Les gels et surgels budgétaires limitent drastiquement les moyens mis par l’Etat pour financer les incitations et moyens nécessaires à la transition énergétique. Il n’est pas inutile de revisiter le dogme actuel selon lequel l’envolée de la dette publique serait le problème économique français numéro 1 justifiant l’austérité budgétaire.
Voici donc une note de Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS qui éclaire magistralement cette question, en passant en revue l’évolution des dettes publiques, le calcul du service de la dette cumulé et le détail des scénarios d’équilibres macro-économiques possibles dans une économie de marché décentralisée.
Une littérature surprenante pour ceux qui ne sont pas familiers des travaux d’économistes comme les atterrés et bien d’autres.
Alain Grandjean.
3 réponses à “La dette publique française justifie-t-elle l’austérité budgétaire ?”
On ne peut que remercier Gaël Giraud pour cet article, où la lucidité le dispute à la compétence !
En cette période où la clairvoyance semble avoir disparu des cercles dirigeants, (Economistes orthodoxes… journalistes… et autres habitués des dîners du Siècle…), il est vital de prendre connaissance de ces analyses, et de ces rappels historiques: ils sont souvent autant de « zones aveugles » du débat public dans notre pays !
L’absurdité de la politique économique que l’UE de Lisbonne inflige actuellement à tout un continent fait irrésistiblement penser a ce personnage du « Roi Lear » auquel Shakespeare fait dire, dans un soupir:
« C’est le maheur des temps: les fous dirigent les aveugles ! »
Je n’ai pu m’empêcher de copier ci dessous les passages qui m’ont paru les plus utiles; ils sont souvent… les plus éloignés de la pensée dominante !
Merci Gaël !
R Z
– Bien sûr, ces calculs sont à interpréter avec précaution dans la mesure […] Ils n’en fournissent pas moins un ordre de grandeur éclairant de la responsabilité dans la dette publique actuelle d’une certaine doxa hostile au droit régalien de frapper monnaie.
– Cette défiance à l’égard de la sphère publique n’a, de nouveau, aucun fondement analytique, ni même empirique: analytiquement,on ne voit guère, en effet, pourquoi les représentants légitimes des citoyens en charge de la gestion de l’intérêt général de moyen et long terme seraient systématiquement condamnés à un usage davantage sous-optimal du pouvoir de création monétaire que des acteurs privés qui maximisent leur intérêt privé à court terme. Empiriquement, si des épisodes d’excès de dépenses publiques ont bel et bien existé, il convient de rappeler que d’autres épisodes de gestion efficace de la planche à billets existent tout autant : qu’on se rappelle la politique monétaire de Hjalmar Schacht qui, de 1933 à 1937, est parvenue à remettre au travail six millions de chômeurs allemands sans provoquer d’inflation. Ou encore la politique monétaire ouest-européenne des Trente Glorieuses qui, sur un sentier de croissance inflationniste, a permis la reconstruction de l’Europe.
– Nous ne connaissons pas, à ce jour, d’économie industrialisée qui soit sortie de la trappe à liquidité par temps de paix.
– La contrainte énergétique indique même que, pour des régions sans ressources énergétiques abondantes comme le Japon ou l’Europe, il est probablement impossible d’amorcer une bifurcation […] sans une réduction massive de la dépendance aux énergies (fossiles) importées. Ce qui suggère, par conséquent, que la transition énergétique est vraisemblablement la seule issue qui permette aux économies européenne et japonaise d’échapper à la trappe à liquidité ou d’en sortir.
Merci pour cette excellente étude. Raymond a relevé la phrase suivante :
« Nous ne connaissons pas, à ce jour, d’économie industrialisée qui soit sortie de la trappe à liquidité par temps de paix »
Est-ce à dire que nous avons à choisir entre la transition écologique et la guerre ? La montée des dépenses d’armement dans le monde, le jeu des puissances nucléaires (Le « P5 » y compris la France) qui ne veulent pas désarmer, le livre blanc de la Défense qui vient de sortir et ne prévoit aucune réduction budgétaire ni en 2013, ni én 2014, ni en 2015 malgré la crise vont plutôt dans le sens de la guerre. Il est temps d’être plus actif pour la Paix et le désarmement mondial.
Bonjour,
Malgré mon ignorance économique, je me permettrai d’être sceptique:
1) page 13, GG semble considérer que le régime 1 (création de richesse économique) est vertueux. Or cette création de richesse vient buter sur bien des limites: défi climatique, stock de richesses naturelles(a) limités, dette environnementale insondable (b).
Autrement dit, l’augmentation du PIB est –elle vertueuse à long terme ?
2) Comment faire comprendre à nos créancier qu’on va les « léser » par création monétaire alors que les français possèdent confortablement 4000 milliards d’épargne, soit 2 fois la dette publique, grâce à un déficit coutumier des recettes de l’état ?
3) Une guerre n’est-elle pas économiquement en quelque sorte une imposition démesurée permettant d’extraire des moyens considérables dans la richesse privée?
Cordialement,
jp
(a): http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/05/08/rarefaction-des-metaux-demain-le-peak-all/
(b): http://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_de_l%27Holoc%C3%A8ne