble des personnes nées entre 1980 et 1999) est en moyenne de 9 secondes, soit une seconde de plus que le poisson rouge, il est clair que l’école n’est plus du tout adaptée aux enfants d’aujourd’hui !
Sarah G.
2 réponses à “Numérique à l’école : modeste proposition pour sortir de l’obscurantisme”
[…] Les inquiets et autres « c’était-mieux-avantistes » s’empresseront de brandir le sacro-saint principe de précaution ! En effet, un certain nombre d’études, certainement financées par les lobbys des low-techs, tendent à montrer que l’exposition prolongée aux écrans a des incidences très négatives sur la santé (problèmes de sommeil, d’attention, risques d’addictions sévères, ou d’hyperactivité, risques d’obésité liés à la sédentarité des utilisateurs, même si ce problème devrait être en passe d’être résolu dès que pourront être commercialisées les lunettes connectées qui permettront de faire du footing, du jogging, du running et autres variantes de la course à pied, tout en suivant le débat sur les résultats des élections aux européennes…)[1]. […]
Permettez-moi de m’arrêter sur la conclusion de Sarah. L’Ecole républicaine doit résister à la pression libérale et sociétale. Ce joyau n’a pas vocation à s’adapter aux enfants d’aujourd’hui. D’ailleurs, en quoi un enfant d’aujourd’hui serait-il différent d’un enfant d’avant ? L’idée directrice de l’Ecole publique est que l’élève, qui est autre chose qu’un enfant, doit être considéré comme un sujet rationnel. C’est à sa seule raison qu’on s’adresse. Ce qui permet à l’école d’écarter toute manœuvre politique ou sociétale, tout regard différentialiste. En ce lieu, celui-ci n’est plus attaché à un particularisme (sexe, origine sociale, ethnie, confession…), il n’est plus « assigné à communauté. Les élèves doivent s’adapter à l’école avec toute la fameuse bienveillance qui s’impose. Ce dernier bastion de l’instruction peut et doit faire du numérique un usage raisonné et raisonnable. L’Ecole doit rester, pour citer Jean Zay, « l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ».