Le premier ministre vient d’annoncer l’abandon, après les régionales, du projet de taxe carbone que le président de la république avait lancé après les européennes. Le poids politique de l’écologie est interprété de manière différente après ces deux élections : le président de la République a compris après les européennes qu’il fallait prendre au sérieux les enjeux climatiques. Se dit-il maintenant que cela ne lui rapporte rien au plan strictement électoral ? François Fillon tente de faire de la taxe carbone un bouc émissaire pour ressouder la majorité après la défaite cuisante qu’elle vient de subir. Gageons que ce pari ne réussira pas en 2012…
Quoiqu’il en soit ces calculs ne sont pas dignes d’un président de la République au moment où l’humanité est confrontée à des risques extrêmes et doit réagir rapidement et à tous les niveaux (du local au mondial en passant par le national) pour les conjurer. Nous lui demandons donc de désavouer son premier ministre.
Cette décision qui intervient après plusieurs déclarations pour le moins ambigües, comme celle du salon de l’agriculture, donnerait clairement la preuve de l’absence de vision cohérente du gouvernement sur des enjeux majeurs. La crise pétrolière frappe à nos portes, les ménages et les entreprises ne se préparent pas assez vite et continuent à être infantilisés par des promesses qui ne seront pas tenues. Contrairement à une idée reçue la taxe carbone (dans une version plus ambitieuse que celle qui était envisagée, qui en constituait néanmoins le point de départ) est un rempart contre les pertes de compétitivité et de pouvoir d’achat qui vont frapper durement les entreprises et les ménages si aucune correction n’est faite au modèle économique actuel.
En voulant préserver son électorat et ses députés le président de la République détruirait l’un des instruments majeurs d’une politique économique durable. L’Histoire ne l’oublierait pas. Osons penser que la nuit porte conseil.
Alain Grandjean, http://alaingrandjean.fr/
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