Le capitalisme est-il responsable… de la destruction de la biosphère et de l’explosion des inégalités ?

14 septembre 2017 - Posté par Alain Grandjean - ( 12 ) Commentaires

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Crédit : Plantu
Credit : Crédit : Plantu

L’anthropocène (1) est le nom proposé par des scientifiques à la suite du prix Nobel Paul Crutzen pour désigner la nouvelle époque géologique dans laquelle nous sommes entrés. Elle se caractérise par l’impact de plus en plus déterminant des activités humaines sur les grands équilibres de la biosphère et une pression considérable sur les ressources naturelles.
Si le diagnostic (de pression anthropique sur la planète) est l’objet d’un large consensus scientifique comme nous allons le voir, le terme « anthropocène » fait débat car il pourrait cautionner l’idée que cette pression est liée exclusivement à la nature humaine ; certains chercheurs préfèrent d’autres appellations plus ciblées telles que « Occidentalocène », « Capitalocène », ou « Industrialocène ».
Nous allons ici tenter de montrer que le capitalisme sous sa forme actuelle est bien responsable du désastre écologique actuel et de l’explosion des inégalités sociales, ce qui permet d’envisager des solutions à terme assez court : il est plus facile de réformer le capitalisme que la nature humaine…
Nous montrerons aussi que la nécessaire lucidité sur les risques que nous encourons n’est pas synonyme d’une nostalgie qui serait déplacée par rapport au bon vieux temps. Ne nions pas les progrès (2), mais intéressons nous à la manière d’éviter qu’ils ne puissent être considérés par nos descendants comme un simple feu de paille.
La présente note est rédigée de manière très synthétique mais en documentant au maximum ses affirmations. Toutes mes excuses aux experts de chacun des sujets abordés qui me trouveront probablement bien trop rapide, et tous mes remerciements à leurs suggestions de précisions et compléments.
Et toutes mes excuses aussi pour les « trous dans la raquette ». Merci de me signaler les domaines non abordés …par ignorance de ma part ou par simple oubli ou manque de discernement.

PLAN DE LA NOTE

1. Le capitalisme, essai de définition

2. Quelles évolutions sociales depuis la naissance du capitalisme ?
2.1 Le niveau de vie moyen n’a jamais été aussi élevé et des centaines de millions d’humains sont sortis de la misère
2.2 Les inégalités sociales se sont fortement accrues dans les quatre dernières décennies au sein des pays développés

3. Quelles évolutions écologiques depuis la naissance du capitalisme ?
3.1 L’état écologique de la planète : le diagnostic est sans appel
3.2 Cependant des progrès ont été observés dans les dernières décennies sur certains plans.

4. Le capitalisme est-il responsable des maux actuels ?
4.1 En incitant à la concentration de capitaux dans les énergies fossiles et dans les activités polluantes, le capitalisme est la cause de la destruction de la planète
4.2 Dans ses modalités actuelles, le capitalisme est la source d’un accroissement intolérable des inégalités
4.3 Quels autres « candidats » sont souvent désignés pour expliquer l’ampleur des problèmes cités ?
4.4 Le capitalisme n’a pas le monopole de « l’exploitation de l’homme par l’homme » ni celui des écocides

5. Il est possible de rendre le capitalisme plus juste et de le mettre au service de la réparation de la planète, notre maison commune

ANNEXES
Annexe 1 – Les exponentielles et le diagnostic écologique
Annexe 2 – La « culture contemporaine » « no limit » : consumérisme, techno-optimisme et cynisme
Annexe 3 – Le dogme néolibéral et le capitalisme financier
Annexe 4 – Innovations financières en Europe : repères chronologiques

 

Téléchargez la note en cliquant ici ou consultez la ci-après

 

 

Alain Grandjean

Notes

1. C’est la Commission internationale de stratigraphie de l’Union internationale des sciences géologiques (UISG) – qui détermine les subdivisions de l’échelle des temps géologiques et actera donc à la fois cette nouvelle époque et sa date de naissance. A ce jour, la balance penche en faveur de l’immédiat après-guerre mondiale ; c’est la proposition du groupe de travail présidé par le géologue britannique Jan Zalasiewicz, qui a remis ses conclusions en septembre 2016. Voir Jan Zalasiewicz, Colin Waters & Martin J. Head, Anthropocene: its stratigraphic basis Nature 541, 289 (19 January 2017).
 2. Cf le petit livre plein d’humour de Michel Serres, C’était mieux avant, Le pommier, 2017.

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12 Responses to “Le capitalisme est-il responsable… de la destruction de la biosphère et de l’explosion des inégalités ?”

  1.   Anthropocène mon amour   14 septembre 2017 à 13 h 03 min

    Mes observations en première lecture.

    Page 7 : les bénéfices avérés de la page précédente sont pondérés par un risque futur. Ce n’est pas très convaincant d’opposer une réalité à une hypothèse (et c’est bien le problème de la critique écologique qui essaie de bousculer la satisfaction d’un certain bien-être actuel par la peur née d’une perspective de catastrophe, mais qui du coup est empêtrée dans les limites propres au catastrophisme).

    Page 7 : erreur semble-t-il sur les 10% / 1%, qui rend la citation de Piketty non compréhensible.

    Page 9 : sur le lien entre inégalité et environnement, il faudrait davantage qu’une citation. Une corrélation à échelle nationale entre le coefficient de Gini et des indicateurs écologiques serait utile.

    Page 11 : il est fait l’hypothèse que les métiers de service à la personne sont dévalorisés par l’obsession de la productivité du travail. On peut faire des hypothèses concurrentes, notamment qu’ils sont dévalorisés car l’individu moderne a en moyenne un faible consentement à payer pour des activités dont beaucoup ne l’intéressent pas, préférant construire des trajectoires de bien-être plus personnelles, avec moins de lien social que dans les sociétés traditionnelles. Aussi que seul le profit issu de la transformation des choses permet de payer le coût de gestion des relations entre personnes (avant 90% des gens produisaient des biens, sans plus-value pour le tertiaire ayant émergé récemment), mais que cette plus-value par définition limitée ne nourrit que des revenus modestes, car éparpillés dans le vaste nombre des services proposés.

    Pages 12-14 : évaluation un peu sommaire et trop centrée sur le climat. Les premiers tueurs de la biodiversité ne sont pas liés au climat, loin de là.

    Page 16 : l’hypothèse de la nature humaine comme dynamique de l’anthropocène est écartée en quelques lignes par un argument très naïf (les peuples premiers vivent en harmonie avec la nature). C’est une faiblesse majeure de l’ensemble du raisonnement, car la recherche en écologie et histoire de l’environnement dément justement ce jugement. Partout où il a été présent sur des îles et autres espaces confinés depuis le paléolithique, l’humain a provoqué des effondrements de biodiversité, dont le plus connu est l’extinction de la mégafaune sur les 5 continents (d’ailleurs citée en page 18). Les sociétés traditionnelles jusqu’au XVIIIe siècle avaient déjà largement artificialisé l’espace, fait reculer les forêts, barré les rivières, supprimé ou relégué des concurrents directs de l’homme et de l’élevage (loups, lynx, ours etc.) etc. L’anthropocène peut donc être interprété de manière différente, et finalement dangereuse pour l’écologie politique : le moment où l’homme, conscient de son impact plurimillénaire sur les éléments de la nature, est néanmoins capable de décider de le poursuivre en toute connaissance de cause, car il préfère une nature diminuée dans sa diversité à une humanité contrainte dans ses fins. L’actualité suggère que nous nous orientons plutôt vers cela pour ce siècle, avec une écologie de la conservation et de la restauration devenant une gestion de réserves sauvages où survit une biodiversité « témoin ». Une autre manière de dire cela : l’émergence de la nature dans la démocratie (sous l’impulsion des mouvements écologistes) ne signifie pas que la démocratie se soumet à la nature, mais l’inverse.

    Pages 20-27 : il est proposé de sauver le capitalisme de lui-même, en le préservant donc, mais en le transformant. L’ensemble des mesures suggérées conduit cependant à un régime post-capitaliste puisque les éléments essentiels de ce capitalisme (profit, propriété, marché) sont secondarisés, régulés, contrôlés ou exclus de certaines sphères. Il serait plus juste d’assumer un socialisme ou un communisme écologique, la répugnance à le faire suggérant que l’auteur mesure le faible attrait actuel des attitudes anticapitalistes, mais ne veut pas en tirer les conséquences. Malgré ces critiques, de nombreuses propositions sont intéressantes.

    •   Alain Grandjean   19 septembre 2017 à 7 h 06 min

      @anthropobouy, merci beaucoup pour vos observations, j’y réponds rapidement
      certaines de ces remarques sont liées au fait que je n’ai développé/ chiffrés / documenté certains points, etc. Je voulais ne pas aller trop loin dans un premier temps pour limiter la taille et aller à l’essentiel.
      -Page 7 => opposer une réalité à une hypothèse.
      Ce n’est pas exactement le cas. Dans le domaine de l’agriculture, les chiffres existent déjà sur les dommages liés au mode agricole actuel notamment en terme de désertification et d’appauvrissement des sols. Il s’agit simplement de continuer les tendances et de voir ce qu’elles donnent en termes d’alimentation.
      -Page 7 => citation de piketty
      La citation de piketty dans la note est bien celle écrite dans l’article du Figaro; mais je l’avais trouvé de mon côté assez claire.
      -Page 9 : oK, je vais chercher .
      -Page 11 : le consentement à payer pour les « services à la personne  » me semble au contraire assez élevé. La question est plutôt d’avoir les moyens.
      -Page 12-14 : On se concentre sur le climat car l’objet est de faire un rapport rapide. Concernant le diag écologique général, j’ai renvoyé à l’annexe 1 qui est plus complète.
      « les premiers tueurs de la biodiversité ne sont pas liés au climat loin de là ». Je suis bien d’accord, d’après le Millenium ecosystem assessment en effet c’est destruction d’habitat, surexploitation de la ressources, pollutions, espèces invasives et les effets du changement climatique ( ça dépend bien sûr des régions). Je rajouterais juste que si on considère la destruction d’habitat et la surexploitation de la ressources, la question énergétique est évidemment très pregnante (on détruit avec des machines ou via le feu pour construire des villest et des infra de transport, on surexploite les ressources avec des bateaux géants, des machines pour les forêts et les mines etc.); du coup destruction biodiv / impact climat sont liés à l’énergie fossile. Même pour l’agriculture c’est assez clair: le modèle de production actuel destabilise le climat + détruit la biodiv.
      Page 16 : la « naïveté » est due à la rapidité du propos; au fond je ne crois pas au bon sauvage ni à l’inverse; voici un livre qui analyse des peuples premiers vivant sans détruire leur environnement : « Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes », Sabine Rabourdin, 2005

      Page 20-27 : long débat, je n’ai pas de répugnance sur les termes, mais je pense que le terme capitalisme régulé, si on y arrive, permet de signifier qu’il y a bien place pour l’initiative individuelle, et l’entreprise
      par ailleurs je crois important de faire comprendre « au monde des affaires » qu’il est souhaitable vraiment, d’accepter des limites maintenant.
      bien à vous . AG
      ag

  2. Bravo Alain pour cet article plein d’intérêt qui aborde de très vastes sujets.

    Sur le fond, à mon avis, la plupart des mesures préconisées dans ton texte dépendent pour leur réalisation de décisions gouvernementales qui ne verront pas le jour – sauf exception, je l’espère – parce qu’elles ne sont pas dans la ligne de la politique actuelle des pays dits développés, politique pro-capitaliste soutenue par les plus grandes fortunes. D’où la devise actuelle des entreprises : faire du fric à tout prix.

    Bien sûr, le capitalisme est responsable des maux actuels, non seulement dans son œuvre de destruction de la planète comme tu le dis si bien, mais aussi à terme – et je le pense vraiment – dans la destruction de notre civilisation par la surpopulation et l’utilisation insensée de l’arme atomique. Le désespoir des jeunes de plus en plus nombreux sans avenir est également un facteur de troubles sociaux de grande dimension.

    A propos des réformes comptables que tu préconises page 24, je suis très dubitatif. Tu sais que je suis comptable de formation et je sais que la précision de la comptabilité réside justement dans l’enregistrement d’opérations exactes ou présumées sincères (provisions, notamment). Les experts ne peuvent ignorer les positions arbitraires prises pour le calcul des provisions pour dépréciations des titres (cf. Bilan consolidé de la FED (Mortgage Back Securities), de la BCE et des BCN (titres souverains chypriotes et grecs). Alors vouloir introduire des éléments estimés tels que le capital naturel et le capital humain relève à mon sens de l’imaginaire dès lors que les politiques vont vouloir imposer leurs vues dans les estimations.

    En ce qui concerne le PIB qui ne fait qu’enregistrer des transactions effectives, je pense que la solution réside dans l’intervention de l’Etat, seul capable d’apporter de nouvelles transactions en matière de protection de la nature et de l’environnement. Je crois que la croissance du PIB est nécessaire, mais un PIB d’une autre qualité structurelle grâce à la régulation de l’Etat. Et puis un fait important qui passe inaperçu : le PIB est égal au Revenu National, ce qui veut dire que si l’on veut réformer, on est soumis à des contraintes de répartition de revenus.

    Je terminerai par une idée que je creuse actuellement : c’est la dette. D’abord si l’on s’est endetté (hors opérations purement financières), la monnaie correspondante est forcément quelque part ! A mon avis,

    1 – Elle est pour partie dans les parkings monétaires (dont j’ai parlé il y a déjà une quinzaine d’années dans nos réunions) neutralisée par le système, ce qui est confirmé par la BoE dans son bulletin du 1er trimestre 2014  » les banques ne prêtent pas l’argent des dépôts de leurs clients ». Elle est constituée par l’épargne bancaire à terme (DAT) des agents non bancaires (M2-M1 + P1).
    2 – Elle est pour une seconde part entre les mains des hauts revenus qui évidemment ne placent pas leur argent dans les livrets A et LDD. Elle provient de l’épargne des hauts revenus.
    3 – Elle est enfin pour le solde (sauf erreur ou omission de ma part) à l’étranger, en règlement de notre déficit extérieur : 370 milliards € sur 10 ans (cf. Insee 2007 à 2016).

  3. […] Le capitalisme est-il responsable… de la destruction de la biosphère et de l’explosion … […]

  4. Merci pour ce riche panorama lu avec beaucoup d’intérêt et rempli de références pour aller plus loin. A problème complexe, solution complexe… mais en retenant le terme de capitalocène, on facilite la bonne direction pour avancer.

  5. Merci Alain pour ta contribution (ce doit être la première que je lis sur ce sujet de ta part).
    Je n’ai pas (encore) lu les 36 pages, mais partageant assez les critiques de Anthropocène mon amour alias Anthropobouy, et malgré tes réponses, je reste sceptique.
    Et je résumerais ainsi mon point de vue : le capitalisme n’est qu’un catalyseur de la « nature humaine à consommer » : de la même façon la publicité catalyse la consommation que l’hostilité de la nature et le mimétisme social suffisent amplement à susciter.
    J’aurais pourtant aimé tordre le cou une fois pour toute au capitalisme. Mais pour cela je me pose plutôt la question de la démocratie qui se débarrassera du capitalisme si elle estime que l’on a plus à y perdre qu’à y gagner collectivement et sur le long terme. Autrement dit : comment susciter l’envie de TOUS les concitoyens de PARTICIPER activement aux choix collectifs. Et le cas échéant, cette participation doit être rendue obligatoire d’une manière ou d’une autre, si ce n’est par un contrôle de la qualité (difficile) ou au moins de la quantité. Aussi ne peut-on envisager de rendre que tout adulte (voire enfant) participe à ce travail d’intérêt général selon un volume annuel minimal, une sorte d’impôt ! Se pose ensuite le problème des frontières nationales : les transnationales – et leurs intérêts – sont encore rattachées à un Etat. L’après-capitalisme (communisme ?) est-il possible dans un seul état ?
    Après on peut aussi discuter de la mise en oeuvre de tous les autres outils démocratiques déjà éprouvés, en des temps reculés (athènes) ou en des espaces contemporains voisins (R.IF., votation, scrutin proportionnel, vote par valeur, conférence de consensus,, révocation des élus, ….), voire d’autres outils à inventer.

    _______________
    * Au sujet de l’hostilité de la nature et du besoins de confort, comment expliquer que tant d’espèces animales puissent se domestiquer (= privation de leur liberté pour le confort d’être nourri et logé) aussi facilement. Les animaux obèse n’existe d’ailleurs que domestiques. Nombreuses domestications sont certes obtenus par imprégnation à l’homme dès leur naissance mais pas toujours.

    • Bonjour Alain,
      Votre site est très agréable de lire.

      Je vous écris toutefois pour vous proposer une petite critique.

      La thèse soumise est que l’accumulqtion est responsable de la destruction de la vie sur Terre.

      Ce n’est pas inexacte mais insuffisant.

      On trouve cette même destruction, extrêmement accélérée, mais sans tellement d’augmentation des inégalités, dans un pays comme Madagascar.

      Là-bas, on pourrait dire que c’est le refus de changement de mode de production qui produit un écocide qui s’achèvera, sera entièrement réalisé en 2050, ou un peu avant.

      En gros, ce refus de changement consiste à une société qui refuse d’accumuler/investir.

      Dans cette société, dont la population est passée de 5 millions à 27 millions en quarante ans, l’environnement ne peut supporter les prélévements.

      Madagascar est intéressante : les choses vont un peu plus vite que dans le restant du monde, et il y a moins de paramètres.

      Finalement Madagascar mesure l’effet de l’accumulation de la seule anthropomasse dans le système, à technologie et demande de biens et services égaux.

      D’un autre côté, tout ce qui est fait à l’échelle planétaire -du glyphosate à l’énergie nucléaire – est fait pour alimenter une population humaine croissante.

      Dans un reportage vu sur Arte, il y a quelques temps, j’ai entendu un habitant des steppes russes déclarer :
      – Oh je serais heureux que des chinois remplacent, comme voisin, les ours.

      Habitant un région humide, hier j’ai entendu une voisine demander que les ragondins et les moustiques et les poules d’eau (elles crient), soient éradiqués autour des habitations.

      Le fait que l’on se dirige vers un monde où la seule espèce vivante subsistant serait l’homme est en route.

      Mais c’est loin d’être seulement une conséquence économique.

      Dominique

    • Bonjour Alain,
      Votre site est très agréable de lire.

      Je vous écris toutefois pour vous proposer une petite critique.

      La thèse soumise est que l’accumulqtion est responsable de la destruction de la vie sur Terre.

      Ce n’est pas inexacte mais insuffisant.

      On trouve cette même destruction, extrêmement accélérée, mais sans tellement d’augmentation des inégalités, dans un pays comme Madagascar.

      Là-bas, on pourrait dire que c’est le refus de changement de mode de production qui produit un écocide qui s’achèvera, sera entièrement réalisé en 2050, ou un peu avant.

      En gros, ce refus de changement consiste en une société qui refuse d’accumuler/investir.

      Dans cette société, dont la population est passée de 5 millions à 27 millions en quarante ans, l’environnement ne peut supporter les prélévements.

      Madagascar est intéressante : les choses vont un peu plus vite que dans le restant du monde, et il y a moins de paramètres.

      Finalement Madagascar mesure l’effet de l’accumulation de la seule anthropomasse dans le système, à technologie et demande de biens et services égaux.

      D’un autre côté, tout ce qui est fait à l’échelle planétaire -du glyphosate à l’énergie nucléaire – est fait pour alimenter une population humaine croissante.

      Dans un reportage vu sur Arte, il y a quelques temps, j’ai entendu un habitant des steppes russes déclarer :
      – Oh je serais heureux que des chinois remplacent, comme voisin, les ours.

      Habitant un région humide, hier j’ai entendu une voisine demander que les ragondins et les moustiques et les poules d’eau (elles crient), soient éradiqués autour des habitations.

      Le fait que l’on se dirige vers un monde où la seule espèce vivante subsistant serait l’homme est en route.

      Mais c’est loin d’être seulement une conséquence économique.

      Dominique

    • Merci Dominique pour cet excellent illustration avec Madagascar.
      Eradiquer le capitalisme est une condition nécessaire mais pas suffisante, hélas. Son éradication est rendue nécessaire parce que les moyens financiers des plus gros permet de tordre le cou à la démocratie : corruption, chantage à l’emploi, crises récurrentes, dumping international, … Car une chose est sûr, la lutte des classes, même si la frontières est bien plus flou aujourd’hui que du temps de Marx, reste d’actualité, les intérêts de la grande majorité des humains (les « prolétaires » dirait N. Artaud) et les 1-10% les plus riches (souvent des financiers et des capitalistes, mais aussi des rentiers et des héritiers) sont contradictoires avec ceux de la plupart de ces gens là.

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