C’est à l’automne 2023 que nous écrivons à 6 mains (Claude Henry, Jean Jouzel et moi) un long papier à l’initiative de Claude Henry, qui sera publié en décembre de la même année dans le Monde diplomatique. Nous prenons contact avec Grasset [1] qui nous propose d’en faire un livre court, grand public.
Nous acceptons avec enthousiasme. Pauline Perrignon, notre éditrice, aura été exceptionnelle dans tout le travail qui nous conduit à sa publication le 14 mai. Je l’en remercie ici vivement.
Outre l’honneur et la joie que j’ai ressentis de travailler avec Jean Jouzel, la rédaction de ce livre aura été une occasion de plus d’admirer les qualités humaines de Claude, qui va réussir, malgré de très lourds ennuis de santé, à aller au bout du travail et de la relecture des épreuves. Il décède le 17 avril 2025, sans voir son œuvre achevée. C’est pour moi une profonde tristesse de le perdre ; j’aurais tant aimé qu’il voit ce livre dans les librairies. Il aura été exemplaire à mes yeux pendant tous ces mois où il n’a jamais baissé les bras.
Je connais Claude depuis mon passage à l’école polytechnique, où il était professeur d’économie publique. Il était le directeur du laboratoire d’économétrie de l’école quand j’y suis entré. C’est là que j’ai fait ma thèse d’économie de l’environnement qu’il a de fait co-dirigée. Il a été pour moi un maître remarquable puis nous sommes devenus, si j’ose le dire ainsi, compagnons de route.
Au-delà de ses exceptionnelles qualités intellectuelles, j’ai le plus profond respect pour ses qualités humaines tout aussi exceptionnelles, son amitié inébranlable, sa fidélité et son exigence morale. Je suis très fier d’avoir participé avec Jean Jouzel à sa dernière aventure intellectuelle .
Je ne vais pas faire ici de résumé des Orphelins de la planète, mais me contenter de dire que c’est le reflet de l’adage préféré de Claude, attribué à Guillaume d’Orange [2]:
« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
Voici un extrait de la quatrième page de couverture :
De la planète que nous laisserons en héritage à nos enfants et petits-enfants, un médecin dirait que le pronostic vital est engagé. Pronostic engagé mais pas désespéré, car les éléments d’une alternative réaliste à un processus général de dégradation ont été élaborés. Encore faut-il que ceux qui y font obstinément obstacle n’aient pas le dernier mot.
Après des décennies de maltraitance aux mains d’entreprises obsédées par le profit et d’autorités publiques défaillantes ou complices, la planète est secouée par les désordres climatiques, appauvrie en ressources vitales, imprégnée de produits chimiques de synthèse dont la toxicité menace jusqu’à l’enfant dans le ventre de sa mère. Cependant, des pionniers mettent en œuvre des solutions capables de changer la donne : ils montrent en particulier qu’il est possible et nécessaire de travailler avec la nature, et non contre elle.
L’association The Other Economy que nous avons créée avec Marion Cohen est évidemment en pleine cohérence avec ce livre et son message.
La situation planétaire se dégrade dangereusement pour des centaines de millions d’êtres humains. Nous ne pouvons pas baisser les bras dans le combat qui est le nôtre : éclairer l’économie pour rendre possible une reconstruction écologique et socialement juste !
Alain Grandjean
Les orphelins de la planète, Alain Grandjean, Claude Henry, Jean Jouzel, Grasset, 2025
Notes
[1] Merci à Jean-Pierre Gonguet qui nous a mis en relation avec Pauline Perrignon.
[2] Guillaume d’Orange est connu pour avoir été l’initiateur et le chef de la révolte des Pays-Bas espagnols contre le roi d’Espagne Philippe II au XVIe siècle.
Laisser un commentaire