« L’association CarbonTracker a sorti une étude (et une carte interactive) du risque pesant sur la capitalisation fossile des places financières du monde, qui peuvent perdre les milliers de milliards investis en recherche pour des énergies fossiles qui ne pourront pas être brûlées en cas d’accord sur le climat.
Le rapport montre bien, s’il était encore besoin, les enjeux financiers gigantesques et l’intérêt des lobbies à contrer les politiques publiques de lutte contre le changement climatique, se persuadant, ou essayant de faire croire, qu’il n’y a pas de limite aux émissions de CO2.
Les auteurs du rapport Carbon Bubble 2013 concluent qu’un objectif moins ambitieux de limitation du réchauffement, à 3°C par exemple, poserait bien plus de risques à nos sociétés et à nos économies (par les catastrophes qu’il engendrerait), qu’une transition énergétique appropriée (qui au contraire stimule l’économie par l’innovation, ndlr).
L’objectif du rapport est d’inviter les banques et les fonds d’investissement à tenir compte du risque climatique dans leurs stratégies financières et d’inciter les institutions publiques à la clarification des mesures contre les émissions de gaz à effet de serre. »
L’étude : (en anglais)
3 réponses à “Une étude intéressante sur le capital perdu”
Personnellement, et même si actuellement tout ce qui ramène le problème sur la table est sans doute bon à prendre, je trouve l’approche de cette étude quelque peu pour ne pas dire très, spécieuse.
– Partir de l’hypothèse que comme par miracle des réserves possibles ne seraient pas développées sur décisions gouvernementales (ou inter gouvernementales), quand à l’heure actuelle on ne se gène en rien pour les sables bitumineux, ou que les royalties seront sans doute baissées pour relancer l’Alaska et la mer du Nord.
– De là suggérer que la valeur des entreprises extractrices serait la plus à risque, en laissant plus ou moins supposer qu’à côté ça continue à rouler, quand le renchérissement des hydrocarbures est en général plutôt favorables aux extracteurs, et défavorables aux gros utilisateurs.
– le chapitre CCS et le reste, laissant supposer que l’approche « carbon trading » est conservée, et non une approche plus basique « taxe au volume sur le contenu énergétique des hydrocarbures, ou leurs émissions de co2 correspondantes ». Car ne pas oublier que le CCS cela veut aussi dire une baisse de 30 ou 40% d’efficacité et donc accélération correspondante de la consommation de ressources (et aussi pollutions minières et autres allant avec). Et il s’agit ici d’industrie lourde : capturer, pousser, pomper des tonnes, construire des CO2ducs, pas de progrès à la « loi de Moore » à attendre.
A ce sujet la mesure côté aval, déchets ou merde, en retirant ce qui est caché sous le tapis, très bien, mais cela finit semble-t-il par fausser certains raisonnements.
Et les Chinois sont par ailleurs assez clairs à ce sujet :
« Second, Carbon Capture and Storage is the best hope to reduce carbon emissions from fossil fuel power generation in the world, is facing some fatal problems, including lack of some integrated commercial demonstrations, increasing total costs, falling energy efficiency, lack of legislation support and low public acceptance. »
http://www.theoildrum.com/node/9608
bonjour yt75
La question du CCS pose débat et est en meme temps à l’origine de bcp de recherches (on cherche du cote du stockage geologique, des bactéries, des algues, des minéraux (silicate de calcium et de magnésium présents dans la péridotite en particulier), de la chimie…).Je pense que nous avons intéret à accélérer la recherche et le développement dans ce domaine. Mais à ce stade il y a bcp d’incertitudes.
Concernant vos premières remarques je ne suis pas sûr de bien les comprendre. L’étude met en évidence un risque et essaie de le chiffrer pour un secteur d’activité. il est évident qu’il y en a d’autres dont principalement le transport très dépendant du pétrole à ce stade.
Et on est bien d’accord que pour le moment les gouvernements ne se sont pas sérieusement engagés dans la lutte contre le chngt climatique. Mais ce n’est une raison pour désespérer ni pour faire comme si c’était impossible!
bien à vous
AG
bonjour AG,
Comment dire …
Le 29/11/2011 , on pouvait lire dans une tribune du Monde intitulée « Réussir la transition énergétique », et signée François Hollande, le paragraphe suivant :
« Après le drame de Fukushima, tandis que les réserves de pétrole s’amenuisent et que nous avons l’obligation écologique de réduire nos consommations de CO2, la France doit réussir la transition énergétique. Avec lucidité et volonté. Il s’agit de sortir progressivement du tout-pétrole pour les transports et du tout-nucléaire pour l’électricité. »
http://abonnes.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ARCHIVES/archives.cgi?ID=91c9dc6c52d0e3b155f5ef713b96a7bd91a1fb747edcaab5
Qu’il s’agisse de la part de l’auteur d’une erreur, typo, lapsus écrit, n’a pas forcément beaucoup d’importance, mais est je trouve assez symptomatique d’espèces d’inversions permanentes dans le discours énergie/climat.
C’est un peu comme la « mode » des « externalités » en économie autour de ces sujets : il faut inclure le « coût » pour la société dans l’utilisation par celle-ci de certaines ressources naturelles, très bien.
Mais quid des « internalités », ou autrement dit : quel est le coût pour la société actuelle et future du fait d’avoir simplement utilisé ces ressources naturelles ?
Cela on n’y touche pas vraiment, et il faut dire que l’économie a un certain passif à ce sujet, « Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques »(Jean-Baptiste Say) par exemple.
Et ne pas y toucher est assez compréhensible, car si on s’y essayait, que pourrait-t-on dire d’autre si ce n’est que « ce coût est infini », ou alors en venir à des arguments « raisonnables » du type « il est raisonnable de consommer tant de cette chose cette année », mais pourquoi pas « tant/2 » ou « tant*2 » ?
Enfin bref, de manière plus prosaïque et pour le CCS, si les évaluations donnent autour de 30 ou 40% de pertes de rendement (et des calculs de type « enveloppe théorique » basés sur les tonnes à bouger/pomper/stocker doivent être possibles) est-t-il vraiment « raisonnable » d’en parler autant ?
Car ce dont on parle c’est bien du fait que pour deux collines explosées dans les Appalaches, on en exploserait une troisième ou troisième et demi pour pousser les déchets sous le tapis (et coller une étiquette verte sur l’énergie extraite des deux premières).
D’autre part on peut raisonnablement énoncer que toute l’infrastructure de captation/transport/stockage de ce CO2 ne serait d’aucune utilité « fonctionnelle » pour la société.
On remarque aussi que cela se « marie » bien avec les notions de « marchés du CO2 », à l’inverse de bêtes taxes sur le contenu énergétique (la partie utile) des carburants par exemple.
Tout cela pour dire que la première priorité devrait rester à mon avis côté consommation, à travers l’adaptation des produits infrastructures modes de vie, et cela tout autant pour l’aspect CO2 que ressources.
(et en restant dans une approche « continuiste », comme dirait Cochet, même si il considère le point de vue « discontinuiste » comme plus probable maintenant).
Que l’on ne soit pas capable de simplement qualifier la crise actuelle comme étant avant tout un choc pétrolier est quand même hallucinant.
http://iiscn.files.wordpress.com/2013/05/bp-oil-price.jpg?w=849&h=765
bien à toi (pour un peu de tradition)
yt