Peut-on se passer de nucléaire en France ?

17 janvier 2020 - Posté par Alain Grandjean - ( 20 ) Commentaires

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Installation nucléaire de Pierrelatte, le 25 novembre 2011 (WITT/SIPA)
Credit : Installation nucléaire de Pierrelatte, le 25 novembre 2011 (WITT/SIPA)

Créer ou non un parc de nouveaux réacteurs nucléaires constituera, dans les prochaines années, un choix majeur pour l’avenir énergétique de la France.  Le parc existant a produit sur 19 sites 380 térawattheures (TWh), soit 380 milliards de kilowattheures (kWh) par an ces dernières années. Il est prévu de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité. Indépendamment de toute décision politique, les centrales existantes ne pourront pas être prolongées indéfiniment. Par ailleurs, l’exigence de réduction des émissions de CO2, et donc d’utilisation directe de combustibles et carburants fossiles dans les bâtiments, l’industrie et les transports conduira à une électrification accrue des consommations d’énergie dans ces trois secteurs, y compris une électrification de la production de l’hydrogène et une accentuation de son utilisation dans l’industrie et peut-être d’autres secteurs. La question du « 50 % de nucléaire » n’est donc pas « comment y aller », mais plutôt « faudra-t-il rester 
à ce niveau ? », ce qui impliquerait de construire de nouvelles centrales – décision à prendre en 2025 au vu des délais de construction. Dans un article de la lettre d’Enerpresse Le Quotidien de l’Energie (n°12491 – 16/01/20), nous comparons avec François Lempérière (Président d’Hydrocoop) et Cédric Philibert (ancien analyste à l’Agence Internationale de l’Energie) une option produisant vers 2050 environ 350 TWh/an d’énergie nucléaire avec une option les remplaçant par 350 TWh supplémentaires d’énergies renouvelables. Quels seraient les impacts éventuels de ces décisions sur les coûts et risques nucléaire, les émissions de CO2 et l’environnement, l’économie et l’emploi ?

> Télécharger l’article

Erratum du 22 janvier 2020
Grâce à nos lecteurs attentifs nous souhaitons corriger quelques erreurs qui se sont glissées dans le texte.
-P6 du PDF (ou 14 selon pagination enerpresse) : remplacer « Cette production nucléaire réduirait de moitié la production d’énergie éolienne ou solaire de l’option non nucléaire
 » par « Cette production nucléaire réduirait de 59% la production d’énergie éolienne ou solaire de l’option non nucléaire «
-P 8 du PDF (ou 16 selon la pagination Enerpresse) : remplacer « La différence entre les deux options est principalement la différence d’impact entre 200 et 250 TWh d’énergie éolienne. » par « La différence entre les deux options est principalement la différence d’impact d’environ 330 TWh (520TWh-190TWh) d’énergie éolienne. »

Les réponses aux commentaires et questions suscitées par cet article et par le suivant sur les ENR électriques (que ce soit ici ou sur les réseaux sociaux) feront l’objet d’un nouveau billet de blog sous forme de questions réponses.

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20 Responses to “Peut-on se passer de nucléaire en France ?”

  1.   Thierry Caminel   19 janvier 2020 à 12 h 11 min

    Bonjour Alain,

    Je pense que vous sous-estimez grandement l’acceptabilité d’un système énergétique basé sur des EnR (éoliennes « industrielles », lignes THT, STEP, smart-grids …), y compris dans le mouvement écolo. On le voit absolument partout en France, où tous les projets sont combattus, et même en Allemagne, où l’éolien terrestre en en crise, et qui doit payer très cher l’enfouissement des lignes.

    En conséquence, ne pensez-vous pas que, si on réduit la part du nucléaire, celui-ci sera essentiellement remplacé par du gaz, qui est une énergie beaucoup plus consensuelle, et dont le développement est soutenu en Europe (malgré le fait que les fuites de méthanes la rendent aussi impactant pour le climat que le charbon ?) ?

    C’est, me semble-t-il, ce qu’on voit se passer en Allemagne, où ils ont en construction ou en projet 30 centrales au gaz, un gazoduc et un port méthanier. En ajoutant le renforcement du réseau, ça fait un coût pour rendre le système pilotable bien plus élevé que ce vous estimez. De plus en plus d’analystes allemands pensent que leur transition est un échec. En quoi pensez-vous que vos propositions permettraient de faire mieux que dans ce pays ?

    Concernant les coûts également, comme celui des EnR provient en grande partie d’équipements et de matériaux importés de Chine, ne faudrait-il pas comparer avec celui de réacteurs modulaires chinois produits industriellement (ou des EnR fabriqués en Europe avec des matériaux approvisionné de façon ‘responsables’ ?)

    Concernant les déchets, je ne comprends pas en quoi le renouvèlement du parc nucléaire « augmente de 90 % le problème ». Augmenter le nombre et la taille de galeries à Bure ou ailleurs ne change que très marginalement l’installation, les risques et donc le problème (même l’Allemagne devra mettre ses déchets dans un trou). En outre, vous avez expliqué, dans un message précédent, que ce vous considérez comme un problème pouvait être largement résolu avec des réacteurs de 4° génération et des « brûleurs de déchets », et qu’il serait possible de fermer le cycle à combustible. N’est-ce pas une piste sérieuse à envisager ?

    Amicalement,
    Thierry

    •   Cédric PHILIBERT   25 janvier 2020 à 15 h 17 min

      Nos estimations incluent l’annuité de construction de 40 GW de centrales thermiques et une estimation généreuse des renforcements de réseau nécessaire, donc en quoi l’exemple allemand suggère-t-il un coût « bien plus élevé » que nos estimations?
      Plus de nucléaire augmente mécaniquement le volume des déchets à traiter – nous n’avons rien dit d’autre.

    •   THIERRY CAMINEL   25 janvier 2020 à 17 h 57 min

      Permettez moi de vous contredire. Vous écrivez que plus de déchets « augmente de 90% le problème ». Or ce n’est pas du tout évident, si on considère que le problème est l’existence même d’une installation de stockage. Si on prend par exemple le risque supposé de la stabilisation de la roche, il ne change pas significativement si on allonge les galeries, car celles-ci restent petites par rapport à la taille de la structure géologique. Et même si c’était le cas, il pourrait être minimisé par des technologies nucléaires, d’après une étude publiée sur ce site.

      Concernant l’Allemagne, force est de constater qu’elle ne prends pas la direction, loin s’en faut, d’une baisse suffisante de ses émissions de CO2 pour satisfaire ses objectifs climatiques. Lire la presse Allemande sur le sujet, ou certaines études officielles. Le renforcement du réseau y coûterait notamment plus de 60 milliards d’Euros, plus que votre « estimation » sauf erreur de ma part.

      Vous ne répondez pas à l’aspect acceptabilité sociale, qui est mon point principal, pas plus que qu’une comparaison avec EnR chinois importé et nucléaire chinois importé.

      J’ai une autre question: Le scénario négaWatt, bien plus complet et approfondis que votre étude, requiert une division par 3 de la consommation en énergie primaire, en plus de tout un tas de mesure dont l’acceptabilité sociale est discutable (sobriété, transformation des emplois, éoliennes terrestres, 2x moins de viande, récession, …). Comment expliquez vous que votre analyse soit beaucoup plus « optimiste » ?

      De manière générale, il serait intéressant, pour faciliter les comparaisons, que vous suiviez les recommendations méthodologiques sur les scénarios énergétiques publiées par le Shift Project. Par example (c’est un sujet de discussion sur ce blog avec Alain) la prise en compte des fuites de méthanes.
      Avez vous l’intention de le faire?

    • Votre méthodologie sur les 40GW de centrales à gaz est totalement bancales

      D’une part, il faudrait les mettre en rapport avec 40GW de nucléaire restant qu’on ne voudrait pas remplacer, ou avec les 63GW actuels : c’est juste ENORME, et qui nous garantit qu’une fois construite ces capacités, il n’y aura pas de futurs petits malins pour expliquer que ca sert à rien de nous encombrer du reste, et que ces 40GW de centrales à gaz peuvent nous fournir toute l’electricité dont on a besoin pourvu qu’on fasse les bonnes courbette à Vladimir et tant pis pour le CO2

      D’autre par vos annuités sont calculées (on ne sait pas trop comment, car si ces centrales sont très peu utilisées, elles doivent avoir des frais fixes importants, en + du combustible)…. puis ce cout est RÉPARTI SUR L’ENSEMBLE DE LA PRODUCTION ELECTRIQUE, au lieu des seuls MWh ENR supplémentaires, puisque l’enjeu de l’article est de les comparer au nucléaire.
      Il conviendrait donc de multiplier ce surcout à minima par 2, car il ne s’adresse qu’à 50% des KWh qui selon vos scénarios, sont ENR ou nucléaire

      En quelque sorte, vous êtes un marchand de salade qui expliquez que vous êtes moins cher que vos confrères, mais qui pour sa production fait payer ses factures par les impots et utilise du personnel municipal, là où les concurrents payent tout leur couts et les impots supplémentaires de cette escroquerie !

  2. Merci Monsieur Grandjean pour votre article très éclairant. Personnellement, j’apprécie particulièrement la manière sincère de prévenir le lecteur des estimations retenues. Il n’empêche, la démonstration y est convaincante. Du reste, il y a déjà quelques années, j’avais communiqué à votre confrère JMJ, qui en avait été quelque peu surpris, le montant du kWh crête de panneaux photovoltaïques achetés par container, et qui laissait déjà supposer la baisse quasi-continue du coût de cette énergie renouvelable. Bien sûr, l’énergie grise de production des panneaux, leur contenu en CO2, l’importation qui dégrade la balance commerciale, leur non-acceptation parfois par la population… Bref, en France, j’ai le sentiment que nous sommes souvent dans la discussion ou l’idéologie. C’est la raison pour laquelle, je trouve cette première présentation qui augure j’imagine d’une suite plus documentée, peut-être par d’autres, très pertinente.
    Nous citoyens, devrions pouvoir approuver les décisions sur des choix énergétiques nationaux basés sur un large consensus scientifique et économique, apolitique et surtout anidéologique. Nous avons déjà perdu un temps fou avec les climato-sceptiques. Quant à l’acceptatibilité sociale des éoliennes, la catastrophe australienne va sans doute faire oeuvre de « pédagogie » selon le mot de Hans Jonas.

  3.   Frederic CONROTTE   22 janvier 2020 à 14 h 31 min

    Le document est intéressant mais contient beaucoup trop d’affirmations non sourcées, ce qui nuit à sa crédibilité

  4. Bonjour Monsieur Granjean,

    Exercice difficile de prospective…. Dont le résultat dépend exclusivement des hypothèses de base.

    Certaines me paraissent ambitieuses :
    – 15 millions de véhicules électriques pour 40TWh. Au delà de ce chiffre ambitieux (externalités réalistes vis a vis des ressources naturelles?), il faut que les gens soient disposés à mettre a disposition leur batterie pour cet usage. Si risque de perte de durée de vie, risque d’avoir une batterie moins remplie, cela ne fonctionnera pas. Par ailleurs, cet artifice permets de profiter d’un stockage « gratuit » dans le scope de l’étude. Raccourci un peu rapide à mon sens. 2660kWh a délivrer par batterie (de 40kWh). Soit 66 cycles complets/an/véhicule. Soit 20% du temps (si branchée 24h/24) a réaliser cette fonction. Par ailleurs le coût de l’infrastructure de charge est aussi supporter par un « autre compte » que celui de l’étude.
    – 80GW d’éolien offshore pour 340TWh. Déjà un facteur de charge de 48% n’est pas actuellement obtenu (50% dans certains coins de la mer du nord). Actuellement les projets français tournent autour de 30-35%. Certains sites favorables pourront peut etre etre supérieurs mais pas tous! Ensuite sur le cout, les AO indiquent 7Mds€ pour 2GW, extrapolés à 80GW la facture s’élève a 280Mds€, a renouveler dans 25 ans! Sans compter également les externalités sur les ressources naturelles (cf Olivier VIDAL – CNRS)
    – 26GW d’hydro en STEP. La France compte 7GW et le potentiel est limité (Cf SIVENS). Il faudrait multiplier par 3.7 la capacité actuelle (la Chine compte 28GW). 1.3M€/MW environ soit 24.7Mds€ (durée 100ans)
    – 100GW de PV pour 120TWh. Version pas cher ça fait 100Mds€ (dont prés de 40% en déficit commercial pour importation) à renouveler tous les 20 ans (par ailleurs au bout de 20 ans les 100GW ne produiront que 102TWh). Cela n’entraîne par ailleurs pas de baisse (mais une hausse) de CO2 par rapport à l’énergie substituée (atome). Idem sur les externalités des ressources naturelles…

    Par ailleurs, comment se comporte ce modèle dans un grid européen qui s’oriente vers les mêmes configurations? Les surplus et déficits d’énergies apparaîtront en même temps (nuit à 1h pres, dépressions sur toute la façade européenne) et les échanges d’énergies ne fonctionneront pas (évacuation du surplus éolien ou PV?).

    Enfin, sans l’éolien terrestre, le parc de mobilité électrique, l’adaptation de l’infrastructure réseau, les adaptations des bâtiments pour accueillir le PV (les structures actuelles ne supportent pas +20kgs/m²!), le coût d’une industrie hydrogène a base de 100% d’électrolyse (actuellement 95% basée sur le fossil) , l’ardoise monte déjà à 404Mds€ (on peut faire x2 pour le grand total…), dont 380Mds€ à renouveler dans 20-25 ans.

    De ma lorgnette, on frôle le doux rêve…. Pour quel objectif? Moins de CO2? Un peu mais surtout grâce à la mobilité électrique. Car le mix envisagé ne fera pas mieux que l’actuel avec le risque bien présent de rupture d’approvisionnement. Et ça personne n’est prêt à l’entendre (même a s’effacer beaucoup). Je comprends que l’objectif c’est moins de nucléaire. Est-ce le combat du climat ? j’en ai pas l’impression…

    Dans la « vraie vie », les ENR seront complétées en backup par du gaz russe provenant du nouveau Nordstream germano-russe. Même que des aides du green deal seront prévues!

    Bien trop d’hypothèses et de paris sur la techniques et sur les changements de comportements (réduction de consommation, effacements, acceptation, argent disponible, ressources naturelles suffisantes)… Nous n’avons pas de plan B pour rappel 😉

    •   Cédric PHILIBERT   25 janvier 2020 à 15 h 23 min

      Le facteur de capacité des éoliennes maritimes comme terrestre ne cesse d’augmenter grâce aux évolutions technologiques qui font plus que compenser la baisse de qualité des ressources à mesure que les meilleures sont exploitées. Remplacer du solaire au bout de 25 coûte incomparablement moins cher que créer une installation nouvelle, on remplace essentiellement les modules et onduleurs, on garde l’emplacement, les supports, les connections, etc. Nous envisageons 15 GW de step, pas 26. La projection sur les VEs est celle de RTE. Le mix actuel est fondé sur des centrales nucléaires qui ne dureront pas indéfiniment.

    •   Julien GLAIZAL   2 février 2020 à 1 h 18 min

      Bonsoir,

      Facteur de charge :

      Allemagne 2019 :
      – éolien terrestre : 22%
      – éolien offshore : 36%
      – PV : 10%

      Danemark 2019 :
      – éolien terrestre : 25%
      – éolien offshore : 41%

      France 2018 :
      – éolien terrestre : 21%
      – PV : 13,7%

      France hypothèses retenues dans l’étude :
      – éolien terrestre : 28,5%
      – éolien offshore : 48,5%
      – PV : 13,7%

    •   Julien GLAIZAL   2 février 2020 à 2 h 36 min

      Il y aurait pourtant un autre scénario, jamais étudié et on se demande bien pourquoi si le but affiché est la décarbonation quasi complète de notre système de production électrique : un scénario à 90% nucléaire.

      Donc 650 TWh de consommation/production envisagée en 2050, dont 60 TWh assurés par l’hydraulique sous différente forme.

      Reste 590 TWh, pouvant être couverts par 45 EPR de 1,65 GW de puissance (74 GW de puissance pour le parc), réacteur au facteur de charge prévu de 90%. Rappelons que le facteur de charge de l’ensemble du parc nucléaire US (pourtant vieillissant) est de près de 96% (!) en moyenne ces dernières années, par conséquent ça n’a rien d’impossible ni de révolutionnaire.

      L’émission du nucléaire en ACV est en France de 6gr EquCO2/KWh. Il est de 11gr EquCO2/KWh pour l’éolien, de 48gr EquCO2/KWh pour le PV (source ADEME).

      Donc nonobstant l’émission du parc hydrau qui serait équivalent dans les deux cas, celui du parc nucléaire en ACV serait pour 590 TWh de 3,5 millions de tonnes de CO2/an.

      Comparons à présent avec une production assurée dans l’hypothèse par 120 TWh de PV + 520 TWh d’éolien (offshore/inshore). Total émission 11,5 Mt de CO2/an. En comptant les 15 Mt des backup fossiles prévus, cette option rejette par conséquent – et a minima – 23 Mt de CO2/an supplémentaires que l’option 90% nucléaire.

      Quant au coût je rigole : une série de 45 EPR, avec l’économie d’échelle attendu, devrait sortir aux alentours de 8 milliards d’€ l’unité (les Chinois l’ont sorti à 6 milliards, y a de la marge…). Soit 360 milliards, pour un investissement de 60 ans minimum. Un chiffre qui n’impressionne que les gogos, compte tenu du service rendu en regard et surtout comparativement aux autres options.

      Car je me pose définitivement une question : si les ENRI étaient si compétitives – à service rendu égal – pourquoi diable le coût du KWh dans TOUS les pays européens qui ont le plus investi dans cette voie, (je pense à l’Allemagne et au Danemark), est systématiquement le plus cher sur le continent et près de 2X plus cher qu’en France…?!!

      Aussi pourquoi diable devoir subventionner à milliards chaque année partout en Europe des énergies qui seraient si bougrement compétitives…?!! Il y a là une logique qui m’échappe.

  5. Merci Monsieur Grandjean pour cet article très documenté.

    J’ai récemment visionné l’intégralité du cours « Energie et changement climatique » de Jean-Marc Jancovici aux Mines de Paris, qui n’apporte pas cet éclairage et insiste principalement sur les risques induits par l’intermittence des sources d’énergies renouvelables. Il serait sûrement utile d’intégrer à ce cours le résultat de vos études.
    Je cite : »l’analyse rationnelle montre clairement que c’est au nucléaire neuf de faire ses preuves face aux énergies renouvelables et non l’inverse »

    Sur le développement des véhicules électriques, je reste interrogatif devant les prévisions (15 Millions de véhicules électriques ou hybrides) en raison de la faible autonomie en mode électrique + temps de recharge, qui va conduire les hybrides à fonctionner en mode thermique sur les longs trajets, sauf si les boosters hydrogène se développent.

    Bien cordialement.

    Jean

  6. Bonjour,
    Je suis très étonné par cette étude. N’ayant hélas aucune compétence scientifique, il me semble néanmoins qu’elle part de données systématiquement favorables aux EnRi et défavorables au nucléaire. Par ailleurs, trancher en quelques pages un débat aussi complexe me paraît pour le moins un peu léger. Au moins les scénarios negaWatt et Ademe annoncent-ils clairement la couleur: le principal ennemi n’est pas le climat mais bien le nucléaire. A preuve (pour negaWatt sauf erreur): sortie du nucléaire en 2035 (demain matin…) et des fossiles en 2050.
    Quant à la fameuse proportion des 50%, je n’arrive toujours pas à savoir comme elle est justifiée, sinon par un effet d’annonce purement politique. Je trouve ainsi les propos d’Elisabeth Borne (je n’ai pas dit bornée…) absolument atterrants, et je me sens moins seul:
    https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/01/20/nucleaire-elisabeth-borne-nest-pas-raisonnable/
    Serait-il possible de connaître l’opinion de Jean-Marc Jancovici sur cette étude?
    D’avance, merci.
    Cordialement.

  7. Bonjour Monsieur Grandjean,

    Merci pour cet article très intéressant (comme souvent sur votre blog :-) ), je cherche à bien comprendre le sujet et j’ai donc quelques questions/remarques :

    · Les EnR sont ici dimensionnées à partir de la conso annuelle et du passage de la pointe mais on oublie une partie indispensable du dimensionnement du mix électrique il me semble à savoir l’équilibre horaire. Exemple, le 7 février 2012, tout le monde a en tête que la pointe de conso a dépassé les 100 GW, mais ce que moins de monde a en tête, c’est que la conso a été supérieure à 90GW pendant 13 heures de cette même journée (source : Eco2Mix), ce qui change tout.

    o En particulier, les exemples de batteries de grandes tailles peuvent stocker en général pour environ une heure de leur puissance max. Cf. batterie géante de Tesla en Australie qui fait 100 MW pour 129MWh de stockage, le tout pour environ 50M€ (https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-mega-batterie-australienne-de-tesla-sur-la-voie-de-la-rentabilite-140312)

    o D’ailleurs, dans l’exemple d’Afrique de Sud mis en avant dans l’article, on remarque que pour mettre de côté la problématique de gestion horaire des EnR, il faut faire quasiment x2 (100GW->180GW) sur la puissance EnR installée, ce qui ne semble pas être fait dans le cas de l’application à la France

    · Dans le même ordre d’idée les facteurs de capacité garantie de l’éolien me semble optimistes, en particulier sur le offshore (qui va constituer l’essentiel de la prod EnR dans votre article). Si l’on prend un petit aperçu de la production éolienne offshore en Allemagne fin février 2019. Le maximum est à plus de 3GW et on passe une bonne partie du temps en dessous des 300MW, donc prendre pour hypothèse que 30% de la puissance est garantie pour la pointe semble en décalage au regarde du réalisé, non ?. Source : https://www.energy-charts.de/power.htm?source=wind-offshore&year=2019

    De même aux UK où l’ensemble du parc Off-shore a 43% du temps un facteur de charge inférieur à 30 % (source : https://energynumbers.info/uk-offshore-wind-capacity-factors). 30% représente donc plus une médiane qu’une minimum jugé garanti.

    · Le problème des métaux est considéré comme négligeable alors qu’il ne me semble pas anondin, avec une consommation de matériaux entre 10 et 100 fois supérieure au nucléaire (cf. analyse de ministère de l’énergie US, page 390, https://www.energy.gov/sites/prod/files/2017/03/f34/qtr-2015-chapter10.pdf). Pour permettre une décarbonation du mix électrique mondiale, les EnR seront déjà très largement mises à contribution, instaurant une pression importante sur les matières premières et démultipliant les exploitations minière. Pousser ce choix aussi en France alors que nous avons une alternative moins consommatrice est-elle vraiment souhaitable d’un point de vue durabilité et environnementale ?

    · Tout ce qui concerne la balance commerciale mériterait probablement une nuance il me semble : soit les EnR sont produites en Chine (essentiel des PV et une partie grandissante de l’éolien) et dans ce cas c’est mauvais pour la balance commerciale, soient elles viennent de France et dans ce cas-là il faudra probablement revoir à la hausse les hypothèses de coût sur ces technologies.

    · Le fait de pouvoir faire des STEP à un coût raisonnable est loin d’être garanti. Si ce n’est pas cher c’est probablement que l’emplacement est une vallée naturelle mais dans ce cas il y a un risque de forte opposition (cf. annulation de la construction du barrage de Sivens en 2015 https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Sivens), soit c’est tout artificiel (bordure de falaise) et alors cela risque de coûter bien plus cher a priori.

    · Le problème de l’acceptabilité d’autant d’éoliennes mériterait discussion (https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/maine-et-loire/region-50-associations-et-personnalites-demandent-un-moratoire-sur-l-eolien-en-pays-de-la-loire-ff160fe4-3d36-11ea-996a-6fcc95d15511), ni du fait que les emplacements seront a priori de moins en moins bon, que ce soit pour le onshore ou le offshore (effet à quantifier).

    · Le coût des raccordements semble optimiste. RTE estime à 7Mds€ le coût pour raccorder 10 à 15 GW d’éolien offshore, ce qui donnerait de l’ordre de 50 Mds€ pour 80 GW d’éolien off-shore (https://www.energiesdelamer.eu/publications/104-sous-station/5924-rte-estime-a-7-milliards-d-euros-le-raccordement-de-l-offshore-marin-d-ici-a-2025). Si on ajoute à cela le raccordement de l’Eolien onShore (70GW) + PV (100GW) qui sont par nature des sources diffuse, le montant total sera probablement plus proche de 100Mds€.

    · Le fait de garder du thermique fossile est présenté comme négligeable car représente 0.2tCO2/français, mais malheureusement cela représente aussi 10% de l’empreinte carbone d’un français qui respecte l’accord de Paris, ce qui ne semble pas négligeable. (j’imagine que je ne vous apprends rien, la source étant Carbone 4 : http://www.carbone4.com/publication-faire-sa-part/)

    Merci d’avance pour vos réponses, je vous souhaite une bonne journée.

    Kevin

  8. Je pense que ce sujet ne devrait pas être notre préoccupation première aujourd’hui .
    Nous avons une urgence mondiale qui est le réchauffement climatique. Pour lutter contre cela, nous devons baisser notre niveau d’émission de GES, et en premier lieu les émissions de Carbone. (Je pense que je ne vous apprends rien!!)
    En France, nous avons la chance d’avoir une électricité très bas carbone (là encore, je ne vous l’apprends pas). Donc, je ne pense pas que l’urgence aujourd’hui soit de passer son temps sur ce sujet. Sujet qui attise de nombreuses tensions et dissensions dans notre pays alors que nous devons être au maximum uni pour affronter le défi qui nous fait face.
    M. Grandjean, je pense que vous devriez consacrer toute votre énergie et votre temps à traiter les vrais problèmes: Transport, Chauffage des bâtiments et Agriculture/Alimentation. Au vu de votre clairvoyance et de vos connaissances, vous serez beaucoup plus utile à notre société sur le traitement des vrais problèmes.

    P.S.: Je n’ai même pas lu l’article, car, je me répète, le sujet n’en est pas un aujourd’hui.

    •   Alain Grandjean   5 mars 2020 à 22 h 21 min

      bonjour Grégory; je passe la majorité de mon temps sur les questions relatives à la décarbonation de notre économie et sur le financement de tout cela; je me permets de vous suggérer neanmoins de lire cet article. Les 6EPR sont un sujet initié par le gvt pas par moi. et d’autre part si les français voient leur facture augmenter considérablement du fait de l’ EPR je n’y suis pour rien et ce sera un pb. On ne peut évacuer la question : quoiqu’on veuille, il faut tenir compte à l’avance de la fermeture des réacteurs actuels;rappelez vous de « leffet falaise »:on ne peut les fermer tous en meme temps
      Bien à vous . AG

    • Bonjour Mr Grandjean

      Face à l’effet falaise, rien n’oblige à fermer tous les réacteurs en même temps, car beaucoup peuvent être prolongés

      Pourquoi l’EPR ferait il flamber la facture des français ? Ca serait le cas si l’investissement était rémunéré à 8% de taux d’actualisation. Mais un tel taux d’actualisation est là pour jauger d’un risque : le risque de gagner au ou de moins gagner.
      En l’occurence, pour celui de Flamanville, ce risque est réalisé. Mais ce peut être aux investisseurs d’assumer ce risque.
      Au lieu de poser la question dans le sens :
      – « combien va couter l’électricité pour rémunérer les investisseurs à 8% ? »
      pourquoi ne pas poser la question inverse ?
      – « combien vont pouvoir être rémunéré les actionnaires si l’électricité est payé à tel prix ? »
      Compte tenu que le cout d’amortissement de l’EPR, hors actualisation, est de l’ordre de 20-30€/MWh (selon le taux de disponibilité), et qu’il faut ajouter quelques dizaines d’euros de fonctionnement par MWh, cela fait toujours moins que le prix actuel moyen de vente.
      Donc la différence, voilà ce qui doit être la rémunération des investisseurs. Et ça fera déjà une rémunération positive !

      Enfin, vous omettez dans votre commentaire que les ENR coutent très cher en + de leur cout de production. Les propres extraits des echos que vous mentionnez dans vos articles indiquent un surcout d’investissement de 80 Md€ sur le réseau d’ici 2035, pour passer de 75% à 50% de nucléaire, donc 25% d’ENRi supplémentaire.
      Avec cette même somme, on aurait pu investir dans 10 EPR, capable de produire 25% de notre électricité. Et profiter ensuite de l’électricité sur la base d’un EPR amorti, à comparer au cout de l’électricité des ENR : êtes vous sur que les ENR soient si rentables ?

    • Il y a un effet falaise dont il n’est pas beaucoup tenu compte.

      En effet, pour éviter l’effet falaise liée à la fermeture de nombreux reacteurs, on se dit qu’il faut en prolonger certains de 10, 20 à 30 ans. Il faut répartir les fermetures parmi ces différents prolongements : si on prolonge tout de 10 ans, on ne fait que décaller la falaise de 10 ans.

      Sauf que le raisonnement ne vaut que si on remplace ces moyens par du nucleaire avec une durée de vie supérieure à ces prolongements, et de manière à avoir ensuite pour l’éternité, une sorte de lissage du renouvellement.

      Mais quand on remplace les capacités perdues par des ENR, qui vont durer 20 ans, en repoussant un morceau de la falaise (par prolongement) à 10, 20 et 30 ans.
      Eh bien dans 20 et 30 ans, à quoi va-t-on être exposé ? D’une part continuer de gerer les derniers morceaux de falaise…. mais aussi renouveler ces ENRs qui n’auront duré que 20 ans…. c’est à dire un doublement du morceau de falaise.
      Bref, c’est pas très renouvelable cette histoire !

  9. […] nouveaux EPR en France, j’ai participé à l’écriture de deux articles pour Enerpresse : Peut-on se passer de nucléaire en France ? [1] (appelé par la suite article GLP) et La montée en puissance des énergies renouvelables […]

  10. […] Certains rêvent d’y parvenir avec un mix 100% renouvelable adossé à un stockage « hydrogène »… pour « tuer » le nucléaire, même s’il s’agit de tondre un chauve (à 90%) dans le secteur électrique. […]

  11.   Fourestier SH   26 juin 2022 à 19 h 18 min

    C’est trés amusant de lire aujourd’hui tous ces commentaires contre les solutions ENR, alors que RTE (filiale de EDF) a finalement sorti son étude en montrant qu’il serait extrêmement difficile d’atteindre 50% de nucléaire en 2050, et que leur scénario favori est visiblement à 34% de nucléaire (sachant que tous les industriels concernés ont participé à leur étude). Et par ailleurs, il montre qu’une solution 100% renouvelable en 2060 (pas 2050) est tout à fait jouable (donc sans nouvelle centrale), avec 15% de surcout annuel (incluant bien sûr les amortissements) par rapport à la solution 34% de nucléaire.
    Quand on sait qu’en 1999 on a failli avoir un Fukushima prés de Bordeaux (centrale du Blayais) et qu’en 2019 on a eu un séisme de 5,4 dans la vallée du Rhône et que les centrales situées à proximité (Cruas et TRicastin) sont prévues à 5,2, on se dit qu’il est qd même très difficile pour des ingénieurs de tout prévoir… vaut mieux se tromper avec des éoliennes ou des PV qu’avec une centrale nucléaire !

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