La pression anthropique sur la planète est évidemment fonction de la démographie de notre espèce. Nous étions moins de 10 millions au début de la sédentarisation il y a une dizaine de milliers d’années . Nous sommes 7 milliards et filons vers les 8,5 à 9,5 en 2050.
La maîtrise de la démographie semble donc clairement la priorité des actions pour réduire cette pression.
Améliorer cette maîtrise s’impose, pour des raisons humaines sociales et d’environnement dans les régions où ce n’est pas le cas. Les plus pauvres sont les victimes du changement climatique et plus généralement des crises environnementales et de la pression sur les ressources. Mais il ne faut rien attendre de significatif de cette maîtrise pour limiter la dérive climatique dans les décennies qui viennent.
D’une part, la démographie humaine est un processus à forte inertie. Nous serons 8,5 à 9,5 milliards d’humains en 2050 sauf cataclysme majeur. Les actions indispensables en matière de démographie auront un effet limité (mais non nul) à cet horizon et un effet déterminant pour la deuxième partie de ce siècle.
Or la dérive climatique est à endiguer maintenant.
D’autre part, la pression anthropique est surtout le fait des riches (de tous les pays) et l’accroissement démographique le fait des pauvres. Si l’on se limite à l’empreinte carbone, voici la distribution des ces émissions par émission individuelle décroissante, telle qu’elle a été reconstituée par une équipe de chercheurs de Princeton et présentée le 18 juin 2009 à l’International Energy Workshop de Venice, par Massimo Tavoni[1].
On voit qu’en 2003 (courbe verte), 75 % des émissions de CO2 sont le fait de 25 % des habitants de la planète, ceux qui émettent 5 à 50 tonnes de CO2 chacun. Et qu’en ordre de grandeur, la moitié des êtres humains émettent moins de 1 tonne chacun…Pour mémoire les émissions engendrées (donc y compris celles générées par ses importations) par un français moyen sont de l’ordre de 10 tonnes de CO2[2].
L’accroissement de 7 à 9 milliards d’habitants anticipés d’ici 2050 se fera en Afrique et en Asie avec des émissions individuelles de l’ordre de 1 à 2 tonnes par personne, comme le montre le graphique suivant (attention, il se limite aux émissions de CO2 liées à l’énergie fossile).
La contribution de cette croissance est donc de l’ordre de 2 à 4 milliards de tonnes. Ce n’est évidemment pas négligeable. Mais le défi qui est devant nous n’est pas de cet ordre de grandeur. Il s’agit (pour le CO2) de passer de 32 milliards de tonnes émises actuellement à 12 milliards en 2050. Une réduction de 20 milliards de tonnes qui est donc 5 à 10 fois supérieure à la contribution de la croissance démographique sur cette période.
La solution à la dérive climatique doit donc être recherchée du côté de la réduction des émissions des plus riches : c’est d’ailleurs ce que proposent Massimo Tavoni et ses coauteurs : plafonner les émissions du milliard les plus riches de la planète à environ 10 tonnes par personne à horizon 2030.
Bref il va falloir que nous apprenions à partager. Est-ce vraiment inconcevable ?
[1] Le papier présenté s’intitule : Sharing Global CO2 Emission Reductions among 1 Billion High Emitters…
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