Le gouvernement a demandé en septembre 2019 au PDG d’EDF de lancer une étude visant à évaluer la capacité de la filière nucléaire à construire 6 EPR en France tout en précisant qu’aucune décision n’était prise. La ministre de l’énergie Elisabeth Borne a indiqué le 8 janvier 2020 que la décision de construire ou non de nouveaux réacteurs nucléaires EPR en France ne sera pas prise avant fin 2022. Néanmoins le débat est réouvert : est-il opportun de se lancer dans cette aventure, même s’il est clair que le nucléaire est bas-carbone ce dont nous ne discuterons pas ici ? N’est-il pas préférable d’attendre de disposer soit d’un nucléaire compétitif et sûr soit de certitudes raisonnables sur le coût du stockage de l’électricité ? Et, en attendant, de remplacer par des énergies renouvelables électrique (ENRé), les réacteurs déclassés en fonction des décisions de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN)? L’argument devenu principal contre cette option, c’est que les ENRé (non pilotables, à l’exception de l’hydroélectricité, dont le potentiel de croissance en France est faible, et du biogaz, dont la disponibilité est limitée mais qui peut être utilisé dans des centrales à gaz) coûteraient une fortune. On doit en effet intégrer dans l’addition ce dont elles ont besoin pour fournir un service équivalent au nucléaire (partiellement pilotable), à savoir un réseau électrique plus développé, des moyens de stockage complémentaires et des moyens visant à stabiliser la fréquence.
Dans un article de la lettre d’Enerpresse Le Quotidien de l’Energie (n°12498 – 27/01/20), nous apportons avec Philippe Quirion (Directeur de recherche au CNRS, CIRED) et Behrang Shirizadeh, (Doctorant au CIRED) des réponses à ces questions. Après avoir rappelé quelques ordres de grandeur relatifs au coût de production de l’électricité, nous évoquerons ceux des réseaux, du stockage et de la stabilité de la fréquence. Nous constaterons qu’à ce stade il est urgent d’attendre : ce qui est aventureux et anti-économique c’est de lancer un programme de construction de nouvelles centrales nucléaires ; c’est lui qui nous mettrait sur la paille. Nous conclurons que l’examen rationnel des faits conclut à ne pas lancer les EPR. Du fait de l’importance de la production de l’énergie et notamment de l’électricité dans notre économie, notre avenir est en jeu : ne le jouons pas sur des arguments émotionnels.
Les réponses aux commentaires et questions suscitées par cet article et par le précédant sur le nucléaire (que ce soit ici ou sur les réseaux sociaux) feront l’objet d’un nouveau billet de blog sous forme de questions réponses.
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