La crise politique de cette rentrée ne se réduit pas à une bataille d’egos, ni à un débat entre keynésiens et sociaux-libéraux. Elle nécessite une réflexion en profondeur. Les raisonnements économiques dominants sont à remettre en cause et il nous faut une nouvelle feuille de route, y compris au plan théorique. L’urgence apparente ne doit pas cacher l’essentiel : nos erreurs doctrinales de fond. La situation économique et sociale de notre pays et de l’Europe est angoissante et incompréhensible. Elle est potentiellement dramatique. Face à ce danger, un sursaut collectif est indispensable. Bien au-delà des débats politiciens, il passe fondamentalement par une profonde remise en cause des raisonnements économiques qui nous font aller dans le mur. Si les politiques de gauche et de droite sont si semblables depuis des décennies c’est qu’en fait elles sont soutenues par des conseillers influents qui se nourrissent à la même mamelle ! Il peut sembler sidérant que l’échec patent de ces politiques ne conduise pas à un changement profond. Mais c’est oublier la force des dogmes, dont l’histoire n’a cessé de montrer qu’ils pouvaient survivre longtemps aux démentis les plus cinglants apportés par la réalité. Comment faire ? D’abord, un mot sur le contexte.
La situation économique et sociale de notre pays et de l’Europe est angoissante.
Si les medias retiennent souvent le nombre de 3,4 millions de chômeurs en France, c’est probablement de 8 à 10[2] millions de personnes (sur une population en âge de travailler de 43 millions[3]) qui sont en situation difficile (pauvreté, chômage, temps partiel non choisi et/ou ne permettant pas de vivre dignement etc.). Sur bien d’autres fronts, les difficultés[4] sont très lourdes également :accroissement des inégalités sociales, pertes d’espoir dans les zones socialement sinistrées, précarité énergétique, nombre record de faillites d’entreprises[5], désindustrialisation, déficit de la balance commerciale,endettements public et privé qui semblent excessifs et toujours croissants… Enfin au plan mondial, la gravité de la crise écologique, malheureusement si bien documentée ne fait pas prendre de décisions d’ampleur suffisante, la surexploitation des ressources dans un monde en croissance démographiqueva engendrer des conflits croissants,la régulation monétaire et financière progresse très insuffisamment et le risque d’éclatement de bulle financière est très élevé. La montée mondiale des extrémismes ne peut être étrangères à ces tensions. Concernant le chômage en France, la majorité des économistes ne voient que dans la croissance (du PIB) la solution à ce drame. Rappelons néanmoins que :
- ce taux de croissance ne cesse de baisser depuis 1970.
- les gains de productivité, même s’ils sont décroissants eux aussi, continuent à opérer ; il faut donc, pour stabiliser le chômage, un taux de croissance du PIB compris entre 1% et 1,5% en ordre de grandeur. C’est ce même taux qui permettrait de faire décroître les faillites d’entreprises…
- la croissance ne se décrète pas et ne revient pas comme le beau temps après le mauvais… mais est le résultat de décisions individuelles ou collectives…
- jusqu’à ce jour, l’inconvénient majeur de la croissance du PIB c’est qu’elle engendre nécessairement une pollution lourde de conséquences (entre autres émissions de gaz à effet de serre), consommation d’énergie et de ressources naturelles pour lesquelles tous les pays du monde se battent (la planète restant obstinément finie) ; le découplage entre PIB et consommation de ressources reste un espoir mais n’est pas du tout réalisé.
- plus généralement les périodes de croissance exponentielle comme les « trente glorieuses » sont rarissimes dans l’histoire humaine et une croissance exponentielle se heurte au mur de la finitude…
- ce diagnostic n’est pas propre à la France
Il est donc à craindre que la solution rêvée n’en soit pas une, voire qu’elle soit notre problème principal ; et que du coup les problèmes sociaux liés à l’inactivité non choisie ne cessent de croître et de faire le lit des extrêmes.
La situation économique et sociale de notre pays et de l’Europe incompréhensible.
Comment comprendre que les immenses progrès scientifiques et techniques réalisés dans les derniers siècles, la profusion des analyses et des réflexions sur les problèmes économiques et sociaux, les progrès dans nos modes de gouvernance, qui sont plus démocratiques que jamais à l’échelle de l’histoire humaine, ne nous aient pas permis de résoudre ces problèmes? Vu de loin, ne sont-ils pas moins difficiles à résoudre que ceux qui ont été résolus pour aller sur la lune ? Face à ces difficultés persistantes, la doxa, « pensée unique » qui a le pouvoir en Europe se contente de déclarer « TINA » : thereis no alternative. « Persévérons dans l’effort et nous triompherons de la crise ». Ses opposants sont souvent d’accord pour refuser cette fatalité, mais rarement en phase sur le « plan B ». D’où la force de cette doxa, qui aen outre pris le pouvoir dans le monde académique. On peut constater en effet que les grandes universités et écoles internationales, les laboratoires d’économie et les revues internationales de rang 1, les livres dits de référence enseignent, font référence ou obligent à faire référence à un corpus central qui est de fait issu des théories et modélisations issues de l’école mathématique néoclassique. Même les « néokeynésiens » s’appuient dessus. Ce corpus main stream fait suffisamment autorité pour que les économistes experts conseillant les centres de pouvoir politiques (les gouvernements, la commission européenne) les grandes institutions (le FMI,l’OMC, la Banque Mondiale,la Commission Européenne, les banques centrales, etc.) soit s’en réfèrent directement, soit sont obligées de justifier lourdement (et de fait difficilement) le fait de ne pas faire immédiatement appui dessus. Les jeunes chercheurs qui veulent faire carrière s’inscrivent dans ce courant sauf rares exceptions, car leur carrière en dépend. Les modèles macroéconomiques qui permettent de tester des mesures de politique économique de faire des prévisions économiques de faire des « études d’impacts des lois » sont eux aussi très majoritairement fondés sur ce corpus. En France, le modèle Mésange, à la direction générale du trésor en est l’exemple typique…. Certes la science économique a défriché bien d’autres options théoriques[6], a fait naître bien d’autres disciplines (je pense à l’économie expérimentale par exemple). Certes l’enseignement peut être, dans certaines universités et écoles, pluriel et ouvert. Mais cette diversité apparente ne doit pas faire illusion : très majoritairement (au moins dans les pays de l’OCDE) la pensée dominante au plan économique s’inspire très directement de ce corpus central. Il faut avoir le courage de le remettre en cause, même si la tâche paraît titanesque. C’est d’ailleurs ce courage qui anime Steve Keen, dont le livre à paraître début octobre est une entreprise méthodique de déconstruction de cette pensée dominante.
Un extrait du Traité d’économie Pure du prix Nobel Maurice Allais(1943) « Alors que tant de pauvres gens souffraient de la faim, on a vu dans ces dernières années donnerdu blé à des porcs et brûler du café dans des locomotives; Alors que millions d’ouvriers ne demandaient qu’à travailler, qu’à fabriquer de vêtements et de chaussures…, on a vu de millions d’êtres aller nu-pieds et à peine vêtus; Alors que le progrès technique laisse la possibilité de l’élévation du niveau de vie de riches et pauvres on a vu des échanges bloqués, du chômage et des faillites succéder des faillites. Sans que la misère des uns augmente le bien être des autres. Circonstances paradoxales, inadmissibles; elles montrent l’existence d’un problème économique, dont la solution est fondamentale. Ce problème vital met en cause le bien être de tous les habitants du monde civilisé et de sa solution dépend le bonheur de millions et de millions d’êtres humains. » Maurice Allais sentait bien l’absurdité de la situation ; nous vivons aujourd’hui une situation encore plus absurde ! |
Je me permets donc de suggérer ici que nous tentions de refonder la macroéconomie. Il me semble plus que jamais nécessaire, même si l’urgence politique pousse à des actions plus concrètes, et ceci n’empêchant pas cela, de reprendre les grandes questions à la base. Pour cadrer cette réflexion je suggère de commencer par poser quelques « principes de méthode » et par quelques « valeurs ». Cela permettra d’orienter ce travail ambitieux ! Et comme il faut bien un début à tout, je me lance. Merci à chacun de faire commentaires, suggestions et propositions pour faire avancer le schmilblick !
Méthode
Nous faisons la promotion d’une réflexion économique :
- engagée (« voici nos recommandations compte-tenu de la situation économique actuelle ») et non purement descriptive (« voici les faits et leur interprétation ») ou normative (« voici ce qu’il faudrait faire- sous-entendu dans un monde idéal qui n’est pas le nôtre »)
- pour autant, a-politique et a-confessionnelle
- qui reconnaît la place de multiples déterminants (le comportement humain, les prix, les quantités de ressources, les croyances, les mécanismes financiers, les structures et leur taille…)
- qui donne une juste place aux chiffres et aux mathématiques : utiles pour « durcir » les raisonnements, pour faire des simulations, mais incapables de représenter la totalité des faits économiques
- en position critique par rapport :
- à la doxa néoclassique et au modèle réductionniste de l’homo economicus ou au primat du consommateur
- en recul par rapport aux modèles qui ne représentent pas bien les mécanismes monétaires et financiers, qui sont aujourd’hui essentiels dans la compréhension de la dynamique économique à plusieurs idées reçues (voir encadré)
- au PIB comme indicateur de santé économique
- qui intègrela question des ressources et services écosystèmiques et des nuisances sur l’environnement
- qui reconnaît la nécessité d’un pluralisme méthodologique
- qui fait grand cas des faits et de l’histoire économique, même si elle est par nature difficile à modéliser (l’histoire ne se répète jamais)
- qui donne la priorité à la mise en évidence des faits (des phénomènes) par rapport à la profondeur théorique
- qui soit communicable au plus grand nombre de nos concitoyens et privilégie donc la simplicité et le caractère concret sur la technicité et la difficulté
Quelques dogmes[7] ou idées reçues à remettre en cause
N.B. 1 ces « dogmes » contiennent bien sûr une part de « vérité » ; la fixation des prix se fait en général de manière plus efficace par le marché, qui est un système décentralisé, que par une autorité administrative centralisée. Le fait que les marchés ne s’autorégulent pas spontanément, n’entraîne pasqu’il faille s’en passer. Il faut juste les réguler. L’enjeu théorique et politique est de déterminer les cas et situations de régulations nécessaires. De la même manière une excessive « rigidité » du marché du travail peut être un frein à l’embauche. Mais on ne peut en déduire qu’il faut donc supprimer toutes les « rigidités » et que c’est ainsi qu’on retrouverait le plein emploi… Ce qu’il faut contester et dénoncer c’est la transformation d’idées « non infondées » en vérités absolues. Comme par exemple celle selon laquelle aujourd’hui en Europe la priorité est aux réformes structurelles du marché du travail, et à la maîtrise des déficits et des dettes, qui oblige de fait à faire ces réformes ; ce n’est aujourd’hui certainement pas la priorité numéro1 et cette politique a des effets délétères qu’il faut mettre en évidence avec force, car ils sont niés ou minimisés par la doxa. 2 L’économie engagée a forcément une dimension politique. Mais il me semble indispensable de sortir du dualisme gauche-droite si fréquent dans le débat en France. Il suffit qu’une recommandation ait été formulée la première fois par un camp pour qu’elle soit attribuée à ce camp. En général, cela veut dire qu’un raisonnement simpliste attribue les premiers effets positifs de la recommandation aux électeurs du dit camp. Les choses sont un poil plus subtiles. D’une part ce qui compte en économie ce sont des dispositifs d’ensemble (on peut compenser les effets anti-redistributifs d’une taxe carbone par un ajustement de l’impôt sur les revenus par exemple) ; d’autre part une mesure économique a des effets dans le temps : le transfert des charges sociales pesant sur les entreprises exposées à la concurrence internationale sur la TVA peut à moyen terme bénéficier aux consommateurs même si son effet de premier tour est plus favorable aux producteurs qu’aux consommateurs… 3 Il est important de redonner aux mots leurs vrais sens. Le monde capitaliste n’est pas à confondre avec le monde ultra-libéral tel que nos dirigeants s’échinent à le construire. Il faut rappeler que l’agriculteur qui fait de la polyculture dans le respect l’environnement et en pratiquant des prix justes fait fructifier son capital (ses terres, ses machines, son labeur…). Son action relève d’un système capitaliste sans pour autant s’inscrire dans l’idéologie capitaliste du XX et XXIème siècle. Le mot libéral est lui aussi source d’ambiguïtés. Plus généralement les mots comme capital, croissance, épargne, monnaie sont en économie souvent sources de confusion. |
Valeurs
Nous adoptons dans notre réflexion et dans notre pratique les valeurs suivantes :
- une économie au service de tous les hommes et les femmes (bien-être, limitation des inégalités,..) et respectueuse des biens communs, dont la biosphère
- une finance au service de l’économie (donc qui met la création monétaire publique et privée au service prioritairement de l’activité économique et non des marchés financiers)
- une économie qui s’appuie sur la délibération démocratique (pas forcément les structures actuelles de la démocratie parlementaire) et prend pour postulat la nécessaire limitation des pouvoirs (des politiques, des administrations, des banques, des entreprises multinationales…)
- le refus de tout croyance dontla croyance en l’autorégulation et l’efficience des marchés ni en la lucidité nécessairement bienveillante de la puissance publique ; la nécessité d’un discernement (l’économie de marché ayant l’énorme avantage de permettre des décisions décentralisées par les acteurs concernés, les pouvoirs publics ayant celui de représenter l’intérêt général et d’être élus)
- le refus du primat de la mondialisation, de la compétitivité, du libre-échangisme, de la croissance, tel que définis aujourd’hui, sur toute autre considération plus concrète comme le bien-être social et individuel, la coopération et le respect des biens communs.
Alain Grandjean Post-scriptum La critique de la science économique et de son incapacité à nous permettre de mieux vivre ensemble n’est pas nouvelle. Voici un florilège de citations qui ne datent pas d’aujourd’hui. « Un raffinement byzantin réduit chaque année la part du réel dans l’enseignement économique et, bientôt, l’économie aura rejoint la Philosophie de l’Incompréhensible » (Charles Morazé[12]). « L’objet du présent article est de prendre conscience de l’échec de la recherche économique telle qu’elle a été conduite jusqu’à nos jours » (Jean Fourastié[13]). « C’est un sujet d’étonnement que l’état rudimentaire de la science économique après deux siècles de recherches systématiques de travaux assidus et profonds entrepris par les meilleurs spécialistes du monde entier » (Alfred Sauvy[14]). « Sans une meilleure compréhension de l’économie, les crises financières demeureront récurrentes, et la foi dans le capitalisme et la liberté des marchés s’érodera certainement. Des changements de régulation ne sont pas suffisants après cette crise : voici venu les temps d’une révolution de la pensée économique. » (Anatole Kaletsky[15]) « Il faut accepter cette idée surprenante que la finance est un des facteurs prépondérants qui font qu’actuellement le monde est complètement étranger[16] à la modélisation néoclassique et aux idées des classiques. »(Nicolas Bouleau[17]) « La théorie économique, si nous voulons qu’elle ne soit pas autre chose qu’une série de contes de fée, doit être réécrite de fond en comble. » (Gaël Giraud[18]) « La soi-disant science économique est un agrégat de mythes qui fait passer l’ancienne conception du système solaire de Ptolémée pour un système puissamment sophistiqué ».[19]
Et quelques livres et articles sur le thème de la crise de la pensée économique :
Charles-Antoine Brossard,Crise économique, crise de la théorie[20], Trop Libre, 26 avril 2013 Sergio Rossi. La crise des sciences économiques[21]. L‘hebdo. Avril 2013 Ivan Jaffrin, De la crise économique à la critique de la science économique[22] ; Une présentation de l’ouvrage d’André Orléan, 2012, L’Empire de la valeur (Seuil, 2011). Revue européenne des sciences sociales, 50-2/2012 Paul Jorion. Misère de la pensée économique. Fayard 2012 Paul Krugman. How Did Economists Get It So Wrong? New York Times 2 septembre 2009[23] Denis Henri. La crise de la pensée économique Paris, P.U.F., 1951 A compléter bien sûr ! Merci d’avance ———————————————————————————————————————————— [1] Merci à Nicolas Ott, pour ses remarques et suggestions relatives à une version précédente du présent post, qui n’engage cependant que son auteur !
62 réponses à “Crises politique, sociale et économique : il est nécessaire de refonder la macroéconomie[1]”
Cher Alain,
Je suis particulièrement en ligne avec ces suggestions, même si j’avoue bien modestement que j’aurais été incapable de rédiger une liste aussi exhaustive et aussi bien argumentée.
Une question néanmoins : es-tu prêt à renoncer à la double rente de situation dont tu bénéficies ?
1) Membre d’une élite, qui te permet de bénéficier d’un salaire très supérieur à la moyenne/médiane du pays ?
2) Citoyen d’un pays occidental, pour lequel les deux tiers de la population du globe travaille ?
Je crois malheureusement que le blocage n’est pas tant dans l’incapacité de nos économistes, politiques & Co à penser différent que dans leur peur de perdre leurs rentes de situation dans le grand chamboulement qui en découlera nécessairement.
Soyons francs, si on rebat les cartes pour concevoir un système plus rationnel, les pays occidentaux vont devoir renoncer à l’asservissement brutal des pays « en développement » et travailler plus, tandis que les élites des pays occidentaux vont devoir arrêter de se gaver.
Je fais comme toi partie de l’élite occidentale et j’ai beaucoup à perdre, mais je n’ai pas peur car j’ai d’une part confiance en la valeur de mes capacités et d’autre part je fais preuve d’une réelle frugalité, surtout quant aux biens e consommation.
Mais si on veut changer, il faut mobiliser large et je crains que peu nombreux soient ceux qui sont prêts à risquer leur position (il y a quelques années, le livre « la peur du déclassement » le montrait bien, c’est cette peur qui tétanis les français).
Alors oui, on peut être peu nombreux pour définir une cible qui va nécessairement faire peur. Mais il faut trouver un chemin de transition sur lequel voudra bien s’engager une majorité. Pour moi c’est là que se trouve la réelle difficulté.
Bonsoir Davy
Il y a plusieurs difficultés, très profondes, dont celle que tu signales avec raison. Dans ce post j’appelle à avancer sur le traitement de l’une d’entre elles, dont le livre de Steve Keen m’a convaincu qu’il fallait oser l’adresser. Il se trouve que c’est très cohérent avec mon expérience de « militant » : malgré de nombreux efforts (gratuits pour répondre en partie à ta première question) je me rends compte qu’in fine on bloque sur la citadelle, Bercy, et tous ses pseudopodes (les cabinets ministériels sont contrôlés de fait par des anciens de Bercy ou assimilés). Certes la mobilisation large est importante, mais le changement de « logiciel » des élites tout autant, me semble-il.
Bien à toi.
Alain
Excellent article qui arrive à point nommé. Sortir du (des) dogme(s) est tout aussi important que de comprendre, comment ce dogme a pu s’ériger. C’est que l’économie n’est pas une science exacte, qui demande plus de sagesse que de connaissance. et de mathématique pour ne pas faire erreur, que pour en tirer des lois.
Bonjour,
Sans vouloir politiser stérilement les choses,
pensez vous que le parti Nouvelle Donne soit proche de ces idées?
@jp42
Bonjour
Nouvelle Donne est un parti qui veut renouveler le débat économique et politique.A ce stade cependant en effet je pense qu’il est utile de montrer qu’il y a derrière cette TINA ou pensée un blocage de la pensée économique qui ne se réduit pas à un problème politique, ni à un problème institutionnel (le traité de l’Union Européenne) ni à un problème allemand (le blocage de madame Merkel). Pendant longtemps je me suis dit que l’important était de faire des propositions de mesures innovantes; les dernières années m’ont montré la capacité de blocage des « technocrates » (a Bercy et dans les cabinets ministériel) qui tient en partie au fait qu’ils croient vraiment à leurs idées!
Bien à vous
ag
Al Gore, dans The Future, donne des pistes de réflexions.
Dommage que vous n’ayez jamais parlé de ces idées – notamment la dénonciation de la sur-automatisation – qui sont pourtant soulignées par votre collectif:
http://collectif-roosevelt.fr/wp-content/uploads/2013/06/CitationsALGORE.pdf
Cordialement
Bonjour Alain
La possibilité d’un « découplage entre PIB et consommation de ressources » n’est-elle pas une « idée reçue à mettre en cause »?
En effet, si, effectivement le découplage « n’est pas du tout réalisé » à ce jour, aucune étude sérieuse ne montre non plus, à ma connaissance, qu’il serait possible.
Les « immenses progrès scientifiques et techniques » du dernier siècle n’ont pas permis d’améliorer significativement l’efficacité globale avec laquelle l’homme transforme l’énergie et les matières premières en biens et en services.
Une refondation de la macroéconomie devrait donc avoir aussi une position critique concernant cet hypothétique découplage, et considérer plus explicitement que les limites de la planète sont aussi des limites pour la croissance. C’était déjà ce qu’écrivait le rapport Meadows en 1972, dont le sous-titre, « a predicament for Mankind », suggérait que s’adapter à ces limites était peut-être plus difficile que d’aller sur la Lune….
Bonjour Thierry.
ce qui serait dogmatique c’est d’affirmer sans preuve les deux idées symétriques (impossibilité et possibilité du découplage); je suis donc bien sûr OK par la position critique et bien sûr ok pour considérer les limites de la planète comme un entrée de la réflexion économique!
je pense surtout qu’il est essentiel de sortir de la tyrannie du PIB..bien cordialement.
AG
Concernant le découplage PIB/ressources
Un exemple: dans la société industrielle qui m’emploie, la VA se fait essentiellement par:
-matière grise: (frais d’étude, conseil)
– transformation des sous-produits en produits par des machines (énergie, ouvriers)
– stockage, expédition (énergie, consommation d’espace)
– services divers (ordonnancement, organisation des commandes, des stocks…)
Il y a donc 2 VA imbriquées:
– la VA issue de la ressource naturelle (peu renouvelable)
– la VA issue du travail des hommes (renouvelable).
C’est valable donc pour tous les secteurs, il me semble: même une société de consulting a une VA consommatrice de ressource naturelle: informatique, transport, etc.
Donc: faire de la VA en baissant sensiblement la consommation de ressources pourrait se faire par une quantité de travail humain majorée.
Exemple des produits de ma société:
en travaillant plus, on pourrait étudier plus efficacement les économies de matière 1ère; proposer une gestion des stocks plus fine. Donc facturer autant de VA avec moins de ressources naturelles consommées.
Cqfd, sous conditions:
-soit travailler plus pour le même prix
-soit imposer la « TVA sociale verte »: un coût du travail compétitif car libéré de toutes ses cotisations sociales Celles-ci seraient évidemment affectées à la ressource naturelle (taxe carbone, etc.)
On imagine cependant la faible marge de ce découplage:
les économies de ressources naturelles engendrées rejoindraient vite une asymptote.
La solution vraiment significative à mes yeux reste une baisse du PIB, cad une décroissance de la richesse moyenne des français. Et vu « de la France d’en bas », croyez moi, il semble y avoir une marge de confort considérable.
Cldt
Concernant la critique des bases théoriques de l’économie,
il faut aussi signaler le livre de J.P. Dupuy, « Avenir de l’économie : sortir de l’économystification », n’est ce pas ?
AM
Record historique battu.
Chômage en juillet 2014 : catégories A, B, C, D, E :
France métropolitaine :
5 747 300 inscrits à Pôle Emploi.
France entière (y compris l’outre-mer) :
6 080 200 inscrits à Pôle Emploi.
C’est un record historique.
Variation sur un mois : + 0,5 %.
Variation sur un an : + 5,2 %.
http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-PPBVN18.pdf
Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?
– « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)
– « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)
– « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)
– « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)
– « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)
– « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)
– « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)
@BA
merci de ces citations qui montrent bien qu’on peut dire n’importe quoi avec aplomb pour faire passer un projet (je pense à l’actuelle discussion sur le TAFTA)
bien cordialement
ag
Bonjour,
Merci pour ce site dans lequel tout le monde peut exprimer ses idées…Cela étant, pour constat, j’entend de plus en plus de conversations dans les lieux publics assez radicales, prônant la révolution, l’émeute…Les gens en ont assez de cette alternance Gauche -Droites qui leur proposent une politique identique avec quelque différences sur des mesures sociétal qui génèrent des interdits successifs, tout ce la pour répondre à des groupes d’influences, minoritaires. Ces interdits successifs amenuise notre soit disant démocratie qui se transforme peu à peu en pseudo démocratie…Les prisons sont pleines, tel en est l’exemple…La marche à Franchir avec les propositions d’un parti Nationaliste que l’on redoute totalitaire est de plus en plus petite en raison d’une succession lois générant des privations créées, à tour de rôle, par les Gauches et les Droites qui nous gouvernent depuis 30 ans.
Il est évident que beaucoup de restrictions de libertés sont générées en réponse à des exactions comportementales et d’expression pour le plus souvent générées, elles-mêmes, par une détresse causée par la crise, cette crise pour laquelle nos politiques ne sont pas en mesure de nous sortir ou, du moins nous protéger. Il faut tout de même convenir qu’ils sortent pour la plupart de la même école, l’ENA que les gens du peuple surnomme aussi, l’Ecole Nationale des Ânes. ils ont eu les mêmes cours, les mêmes profs, ils ont appris « la pensée unique ». Ensuite, la cooptation a fait d’eux une élite monarchie irremplaçable, car ils sont réélus obligatoirement, après avoir été chassés par les précédentes élections…La classe politique qui gouverne actuellement La France ne gouverne pas pour les français et il semble que cela s’applique également au niveau Européen. Pour chaque élection, qu’elle soit européenne ou nationale, les votants qui s’expriment ont l’impression de signer des « chèques en blanc », d’où cette forte poussée de l’abstention. Notre castre politique a mis en place une « Chappe de plomb » qui empêchent des partis novateurs de s’exprimer et de prendre une réelle importance.
De plus, la logique de nos partis étant d’agir pour le maintien de leur positions agissent par clientélisme en proposant des politiques à l’avantages des « Babyboomers », ceux qui ont bénéficier de tout jusqu’à aujourd’hui et qui constituent toujours leur fond de commerce. Jeux dangereux car l’avenir de notre nation se jouera avec notre jeunesse actuelle. Cette jeunesse qui s’abstient car aucun projet proposé par les uns et les autres ne les fait rêver, vibrer et leur donne envie d’avancer.
Le fléau du moment est le chômage et tous les tranches d’âges de la population active sont touchées. Alors, en augmentant les impôts des classes basses (qui perçoivent un peu plus du smic) à moyennes, l’état distribue de l’argent aux entreprises, enfin celles qui fabriques et exportent, celles qui délocalisent, celles qui licencient…enfin les groupes internationaux pour qu’ils embauchent. Génial , les impôts des Français, servent à licencier.
Voici ma proposition pour résoudre le chômage et , par voie d’ actions à effets, pour résoudre d’autres maux de notre société : Rétablir le cercle vertueux.
– Je baisserais considérablement les cotisations patronales en permettant aux TPE d’embaucher leur tout premier salarié sans cotiser (sauf la retraite) et je permettrait aux petites et grandes industrie d’embaucher des renforts sous forme de binômes solidaires concernant le paiement des cotisations patronales. exemple : Embaucher un employé, un ouvrier ou un cadre en renfort d’un autre déjà en poste et pour lesquels des charges patronales sont pleinement payées. L’embauche du renfort se ferait sans rajouter de charge. Mais si l’un des deux membres du binôme devait être licencié, les charges resteraient les mêmes….Simplement parce qu’il vaut mieux occuper les gens à travailler que de les indemniser au chômage…Ainsi, il y aura moins de dépense pour les indemnisation chômage. Ensuite, les chômeur retrouvant une place dans notre société seront moins sujets à des maladies dépressives, d’où baisse des coût de CPAM. Puis étant occupés et rémunérés certains chômeurs ne seront as tenté par des faits de délinquance si chères pour nos compagnies d’assurances…. Plus de gens payés dans notre société générera une relance de la consommation et l’état pourra s’y retrouver avec la TVA et par des rentrées d’argent liées à plus de personnes imposables. Rétablir le cercle vertueux ou chacun peut avoir sa place. Pour cela , il faudrait que nos écoles d’élites apprennent à leurs élèves à ne pas confondre le refus d’un manque à gagner potentiel en matière de charges patronales avec une perte. Ce manque considéré de charges à récupérer potentiellement permettra relancer de l’emploi avec tous les effets bénéfiques indirectes sociaux et économiques que j’ai cité ci-dessus.
Autre fléau : réduire les inégalité par un système d’imposition stratégique :
J’augmenterais considérablement les impôts sur les fortunés, mais en leurs donnant pour choix d’une défiscalisation, si ils investissent de manière significative dans l’appareil productif et d’innovation industriel et / ou écologique français (en leur offrant un rendement faible ou nul mais sans impôts)….
En somme, par ces deux propositions, je propose rétablir un système de répartition par une redistribution décente des richesses. Il n’y a jamais eu autant de richesses et notre crise vient de ce problème de répartition voulu ou pas par nos Dirigeants. Il y a quelque décennies, la répartition des richesses ressemblait schématiquement à une Pyramide, mais aujourd’hui il tend à ressembler à une Tour Eiffel élargie sur sa base et surmonter d’un pic long , très long, de plus long.
Pour terminer , comme je le disais au début de cet essai, les citoyens qui amassent de plus en plus de richesses de manière exponentielle au détriment des masses populaires auront plus à perdre si la grogne pacifique exprimée actuellement changeait de ton. Certains Milliardaires dans d’autres pays l’ont déjà compris et s’orientent d’avantage vers le partage. Merci
Bonjour Alain, bonjour à tous ceux qui sont intéressés par le sujet abordé.
Ton initiative, Alain, me plait beaucoup et je vais essayer d’apporter ma modeste contribution à ce projet d’une ambition phénoménale.
Tout d’abord je voudrais dire à ceux qui ne me connaissent pas que j’étudie la macroéconomie depuis 1980, non pas en puisant dans les cours et la littérature mais en utilisant mes connaissances comptables et financières acquises au cours de ma vie professionnelle.
En toute modestie, je crois pouvoir dire que les connaissances comptables approfondies que je possède m’ont permis :
– d’analyser les comptes de la nation et de mettre en évidence un certain nombre d’erreurs qui affectent le calcul du PIB,
– de démonter les mécanismes monétaires, plus particulièrement ceux de la monnaie scripturale (monnaie d’écriture comptable) afin d’appréhender le rôle capital que joue la monnaie en économie.
A mon avis, la science économique est bien une science – basée sur des techniques monétaires et financières qui n’ont rien de mystérieux, dirais-je – mais si elle n’a pu et ne peut se développer malgré les progrès scientifiques et techniques que nous avons connus, surtout le siècle dernier, c’est qu’elle est bridée par des intérêts économiques et monétaires tout-puissants. Gardons bien ceci en mémoire chaque fois que nous chercherons à comprendre les origines des difficultés que nous rencontrerons pour abattre les dogmes universellement admis, mais faux dès que l’on gratte un peu.
Si vous le voulez bien, je vous propose de commencer par le PIB, ou plus exactement le Produit National (PN), qui répond à l’égalité (comptable) :
Consommation (C) + Investissement (I) + Export (Ex) – Import (Im) = PIB = PN
De plus, comme vous le savez le PIB est égal au Revenu National, en théorie seulement car cette égalité n’est pas vérifiée par la comptabilité nationale, alors que de mes travaux il apparait que le Produit National est parfaitement égal au revenu National, soit PN = RN.
L’économie nationale étant faite de la somme de toutes les activités de production, et chaque activité étant elle-même financée, la somme des financements de toutes les activités représente le financement de l’économie nationale.
L’égalité énoncée au-dessus est donc insuffisante pour expliquer le processus qui conduit au PN (PIB), car il faut bien admettre que l’activité nationale se finance par la monnaie (sujet tabou).
Pour faire bref, voici le processus tel que je l’ai compris :
– les ménages épargnent une partie des revenus qu’ils tirent de l’offre, tandis que les entreprises de leur côté empruntent pour investir à condition que la demande des ménages soit assez forte pour les y inciter. La demande se nourrit de l’offre par les revenus qu’elle lui apporte, tandis que l’offre dépend de la demande dans la mesure où celle-ci s’exerce, l’épargne une fois mise de côté.
L’égalité de l’épargne et de l’investissement est démontrée une fois le mouvement artificiellement stoppé, supposant par ailleurs que les échanges extérieurs sont équilibrés, ce qui n’est jamais le cas. Jamais, parce que nous sommes en pleine guerre commerciale internationale, voulue par les tenants de la mondialisation. Cherchez à qui profite cette situation !
Cette théorie, statique par définition, n’a aucun sens quand il s’agit d’expliquer un mouvement dynamique et fluctuant au gré des circonstances.
– si, au cours d’une période déterminée, les ménages épargnent plus que les entreprises n’empruntent (investissent) la croissance du PIB ralentit (effet de frein), et inversement si les entreprises empruntent plus que les ménages n’épargnent la croissance se développe (effet d’accélérateur).
Comme l’a souligné Alain, la théorie de l’épargne et de l’investissement est fausse si l’on ne prend pas en compte la création monétaire. On vient de voir en outre qu’elle ignore les échanges extérieurs.
Les uns et les autres sont-ils d’accord pour enterrer cette théorie ? Tous les arguments peuvent être débattus ici.
Désolé Alain, mais je ne suis pas de l’avis général, que tu rappelles comme une évidence, qui prétend que :
« la croissance ne se décrète pas et ne revient pas comme le beau temps après le mauvais… mais est le résultat de décisions individuelles ou collectives… »
Rien ne va plus dans notre monde économique.
Rien ne va plus parce que personne ne dirige véritablement l’économie. Nos dirigeants s’occupent d’abord de leur carrière et des profits qu’ils peuvent tirer de leur position. Et puis, ils ont comme alibi la théorie de l’équilibre naturel de l’offre et de la demande de JB Say – pratique du laisser-faire – que les économistes n’ont toujours pas réussi – semble-t-il – à enterrer deux siècles durant.
L’économie souffre de son épargne.
Ainsi s’explique le tableau de l’évolution du PIB de la France sur 10 ans glissants que tu as bâti Alain au-dessus.
De mon point de vue, la croissance peut se « décréter » à condition de réguler la quantité de monnaie irriguant la sphère réelle de telle façon que dans la dynamique l’épargne nette soit toujours supérieure à l’endettement net de tous les agents confondus, pour une balance commerciale égale à zéro (à voir ultérieurement).
Ce faisant l’égalité C + I + Ex – Im = PIB sera toujours vérifiée puisque le mouvement est artificiellement stoppé, mais les variations d’une période à l’autre se trouveront expliquées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Il suffit d’organiser la régulation monétaire de la sphère de l’activité de production, et seulement celle-là, pour y parvenir. Sachant de plus que les échanges extérieurs doivent être équilibrés dans la paix commerciale (à voir ultérieurement).
Je m’efforcerai de répondre à vos questions si vous m’en laissez le temps. Je ne suis pas rapide.
Le prochain sujet pourrait porter sur la croissance du PIB, solution au drame du chômage.
Merci de votre attention. Espérant ne pas avoir été trop long.
J’aimerais que JP-42 nous explique pourquoi il préconise « une baisse du PIB, cad une décroissance de la richesse moyenne des français ».
Cordialement
A jean Bayard à propos de décroissance…
Dans « c’est maintenant », Alain Grandjean et Jean-Marc-Jancovici, expliquent fort bien, me semble-t’il, le rôle de la monnaie ( comparée à des coquillages), et comment l’apparente richesse naturelle et culturelle du peuple de l’île de Pâques a pu mener (probablement) celui-ci à sa disparition.
Une belle et bonne leçon d’économie, et un ouvrage dont la valeur ( valeur non marchande….) n’a été contestée par personne, à ma connaissance.
Bonjour Olivier 64,
Je ne sais pas si vous êtes aussi JP-42, mais je n’ai pas la réponse à ma question.
Quelqu’un est-il capable de m’expliquer en quelques lignes pourquoi on préconise une baisse du PIB, cad une décroissance de la richesse moyenne des français.
Je ne vois absolument pas le lien qui est fait ici entre la baisse du PIB et la décroissance de la richesse moyenne des français.
La question est très importante car il s’agit – à mon avis – de distinguer PIB et répartition des revenus. Je pense que l’on peut très bien faire de la croissance tout en réduisant les inégalités à condition de réguler les revenus.
Merci de bien vouloir me donner cette réponse.
Cordialement
@ Jean Bayard
Bonjour,
Je ne suis pas sûr que nous parlons le même langage. La richesse est le capital disponible ( hors dettes) . Le PIB est l’évaluation (basée sur un étalon la monnaie) des productions intérieures brutes, c’est à dire la quantité évaluée en monnaie ( euros, dollars ou … coquillages) des transformations des ressources ( toutes naturelles…). Par facilité l’on considère que l’augmentation du PIB entraine un accroissement de richesse, sans prendre ne compte la consommation de ressources! Pourtant si je dépense 100 000 euros pour isoler mon logement ce n’est pas la même chose que si je dépense 100 000 euros pour une voiture et me chauffer. Alors qu’en en terme de PIB c’est grosso -modo la même chose.
La monnaie ne permet donc pas de distinguer la nature de la consommation de ressources. Et c’est pourtant aussi un des enjeux
C’est même un enjeu planétaire (http://www.la-croix.com/Ethique/Environnement/L-humanite-a-epuise-ses-ressources-naturelles-annuelles-en-huit-mois-2013-08-21-1000790)
Dans un monde fini, il n’y donc pas de choix, faut aller vers la décroissance de la consommation des ressources naturelles donc du PIB, avec ou sans un autre étalon que celui de la monnaie.
@ Olivier 64,
Merci de cette réponse que j’attendais avec impatience.
Effectivement nous ne parlons pas le même langage, mais je crois que nous pouvons quand même nous entendre.
Il est évident que le PIB, dans sa mesure comptable, ignore la qualité et la quantité des matières mises en œuvre pour aboutir à la production de « richesses ». Etant supposé entendu que richesses comprend aussi et surtout les périssables.
C’est votre conclusion que je conteste : « la décroissance du PIB » serait la solution au problème que vous soulevez.
Vous semblez oublier qu’il y a des millions d’individus au monde qui vivent sous le seuil de pauvreté et si vous voulez que leur sort s’améliore il n’existe pas d’autre issue que celle de la croissance, c’est-à-dire celle de l’amélioration des revenus (PIB = RN).
De plus, veuillez vous reporter au graphique de l’évolution du PIB 1960 à 2011. La décroissance de celle-ci ne vous a pas échappée, pour quel résultat ?.
Si j’en crois la rumeur, et je n’ai aucune raison de ne pas la croire, ces dernières années l’écart entre les riches et les pauvres n’a cessé de s’accentuer.
Croyez-vous que dans ces conditions l’on puisse accepter de poursuivre la décroissance que vous appelez de vos vœux ?
Je pense d’ailleurs que la réduction de la croissance, cad la réduction des revenus (PIB = RN) exacerbe les conflits entre les agents économiques, ce qui se traduit naturellement par la domination des plus forts sur les plus faibles. J’en suis arrivé à la conclusion qu’il fallait relancer la croissance pour faciliter une meilleure répartition des revenus, ce qui est à l’opposé de votre proposition.
Quoi qu’il en soit, je pense que la solution est celle que j’ai évoquée plus haut, c’est-à-dire la régulation des revenus par les prix, puisque ce sont les prix qui font à la fois le PIB et les revenus.
Cordialement
@ Jean Bayard.
Pas d’accord, nulle part, je n’ai dit que la décroissance est une solution au problème des inégalités. Bien au contraire , elle tend à accroitre les inégalités ( pour preuve: statistiques insee cf http://www.lavie.fr/dyn/imprimer.php?link=/hebdo/2014/3593/l-oubli-des-pauvres-08-07-2014-54694_623.php) sauf si l’Etat , ou la puissance publique, par le biais des taxes et impôts (et lois,pour plafonnement et diminution de l’éventail des revenus) joue son rôle de régulateur et de meilleure répartition des revenus et/ou intervient ( comme après la guerre) pour orienter l’économie sur les secteurs devenus stratégiques, comme celui des énergies et des économies d’énergies (en priorité les énergies carbonées, les plus nocives).
Cdt
@ Olivier 64
Pardonnez-moi, j’ai dû fait une erreur d’interprétation. Il est exact que vous n’avez jamais dit que la décroissance est la solution au problème des inégalités. .
Mais alors, voulez-vous me dire explicitement ce que vous attendez de la décroissance ?
Merci de me donner votre réponse, car je voudrais vous comprendre.
Cordialement
@ Olivier 64
Pardonnez-moi, j’ai dû faire une erreur d’interprétation. Il est vrai que vous n’avez jamais dit que la décroissance est la solution au problème des inégalités.
Mais alors, voulez-vous me dire explicitement ce que vous attendez de la décroissance ?
Merci de me donner votre réponse, car je voudrais vous comprendre.
Cordialement
Je n’attends rien de la décroissance! C’est la croissance qui est le problème, dans un monde fini…
Cdt
@ Olivier 64,
Vous avez-dit, je cite :
Dans un monde fini, il n’y donc pas de choix, faut aller vers la décroissance de la consommation des ressources naturelles donc du PIB, avec ou sans un autre étalon que celui de la monnaie.
Vous croyez peut-être que la baisse de la consommation des ressources naturelles peut avoir un effet sur le PIB. Permettez-moi de penser que vous vous trompez.
La nature a horreur du vide !
Cordialement
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire Bien sûr que la consommation des ressources naturelles peut avoir un effet sur le PIB en volume et non exprimé en monnaie. « La nature a horreur du vide » dites-vous. Depuis Aristote, le premier qui aurait dit cela, les physiciens ont fait heureusement quelque progrès, et même un peu plus que nos économistes en général…Non?
@Olivier 64
Je croyais que vous auriez compris que c’était une boutade.
@ Jean Bayard
Soit, mais je comprends encore moins ce que vous avez voulu dire.
@ Olivier 64,
Nous allons avoir beaucoup de mal à nous comprendre.
La variation du PIB d’une période à l’autre est faite de deux écarts : l’écart en volume, c’est-à-dire la croissance effective qui est aussi un écart de pouvoir d’achat (mais on ne parle pas de celui-là), et l’écart d’inflation, c’est-à-dire l’érosion monétaire.
Vous ne pouvez donc pas réduire le volume sans réduire la croissance du P.I.B « en valeur constante ».
Ce qui me permet de dire à nouveau que la décroissance (entamée depuis plusieurs décennies, avec une accélération au cours de la dernière, cf. Tableau d’Alain) a un effet direct sur les revenus réels et aussi et surtout que la baisse des revenus – en terme de pouvoir d’achat – profite aux plus forts au détriment des plus faibles. C’est la loi de la jungle ou celle du plus fort, car nous vivons dans un monde économique non dirigé et encore moins régulé.
Sous 24 heures, je vais essayer de revenir sur les moyens macroéconomiques qui pourraient être mis en œuvre pour servir les projets d’Alain en matière de limitation des ressources naturelles.
Cordialement
Alain,
Peux-tu me dire à combien tu estimes le coût de la transition énergétique et la durée – pluriannuelle, je présume – de sa mise en œuvre.
Merci d’avance
Amitiés
bonjour Jean
il faut que tu me précises ce que tu entends par coût!
amiclt
Alain
@Jean bayard
Bonjour,
Je laisse de côté la monnaie qui est certes l’outil principal de l’économie mais pas sa finalité.
Pour suivre le raisonnement, il faut partir des contraintes mondiales à régler:
-on a les problèmes de pollutions liés aux énergies consommées
-on a les problèmes de ressources naturelles se raréfiant
-on a le problème du chômage
-on a des tensions mondiales pour le contrôle des ressources naturelles (iles Sensaku, Libye, Pôle Nord… ) ou des marchés (TAFTA vs marché eurasiatique => Ukraine) pour faire de la croissance.
Dans cet article, vous pouvez lire:
« Jusqu’ à ce jour, l’inconvénient majeur de la croissance du PIB c’est qu’elle engendre nécessairement une pollution lourde de conséquences (entre autres émissions de gaz à effet de serre), consommation d’énergie et de ressources naturelles pour lesquelles tous les pays du monde se battent (la planète restant obstinément finie) ; le découplage entre PIB et consommation de ressources reste un espoir mais n’est pas du tout réalisé. »
Donc à partir de cela, on comprend que si le PIB mondial représente une grande partie des richesses produites par l’homme, il n’est pas souhaitable qu’il augmente plus.
De toute façon, son sort est scellé par la limite en ressources:
http://www.manicore.com/documentation/petrole/petrole_economie.html
Répartition:
Que ce soit en période de croissance ou de décroissance du PIB, les inégalités dépendent surtout de la politique, il me semble: une politique de redistribution très égalitariste ou bien de néolibéralisme forcené seront certainement plus influents sur les inégalités que croissance ou décroissance du PIB.
C’est comme à table: si il y a moins de gâteau, pourquoi ne serait-il pas possible de toujours faire des parts proportionnées?
D’ailleurs, en ce moment, croissance mondiale rime avec inégalité croissantes.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140120trib000810501/les-85-plus-riches-du-monde-possedent-autant-que-les-35-milliards-les-plus-pauvres.html
Sitôt faits ces constats, comment espérer la croissance « bienfaitrice » pour résoudre les problèmes fondamentaux comme la famine mondiale alors qu’on a déjà largement les moyens de les résoudre?
« de nombreux pays riches n’ont pas du tout envie de s’engager à augmenter leur contribution. Mais peut-être pourraient-ils tous s’accorder à donner 0,25% de leur PIB de plus aux habitants les plus démunis de la planète? Pour une mesure susceptible de mettre un terme à la pauvreté absolue dans le monde, ce n’est pas si cher payer. »
http://www.slate.fr/story/41769/eradiquer-misere-100-milliards-de-dollars
Décroissance et emploi
1- Le logiciel mondial est bien rodé: plus on a de l’activité, plus on fait de « richesses ». C’est ce que traduit le PIB, somme des VA des sociétés.
« richesses » entre guillemets car dans aucune compta mondiale nous comptons:
-les stocks et flux de ressources naturelles
-les stocks et flux de pollution
Donc sans ces rectifications empiriques, nous ne savons si nous produisons de la richesse globale plutôt qu’en détruire.
2- Vient ensuite le problème de l’emploi:
Pour faire de l’emploi, le 1er réflexe est d’augmenter l’activité (PIB).
Activité aujourd’hui à des niveaux mondiaux écologiquement non soutenables: Malgré des efforts d’éco-conception, il faudrait donc produire moins et faire plus d’emplois.
Comment? Observons.
-Visitez le secteur primaire français: Depuis 1988, 400 000 emplois détruits.
Quel impact environnemental? => Quel diagnostique?
On n’a un modèle agricole qui peut se vanter d’avoir détruit tous ses emplois (et on en est fier!). Ce modèle est le fruit de la pression internationale et de la fiscalité pro-machiniste, donc totalement inadaptées à une économie vertueuse selon les critères pré-cités.
Il ne s’agit pas de remettre la charrue après les bœufs mais de ré-humaniser tout un tas de tâches aujourd’hui automatisées.
-visitez le secteur secondaire: usines
Où sont les emplois? Combien d’employés pour faire une voiture aujourd’hui? Chez beaucoup de mes clients, un nouveau robot remplace les opératrices pour emballer des produits. C’est pourtant un lourd investissement.
Pourquoi? Quel impact environnemental?
-le secteur tertiaire des services est moins révélateur des problèmes actuels. On voit tout de même des caissières de cinéma électroniques, et des hôtesses d’accueil humanoïdes arrivent. A la sncf, la voix du robot nous indique que des guichets électroniques sont à notre disposition. Dans les plateformes logistiques couvrant nos Zi françaises, l’automatisation fait le maximum avec le minimum d’emplois.
Et la pizza, à quand un drone pour la livrer et mettre fin à ces jobs de livreurs?
Quel diagnostique ?
Ces constats ont été fait par le ministre allemand des fiances,
http://economiedelaressource.over-blog.com/2014/05/le-chomage-cause-par-la-technologie-selon-le-ministre-allemand-de-l-economie.html
…par le Financial Times et bien d’autres:
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/dfe218d6-9038-11e3-a776-00144feab7de.html#axzz34SwLxZy5
Or, je rappelle que les automatismes:
-consomment souvent une énergie importante
-requièrent beaucoup de ressources pour leur construction
-polluent considérablement (un ordinateur seul émet 1Tonne de CO2 pour être fabriqué)
-concurrencent les opérateurs, plus faiblement les techniciens et les cols blancs.
Effarant angélisme face à la robotisation globale en cours du monde du travail occidental. C’est une évolution contraire aux grands enjeux du 21e siècle: l’emploi, énergie, frugalité en ressources naturelles
Quel monde veut-on?
Écologie de plein emploi ou bien automatisé et en prédation environnementale jusqu’à la rupture?
Pour le 1er choix, on s’aperçoit:
-qu’un projet politique d’ « économie de la ressource » peut être un grand projet mobilisateur: ce serait une 1ère mondiale. Les opposants s’opposeraient à une science, non qu’à un dogme.
J’attends un politique qui affirme fort à la télé « emploi et décroissance, je sais faire ! »
-que bien du monde est prêt à des concessions pour le chômage et attend plus de sens dans cette économie folle de « consommateurs pollueurs pour le bien de l’emploi »
-Qu’une fiscalité environnementale, transférant les charges sociales sur la ressource naturelle, favorise plus l’opérateur au détriment des automatismes : une TVA sociale verte au principe « pollueur-cotiseur social »
-qu’une fiscalité environnementale relocalise logiquement des emplois en France voire UE: création d’emploi contre hausse des prix.
-qu’on travaillera plus pour certainement moins. Le gros challenge de la solidarité sera le plus gros défi à relever.
Bonjour Alain,
Ce que je souhaiterais connaître, c’est l’ordre de grandeur du montant des investissements (avec si possible : leurs origines française, européenne et internationale) de manière à voir ce qu’ils représentent par rapport au PIB annuel.
Amicalement
jean
bonsoir Jean
on parle en général en dizaines de milliards d’euros par an. L’Ademe estime la fourchette entre 10 et 30 Milliards par an. et ce sur une longue durée.
Le gros morceau c’est la rénovation énergétique des logements qui contient beaucoup de travail français et des matériaux qui je pense viennent de France ou d’Europe (isolants, doubles vitrages, appareils de chauffage nouveaux,) à l’exception des Pompes à Chaleur (asie principalement) et d’une partie des panneaux solaires (les cellules viennent d’Asie). Mais pour être plus précis il faudrait partir d’un scénario très précis…c’est pas facile.
les chiffres issus d’études plus globales (Union Européenne , agence européenne de l’énergie) évoquent des investissements dans la transition énergétique de 2 à 3 % du PIB, y compris les investissements qu’il faut réaliser quoi qu’il arrive (les centrales nucléaires doivent être « recaréneées » en GB les centrales au charbon doivent être remplacées etc. une partie donc des investissements de la transition énergétique sont à financer par les énergéticiens. Enfin il y a un gros flou sur le transport. Je sais que la SNCF et l’ex RFF doivent investir massivement dans les prochaines années (renouvellement de matériels roulants, remise à niveau du réseau ferroviaire); les automobiles seront progressivement remplacées par des modèles plus sobres (mais seront payées par les acheteurs que nous sommes). Les éventuels investissements qui permettraient de faire comme en Suisse (de développer le ferroutage) ne sont en général pas estimés dans les chiffres français. Enfin les dépenses régionales d’investissement ne sont en général pas connues…
j’espère que cette réponse très partielle te suffira
amiclt
alain
Bonjour Alain,
Ta réponse me donne satisfaction puisque les investissements se situent dans la fourchette de 2 à 3% du PIB, soit environ une cinquantaine de milliards d’euros/an. Je suppose que dans l’état actuel des études tu ne connais pas le retour sur investissement.
Pour ceux qui suivent ce fil,
50 mds représentent l’équivalent du service de la dette française annuelle, dette qui n’a « aucune légitimité économique », je tiens à le souligner clairement.
Cette charge de la dette qui bénéficie aux marchés nous a été imposée par nos hommes politiques – sous la pression inadmissible des puissances monétaires, contre la volonté de notre peuple (Traités de Maastricht/Lisbonne interdisant aux BCN – la Banque de France chez nous – de financer directement ou indirectement l’Etat et les organismes publics).
Ce sont les marchés, c’est-à-dire surtout les banques et les fonds de placement qui se partagent cette manne au détriment des populations laborieuses.
Ce qui a pour conséquence d’aggraver les inégalités de revenus.
Nous y reviendrons si vous le voulez bien
Merci Alain
Amitiés
@ jp-42 said,
on septembre 1st, 2014 at 17 h 26 min
Une excellente synthèse de la problématique actuelle. Personnellement , je n’y trouve rien à redire.
@JP-42
Je ne vous ai pas oublié. Pardonnez-moi de ne pas avoir répondu dans l’ordre des questions.
Vous avez fait une liste très fournie des maux dont souffre notre société de consommation (dont on se plaignait déjà il y a 50 ans !) et je ne peux que partager votre désir, qui est celui de la plupart de nos concitoyens, d’y remédier.
Je ne sais pas quel est celui qui a eu l’idée saugrenue du « découplage » PIB/Consommation des ressources. Je dirais que c’est un farfelu qui ne connait rien au PIB ou bien un esprit bien informé qui a lancé avec succès un produit d’enfumage.
Je vous renvoie à ce que j’ai écrit en réponse à Olivier 64, au-dessus. Mais j’ajouterais qu’on ne peut pas découpler deux parties d’un tout « indissociable ». Je me permets de vous rappeler que PIB = C + I + Ex – Im et la consommation des ressources fait partie de C. Il faudrait changer le calcul du PIB si vous voulez découpler. Le PIB reste un instrument de mesure – performant à mes yeux -, malgré les imperfections que j’ai évoquées dans mon premier commentaire.
Vous dites : « croissance mondiale rime avec inégalités croissantes ». Mais, ne croyez-vous pas comme je l’ai suggéré plus haut que c’est la décroissance observée ici et là qui est à l’origine de ces inégalités dans un climat tendu par le manque de monnaie – à se partager – à l’intérieur de la sphère réelle. Comment ignorer l’asservissement des peuples par le mercantilisme forcené ?
Les solutions que vous proposez aux défis de la consommation polluantes sont, à mes yeux, des vœux pieux.
Si cela n’est pas trop ambitieux, nous devons faire des propositions solides et incontestables de réforme.
En ce qui me concerne, ce n’est pas une baisse du PIB qui peut apporter la réponse, mais une redistribution des échanges (qui conduisent au PIB) à l’aide des 2 leviers que sont la loi et la monnaie.
J’espère avoir répondu à votre attente immédiate.
Sous peu je ferai une proposition à Alain afin d’avancer dans ce sens.
Cordialement
Merci JP-42
Je n’avais lu votre commentaire de 12h07
Bonjour Alain,
Avant de te faire une proposition de réforme macroéconomique, ainsi que je l’ai annoncé, je voudrais tenter une expérience avec l’appui de ceux qui suivent ce fil de discussions et plus particulièrement d’Olivier 64 et de JP-42 qui y ont déjà participé.
Je souhaiterais évoquer la question de politique générale – sous son aspect exclusivement économique – soulevée par le pacte de responsabilité et de solidarité.
Faut-il accepter (ou non, avec les frondeurs de la gauche) les mesures en faveur des entreprises ? C’est-à-dire notamment :
« une amplification de la baisse du coût du travail afin de répondre à un double objectif : favoriser la création d’emploi et améliorer la compétitivité de notre économie et sa capacité à exporter »
Merci à tous de votre participation. Essayez de faire court si possible et sans orientation politique, svp, car ce qui nous intéresse doit relever du domaine essentiellement économique.
Cordialement
Bonsoir,
vous dites:
« Je ne sais pas quel est celui qui a eu l’idée saugrenue du « découplage » PIB/Consommation des ressources. Je dirais que c’est un farfelu qui ne connait rien au PIB ou bien un esprit bien informé qui a lancé avec succès un produit d’enfumage. »
Je vous renvoie à ce que j’ai écrit en réponse à Olivier 64, au-dessus. Mais j’ajouterais qu’on ne peut pas découpler deux parties d’un tout « indissociable ». Je me permets de vous rappeler que PIB = C + I + Ex – Im et la consommation des ressources fait partie de C »
1) Il ne faut pas oublier que le PIB a plusieurs définitions.
2) Le PIB mesurant la richesse issue de l’activité, il ne serait pas farfelue de faire du PIB en diminuant la consommation de ressources naturelles, non?
3) On peut théoriquement découpler PIB et ressources
:
Prenons exemple d’un service : une personne paye une société 500€ pour désherber sa cour. techno utilisée: désherbage au gaz et manuel.
« C » étant la richesse dégagée de la consommation ( 500€), non la consommation physique elle-même (exp: 1m3 de gaz).
Donc C = coût de la ressource naturelle consommée (gaz)+ coût de la ressource humaine consommée(coût de l’opérateur).
Si on augmente la VA issue du travail (+ de désherbage manuel )et diminuons la conso de gaz, nous obtenons:
-C ne varie pas
-moins de ressource naturelle(RN) est détruit.
Donc dans ce cas présent, le PIB est découplé de la RN.
Hélas, en pratique, on perçoit vite les limites de ce découplage: conditions sociales, limites humaines.
On ne peut donc compter sur ce seul effet pour diminuer drastiquement la consommation de ressources naturelles.
4)vous dites:
« En ce qui me concerne, ce n’est pas une baisse du PIB qui peut apporter la réponse, mais une redistribution des échanges (qui conduisent au PIB) à l’aide des 2 leviers que sont la loi et la monnaie. »
Alors comment faites vous pour baisser notre consommations de ressources naturelles sans baisser le PIB?
Cordialement
Bonjour JP-42
Mes réponses à vos questions dans l’ordre :
1 – Il n’y a pour moi qu’une définition du PIB. C’est l’égalité déjà citée.
2 – Bien sûr. Je vous rappelle que chaque pays a une composition différente de son PIB et qu’il est plus ou moins polluant (France/Allemagne, par exemple) selon les mesures qui lui sont propres.
3 – Votre exposé répond à la question que vous me posez en 4. Mais pour ce qui est de savoir si, dans le cas précis que vous évoquez, le PIB est ou non en décroissance, il faudrait en faire une analyse fine.
J’espère avoir répondu à votre demande.
@ Tous
N’ayant eu aucune réponse à la question relative au pacte de responsabilité, je vous donnerai très bientôt ma position.
Cordialement
@ Tous ceux qui suivent le fil de ces discussions,
Les phrases ci-dessous :
« une amplification de la baisse du coût du travail afin de répondre à un double objectif : favoriser la création d’emploi et améliorer la compétitivité de notre économie et sa capacité à exporter »
« La baisse du coût du travail devant être obtenue par un allégement des cotisations patronales »
sont tirées de :
http://www.gouvernement.fr/gouvernement/les-contours-du-pacte-de-responsabilite-et-de-solidarite
Voici mes commentaires :
Le but ultime est donc d’exporter grâce à une meilleure compétitivité par un abaissement des cotisations patronales. Les Allemands avaient choisi d’abaisser les salaires, mesure plus directe et beaucoup plus efficace.
On peut supposer que, comme d’habitude, le maintien des acquis sociaux sera payé par un recours supplémentaire à l’endettement, celui-ci ne faisant que croître et embellir.
Les entreprises ayant catégoriquement refusé de s’engager sur des objectifs d’embauche, ces mesures ne devraient avoir aucun effet sur l’emploi.
On peut donc en conclure – même rapidement – que le pacte de responsabilité n’a d’autre responsabilité que celle de nous engager encore plus avant dans la guerre « économicide » de la mondialisation.
On refuse de voir que cette guerre nous conduit inexorablement à l’alignement des salaires de nos travailleurs sur ceux des pays exportateurs les plus pauvres, sinon à la disparition de pans entiers de notre industrie et de notre agriculture soit un supplément de chômage et de misère.
Depuis 2005 notre balance commerciale est déficitaire avec des pointes de plus de 2% du PIB, ce qui se traduit par une perte de revenus et donc de pouvoir d’achat qui file à l’étranger.
Pour ces raisons, qui sont à mon sens purement économiques, je n’approuve pas le pacte de responsabilité.
Je souhaiterais avoir l’avis et les critiques de ceux qui suivent les discussions sur ce fil et les en remercie d’avance.
Bonjour, Jean;
A propos du pacte, il est établi dans un programme économico-écologique marchant sur la tête. Donc je ne prend guère le temps d’analyser chaque mesure visant à se coller une semelle sur le crâne.
-Néanmoins, dans le programme que j’imagine comme adapté aux contraintes actuelles, le coût du travail doit fondre, par mise en place de la TVA verte : toutes cotisations sociales sur le travail transférées sur la ressource naturelle et pollutions (modalités fiscales à déterminer). Et ceci donc aussi aux frontières.
Logique: qui pollue paye, et on rend le panneau solaire chinois 10x plus cher que le français.
Ce qui serait un donnant-donnant acceptable avec les entreprises: un fiscalité pour embaucher et débaucher de la ressource naturelle (électricité,…)
Cordialement
Bonjour JP-42,
Nous sommes tout-à-fait d’accord dans le principe.
Il s’agit alors d’une modification intérieure du PIB sans en changer l’égalité : C + I + Ex -Im.
Je resterai quelques jours sans commentaire. Je prépare quelques lignes sur la monnaie.
A bientôt
Cordialement
jean
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@ Tous
Certains d’entre vous ne connaissent pas, je présume, ce que le Major C.H. Douglas (1879-1952) aurait écrit.
Il me semble bon de rapporter ici le texte qu’on lui prête. Il prend une signification toute particulière dans le cours des événements que nous traversons.
« La terre est peuplée par deux catégories d’humains
« L’ Immense Majorité de ceux qui produisent toutes les richesses par leur travail
« Et l’ Infime Minorité des banquiers qui produit tout l’argent par jeu d’écriture.
« Pour consommer ce qu’elle produit l’Immense Majorité emprunte tout l’argent à l’Infime Minorité.
« Mais l’Immense Majorité n’a pas compris un problème pourtant bien simple.
« C’est que si on s’endette éternellement les taux d’intérêt s’accumulent éternellement et on se ruine.
« C’est aussi bête que ça, au point que c’est pas croyable.
« Et parce que c’est pas croyable la fête continue pour l’Infime Minorité
« A moins qu’un jour dans un éclair de lucidité l’IMMENSE Majorité ne réalise que parce qu’elle produit toutes les richesses c’est à elle de produire tout l’argent par jeu d’écriture.
La lecture achevée, je vous invite à méditer sur le sort réservé à la Grèce (notamment) par les Institutions « indépendantes » que sont la Troïka.
Ce pays a vécu à crédit, notamment en raison de sa balance commerciale déficitaire (329 milliards d’euros de 1979 à 2012, soit 170% de son PIB actuel – source OCDE -, comprenant plusieurs milliards de livraisons d’armes surtout par les USA, l’Allemagne et la France).
http://blogs.mediapart.fr/blog/jeanne-labelle/210312/grece-le-plus-grand-importateur-darmes-de-lunion-europeenne
Dans un élan de générosité cynique, pour le calcul du critère du déficit public, la Grèce est autorisée à ne pas tenir compte des intérêts dus aux créanciers !
Evidemment ils veulent protéger leurs intérêts (50 mds€/an pour la France).
Tous les acteurs et ceux au plus haut sommet de l’Etat étant au courant, pourquoi la BCN grecque a-t-elle autorisé l’émission devenant de plus en plus dangereuse de monnaie. Il a fallu plusieurs années pour en arriver là.
Les banques centrales n’ont-elles pas une lourde responsabilité dans cette affaire, comme dans d’autres, telles : les bulles immobilières aux USA et en Espagne ?
C’est bien la BCN d’Espagne (comme la Fed aux Etats-Unis) qui a laissé les banques espagnoles émettre inconsidérément la monnaie qui a gonflé la bulle immobilière avant qu’elle n’éclate.
Comme je m’en suis exprimé plus haut dans ce fil, personne ne dirige véritablement l’économie.
Les meilleures conditions sont ainsi réunies pour que personne ne soit responsable !
Pour terminer, je pense qu’il est intéressant de savoir, ou de rappeler à ceux qui le savent déjà, comment a été fixé le 3% du PIB en 81-82 :
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20101001trib000554871/a-l-origine-du-deficit-a-3-du-pib-une-invention-100-francaise.html
Cordialement
Monsieur GRANDJEAN
– « Les raisonnement économiques dominants » basés sur quelques dogmes sont remis en cause dans votre blog « La chasse aux dogmes ».
– « Une nouvelle feuille de route » est par conséquent nécessaire, obligatoire, impérative. Cependant, elle ne peut s’appuyer que sur des fondations dont le caractère théorique ne puisse pas être remis en cause. Seule l’analyse mathématique peut alors présenter un nouveau paradigme.
En effet, tant que cette étape ne sera pas franchie, il sera toujours possible à n’importe quelle entité économique, politique ou autre, de présenter des arguments fallacieux ou même totalement erronés quant aux politiques menées.
A l’heure actuelle, certains individus et groupes de pression disposant des moyens financiers imposent leurs vues et desiderata aux décideurs, lesquels (TINA, efficience des marchés, ruissellement, etc.) sont bien connus et vous vous employez à les mettre en exergue afin de mieux les combattre, ce qui est bien sûr nécessaire mais cependant non suffisant à mon sens. Vous soulignez que même sous des preuves accablantes il est très difficile de s’affranchir de certaines idées fausses tant les habitudes et le bon sens vont souvent à l’encontre de la raison. Un exemple actuel flagrant est représenté par les climato-sceptiques qui malgré les pièces à conviction du réchauffement climatique persistent à exhiber des allégations inexactes et mal fondées. Il en est strictement de même pour le cas qui nous intéresse ici, à savoir quelle politique économique appliquer. Avant toute chose, il est donc indispensable de créer un socle absolument sûr et infrangible sur lequel il soit possible d’appuyer les raisonnements.
Charles NORDMANN a écrit : « Les vérités scientifiques sont les mieux fondées, les plus certaines, les moins douteuses des vérités que nous puissions connaître touchant le monde extérieur. Si la science ne peut nous dévoiler tout à fait la nature des choses, il n’est rien qui puisse nous la faire connaître autant qu’elle » (Einstein et l’Univers, une lueur dans le mystère des choses – 1921 Hachette – p.189).
Mais, l’Etre Humain étant une composante comme une autre de l’Univers, il ne peut qu’être asservi aux Lois Naturelles qui le régissent lui-même. Or, celui-ci étant déterminé et guidé par des Principes extrémaux, tel que celui de moindre action, l’Homme ne peut qu’épouser des Principes de même nature et ne peut en aucun s’en affranchir.
Tout phénomène naturel représente toujours une évolution (positive ou négative). En effet, s’il n’existe pas de variation, il n’y a pas de phénomène. Or, la compréhension de toute évolution n’est possible qu’en la connaissance de trois paramètres : la cause, la conséquence et la loi les liant, régissant cette évolution. Par exemple, en physique, nous connaissons :
la cause : dQ = T.dS
l’effet : dW = – P.dV
la loi : P.V = r.T
Ceci permet de définir deux cycles, l’un pour la cause (Carnot) et l’autre pour l’effet (Clapeyron) permettant ainsi de saisir la création de travail mécanique à partir de la destruction de chaleur. De manière analogue, en économie il est possible de proposer des relations (qui ne tombent pas du ciel) similaires mais non identiques à celles indiquées ci-dessus. De plus, sachant que le formalisme et la méthodologie de la thermodynamique puissent traduire les comportements suffisamment réguliers de systèmes de variables bien choisies, leurs applications permettent ainsi d’appréhender de manière claire sinon limpide les phénomènes économiques de base.
Bien sûr, toute théorie ne dispose nécessairement d’aucun caractère anthropique. Ici, elle ne doit pas faire exception à la règle. Donc, elle doit être absolument neutre vis-à-vis de l’Homme, c’est-à-dire être ni bonne, ni mauvaise. De ce fait, la politique économique dite « de l’offre » et celle qualifiée « de la demande » n’ont pas de sens en elles-mêmes car c’est un équilibre lors des échanges qui doit être recherché.
Mes respects.
Monsieur GRANDJEAN
Il a été dit, dans un précédent billet (11-09-2014), que l’Homme ne peut qu’être assujetti aux Principes qui régissent l’Univers et en particulier à celui qui orchestre toute évolution, à savoir le Principe de moindre action. En effet, il est absolument incontestable que tout individu, aussi bien dans le temps que dans l’espace (conformément au Principe général d’Homogénéité) :
1) économise son travail lorsqu’il agit (fabrique un bien, effectue un service, élabore un produit, etc.),
2) économise sa monnaie lorsqu’il acquiert (achète un bien, paye un service, etc.).
MAIS TOUJOURS SOUS RESERVE DES CONTRAINTES EXTERIEURES AUXQUELLES IL EST SOUMIS.
En conséquence, il est pertinent de poser que :
1) L’ECONOMIE DE TRAVAIL AUGMENTE NATURELLEMENT TOUJOURS, ELLE EST DONC TOUJOURS MAXIMALE, N’ETANT LIMITEE QUE PAR LES CONTRAINTES EXTERIEURES,
ainsi que :
2) L’ECONOMIE DE MONNAIE AUGMENTE NATURELLEMENT TOUJOURS, ELLE EST DONC TOUJOURS MAXIMALE, N’ETANT LIMITEE QUE PAR LES CONTRAINTES EXTERIEURES.
Ces énoncés sont strictement de même nature que celui du DEUXIEME PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE spécifiant que :
l’entropie augmente naturellement toujours, elle est donc toujours maximale, n’étant limitée que par les contraintes extérieures.
Dans un premier temps, en s’en tenant au premier point (économie de travail), il ressort d’un raisonnement simple, appuyé sur quelques lignes d’analyse, que :
dT = – U.dP
avec :
T = travail à caractère économique (et non W)
U = Utilité du produit, du bien, du service, etc.
P = économie de travail
Le travail (T) est défini ici comme un travail à finalité économique. C’est celui qui permet une diminution du prix d’un produit. Ce travail est toujours inférieur au travail physique (W). En effet, une contractuelle zélée peut être éreintée à la fin de sa journée de labeur, donc avoir dépensé un travail physique (W) conséquent sans avoir aucunement déployé un travail économique (T), le prix de la contravention ne diminuant pas.
Cette relation est rigoureusement analogue, aussi bien dans son fond que dans sa forme, à celle donnant la chaleur en fonction de l’entropie en physique, à savoir :
dQ = T.dS
et peut être considérée comme la cause de l’évolution des phénomènes économiques.
Mes respects.
Monsieur GRANDJEAN
Dans un précédent message (20-08-2014), il a été montré que la méthode permettant au consommateur de posséder davantage de monnaie était de diminuer le prix du produit qu’il convoite. Pour ce faire, il est obligatoire que le consommateur exerce sur le fournisseur une force, une pression afin d’obliger ce dernier à baisser le prix. Or, cette force est une fonction de l’utilité du produit considéré. En effet, si le consommateur à une utilité impérative du produit, il n’exercera pas de force importante pour faire décroître le prix. A contrario, si le consommateur peut se passer facilement du produit, c’est-à-dire que l’utilité du produit n’est pas élevée, il exercera une force conséquente sur le fournisseur car il trouvera le produit trop cher et ne l’achètera pas.
Sans entrer dans les détails ici, il est possible de poser la relation suivante :
F.p = r.U
avec :
F = force
p = prix
U = utilité du produit
r = constante fonction du produit (rétablissement de l’extensivité des deux termes)
Pour une utilité fixée d’un produit, c’est-à-dire pour un consommateur donné, le prix est une fonction inverse de la force qu’il déploie pour l’obtenir.
Cette relation est strictement analogue, aussi bien dans son fond que dans sa forme, à celle de Boyle-Mariotte, à savoir :
P.V = r.T
Elle exhibe que la pseudo loi de l’offre et de la demande (billet du 27-08-2014) ainsi que le concept de marginalisme n’ont absolument aucune pertinence explicative et n’ont pas à être usités dans cette approche de la création de richesse.
Mes respects.
Monsieur GRANDJEAN
Maintenant, nous connaissons les 3 relations qui régentent les évolutions des échanges économiques, à l’instar de celles de la thermodynamique, à savoir :
EN PHYSIQUE :
cause : dQ = T.dS
effet : dW = – P.dV
loi : P.V = r.T
EN ECONOMIE :
(billet du 15-09-2014) cause : dT = – U.dP
(billet du 20-08-2014) effet : dM = F.dp (signe +, en raison du sens de déplacement)
(billet du 18-09-2014) loi : F.p = r.U
On constate que ces deux groupes de relations sont rigoureusement semblables (au signe près des causes et des effets). Donc, en copiant et en appliquant le formalisme de la thermodynamique, la création ou la destruction de richesse (de monnaie) devient évidente.
En thermodynamique, nous savons qu’il n’existe qu’un seul flux, à savoir :
1) de chaleur circulant d’une source chaude à une source froide.
En économie, il existe deux flux, à savoir :
1) de travail, inclus dans le produit, circulant du fournisseur au consommateur,
2) de monnaie circulant en sens inverse du consommateur au fournisseur.
Nous avons vu qu’il est nécessaire d’exécuter un travail pour accroître la richesse, c’est-à-dire diminuer les prix des produits fabriqués. Pour ce faire, la solution la plus simple, la plus facile, n’est pas de fournir ce travail mais de diminuer les salaires, charges, etc., des entreprises de production. C’est ce que préconise certains grands esprits, en général chefs d’entreprises, du MEDEF, du monde de la finance, universitaires, du FMI, de la Commission Européenne, etc. Mais, il est de notoriété que ceux qui recommandent cette solution ne travaillent pas au point de vue économique puisqu’ils ne font pas décroître le prix car ils ne produisent aucun produit. Lorsque Martine Aubry lança l’idée des 35 heures hebdomadaires de travail, de fortes polémiques eurent lieu entre les partisans et les adversaires de cette mesure. Jacques Delors vint à la rescousse de sa fille et lors d’une interview à la télévision déclara : « les gains de productivité pourvoiront aux augmentations des coûts engendrées ». Fort bien ! Cependant, ce sont les salariés qui amélioreront la productivité et en guise de remerciements, ils seront licenciés. De cela, Jacques Delors n’en a jamais rien dit. Il est bien normal mais surtout logique (sans parler de moralité) que les salariés qui travaillent économiquement demandent et reçoivent une réciprocité. Le prix des produits qu’ils acquièrent doit donc décroître mais aussi tous les services annexes dont ils ont besoin. Mais, les individus qui ne travaillent pas (banquiers, politiques, intellectuels, rentiers, capitalistes, professions libérales, footballeurs, …) perçoivent des revenus bien supérieurs aux travailleurs économiques. Or, ces revenus ne peuvent provenir que du travail effectué par les travailleurs. Par exemple, le patron du MEDEF souhaite abolir le SMIC en demandant de rémunérer certains salariés en-dessous de celui-ci. Cependant, cette personne s’est octroyée une augmentation d’environ 30%. Celle-ci ne peut provenir que des diminutions des coûts induits par l’accroissement du travail.
De plus, le deuxième flux (de monnaie allant du consommateur au fournisseur) doit produire autant de travail économique à effectuer que le premier a produit de la monnaie. Il est absolument nécessaire que les consommateurs doivent posséder de la monnaie pour acquérir les biens produits. A un déséquilibre, entre les créations de monnaie et de travail créés respectivement par les deux flux, répond toujours des anomalies économiques telles que celles en cours actuellement.
Cela explique pourquoi les DIAGRAMMES DE RAVEAU (relatifs aux deux transformations) DOIVENT ETRE COMPLEMENTAIRES. Il en résulte que toute politique économique doit rechercher un équilibre entre la création de monnaie et la création de travail sous peine d’anomalies et par conséquent de problèmes sociaux.
Bien évidemment, tout ceci est présenté ici de manière tout à fait succincte et certainement assez confuse, mais le cadre restreint des commentaires aux blogs, au demeurant particulièrement intéressants, impose des simplifications.
Mes respects.
@ Pierre Campergue
J’ai longuement hésité avant de venir vers vous, car vos billets ne me sont pas adressés et je ne connais pas grand-chose en thermodynamique. Cependant je crois qu’un échange de points de vue différents sur l’économie pourrait nous être utile.
Voici ce que j’ai compris et je vous prie de me dire si je me trompe :
« En thermodynamique, la régulation de la source de chaleur permet à la machine d’atteindre l’objectif qui lui a été fixé »
Je suppose peut-être à tort que c’est ce principe que vous appliquez à la « machine » économique.
En économie, de mon point de vue, c’est la régulation de la source monétaire qui permet à la machine économique d’atteindre l’objectif que l’on devrait lui fixer. Je dis bien « devrait », car de régulation il n’y a point. Et c’est bien là que réside le problème en économie.
Avec peut-être une différence avec la thermodynamique – si je ne me trompe – c’est qu’en économie (je parle de l’activité de production) c’est un déséquilibre qu’il faut viser : celui qui permet une croissance ou une décroissance de l’activité nationale, selon un plan mûrement élaboré en fonction de l’évolution démographique, des besoins de bien-être de la population, etc..
En revanche, je n’adhère pas à la comparaison que vous faites à l’économie en matière de travail et de richesse. Il ne s’agit plus de loi, sinon celle du plus fort, mais de phénomène de comportements de masse qui relève à mon sens de la sociologie ou de l’étude clinique des comportements des agents économiques.
En bref, vous décrivez avec beaucoup de clarté des phénomènes – dont la mondialisation est à l’origine – qui n’existait pas il y a 30 ans puisque le libre-échange n’en était qu’à ses débuts.
Sur ce plan là, je ne vois pas à proprement parler de loi économique qui pourrait s’assimiler à celle de la thermodynamique.
Merci de votre attention.
Cordialement à vous
Monsieur BAYARD bonjour,
Je vous remercie bien vivement d’avoir pris connaissance de mes billets et de les avoir considérés sinon avec importance tout au moins avec intérêt. Bien sûr qu’il est bon de comparer des points de vue différents car « c’est de la discussion que jaillit la lumière », aussi je me permets de vous apporter quelques précisions qui je l’espère l’éclaircira.
Vous dites :
1)- « En thermodynamique, la régulation de la source de chaleur permet à la machine d’atteindre l’objectif qui lui a été fixé ».
Tout à fait ! Mais, cette régulation n’est possible que parce que nous connaissons maintenant les LOIS NATURELLES qui relient la chaleur au travail récupéré. Ce sont justement ces Lois qui forment la thermodynamique. Ce sont Carnot, Clapeyron, Thomson, Clausius, etc. qui découvrirent ces Lois, ce qui nous permet maintenant de réguler notre vitesse en appuyant plus ou moins avec le pied droit sur les pédales, soit de l’accélérateur, soit du frein. Il est bien évident qui si ces Lois physiques étaient toujours inconnues, il serait toujours totalement impossible d’assurer une quelconque régulation.
2)- « c’est la régulation de la source monétaire qui permet à la machine économique d’atteindre l’objectif que l’on devrait lui fixer ».
Tout à fait ! Cependant, connaissez-vous les Lois Naturelles qui permettent de comprendre comment sourd la monnaie de la source ? Je suppute que vous tombez dans le travers absolument général et dont il faut absolument s’extirper. En effet, supposons que vous déteniez un billet de 10 € dans votre bourse. Admettons de plus que les prix des produits mis sur le marché augmentent ou diminuent de 10 %. Après ces opérations, vous disposez toujours d’un billet de 10 € qui n’a absolument pas été modifié. Toutefois, et je ne vous apprendrez rien, qu’avec ce billet il vous est possible d’acquérir respectivement 10 % de moins ou 10 % de plus qu’à l’origine. Vous êtes alors obligé d’admettre et sans contestation qu’il existe deux caractéristiques totalement différentes, à savoir :
– un billet qui est une CONSTANTE que j’appelle ARGENT,
– une valeur VARIABLE que je nomme MONNAIE et qui est incluse dans le billet.
En faisant une analogie physique qui permet une compréhension assez judicieuse : il existe :
– le gaz qui est constant,
– la température de ce gaz qui est variable.
En effet, en physique, la chaleur (énergie thermique) et le travail (énergie mécanique) sont considérés comme deux formes différentes d’énergie physique. En économie, le travail et le monnaie peuvent être parfaitement considérées comme deux formes différentes d’énergie économique.
3)- « je n’adhère pas à la comparaison que vous faites à l’économie en matière de travail et de richesse ».
Je vous prie de m’excuser pour cette répétition.
Je ne fais aucunement de comparaison, entre le travail et la richesse et je ne mélange pas les torchons et les serviettes. Comme dit ci-dessus :
– en physique la chaleur et le travail ne sont pas comparés mais considérés comme deux formes différentes d’énergie physique dont il est possible d’assurer la transformation de l’un dans l’autre, SOUS CERTAINES CONDITIONS.
– en économie le travail et la monnaie (richesse) ne sont pas comparés mais considérés comme deux formes différentes d’énergie économique dont il est possible d’assurer la transformation de l’un dans l’autre, SOUS CERTAINES CONDITIONS.
4)- « Il ne s’agit plus de loi, sinon celle du plus fort, mais de phénomène de comportements de masse qui relève à mon sens de la sociologie ou de l’étude clinique des comportements des agents économiques ».
Tout à fait ! Il ne s’agit plus de loi puisqu’elles sont encore inconnues, à part de votre serviteur et de quelques physiciens, de professeurs de faculté et d’ingénieurs de haut niveau. Dans certaines discussions, je soulève justement le fait que tant que les LOIS NATURELLES seront inconnues, alors celles « DU PLUS FORT » seront celles appliquées. A contrario, si ces LOIS sont mises au grand jour, alors quel que soit l’individu, même se disant le plus fort, il ne pourra que se soumettre à ces LOIS.
« CAR CE SONT DES LOIS PHYSIQUES » auxquelles personne et aucune chose ne peut se soustraire.
Il vous sera loisible de me rétorquer que puisque ce lois sont inviolables pourquoi le plus fort agit quasiment à sa guise ? Parce que sa puissance lui permet d’obvier aux argument avancés par son opposition (laquelle ne connaissant pas ces LOIS ne peut évidemment pas les lui opposer), non pas par des Lois Naturelles mais par des lois juridiques.
5)- Toutefois, toute théorie est absolument neutre vis-à-vis de l’homme, c’est-à-dire quelle ne dispose d’aucun caractère anthropique, contrairement à ses applications. Comprendre ou tout au moins appréhender comment la richesse peut être créée, c’est-à-dire comment est-on passé d’une société de survivance à une société d’abondance tombe sous le coup de la physique et non pas de la sociologie. Il est possible de conclure en soutenant que :
– les transformations de travail en monnaie ressortissent aux SCIENCES DE LA NATURE,
– les applications de ces transformations ressortissent aux SCIENCES DE L’HOMME.
Je vous serais particulièrement reconnaissant de me faire part de vos observations.
Bien à vous.
Pierre Campergue
Bonjour M. Campergue,
Nous allons avoir de grandes difficultés pour nous entendre car nous parlons chacun le langage de notre discipline. Etes-vous sûr de bien connaître l’économie ?
Je vais essayer de reprendre dans l’ordre votre commentaire et vous faire part de mes réflexions.
1) – La loi macroéconomique que j’ai découverte me permet d’avancer pour la régulation monétaire, ce que vous avancez à propos de la thermodynamique (cf. http://www.bayard-macroeconomie.com/loimacroeconomique.html)
Cette loi permettrait (si elle était appliquée) de réguler l’allure de marche de toute activité nationale en appuyant plus ou moins avec le pied droit sur les pédales, soit de l’accélérateur, soit du frein, l’accélérateur étant le crédit, le frein étant l’épargne.
2) – Autant que je sache, la monnaie est créée ex-nihilo par les banques avec pour contrepartie le crédit. Je crois que la majorité des économistes sont d’accord sur ce point. Jusqu’à preuve du contraire, c’est ainsi que sourd la monnaie.
Ensuite, vous me donnez pour base de votre réflexion l’érosion monétaire, ce qui me parait insuffisant pour expliquer la relation que vous faites entre une constante : le billet et une variable : la monnaie. C’est la même chose puisque le billet est de la monnaie.
3) – Je me suis certainement mal expliqué dans mon post précédent. Je voulais dire que je ne vois pas comment on pourrait régler le problème de la répartition de la richesse entre les agents économiques à l’aide d’une loi naturelle. A mon avis, ce problème relève de lois fixées par les hommes.
4) – Rien de plus à ajouter
5) – Désolé, mais je ne suis pas du tout convaincu par votre conclusion « les transformations de travail en monnaie ressortissent aux SCIENCES DE LA NATURE ».
Cordialement à vous
Monsieur BAYARD Bonjour,
CONDORCET a écrit « En méditant sur la nature des sciences morales, on ne peut s’empêcher de voir qu’appuyées comme les sciences physiques sur l’observation des faits, elles doivent suivre la même méthode, acquérir une langue également exacte et précise, atteindre au même degré de certitude ».
Toutes les études et explications conventionnelles des phénomènes économiques relèvent des flux, soit de produits (travail), soit d’argent (monnaie), c’est-à-dire qu’une seule caractéristique est considérée. Cela ne peut donc ressortir qu’à de la comptabilité aussi complexe soit-elle. Par contre, ce qui est proposé fait toujours, systématiquement et SIMULTANEMENT référence aux deux caractéristiques précitées (travail et monnaie) ce qui S’APPARENTE mais ne S’ASSIMILE pas (comme vous dites) à la physique. Il est possible de condenser ceci comme suit :
APPROCHE CLASSIQUE : produit OU monnaie,
APPROCHE NOUVELLE : produit ET monnaie,
THERMOMECANIQUE : chaleur ET travail.
Mais il a été précisé ci-dessus l’obligation de SIMULTANEITE, ce qui change tout et rapproche les conjonctions (OU et ET) des opérateurs booléens. Par exemple, un quidam quelconque peut connaître le français et le swahili, mais même un excellent traducteur est dans l’impossibilité manifeste de parler ces deux langues simultanément. Par contre, en thermodynamique et dans cette proposition une variation quelconque d’une caractéristique implique OBLIGATOIREMENT une variation simultanée de l’autre.
Vis-à-vis d’une nouvelle idée, d’un nouveau paradigme avec de nouveaux concepts c’est-à-dire remettant en cause les habitudes, deux possibilités de critique peuvent être appliquées, à savoir :
1.- essayer de faire entrer la nouvelle approche dans le corpus existant qui est généralement devenu avec le temps un point de vue quasi dogmatique. Ceci ne peut conduire qu’au rejet systématique et sans analyse de la nouvelle approche des phénomènes.
2.- étudier la nouvelle conception, sans faire référence aux anciennes, seulement en la comparant avec les faits et vérifier si elle dispose de caractéristiques explicatives et prédictives avec eux. En simplifiant, disons qu’il faut seulement dire si elle vraie ou fausse, ce qui ne peut se faire qu’avec l’analyse mathématique car celle-ci n’a jamais été prise en défaut quant à l’explication des phénomènes de la Nature. Bien évidemment, dire qu’elle est fausse implique de pouvoir dire où se situe l’erreur et pourquoi.
= = = = =
1)- Je n’ai jamais parlé de loi macroéconomique. Bien au contraire, tout les commentaires que j’ai rédigés font référence à la microéconomie. Par conséquent toute régulation se fait à ce niveau, exactement comme vous-même régulez la vitesse de votre véhicule. En appuyant sur l’accélérateur ou le frein vous agissez seulement sur votre automobile et non pas sur l’ensemble des moteurs existant en France.
Je n’ai jamais dit que j’avais découvert une loi quelconque, mais seulement que j’en connaissais une. Ce sont les savants du XIXe siècle qui le firent. Je n’ai seulement que copié scrupuleusement leurs méthodes. Je dis bien scrupuleusement car je suis bien incapable de générer quoi que ce soit. En général, ceux qui copient ont leurs travaux qualifiés de plagiat et il fut un temps où les élèves étaient affublés d’un bonnet d’âne, ce qui m’est arrivé plusieurs fois.
2)- Non ! malgré que la très grande majorité des économistes pensent que la monnaie est créée « ex nihilo » ! Je vous invite à la lecture du billet intitulé « Création de monnaie bancaire » du blog « Chasse aux dogmes » (du 24-09-2014 à 05:57). Il DEMONTRE de manière la plus formelle que les banquiers ne créent que des unités monétaires et qu’en contrepartie la valeur de l’unité monétaire varie de façon inversement proportionnelle, la MONNAIE RESTANT ABSOLUMENT CONSTANTE, c’est-à-dire que LA CREATION DE MONNAIE EST NULLE.
Les seules solutions pouvant créer (détruire) de la monnaie sont celles numérotées 3 et 4.
– la solution N° 3 montre que lorsque le prix diminue (augmente), la quantité d’unités monétaires « n » reste constante, mais que la valeur unitaire « u » s’accroît (décroît) puisqu’avec la même quantité d’unités le consommateur peut acquérir davantage (moins) de biens ou de services,
– la solution N° 4 montre que lorsque le prix diminue (augmente), la quantité d’unités monétaires « n » augmente (diminue) mais que la valeur unitaire « u » reste constante. Dans ce cas, l’émetteur d’unités monétaires (banques, banque centrale, Etat, etc.) est autorisé à émettre (retirer) autant d’unités que nécessaire pour maintenir la valeur de l’unité constante.
En conclusion de ce paragraphe, il est facile de remarquer que :
– la solution N° 2 effectuée par les banquiers ne nécessite AUCUNE DEPENSE DE TRAVAIL et dépend exclusivement d’une volonté et décision humaines,
– les solutions N° 3 et N° 4 imposent l’administration d’un TRAVAIL SUPERIEUR (INFERIEUR), ce qui est autrement plus difficile (facile).
Vous dites que le billet est de la monnaie, ce que je réfute absolument. Comme dit ci-dessus la valeur de l’unité monétaire varie avec le prix, ce qui est indéniable.
Si je vous demande de prendre dans votre main une longueur de 10 cm intrinsèquement seule vous ne pourrez pas le faire. Il vous faudra prendre un bout de bois, de métal, de ficelle, de papier, etc. dont une dimension fait 10 cm. Il en de même pour le poids et pour beaucoup de caractéristiques. Celles-ci sont INTANGIBLES mais cependant parfaitement réelles. Par conséquent, il est IMPERATIF que ces caractéristiques soient supportées par quelque chose de TANGIBLE.
Un produit quelconque (bien ou service) peut être réalisé (par n’importe quel moyen : esclaves, salariés, animaux, moteurs) en des temps différents, c’est-à-dire plus ou moins rapidement. Or, plus la vitesse est élevée, plus le travail dépensé pour cette réalisation est important, mais le produit reste toujours identique. Donc, pour un produit donné, la quantité de travail nécessaire à son élaboration peut être plus ou moins importante. Cependant, je vous mets au défi de toucher, palper le travail inclus dans le produit considéré. Vous ne pouvez toucher que le produit toujours identique mais non le travail qui varie suivant la célérité de fabrication. Il en est strictement de même pour la monnaie qui représente la valeur de l’argent (pièce, billet, chèque, or, sel, pépites de cuivre, coquillages, etc.). Vous ne pouvez en aucun cas toucher, palper la valeur intrinsèque d’un billet ou d’une pièce. vous ne pouvez prendre que le billet ou la pièce toujours identique mais non sa valeur qui est variable. Supposons un bien dont le temps de fabrication passe de 10 à 9 heures et dont le coût horaire est de 50 Euros. Un consommateur quelconque de ce bien garde dans son escarcelle 50 €. Or, ces 50 € ne tombent pas du ciel, d’un claquement de doigts et encore moins d’un banquier. Vous ne pouvez contester qu’ils correspondent au supplément de travail qu’il a fallu dépenser pour diminuer le temps de fabrication. Il existe donc une relation de cause à effet entre LE TRAVAIL EFFECTUE PAR LE FOURNISSEUR ET LA MONNAIE DETENUE PAR LE CONSOMMATEUR. Bien sûr, il existe avant comme après toujours la même quantité d’unités monétaires mais la valeur de l’unité s’est accrue (possibilité N° 3 du post déjà référencé). Cet accroissement est évidemment très faible, pour un pays comme la France. Toutefois, chaque fois qu’un prix baisse, cet accroissement existe car il n’est JAMAIS NUL. Pour faire une analogie, il est possible de dire que « ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières ». Par exemple, en considérant le marché de l’automobile, il est possible de concevoir sans exagération une baisse annuelle moyenne des prix de 250 € par véhicule. Pour un marché de l’ordre de 2 millions d’exemplaires, cela fait un gain de 500 millions d’Euros, ce qui n’est plus négligeable (environ 1/4 000 du PIB). En considérant maintenant le marché de la viande (supérieur à celui de l’automobile), de celui des produits agricoles, de l’industrie textile, du bâtiment et de la décoration intérieure, de l’électroménager, de l’énergie, etc., et surtout des produits informatiques dont le prix chute de manière quasi vertigineuse en quelques années, alors le pourcentage de richesse créée peut être sensiblement de l’ordre de 1 % ou s’en approcher. Par exemple, à l’heure actuelle beaucoup de produits sont fabriqués par des Chinoises pour quelques unités monétaires. Si ces produits étaient élaborés en Europe, ils seraient beaucoup plus onéreux. Ici encore, vous ne pouvez contester que c’est le travail exécuté par les Chinoises qui autorise les Européens à disposer de davantage de monnaie. Donc, vous ne pouvez nier non plus que c’est le travail des fabricantes qui enrichissent les consommateurs.
Evidemment, cela modifie totalement la façon de faire fonctionner nos neurones. Il est impératif de s’affranchir du bon sens et de revenir à la raison. « Il s’agit moins de penser davantage que de penser autrement » (Jean-Marie Domenach). De plus, « la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, elle est d’échapper aux idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les recoins de l’esprit » (John Maynard Keynes).
3)- Tout à fait d’accord avec vous quant à l’affirmation que la redistribution de richesse est due à une volonté et décision humaines. Je ne me suis jamais posé le problème de la redistribution de richesse mais de savoir comment cette dernière peut être créée, ce que les économistes ne font jamais. Ce n’est ni Merlin, ni Carabosse qui en sont à l’origine et, en vous priant de m’excuser pour cette redite, encore moins un banquier. Or, toutes mes réflexions n’ont que le seul but de saisir comment nous sommes passés d’une société de subsistance à une société d’abondance, c’est-à-dire comment la richesse est produite.
A ce propos, vous dites que c’est le crédit bancaire qui le permet. Bien que sûr que non ! Ce serait bien trop facile ! Ce ne peut être que le TRAVAIL EXECUTE ! Durant l’Antiquité et jusqu’au XIXe siècle les esclaves assuraient en grande partie ce travail, les agriculteurs pouvaient se servir d’animaux, mais depuis la révolution industrielle ce sont les moteurs qui le génèrent essentiellement. Bien évidemment le crédit est utile dans la mesure où il permet éventuellement d’acquérir des investissements qui eux vont permettre l’accroissement du travail, mais c’est tout ce que l’on peut dire sur le crédit. Et il est faux de soutenir que le crédit enrichit, car si ce crédit ne sert pas à effectuer du travail il ne sert strictement à rien quant à la création de richesse monétaire. Bien sûr, il peut servir à d’autres fins (médicales, sociales, culturelles, religieuses, etc.) cependant il sera toujours sans effet sur la création monétaire stricto sensu (possibilités N° 3 et N° 4). Si, avec un crédit, un entrepreneur acquiert une machine-outil mais que pour une raison quelconque (panne, congés, défaut d’alimentation électrique, etc.) elle n’est pas en service, ABSOLUMENT AUCUN TRAVAIL NE SERA EXECUTE. Dans cet exemple, malgré qu’un crédit soit octroyé il est évident que le prix du produit ne peut baisser car il n’en existe pas. Je répète ici que seul le travail permet la création monétaire et non le crédit, comme le démontre le post référencé.
5)- Voir le point 2 ci-dessus. Vous dites « Désolé, mais je ne suis pas du tout convaincu que les transformations de travail en monnaie ressortissent aux sciences de la nature ». Pour affirmer quelque chose, il est nécessaire d’apporter des arguments rationnels et si possibles analytiques, c’est ce que j’ai toujours fait. Ce n’est pas en étant désolé que la connaissance progresse. « Car rien n’échappe aux lois implacables de la thermodynamique. La société humaine, comme toute machine ou tout organisme, y est rigoureusement soumise » (Joël de ROSNAY).
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Il est à remarquer le fournisseur (fabricant) enrichit le consommateur c’est-à-dire fait sortir de la monnaie vers ce dernier. C’est exactement analogue à la thermomécanique où le travail sort du système pour ETRE UTILISE par n’importe qui pour FAIRE n’importe quoi. En économie, la monnaie sort du système pour ETRE UTILISEE par n’importe qui pour ACQUERIR n’importe quoi.
Nous savons que toute théorie est toujours basée sur des principes non démontrables mais jamais remis en cause expérimentalement ainsi qu’à au moins un loi empirique. La proposition d’explication des échanges économiques présentée suivant le formalisme de la thermodynamique ne doit pas faire exception. Il est par conséquent nécessaire et impératif d’exposer des principes et une loi de même espèce que ceux et celle définis en physique. Ceci pourra faire l’objet d’un futur billet qui exhibera donc encore des similitudes flagrantes, mais non des identités, entre les disciplines susmentionnées.
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Bien à vous.
Bonjour M. Campergue,
Comme je vous l’ai déjà dit, nous ne parlons pas le même langage. Je crois en outre que vous ne connaissez pas suffisamment l’économie pour vous y aventurer avec la thermodynamique.
Avant d’en rester là, je vous recommande de lire le petit opuscule de la Banque de France (sur son site), intitulé « La monnaie et nous » et vous pourrez vérifier que la monnaie est bien créée ex-nihilo ainsi les économistes pour la plupart le disent. Je pense que la référence Banque de France vous convaincra plus sûrement que celle de la « Chasse aux dogmes » que vous citez.
Pour le reste, je pense que vous êtes trop fort pour moi.
Bien à vous
Monsieur GRANDJEAN bonjour,
Nous connaissons la puissance explicative du formalisme de la thermodynamique dans le domaine des échanges et des transformations énergétiques. Mais nous savons aussi que toute théorie repose sur quelques principes non démontrables mais jamais remis en cause expérimentalement ainsi que sur une ou plusieurs lois expérimentales à caractère plus ou moins empirique.
Aussi, pour refonder l’économie, est-il nécessaire de procéder à une démarche similaire à celle de la thermomécanique.
La différence majeure et parfaitement visible que l’on observe entre la thermodynamique et l’économie est que :
– en physique, il n’existe qu’UN SEUL FLUX. De la chaleur circulant de la source chaude à la source froide,
– en économie, il existe DEUX FLUX. Du travail circulant du producteur au consommateur et de la monnaie circulant en sens inverse du consommateur au producteur.
Par conséquent tout est dédoublé en économie comme exposé dans les PRINCIPES ci-dessous.
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DEUXIEME PRINCIPE – PRINCIPE D’EVOLUTION
Il est absolument incontestable que tout agent économique, aussi bien dans le temps que dans l’espace (conformément au Principe d’Homogénéité), économise :
1)- son Travail lorsqu’il agit (élabore un Produit, un bien, un service, etc.),
2)- sa Monnaie lorsqu’il acquiert (achète un Produit, un bien, un service, etc.),
MAIS TOUJOURS SOUS RESERVE DES CONTRAINTES EXTERIEURES AUXQUELLES IL EST SOUMIS.
En conséquence, il est pertinent de poser que :
1)- l’Economie de Travail augmente naturellement toujours,
2)- elle est donc toujours maximale, n’étant limitée que par les contraintes extérieures,
ainsi que :
3)- l’Economie de Monnaie augmente naturellement toujours,
4)- elle est donc toujours maximale, n’étant limitée que par les contraintes extérieures.
Ces énoncés sont strictement de même nature que celui du DEUXIEME PRINCIPE DE LA THERMODYNAMI-QUE spécifiant que :
5)- l’entropie augmente naturellement toujours,
6)- elle est donc toujours maximale, n’étant limitée que par les contraintes extérieures.
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PREMIER PRINCIPE – PRINCIPE DE CONSERVATION
Il est encore absolument incontestable que :
1)- lors d’un troc, il n’existe pas de Monnaie échangée. L’échange a lieu car les Utilités respectives des Produits échangés sont égales,
2)- lors d’un change, il n’existe pas de Travail échangé. L’échange a lieu car les Utilités respectives des Argents échangés sont égales.
En conséquence, il est pertinent de poser que :
1)- il ne peut exister de Monnaie sans différence d’Utilité des Produits échangés,
2)- il ne peut exister de Travail économique sans différence d’Utilité des Argents échangés.
Ces énoncés sont strictement de même nature que celui du PREMIER PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE spécifiant que :
3)- il ne peut exister de travail mécanique sans différence de température.
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PREMISSES
Il est toujours absolument incontestable que lorsque le prix d’un Produit (bien ou service) décroît le consommateur de ce Produit garde par devers lui une quantité de Monnaie égale à la diminution de prix. Cependant, pour diminuer un prix, il est obligatoire d’accroître la productivité et par conséquent le Travail effectué (par n’importe quel moyen – individus, esclaves, salariés, animaux, moteurs et machines). Donc, en considérant ce Travail avec une finalité économique et non plus physique, il est pertinent de poser que LE TRAVAIL ECONOMIQUE SUPPLEMENTAIRE EFFECTUE PAR LE FOURNISSEUR EST TRANSFORME EN MONNAIE SUPPLEMENTAIRE DETENUE PAR LE CONSOMMATEUR.
Donc, LA MONNAIE NE DOIT PAS ETRE CONSIDEREE COMME CELLE CIRCULANT DU CONSOMMA-TEUR AU FOURNISSEUR MAIS COMME CELLE QUE LE CONSOMMATEUR DETIENT EN SUS APRES UNE BAISSE DE PRIX.
Il est donc raisonnable de considérer cette TRANSFORMATION ECONOMIQUE comme similaire, mais non identique, à une TRANSFORMATION ENERGETIQUE où la chaleur est transformée en travail mécanique. Toutefois, il est possible d’aller plus loin dans cette analogie. En effet, l’offre d’un Produit peut être définie comme étant le nombre de fois qu’est réalisé le cycle de FABRICATION par unité de temps. Par exemple, il est possible de dire que l’offre est de 888 paires de charentaises FABRIQUEES par jour.
Cette définition est rigoureusement analogue à celle de la vitesse de rotation d’un moteur. En effet, la vitesse de rotation est le nombre de fois qu’est réalisé le cycle de FABRICATION de travail mécanique par unité de temps. Le cycle économique peut être séquencé comme suit, avec en concordance les étapes du cycle thermodynamique :
1)- Tractation d’achat de matières brutes vs Transformation isotherme
2)- Fabrication vs Transformation adiabatique
3)- Tractation de vente du Produit élaboré vs Transformation isotherme
4)- Utilisation vs Transformation adiabatique
Il est patent, REMARQUABLE et TRES IMPORTANT de constater que, pour les deux cycles :
– les étapes 1 et 3 s’effectuent AVEC CONTACT avec l’extérieur et SANS MODIFICATION du Produit et de la température,
– les étapes 2 et 4 s’effectuent SANS CONTACT avec l’extérieur et AVEC MODIFICATION du Produit et de la température
De toute évidence, ceci amène à rechercher les explications des phénomènes économiques au niveau du cycle de fabrication et non plus dans la « loi de l’offre et de la demande », comme il est de coutume. En effet, à revenus constants, chaque fois que le cycle est parcouru avec une plus grande célérité, c’est-à-dire que le Produit est fabriqué plus rapidement, le prix d’un Produit peut être diminué, ce qui procure l’enrichissement du consommateur. C’est bien ainsi que, tout au moins dans les pays « occidentaux », nous sommes passés :
1)- d’une société de subsistance, sinon de disette,
2)- à une société d’abondance, sinon de déchets.
Cependant les relations analytiques étant réversibles, elles permettent donc l’appréhension de l’évolution inverse, c’est-à-dire la transition :
3)- d’une société d’abondance, sinon de pléthore,
4)- à une société de suffisance, sinon de bien-être.
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CONCLUSION
A ce stade, où seulement quelques idées sont exhibées, il est hors de question de les approfondir en quelques lignes, il faut donc admettre, a priori et sans contestation, que :
1)- le Travail est considéré ici comme un Travail économique (à finalité économique) et non plus physique, susceptible de provoquer une baisse du prix du Produit. Ce Travail n’a pas la même définition analytique que le travail physique, malgré sa ressemblance,
2)- le Travail économique et la Monnaie sont logiquement considérés comme deux formes différentes d’Energie économique, au même titre que la chaleur et le travail mécanique sont considérés comme deux formes différentes d’énergie physique,
3)- le Travail à effectuer doit seul être pris en compte et non pas le Travail effectué. En effet, le Travail économiquement intéressant est bien le premier car c’est celui qui définira l’emploi, le deuxième n’ayant pas d’utilité car les machines seront à l’arrêt et les salariés au chômage.
De plus, il faut considérer :
1)- le Produit comme le vecteur-support du Travail économique,
2)- l’Argent comme le vecteur-support de la Monnaie,
identiquement à la thermodynamique où :
3)- le gaz est le vecteur-support de la chaleur.
Il est facile de démontrer analytiquement que parmi les (quatre) différentes possibilités d’évolution monétaire les seules autorisant la création réelle de Monnaie, c’est-à-dire les seules permettant l’accroissement de la Richesse (pouvoir d’achat) nécessitent obligatoirement la dépense d’un Travail (à finalité économique). Le fait que l’exécution d’un Travail économique ait pour corollaire la création de Monnaie exhorte à considérer ce phénomène comme une TRANSFORMATION.
L’analyse mathématique, n’ayant jamais été prise en défaut quant à l’explication des phénomènes de la Nature, indique donc la voie à suivre. Par conséquent, les similitudes formelles et normalement irrécusables présentées ci-avant incitent donc à l’application exclusive du formalisme, du raisonnement, de la méthodologie de la thermomécanique aux échanges économiques, mais en prohibant l’utilisation des concepts, caractéristiques, variables et fonctions de la physique.
Par conséquent, en posant :
M = Monnaie
T = Travail économique à effectuer
g = coefficient de Transformation
il est toujours possible d’écrire :
M = g.T
que l’on peut considérer comme le PRINCIPE D’EQUIVALENCE et que l’on peut comparer à celui de la thermodynamique, à savoir :
W = J.Q
Cependant, il est logique de penser que le coefficient de Transformation g doit être une constante, ce qui n’est pas forcément le cas en Economie, mais ceci sort du cadre explicatif de cette présentation sommaire et abrégée.
En considérant le Travail à effectuer (et non pas le Travail effectué), il tombe sous le sens qu’il diminue au fur et à mesure de son exécution, tandis que la Monnaie réalisée s’accroît d’autant (sous réserve que g soit constant), de la même manière qu’en physique, la quantité de chaleur diminue tandis que le travail mécanique augmente d’autant au cours de la transformation. Par conséquent (dans un système isolé), il est logique de poser que :
dT + dM = 0
que l’on peut considérer comme le PREMIER PRINCIPE (Conservation de l’Energie) et que l’on peut comparer à celui de la thermodynamique, à savoir :
dQ + dW = 0
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Une fois ces Principes et Prémisses présentés analytiquement, leur développement mathématique entraîne, par l’application du formalisme de la thermomécanique, à définir en Science économique les cycles équivalents à ceux de Carnot et de Clapeyron en Sciences physiques. Par conséquent, cette approche permet de saisir et de comprendre comment la Richesse peut être créée (ou détruite) et comment il est ainsi possible d’accroître (ou de diminuer) le niveau de vie. De plus cet essai lance une passerelle entre les domaines économique et physique.
Ceci constitue donc un nouveau point de départ pour l’appréhension des échanges économiques car il est ABSO-LUMENT ET TOTALEMENT SANS AUCUN RAPPORT AVEC UN QUELCONQUE EQUILIBRE DES THEO-RIES CONVENTIONNELLES DE LA MICROECONOMIE, « […] car rien n’échappe aux lois implacables de la thermodynamique. La société humaine, comme toute machine ou tout organisme, y est rigoureusement soumise » (Joël de ROSNAY).
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Mes respects
Monsieur GRANDJEAN bonjour,
J’ai commis (24-09-14) un billet dans « Chasse aux dogmes », relatif à la pseudo CREATION MONETAIRE PAR LES BANQUES, qui nécessite des développements complémentaires. En reprenant ce billet, il est possible de présenter ce qui suit.
Aussi, je me permets de vous demander votre avis sur la pertinence, en particulier, de la possibilité 2 ci-dessous exposant que les banques ne créent aucune Monnaie.
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Normalement, la raison impose que pour comparer deux ou plusieurs dimensions, il est impératif que la valeur (u) de l’unité soit invariable, c’est-à-dire qu’elle reste constante dans le temps et dans l’espace. En effet et en principe, la dimension ne doit être fonction que du nombre (n) d’unités. C’est la raison pour laquelle les outils de mesure (balances, pesons, chaînes d’arpenteurs, règles, goniomètres, ampèremètres, voltmètres, thermomètres, baromètres, …) doivent être vérifiés et poinçonnés afin de garantir leur exactitude et cela à partir d’étalons dont les dimensions ont été fixées une bonne fois pour toutes. En tout temps et en tout lieu, l’utilisation d’instruments de mesure falsifiés par modification de la valeur de l’unité a toujours été très sévèrement condamnée. Or, en Economie cette règle, normalement absolue, décrétant la fixité de l’unité n’est pas valable. En effet, la valeur de l’unité monétaire varie en fonction du lieu et du temps ce qui complique à loisir la façon d’appréhender les échanges économiques. Il est tout à fait indéniable que l’unité monétaire européenne n’est pas identique à celle des Etats-Unis, du Japon, du Paraguay, du Malawi ou de tout autre pays. Certains rétorqueront que dans le monde anglo-saxon, les unités de mesure physique sont différentes de celles du système métrique. Cependant, les coefficients de transformation entre ces unités ont été fixés définitivement à l’inverse de ceux des unités monétaires qui varient quotidiennement par détermination en bourse. De plus, il est également incontestable que le Peso argentin a fortement varié depuis quelques années et que le rapport des valeurs du Dollar et de l’Euro a évolué depuis la création de ce dernier. La valeur du Mark en l’an 2000 n’avait absolument aucune correspondance avec celle qu’il avait au début des années 1920 (en particulier en 1923).
En conséquence, pour l’étude de la valeur de la Monnaie existante dans un système économique, il est bien évidemment indispensable de prendre en compte la variation éventuelle (dans le temps) de la valeur de l’unité monétaire circulant dans ce système (dans l’espace). Les 4 possibilités d’évolution monétaire (numérotées identiquement au post référencé) ressortissant de la relation différentielle déjà posée, à savoir :
dM = n.du + u.dn
peuvent être explicitées comme suit :
1)- POSSIBILITE 1
Il est possible de considérer cette possibilité comme un cas où, à l’échelle du système, il ne se passe rien. En effet, tout (n et u) étant constant, il n’existe par conséquent aucune variation. Cependant, ceci n’est valable qu’en considérant le système en entier. Ceci exprime que la Richesse totale du système est constante mais cela ne veut absolument pas dire qu’à l’intérieur du système il ne puisse exister de variations entre les différentes parties de celui-ci. Dans le cas qui nous préoccupe, si certains agents disposent d’augmentations de revenus (salariales ou autres) cela implique nécessairement une perte (diminution) de revenus d’autres agents, car il aura fallu obligatoirement prélever la Monnaie antérieurement à sa redistribution vers les agents dont les rémunérations sont accrues. Par exemple, si l’on considère un système économique composé de 20 millions d’actifs et que parmi ceux-ci 200 000 (soit 1 %) aient leurs revenus augmentés de 5 %, la perte moyenne des autres agents (19 800 000) sera de 0,05 %. Bien sûr, cela ne représente pas grand-chose mais cependant la perte est bien réelle. De toute façon, cela n’accroît en aucune manière la Richesse globale du système. Or, dans tout système, physique ou autre, les gradients ont toujours naturellement (hors contrainte) tendance à diminuer pour approcher l’équilibre, où en principe il n’existe que des fluctuations. En Economie, le fonctionnement d’un système ne doit pas déroger à cette règle. Des écarts s’accroissant impliquent obligatoirement un processus vicié du système.
2)- POSSIBILITE 2
Deux exemples typiques de ce cas sont respectivement les passages des anciens aux nouveaux Francs en 1959 et plus près de nous le passage des Francs aux Euros. En effet, dans le premier exemple, le nombre (n) d’unités monétaires a été divisé par 100 et de ce fait la valeur (u) de l’unité monétaire a été multiplié d’autant avec 1 Nouveau Franc égal à 100 Anciens Francs. Le passage à la Monnaie unique européenne représente le même mécanisme au coefficient près. Le nombre (n) d’unités monétaires ayant été divisé par 6,55 957 par rapport au Franc, la valeur (u) de cette unité a été multipliée par ce coefficient et donc 1 Euro égale 6,55 957 Francs. Personne ne soutiendra que la Richesse de la France (ou bien de tout autre pays de la Zone Euro) ait été modifiée de quelque manière que ce soit par ces changements de Monnaie, au risque de passer pour un farfelu. Il est bien certain que ceci est toujours vrai même si l’émetteur ne frappe qu’une toute petite quantité de billets sans qu’il ait existé une baisse des prix. Bien sûr, dans ce cas, la baisse de la valeur de l’unité monétaire sera faible ou pourra même être qualifiée de dérisoire. Toutefois, elle ne sera jamais nulle pour autant mais absolument et intégralement proportionnelle à cet accroissement de quantité du nombre d’unités monétaires.
Il est courant d’entendre dire que ce sont les banques qui créent le plus de monnaie en distribuant davantage de crédits soit aux entreprises soit aux particuliers. Or, il est bien évident que ce n’est pas parce qu’une banque octroie une ligne de crédit à un agent économique quelconque que la Richesse du système économique considéré est accrue. En effet, tout octroi de prêt par inscription d’une ligne de crédit bancaire et non couvert par des dépôts s’apparente incontestablement à un accroissement du nombre d’unités monétaires. En conséquence, la « création » de Monnaie par les banques n’est qu’une vue de l’esprit car la valeur de l’unité monétaire variera de manière strictement inverse. En effet, l’analyse historique montre, sans contestation, que lorsque le crédit est accru, les prix augmentent. L’augmentation des prix engendre de l’inflation et corrélativement la diminution de la valeur de l’unité monétaire. Beaucoup de crises économiques ne sont consécutives qu’à des épisodes de crédit facile et abondant. Celle dite des « subprimes » en est un exemple frappant et récent. En conclusion de ce paragraphe il est incontestable d’assurer que les banques ne créent que de l’Argent (des unités monétaires) mais en aucune manière de la Monnaie, c’est-à-dire de la Richesse.
Il est dit que les banquiers créent de la Monnaie en octroyant des crédits, alors il faut admettre que le passage des Anciens Francs aux Nouveaux Francs ainsi que des Francs aux Euros correspondent à une destruction de Monnaie, ce que personne ne prononce. En effet, les banquiers créent des unités monétaires (n) et les événements précités en ont détruits : 100 n dans le premier cas et 6,55957 n dans le second.
En conséquence, si rien ne change par ailleurs, la modification du nombre d’unités monétaires par émission de papier-monnaie (par l’Etat) ou de crédits (par les banques) n’est que pure fantaisie et démagogie car la valeur de l’unité variera de manière inversement proportionnelle. Evidemment, les agents qui recevront un surplus d’unités monétaires seront favorisés au détriment de ceux qui n’en auront point reçu car ces derniers verront leur revenu diminuer en fonction de la baisse de la valeur de cette unité ce qui, comme précédemment, accroît les inégalités.
Bien évidemment, tout système économique présentant une certaine inertie (comme tout système physique), l’augmentation de certains revenus étant immédiate et celle des prix étant différée durant un certain temps en raison de cette inertie, il en résulte un accroissement momentané de la Richesse. Mais en raison même de cette inertie, cet enrichissement temporaire sera obligatoirement suivi, ultérieurement, d’une diminution de ce dernier, c’est-à-dire d’un appauvrissement, le résultat final global du système étant absolument et rigoureusement nul.
Ces 2 possibilités (1 et 2) montre qu’aucune Richesse monétaire n’est ni créée ni détruite. Que la valeur (u) de l’unité monétaire ou le nombre (n) d’unités soit constant ou variable ne change strictement et absolument rien au résultat car ces deux caractéristiques évoluent de manière rigoureusement inverse. L’augmentation des revenus (salaires ou autres) est donc absolument inopérante pour l’enrichissement du système économique considéré.
Toutefois, il faut remarquer que depuis la crise de 2008, la BCE (ainsi que la FED) ont émis énormément d’unités monétaires (plusieurs fois la quantité déjà existante) sans que cela provoque une inflation généralisée et importante conformément à ce qui aurait dû se produire d’après ce qui est exposé ci-dessus. La seule raison ne peut être que les banques n’ont pas distribué ces liquidités mais s’en sont servis pour se désendetter et pour acquérir de la dette souveraine. Ces unités monétaires étant absentes sur les lignes de crédit aux particuliers et aux entreprises, la quantité (n) d’unités ne varie pas ce qui implique que la valeur (u) de l’unité qui reste sensiblement constante.
3)- POSSIBILITE 3
Puisque la quantité (n) d’unités est constante la valeur (u) de cette unité est évidemment une fonction directe de la quantité de Monnaie créée, et uniquement de celle-ci, par un Travail effectué supplémentaire ce qui provoque, ipso facto, un enrichissement directement proportionnel des agents consommateurs composant le système économique.
4)- POSSIBILITE 4
Puisque par une augmentation du Travail effectué une quantité de Monnaie proportionnelle est créée, l’Etat (ou tout autre émetteur de Monnaie) a le droit d’émettre autant d’unités monétaires (n) que de Monnaie créée afin de maintenir la valeur (u) de l’unité monétaire constante. De la même manière que dans la possibilité précédente, cette création de Monnaie provoque l’accroissement de la Richesse du système. Cependant, il est bien évident que la Monnaie émise par l’Etat doit être équitablement répartie parmi les agents composant le système sinon les inégalités seraient obligatoirement augmentée. Cependant, la politique a suivre n’est absolument pas le but de cette étude qui ne porte exclusivement que sur l’explication des phénomènes.
Ceux qui affirment que les banques créent de la Monnaie ex nihilo se réfèrent alors incontestablement à cette possibilité, soit à un accroissement de Monnaie par augmentation du nombre d’unités monétaires, mais à unité constante. Un peu de logique, de raison, mais surtout pas de bon sens, montre alors qu’il n’y aurait qu’à accroître sans limite les crédits pour enrichir à l’infini un système économique quelconque. Cela fait longtemps que la pauvreté (sans parler de la misère) devrait avoir disparue. De plus, il ne faudrait jamais rembourser les emprunts car chaque remboursement serait dans ce cas un appauvrissement. Les crises économiques, qui sont souvent dues à des excès de liquidités provenant de crédits, n’auraient dans ce cas pas de raison d’être et donc ne devraient jamais exister.
Les possibilités analytiques 3 et 4 sont évidemment valables aussi bien quand la quantité de Monnaie diminue que lorsqu’elle augmente, c’est-à-dire que sa variation soit négative (dM 0), cette variation déterminant respectivement une baisse ou un accroissement du pouvoir d’achat, c’est-à-dire un appauvrissement ou un enrichissement du système considéré. Cette hypothèse (composée des possibilités 3 et 4) montre que de la Richesse monétaire est créée quand le prix diminue et que de la Richesse monétaire est détruite quand le prix augmente.
Il est indéniable que le fait d’accroître le nombre d’unités monétaires par impression de billets ou inscription de lignes de crédits n’implique aucune dépense de Travail, hormis celle juste nécessaire à la fabrication de billets et/ou à l’inscription de lignes crédits. Cet accroissement d’unités monétaires n’est toujours dû qu’à une décision humaine. Si certains croient et soutiennent que cette augmentation puisse procurer un accroissement de Richesse, alors pourquoi ne pas donner du crédit sans limite « urbi et orbi » ? Par contre diminuer les prix impose obligatoirement l’exécution d’un Travail au moins proportionnel à cette diminution. Il est bien certain que cette deuxième hypothèse est autrement plus difficile à réaliser.
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Pour synthétiser, il est possible de poser que :
1- LES EVOLUTIONS MONETAIRES QUI N’EXIGENT PAS L’EXECUTION DE TRAVAIL, NE CREENT JAMAIS DE MONNAIE.
2- LES EVOLUTIONS MONETAIRES QUI NECESSITENT LA DEPENSE DE TRAVAIL, CREENT TOUJOURS DE LA MONNAIE.
Lorsqu’un individu quelconque touche des revenus quels qu’ils soient, il est possible de dire qu’il perçoit une certaine quantité d’unités monétaires, c’est-à-dire le nombre (n) d’unités défini ci-avant. En effet, la valeur de ses revenus ne peut être donnée que par la valeur (u) de l’unité monétaire, or cette dernière n’est déterminée que par le prix des Produits mis sur le marché. Supposons, par exemple, qu’un agent économique perçoive mensuellement 1 000 € de revenus et que cette somme permette d’assurer juste ses besoins primaires (nourriture, habillement, logement, santé). A la fin de chaque mois, il ne lui reste donc plus rien. Supposons maintenant que :
1- les prix des Produits qu’il acquiert chaque mois augmentent de 10 %, il est bien certain qu’il lui manquera 100 € pour satisfaire ses besoins. De ce fait, il est indispensable soit qu’il diminue son « train de vie », soit qu’il emprunte pour le maintenir. Il est indéniable que cette hypothèse correspond à un appauvrissement de cet individu.
2- les prix des Produits qu’il acquiert chaque mois chutent de 10 %, il est bien certain qu’en conservant ses habitudes de consommation, il disposera à la fin du mois de 100 € dans sa bourse qu’il pourra utiliser à sa guise ultérieurement. Il est manifeste que cette hypothèse correspond à un enrichissement de cet individu.
Quelle que soit l’hypothèse envisagée (prix en hausse, prix en baisse, prix constant), il est indiscutable que :
1- la quantité d’unités monétaires (n) reçue par l’agent économique est constante (1 000 unités),
2- la quantité d’unités monétaires existante dans le système est constante,
3- la valeur de cette quantité d’unités monétaires (1 000 u) varie avec le niveau des prix.
D’une autre façon, il est possible de poser que lorsqu’un agent économique touche n’importe quel revenu, il ne perçoit que de l’Argent, la valeur de cet Argent étant définie par les prix des Produits mis sur le marché. Or, les prix indiqués sur les étiquettes ne sont déterminés que par le fournisseur. C’est donc ce dernier et lui seul qui donne la valeur à l’Argent, c’est-à-dire la Monnaie. L’évolution de la quantité de Monnaie ne peut donc être obtenue que :
1- soit par accroissement de la valeur de l’unité monétaire à nombre d’unités constant (possibilité 3),
2- soit par augmentation du nombre d’unités monétaires à valeur de l’unité constante (possibilité 4).
En conclusion, il est possible d’affirmer que :
1- la seule méthode d’accroître la Richesse d’un système économique est d’effectuer du Travail supplémentaire qui correspond à un gain de productivité, et absolument à aucune autre mesure économique, car ce chapitre démontre indubitablement que seule une baisse des prix peut engendrer une augmentation de la consommation (ceteris paribus sic stantibus),
2- les augmentations de revenus dont l’origine n’est pas due à un accroissement de Travail effectué ont toujours pour conséquence de provoquer des distorsions économiques à l’intérieur du système et non pas son enrichissement global. Bien sûr, certains peuvent rétorquer que ces augmentations puissent servir à diminuer les inégalités par redistribution, ce qui n’est pas contesté. Cependant, il faut alors qu’ils admettent obligatoirement que ces inégalités soient justement dues à des augmentations de revenus antérieures qui avaient provoqué préalablement ces distorsions et qui n’auraient donc pas dû se produire. Oublier ce fait serait alors un exemple flagrant de la perte du raisonnement analytique et, par conséquent, de la raison.
Dans un système isolé, si pour une raison quelconque, une partie de la population voit ses revenus augmenter, il est certain que le reste de la population verra le sien diminuer, toutes choses étant égales par ailleurs. Dans le cas où les chefs d’entreprises seraient augmentés, les salariés verraient leur pouvoir d’achat diminuer et inversement si ces derniers sont augmentés les revenus des chefs d’entreprises diminueront. En conséquence, dans le cas d’un accroissement du pouvoir d’achat d’une partie de la population par augmentation des revenus, seule cette partie s’enrichit au détriment de l’autre partie, ce qui est parfaitement logique. Dans l’hypothèse où cet accroissement du pouvoir d’achat est due à la baisse des prix, il est bien certain qu’aucune partie de la population n’est lésée puisque cette baisse profite à tous les agents composant cette population. On voit que la seule façon normale d’accroître la Richesse d’un système économique est la diminution des prix des Produits mis sur le marché, mais cette diminution ne peut être provoquée que par une augmentation du Travail effectué, comme cela vient d’être formulé ci-avant.
Contrairement à beaucoup d’idées reçues et dogmatiques on peut affirmer que : EX NIHILO NON MONETA.
= = = = =
Avec mes remerciements, mes respects.
Bonjour M. Campergue,
Maintenant que vous avez abandonné votre panoplie du thermodynamicien et que vous vous situer sur le terrain de l’économie – que manifestement vous ne connaissez pas ou très insuffisamment – vous entrez dans le domaine de ma compétence, aussi je crois pouvoir vous répondre.
En fait, toute votre démonstration repose sur ce que vous considérez comme un dogme faux, celui de la création monétaire ex-nihilo, puisque vous affirmez en conclusion que « EX NIHILO NON MONETA ».
Dans l’hypothèse où la monnaie est bien créée EX-NIHILO par les banques – ce qui est facile à démontrer – toute votre construction s’écroule comme un château de cartes.
En voici la démonstration :
La banque vous accorde un crédit pour acheter votre voiture – j’imagine que comme tout le monde il vous est arrivé d’emprunter à votre banque (voiture, logement).
Où croyez-vous qu’elle tire la monnaie qu’elle met à votre disposition ? Elle crée la monnaie en passant l’écriture comptable suivante :
Débit : Créance à la clientèle ou hypothécaire 10.000 u
Crédit : Compte courant de M. Campergue 10.000 u
Et puis, M. Campergue vous utilisez la monnaie mise à votre disposition par votre banque pour régler le montant de la facture de votre marchand de voiture. C’est pour cela que vous avez emprunté.
En payant votre fournisseur vous lui permettez d’accroître la richesse nationale, ce qui ne lui aurait pas été possible si vous n’aviez pas emprunté. Comme vous n’êtes pas seul dans ce cas, la monnaie créée tous les jours ainsi apporte à l’économie les ressources monétaires qui lui sont nécessaires pour accroître la richesse nationale.
Vous vous êtes engagé envers votre banque, M. Campergue, à rembourser les 10.000 u. Ainsi, par exemple vous remboursez 1.000 u par mois à l’aide des revenus que vous recevez de l’activité nationale – tout comme votre marchand de voiture a les siens (en partie grâce à vous).
La banque passe alors l’écriture inverse de la précédente jusqu’au remboursement complet de votre crédit en 10 mois, par exemple :
Crédit : Créance à la clientèle ou hypothécaire 10 * 1.000 u
Débit : Compte courant de M. Campergue 10 * 1.000 u
Par ce jeu d’écritures, la banque a détruit la monnaie qu’elle a créée ex-nihilo (sortie de rien).
Vous ne vous battez pas contre un dogme, M. Campergue. Vous vous battez contre des dispositions techniques éprouvées et reconnues depuis longtemps.
Il s’agit de monnaie scripturale (monnaie d’écritures comptables) qui obéit à des règles strictes. Il ne s’agit pas de croire ou de ne pas croire M. Campergue. Il s’agit de reconnaître une technique éprouvée, ce que vous refusez d’admettre parce que vous ne la connaissez pas.
Vous avez remarqué l’absence insistante de réponse de la part de Alain Grandjean à vos commentaires depuis le début de votre intervention. A mon avis, il ne vous répondra pas, car il connait parfaitement les mécanismes de la création monétaire ex-nihilo. A ce propos, je vous recommande la lecture de l’ouvrage qu’il a écrit avec Gabriel Galand intitulé « La monnaie dévoilée » chez L’Harmattan.
Cordialement
Monsieur BAYARD bonjour,
S’il vous plaît, veuillez avoir l’obligeance de vous abstenir de dire que je ne comprends rien à l’économie. Cela devient lassant et surtout cela n’apporte rien à la discussion. Cependant, il faut que je vous précise que je connais tout ce que vous pouvez raconter et bien d’autres choses encore depuis très, très, …, très longtemps. C’est d’ailleurs en raison de l’insatisfaction que je ressentais (comme quasiment tous les économistes) dans la « science » économique que j’ai trouvé utile de rechercher un nouveau modèle des échanges. Je me permets de vous citer trois réflexions d’économistes célèbres qui corroborent cela.
« Je ne connais aucune science [autre que l’économie] qui ait la prétention de parler de phénomènes du monde réel, et se livre à des exposés en aussi flagrante contradiction avec les faits » (Herbert Alexander SIMON – Prix Nobel d’économie).
« Si la théorie microéconomique standard est fausse, pourquoi ne pas s’en débarrasser ? Je pense que les manuels sont scandaleux. Je pense qu’exposer de jeunes esprits impressionnables à cet exercice scolastique, comme s’il disait quelque chose sur le monde réel, est scandaleux » (idem).
« Dans aucun autre domaine de la recherche que l’économie, il n’a été fait usage d’un appareil aussi massif et raffiné que les statistiques pour des résultats aussi médiocres » (Wassily LEONTIEFF).
Le philosophe américain Daniel Boorstin a écrit « Le principal obstacle à la découverte […] n’aura pas été l’ignorance, mais l’illusion de savoir ».
En effet, connaissant (à peu près) les Lois qui régissent la marche de l’Univers, je ne pouvais croire que l’économie qui n’est qu’une émanation de l’esprit humain s’émancipe de ces Lois. En tant que technicien, je ne considère absolument pas votre développement comme une démonstration mais seulement comme une historique événementielle. Vous savez pertinemment que le matin le soleil se lève à l’est, que vers la mi-journée il se trouve au-dessus de nos têtes et que le soir il se situe à l’ouest. Cette succession d’événements est absolument exacte et ne souffre d’aucune contestation possible. Toutefois, la conclusion de BON SENS, mais non de RAISON, qui en est tirée, à savoir : le soleil tourne est parfaitement erronée. Il en est de même pour la création monétaire par les banques. Mais si Monsieur Grandjean a pris connaissance du billet relatif à cette création, il a compris instantanément ce que cela signifiait. Vous savez aussi qu’en 1923/1924, l’Allemagne a vécu une période d’hyperinflation. La banque centrale allemande a émis un nombre gigantesque d’unités monétaires et ce n’est pas pour cela que les Allemands étaient plus riche et possédaient plus de monnaie car, par contre coup, la valeur du Mark était devenue quasi nulle. La possibilité N°2 déjà référencée représente seulement la relation mathématique existant entre le nombre d’unités et la valeur de cette unité. A ce propos, vous dites que, « pour acquérir un véhicule, j’emprunte 10 000 u auprès de mon banquier, il crée cette somme ». C’est très exactement ce que j’affirme, il crée 10 000 unités monétaires. Je dis que le banquier ne crée que des unités monétaires. Vous me direz que c’est jouer sur les mots. Cependant, c’est pour cela que dans un billet j’ai repris l’aphorisme de Condorcet stipulant que « en méditant sur les sciences morales, on ne peut s’empêcher de voir qu’appuyées comme les sciences physiques sur l’observation des faits, elles doivent suivre la même méthode, ACQUERIR UNE LANGUE EGALEMENT EXACTE ET PRECISE, atteindre au même degré de certitude ».
Vous dites que je pars d’un dogme faux en écrivant « ex nihilo non moneta ». Mais vous savez très bien qu’un dogme est toujours une prémisse. Or, cette sentence est la conclusion d’un calcul mathématique et donc ne peut être dogmatique. Si cela avait été un dogme je l’aurai placé en tête du post et non pas en dernière ligne.
Dans le billet du 09-10-2014, j’écris :
Vis-à-vis d’une nouvelle idée, d’un nouveau paradigme avec de nouveaux concepts c’est-à-dire remettant en cause les habitudes, deux possibilités de critique peuvent être appliquées, à savoir :
1.- essayer de faire entrer la nouvelle approche dans le corpus existant qui est généralement devenu avec le temps un point de vue quasi dogmatique. Ceci ne peut conduire qu’au rejet systématique et sans analyse de la nouvelle approche des phénomènes.
2.- étudier la nouvelle conception, sans faire référence aux anciennes, seulement en la comparant avec les faits et vérifier si elle dispose de caractéristiques explicatives et prédictives avec eux. En simplifiant, disons qu’il faut seulement dire si elle vraie ou fausse, ce qui ne peut se faire qu’avec l’analyse mathématique car celle-ci n’a jamais été prise en défaut quant à l’explication des phénomènes de la Nature. Bien évidemment, dire qu’elle est fausse implique de pouvoir dire où se situe l’erreur et pourquoi.
Vous réagissez typiquement comme défini dans la première possibilité, c’est-à-dire comme les scolastiques qui se réfugiaient sous le parapluie idéologique du Stagirite en proclamant « Aristoteles dixit … » pour en aucun cas se remettre en cause, car en effet « nous répugnons à savoir parce que cela signifie changer » (Ruth Dreifuss).
De plus, vous n’êtes pas sans savoir qu’avec Varignon (précurseur de la mécanique analytique) les savants du début du XVIIIe siècle se rendirent compte qu’ils disposaient maintenant, avec l’analyse mathématique, de l’outil qui leur faisait défaut pour l’appréhension de la marche de l’Univers. Durant tout ce siècle, ils s’appliquèrent à comprendre les phénomènes naturels existants. Mais à partir du XIXe, ils s’aperçurent qu’ils pouvaient découvrir de nouveaux phénomènes totalement inconnus uniquement par le calcul analytique. Vous connaissez bien sûr les exemples célèbres de la découverte de Neptune par Urbain Le Verrier et John Couch Adams ou encore, très récemment, du boson de Higgs. Mais, un des premiers exemples de primo-découverte par le calcul revient sans nul doute à Fresnel. Il allégua que sur un écran placé derrière un disque opaque éclairé par une source lumineuse, une tâche claire apparaitrait au centre de l’ombre portée du disque. Il fut raillé jusqu’à ce que l’expérience soit réalisée laquelle exhiba effectivement la réalité du phénomène. Vous ne pouvez que constater que toute la technologie dont vous faites usage quotidiennement est, dans son ensemble, totalement tributaire de l’analyse mathématique. Tout ceci pour dire que l’analyse ne doit pas être remise en cause, étant entendu que tout y est soumis. Tous les scientifiques vous diront que ce n’est pas eux qui parlent mais l’analyse et qu’ils ne font que traduire dans leur langue respective ce qu’elle expose.
Je réitère ici le fait que je me suis seulement limité à montrer qu’il est possible de concevoir une autre façon d’approcher les échanges que celle conventionnelle, mais plus rationnelle car entièrement analytique, sachant que je ne parle jamais de finance. Et ça, vous ne pouvez en aucun cas me le reprocher. La seule chose qu’il vous soit permis de faire est la possibilité de réfutation de manière analytique (possibilité 2 ci-dessus), car c’est la seule chose dont la logique vous accorde le droit et non pas de revenir sans cesse à la création de monnaie par les banques (possibilité 1).
Vous savez également qu’en physique, de nombreuses études sont menées dans le monde sur les phénomènes à caractère stochastique, c’est-à-dire qui se produisent loin de l’équilibre. Les systèmes où se forment ces phénomènes ont pour première caractéristique d’être relatifs à un très grand nombre de constituants (de l’ordre 10 puissance 23), soit macroscopiques. Lorsque l’on apporte de l’énergie à ces systèmes, ils répondent systématiquement toujours de manière à accélérer le transfert de cette énergie. Par exemple en chauffant de plus en plus de l’eau dans une casserole, l’énergie s’écoule de plus en plus rapidement, d’abord par conduction, ensuite par un mouvement régulier laminaire, enfin par un régime turbulent, c’est-à-dire de plus en plus instable. Je passe bien évidemment sur les détails que vous connaissez (par exemple avec les cellules de Bénard). Toutefois, ces recherches ne sont possibles que parce que l’on connaît déjà les définitions et lois qui régissent la branche thermodynamique.
En macroéconomie, il semble que les phénomènes soient comparables. En effet, moins il existe de régulation, de contraintes dans un système économique, plus les transferts de monnaie sont rapides et plus le système est instable, c’est-à-dire sujet à des crises économiques. Mais, comme en physique, afin d’étudier les phénomènes aléatoires il m’a paru nécessaire de connaître au préalable les définitions et lois de la microéconomie.
C’est donc une simple proposition que je présente. Toutefois, celle-ci a fortement impressionné plusieurs physiciens, professeurs d’université et ingénieurs de haut niveau, ce qui doit inciter à considérer sa cohérence et sa validité sinon parfaites du moins correctes dans le contexte et le champ d’application de cette proposition.
= = = = =
Bien à vous.
Bonjour M. Campergue,
Tout d’abord, je vous demanderais d’excuser une ou deux fautes (grossières) d’orthographe que j’ai laissé passer dans mon dernier commentaire.
Ensuite, si vous voulez bien me relire, vous verrez que je n’ai jamais dit que vous ne compreniez rien à l’économie. J’ai seulement avancé que vous ne connaissiez pas la technique comptable qui régit la monnaie scripturale (issue d’écritures comptables), ce qui n’est pas pareil.
Enfin, je ne poursuivrai pas cette vaine discussion car – je crois – nous ne parlons pas le même langage, d’où l’impossibilité de nous comprendre.
Nos échanges m’auront toutefois permis d’avancer dans ma démarche – un commentaire suivra sous peu – soyez-en remercié.
Bien à vous
Bonjour Alain,
Si tu permets, je voudrais exposer sur ce fil de discussion quelques idées sur les effets combinés de l’endettement (argent-dette) et de l’épargne sur le processus qui conduit à la formation de la richesse nationale. Je pense qu’il s’agit là d’un aspect capital de la gouvernance économique.
Que l’on veuille bien pardonner la longueur de l’exposé que j’ai souhaité le plus clair possible.
Actuellement on parle beaucoup de croissance, mais elle est parait aussi insaisissable que l’Arlésienne !
A part les discours incantatoires et les vaines promesses, il semble que nos dirigeants ne savent pas ce qu’est la croissance.
Je me permettrais d’attirer l’attention du lecteur sur une confusion qui règne en matière de croissance. Certains prétendent qu’elle serait nuisible à l’environnement. Je répondrais que ce n’est pas la croissance qui nuit à l’environnement, c’est le comportement de ceux qui la font et la manière de la faire.
Il ne semble pas inutile de rappeler que le PIB – mesure de la richesse nationale et de la croissance quand elle s’accroit – est la somme des échanges pratiqués entre eux par les agents économiques. Le PIB est aussi le Revenu National par égalité.
Il ne faudrait tout de même pas oublier, de plus, que nous avons sur terre des millions d’êtres humains qui vivent dans la misère et qu’ils ont les mêmes droits que les autres aux revenus qu’apporte la croissance, c’est-à-dire à la croissance elle-même faite de travail et de pouvoir d’achat.
A – Les acteurs
A .1 – Les agents économiques ordinaires
Ce sont :
– les ménages,
– les entreprises,
– l’étranger.
A.2 – L’Etat
L’Etat joue un rôle prépondérant – et méconnu – dans l’activité économique. Il doit être considéré comme une entreprise puisqu’il emploie du personnel et fournit des services (à prix imposé),
Quelques lignes à son propos :
Le budget de l’Etat est un budget de trésorerie, mêlant indistinctement :
– dans les recettes, celles qui concernent les taxes et impôts, les revenus de ses participations dans les entreprises publiques, les cessions de biens et les emprunts, et
– dans les dépenses, celles qui concernent les dépenses de fonctionnement, les aides diverses et variées, les investissements, les intérêts des emprunts et le remboursement des emprunts eux-mêmes.
Ce qui a comme première et absurde conséquence d’obliger l’Etat à emprunter pour accroître son patrimoine et à le revendre pour rembourser à la fois son capital et les intérêts.
Situation économique absolument ubuesque dans un désordre organisée ?
B – Le processus économique est engendré par la rotation des échanges
On entre ici dans le domaine de la macroéconomie. Tout se tient dans un univers où tout est mouvement.
Le troc ayant quasiment disparu, on a affaire à un système d’échanges basé sur la monnaie, échanges qui animent la sphère (dite réelle) de l’activité de production. Cette sphère ne tourne pas sans obéir à un cycle d’ordre monétaire ; ce cycle est mensuel, car il dépend de la fréquence – généralement mensuelle – du versement des salaires aux ménages par les entreprises et l’Etat.
Chaque mois, des millions de ménages perçoivent leurs salaires et autres revenus, et chaque mois suivant ils épargnent, ils empruntent et ils consomment. Les mouvements bancaires, à cet égard, témoignent de ce rythme perpétuel de l’économie : les comptes bancaires des ménages sont régulièrement approvisionnés en fin de mois, et tout aussi régulièrement « vidés » tout au long du mois suivant, alors que simultanément les comptes des entreprises enregistrent les opérations inverses.
Pour certains – de plus en plus nombreux – leurs comptes sont vidés bien avant la fin du mois !
De leur côté, les entreprises dégagent des revenus, produisent et empruntent pour investir dans leur outil de fabrication (investissement) afin de l’adapter à la demande des ménages. Leur épargne correspond surtout à celle qui sert au remboursement de leurs emprunts antérieurs.
Quant à l’Etat, son déséquilibre budgétaire participe à la croissance du pays par son endettement. Il fait de la relance par la consommation ou par l’investissement sans le savoir !
La consommation des ménages occupe de loin la part la plus importante dans le produit national (PIB). Elle varie d’un pays à l’autre en fonction du niveau du taux d’épargne des ménages du pays concerné. Les Etats-Unis et le Japon sont des modèles du genre par leurs différences.
En règle générale, les ménages épargnent plus qu’ils n’empruntent pour consommer tandis que les entreprises au contraire, empruntent plus qu’elles n’épargnent pour investir.
L’Etat, quant à lui, participe à la production nationale par la fraction de son endettement, celle qui n’est pas consacrée à des opérations purement financières (principalement hors du territoire national).
Les échanges extérieurs s’ajoutent (exportations) ou se retranchent (importations) de ce processus, car ils y apportent la monnaie empruntée par l’étranger dans le premier cas, et le réduisent par le prêt de l’étranger dans le second.
L’activité de production fonctionne à peu près comme le moteur d’un engin mécanique, plus ou moins vite, selon qu’elle est alimentée plus ou moins en carburant, c’est-à-dire en monnaie.
On a donc affaire à un univers en mouvement perpétuel dont les dimensions (croissance, décroissance) varient en fonction des flux monétaires qui le traversent.
C – La sphère réelle est animée par des flux monétaires de sens contraire que l’on peut énoncer comme suit :
Flux entrants :
– Revenu des ménages de la période antérieure – Epargne nette + Crédits nets => Consommation
– Revenu des entreprises de la période antérieure – Epargne nette + Crédits nets => Investissements
– Par hypothèse, l’Etat ne dispose ni de revenu antérieur, ni d’épargne, mais de Crédits nets => Consommation finale + Investissements (de l’Etat)
– Exportations ou Balance positive des échanges extérieurs, si Export > Import
Flux sortants :
– Revenu des ménages (salaires et autres)
– Revenu des entreprises (cash-flow = amortissements et réserves)
– Importations ou Balance négative des échanges extérieurs, si Export < Import
Si les flux entrants ont tendance à être supérieurs aux flux sortants, l’activité de production est en voie d’expansion. Si au contraire, les flux entrants ont tendance à être inférieurs aux flux sortants, elle est voie de récession.
Pour que l’activité de production soit en voie d’expansion, le crédit net – ménages et entreprises confondus – devra être supérieur à leur épargne nette. Dans le cas contraire, elle sera en voie de ralentissement ou de récession. Dans le crédit net, il y a donc le financement du déficit budgétaire de l’Etat pour la fraction affectée à l’activité nationale.
Une balance déficitaire aura de plus un effet de frein sur la marche de la sphère réelle, alors qu’au contraire, une balance excédentaire produira un effet d’accélération.
On s’aperçoit que la balance commerciale avec l’étranger a des effets, même à la marge, très forts et insoupçonnés. Deux points de PIB peuvent « plomber » ou relever une activité, selon qu’il y a déficit ou excédent du commerce extérieur.
D – La monnaie, moteur du processus économique
Mis à part quelques irréductibles qui nient l’évidence, on sait que les banques créent de la monnaie scripturale, ex-nihilo (sortie de rien), c’est-à-dire issue d’écritures comptables. Cette monnaie obéit à des règles strictes, celles de la comptabilité.
Comme nous sommes dans une société d’endettement – s’il n’y a pas de dette, il n’y a pas de monnaie – l’activité nationale dépend en premier lieu de la création monétaire.
A tout moment, il y a un stock de monnaie issu de la dette contractée par les ménages, les entreprises et l’Etat. La vie de ce stock dépend naturellement de la durée des échéances restant à courir à court, moyen et long terme.
Il se renouvelle dans des conditions vraisemblablement aléatoires qui pèsent sur le développement de l’activité de production.
Voyons ce qu’il en est par l’exemple :
La banque accorde à Dupont un crédit pour acheter une voiture. Elle crée la monnaie en passant l’écriture comptable suivante, en unités monétaires (UM) :
Débit : Créances clients (M. Dupont) 10.000 UM
Crédit : Compte courant de M. Dupont 10.000 UM
Comme prévu, M. Dupont utilise la monnaie mise à sa disposition par sa banque pour régler le montant de la facture du fabricant de voitures Peugeot.
En payant son fournisseur M. Dupont lui permet d’accroître la richesse nationale (activité de production du fabricant de voiture), ce qui n’aurait pas été possible si M. Dupont n’avait pas emprunté. Comme il existe des centaines de milliers de Dupont qui empruntent pour acheter, qui une voiture, qui du mobilier, qui un logement neuf, la monnaie créée tous les jours apporte ainsi à l’économie les ressources monétaires qui lui sont indispensables pour accroître la richesse nationale.
M. Dupont s’est engagé envers sa banque à rembourser les 10.000 UM, à raison de 1.000 UM par mois à l’aide des revenus qu’il reçoit de l’activité nationale – tout comme le fabricant de voitures a les siens (en partie grâce à Dupont).
La banque passe alors l’écriture inverse de la précédente jusqu’au remboursement complet du crédit de M. Dupont en 10 mois (hypothèse retenue) :
Crédit : Créances clients (M. Dupont) 10 * 1.000 UM
Débit : Compte courant de M. Dupont 10 * 1.000 UM
Par ce jeu d’écritures, la banque a détruit la monnaie qu’elle avait créée ex-nihilo précédemment.
Tous les mois, des millions d’emprunteurs – ménages et entreprises – remboursent à leurs banques la fraction des prêts qui leur ont été accordés. L’Etat en fait autant cahin-caha. En conséquence, des masses importantes de monnaie sont détruites chaque mois par les banques.
Chaque mois, donc, les ménages – comme Dupont – détournent une partie de leurs revenus pour s’acquitter de leurs dettes auprès des banques au titre de leurs emprunts. Cela s’appelle de l’épargne forcée, alors qu’avant la dépense : on peut parler d’épargne préalable ou de précaution.
Fort heureusement, tous les mois, des centaines de Dupont empruntent à nouveau et redonnent ainsi à la machine économique un nouvel élan.
On comprend ainsi pourquoi l’activité économique nationale (PIB) ralentit si les créations de monnaie par les banques ont tendance à être inférieures aux destructions.
On peut en conclure qu’une économie basée sur de la monnaie d’endettement appelle toujours plus d’endettement pour se développer.
Imaginons à présent que n millions de Dupont (ménages) reçoivent n*1.000 UM de l’activité de production et qu’ils n’y remettent que n*900 UM, la différence étant représentée par l’épargne (épargne de précaution + épargne forcée), la machine économique va immanquablement ralentir.
Heureusement que par ailleurs, les entreprises empruntent pour répondre à la demande des ménages à condition que celle-ci soit assez forte pour cela. Ce n’est pas le cas en période de récession pour des raisons qui sautent aux yeux. Mais, quelles que soient les circonstances conjoncturelles du moment, elles doivent continuer à rembourser les emprunts antérieurs.
Fort heureusement aussi, l’Etat emprunte pour régler son déficit budgétaire. Mais lui aussi doit rembourser les échéances d’emprunts antérieurs, sauf roulement de sa dette – pratique de plus en plus courante.
En conclusion de ce chapitre, on peut avancer que :
Il faut toujours plus de monnaie d’endettement pour assurer le développement de l’activité de production, ceci d’autant plus qu’une partie de celle-là sera épargnée, c’est-à-dire mise à l’écart.
E – Les effets de l’épargne et de la monnaie d’endettement sur l’activité nationale
Si l’on veut bien accepter la démonstration faite au-dessus comme une approche pertinente des faits, on peut avancer que l’épargne est la première responsable du ralentissement de l’activité économique de production par ses effets de frein.
De plus, comment nier plus longtemps l’énorme évidence que la contraction inéluctable de l’endettement – suivie de la destruction monétaire équivalente -, accélérée par la politique suicidaire de la Troïka en Europe, a des effets catastrophiques sur les économies nationales ?
Ce n’est pas la masse monétaire en circulation – M1, généralement admise – qui nourrit l’activité de production, mais l’utilisation que font les agents économiques des moyens monétaires dont ils disposent : leurs revenus, les emprunts accordés par les banques et leur épargne.
Il apparaît ainsi que la croissance dépend en premier lieu de l'abondance monétaire au sein de la sphère réelle, et ensuite de la maîtrise de ses effets sur les prix.
Il appartient à l’Etat de réguler la masse monétaire de la sphère réelle. Il devra s’assurer que l’endettement net soit en tendance toujours supérieur à l’épargne nette et que les échanges commerciaux avec le reste du monde soient équilibrés. La croissance pourra ainsi se « décréter ».
F – La monnaie permanente, pour engager le processus économique vers la croissance
Ainsi que nous venons de le voir, nous sommes dans un système économique qui fonctionne grâce à, et uniquement avec, de la monnaie empruntée par l’Etat, les entreprises et les ménages. C’est ce que l’on appelle de la monnaie d’endettement.
Il semble évident que l’on se soit engagé dans une sorte de course folle en avant pour disposer de toujours plus de monnaie, dans le but de soutenir une activité économique réelle désordonnée et incontrôlée par l’absence de régulation.
Il apparait tout aussi clairement que cette course effrénée est accélérée par une masse d’épargne provisoirement « garée » dans des parkings monétaires bancaires sans utilité pour l’économie.
Il semble tout aussi évident que l’on ne puisse se permettre d’en réduire la quantité en stoppant l’émission monétaire par les banques, ce qui reviendrait à la faire baisser par les remboursements d’emprunts antérieurs et donc par la destruction de monnaie.
On entre alors dans un cercle vicieux où la sphère réelle n’étant plus suffisamment irriguée en monnaie, les emprunts passés ne peuvent plus être remboursés et les faillites personnelles se font de plus en plus nombreuses. On entre en stagnation, en récession ou en dépression, ceci n’étant qu’une question de degré.
C’est pourtant la voie dans laquelle veulent nous engager les représentants de la Troïka, en obligeant les Etats à rembourser des dettes souveraines jugées par eux trop élevées, suivie de mesures de restrictions budgétaires touchant les populations jusque dans leurs entrailles.
La solution, préconisée ici, consiste à émettre de la monnaie dite permanente, c'est-à-dire sans intérêt ni échéance de remboursement au profit du Trésor Public.
Les besoins financiers d'un pays peuvent être divisés grosso modo en 3 groupes :
1 – les dépenses publiques de fonctionnement,
2 – les dépenses d'investissement,
3 – les besoins monétaire de la régulation économique nationale.
Les premiers doivent être couverts par les impôts et taxes ; quant aux deux autres, ils doivent être couverts par de la monnaie dite permanente, c'est-à-dire par de la monnaie émise par la Banque centrale et mise à la disposition du gouvernement sans intérêt ni échéance de remboursement sur décision du Parlement.
Ainsi, la création de monnaie permanente à destination exclusive de l'Etat, rendue possible en Europe par la dénonciation des accords de Maastricht, met fin à l'intervention des marchés financiers et des agences de notation sur une dette souveraine qui ne court plus aucun risque de défaut de paiement. Et pour cause, il n'y a plus de dette souveraine sur les marchés !
Amicalement à toi
Monsieur GRANDJEAN,
Dans mes précédents billets, je présente quelques analogies indéniables entre les échanges économiques et la physique. Je me permets d’exposer ci-dessous une autre similarité mécanique parfaite entre ces deux disciplines.
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Nous connaissons tous le dicton assurant que « tous les chemins mènent à Rome ». Chaque chemin dont la longueur est fixée est unique. En économie, pour réaliser un produit quelconque, il existe plusieurs façons de procéder que l’on peut assimiler à un chemin en physique. Par exemples, pour labourer un champ, il est possible d’employer une houe, un bâton à fouir, une charrue tractée par des boeufs ou un cheval, des disques de labour, etc. Les sillons pourront être tracés dans le sens de la pente ou perpendiculairement, etc. Toutefois, quelle que soit la méthode pour chacune de celles-ci le but à atteindre est toujours le même identiquement à la physique où il faut atteindre Rome où comme déjà précisé chaque chemin est unique. Par conséquent, il est possible de dire qu’en économie pour une méthode donnée, l’oeuvre, l’ouvrage, la tâche, la chose à réaliser, le labeur (l) est constant. De ce fait :
– en physique, tout déplacement peut être parcouru en suivant des chemins différents, mais chacun avec une vitesse variable donc avec accélération et ralentissement ou même avec arrêt en raison de considérations diverses. Nous posons :
vitesse = d(espace)/dt et a(accélération) = d.d(espace)/dt.dt
– en économie, tout produit (bien ou service) peut être élaboré en suivant des méthodes différentes, mais chacune avec une vitesse variable donc avec accélération et ralentissement ou même avec arrêt en raison de considérations diverses. Nous pouvons poser :
vitesse de fabrication (productivité) = d(labeur)/dt et a(gain de productivité) = d.d(labeur)/dt.dt
De plus, il est bien certain qu’il est possible de faire la même chose pour le prix du produit. En effet, il se forme en cours de fabrication mais pas à la même vitesse que le labeur. Nous pouvons donc poser :
vitesse de formation du prix = d(prix)/dt et a(accélération de formation du prix) = d.d(prix)/dt.dt
Cependant, pour faire évoluer soit la vitesse d’exécution du labeur, soit celle de formation du prix, il est indispensable d’appliquer une force (positive ou négative). Cette force est bien sûr différente pour le labeur et le prix. De plus, l’application de ces forces donnent respectivement le TRAVAIL (dT = F.dl) nécessaire pour accroître (diminuer) la vitesse de fabrication ainsi que la MONNAIE (dM = – F.dp) nécessaire pour augmenter (décroître) la vitesse de formation du prix. Plus cette dernière vitesse sera lente plus la monnaie détenue par le consommateur sera bien évidemment élevée puisqu’il en gardera davantage dans son escarcelle.
Il ressort de ceci que tout ce qui a été écrit en mécanique analytique peut s’appliquer identiquement aux échanges économiques. Cela permet d’expliciter et appréhender beaucoup de choses. Bien sûr, ce n’est pas en quelques lignes qu’il est possible d’exposer parfaitement et logiquement tout le cheminement analytique (mais vous le connaissez fort bien) ainsi que les calculs.
« L’analyse unifie les effets les plus divers et révèle leurs propriétés communes. A l’oeuvre dans toute la nature, elle est une élément préexistant de l’ordre universel » (Joseph Fourier).
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Mes respects.
Mr Campergue,
vos parallèles économie-physique sont intéressant dans une vision classique de l’économie mais ne relèvent pas, il me semble, les défis nouveaux que Mr Grandjean expose sur son blog: économie et soutenabilité environnementale.
Je pense que votre contribution, dans ce domaine, peut être fort intéressante.
Cordialement
A l’attention de jp-42,
Je vous remercie de votre commentaire montrant votre intérêt pour cette approche. Ainsi je suppute que vous connaissez l’analyse mathématique et sa puissance explicative des phénomènes naturels.
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Si ! Cela peut très bien servir à l’étude des conséquences climatiques, environnementales, sociales, etc., de la surconsommation d’énergie. Ce que vous avez pu lire dans les différents billets postés est extrait des premières pages d’une note d’Introduction relative aux analogies entre les échanges/transformations économiques et les échanges/transformations énergétiques. En effet, il est indéniable que le travail économique et la monnaie peuvent être considérés comme deux formes différentes d’énergie économique au même titre que la chaleur et le travail mécanique sont considérés comme deux formes différentes d’énergie physique. Cependant, dans les dernières pages de cette note (qui en comporte une centaine), il est donné plusieurs relations entre l’énergie (sous forme de chaleur) nécessaire et la monnaie (richesse) produite. La relation principale est donnée ci-dessous (mais il doit très certainement en exister d’autres) :
Q(détruite) = – M(créée) / (rendement thermique . rendement économique)
Le rendement thermique est celui de la transformation de chaleur en travail (bien connu de tous les physiciens). Ce travail est celui nécessaire à accroître la vitesse de fabrication. Le rendement économique est celui de la transformation du travail en monnaie (richesse).
Il est logique que cette relation soit affublée du signe négatif. En effet, la chaleur est relative au fabricant (c’est lui qui dépense l’énergie) alors que la monnaie est afférente au consommateur (c’est lui qui garde de la monnaie quand le prix diminue).
De cette relation et d’autres définies dans l’essai, il ressort :
– que la quantité d’énergie nécessaire (Qdétruite) est une fonction directement inverse du prix. En effet, plus le prix sera bas, plus le consommateur peut être qualifié de riche, mais il aura fallu davantage d’énergie pour fabriquer le produit plus rapidement.
– que la quantité d’énergie nécessaire (Qdétruite) est une fonction directe du carré du pouvoir d’achat. En effet, plus le pouvoir d’achat est élevé, plus le consommateur est riche, mais il aura fallu davantage d’énergie pour fabriquer le produit plus rapidement, comme ci-dessus.
Nous savons par expérience que le rendement moyen d’un moteur thermique courant est d’environ 0,30. Dans la note il a été défini que le rendement d’un système économique quel qu’il soit, ne pouvait excéder 0,34. Il est donc possible d’admettre que ce dernier rendement est, en pratique, inférieur ou égal à 0,30. En conséquence, dans la réalité quotidienne, le rendement final entre l’enrichissement d’un système représenté par la Monnaie créée (M) et l’énergie thermique (Q) nécessaire à cette création doit être, sauf cas très particulier, au maximum de 10 %. Le rendement réel doit se situer dans la majorité des cas nettement en-dessous de cette valeur, soit graviter autour de quelques pour-cent, sinon moins.
Connaissant la relation (ci-dessus) connectant l’économie à la physique, il est donc possible d’effectuer un rapprochement entre le prix de l’énergie d’un litre de carburant et celui de l’énergie humaine.
Nous savons qu’un litre de combustible pétrolier dégage lors de sa combustion une énergie sensiblement égale à 10 kW/h. Sachant également qu’un individu développe une énergie de l’ordre de 0,2 kW/h, nous pouvons donc écrire :
Q(carburant) = environ 50 Q(humaine)
En prenant en compte le rendement final entre la Monnaie créée et l’énergie totale dépensée, que l’on peut raisonnablement admettre égal à 0,05, nous pouvons poser :
Q(carburant) = environ 50 Q(humaine) / 0,05
soit :
Q(carburant) = environ 1000 Q(humaine)
Si les prix unitaires des énergies de combustible et humaine étaient égaux alors, pour 1 Euro de Monnaie (Richesse) supplémentaire créée, il faudrait en dépenser 1 000 fois plus en carburant fossile. Par exemple, en France, pour un salaire horaire de 20 €, alors 1 litre d’essence en coûterait sensiblement 20 000.
Ce calcul exhibe de la manière la plus manifeste et explicite la raison pour laquelle le niveau de vie s’est accru dans de fortes proportions depuis deux siècles, c’est-à-dire depuis la révolution industrielle.
Le hasard veut que ces jours-ci le réchauffement climatique soit à « l’honneur » dans les medias. Beaucoup de personnes bien intentionnées discutent sur le Développement Durable en pariant sur l’abandon des énergies fossiles et leur remplacement par des énergies dites renouvelables. Ceci ne peut être qu’un palliatif, certainement utile mais toutefois limité. En effet, l’essai arbore de façon sous-jacente la certitude de l’arrêt à plus ou moins long terme de l’évolution actuelle. Par conséquent, une variation inverse, c’est-à-dire régressive, se présentera obligatoirement, laquelle ne pourra prendre que l’une des deux formes suivantes :
1)- soit, une décélération lente et progressive,
2)- soit, un ralentissement rapide et violent.
La première hypothèse peut toutefois être programmée, contrôlée pour éviter des heurts économiques, sociaux, sanitaires, etc., la seconde ne le permettant pas. Ce n’est pas le Développement Durable qui doit être recherché mais la Résilience des systèmes sociaux (de la famille aux villes). La Décroissance qui se produira tôt ou tard ne pourra pas être évitée.
Sachant que les pertes s’accroissent plus vite que la productivité, le rendement final d’un système économique augmente plus lentement que la productivité elle-même. Cette remarque met donc en évidence la consommation de plus en plus importante d’énergie induite par l’accélération des processus de fabrication, et par conséquent son incidence inéluctable de plus en plus intense sur l’environnement, quelle que soit la nature de l’énergie utilisée (fossile ou renouvelable).
Cette nouvelle approche des échanges économiques présente donc l’impossibilité d’accroître sans fin la richesse, c’est-à-dire le pouvoir d’achat et se rattache par conséquent aux limites des possibilités environnementales. TOUTEFOIS, COMME TOUTE DOCTRINE, ELLE EST TOTALEMENT ET STRICTEMENT INDIFFERENTE A SES APPLICATIONS, CAR ELLE NE PRECONISE ABSOLUMENT AUCUNE POLITIQUE ECONOMIQUE LAQUELLE N’EST TOUJOURS DUE QU’A UNE VOLONTE ET DECISION HUMAINES.
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Dans le monde moral, de même que dans la monde physique, il n’existe pas d’anomalie, rien n’est étrange. Tout est ordre, symétrie et loi (Henry Thomas BUCKLE).
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Bien à vous.