La crise actuelle a quelque chose d’hallucinant. Le système financier sauvé à grands renforts de mesures « non conventionnelles » (des aides publiques massives) vient attaquer les Etats affaiblis par ces mesures. Il faudrait maintenant que les Etats se disciplinent et fassent avaler aux citoyens qui n’en demandaient pas tant la pilule d’une rigueur incompréhensible, injuste et anti-économique.
La situation me fait penser à l’histoire de cette grenouille qui accepte de porter un scorpion sur son dos pour lui faire traverser une rivière. La grenouille refuse au début en disant au scorpion « tu vas me piquer ».Le scorpion répond : « ce serait contraire à mes intérêts ; si je te pique je me noie avec toi ». La grenouille, rassurée par ce raisonnement, accepte de porter le scorpion qui la pique aubeau milieu de la rivière. Alors qu’elle ouvre des yeux désespérés et effarés, le scorpion, avant de mourir, lui dit : « que veux-tu, je suis un scorpion. »
Les Etats n’ont pas su imposer à temps les mesures lourdes, en terme de régulation, qu’ils devaient obtenir en contrepartie des aides massives qu’ils ont accordées. Si l’Europe continue dans la voie complètement autiste qu’elle prend sous la direction de Trichet, le pire est probable. Des tensions sociales contagieuses,une dépression économique croissante, le retour du populisme et pour finir le chaos. Toute politique déflationniste comporte ces risques. C’est le chancelier Bruning qui a fait le lit d’Hitler.
Monétiser la dette publique, dans des proportions à bien évaluer (j’y reviendrai dans un prochain post) a au contraire les avantages considérables suivants :
– mettre fin à la spéculation. C’est ainsi que pratique la FED. La FED, qui n’a jamais eu de pudeur de jeune fille, sait intervenir quand il faut[1]. Or dès que lesmarchés savent qu’il est dangereux de jouer, ils arrêtent. Le rachat des bons du Trésor directement par la FED est une pratique courante dont je n’ai jamais observé qu’elle était inflationniste. Comme déjà dit, elle est créatrice de bulles spéculatives, de hausse des prix de certains actifs, pas de hausse des prix généralisés.
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– détendre immédiatement la pression exercée par les services de la dette sur les déficits publics et permet de retarder les mesures d’austérité qui vont ralentir l’économie, aggraver le chômage, aggraver les déficits et créer des tensions sociales insupportables
-permettre le financement d’un plan climat-énergie ambitieux qui permette de réduire rapidement notredépendance et notre facture pétrolière et gazière, tout en réenclenchant la création d’emplois dans des secteurs d’avenir et en relançant la dynamique de négociation internationale.
-redonner un projet et de l’espoir dans une période dépressive.
Paradoxalement c’est certainement la seule manière de sauver l’Euro. Personne ne voit comment les Etats surendettés qui viennent de sauver la Grèce après avoir sauvé les banques pourraient résister aux attaques qui vont s’enchaîner de l’Espagne à l’Angleterre en passant par le Portugal et l’Italie, pour finir par l’Allemagne et la France.
Je pense que la BCE va être obligée de céder à cette évidence et de franchir alors la ligne rouge de l’article 123 du traité de Lisbonne. Il sera alors évident qu’il s’agissait d’un dogme insensé. Et il pourra être possible de rebâtir un traité intelligent, parce que ce sera nécessaire. Ceux qui disent aujourd’hui qu’il ne faut pas franchir cette ligne rouge au motif que l’Euro pourrait en mourir font une erreur radicale. C’est l’inverse exact qui est vrai.
Evidemment cette mesure ne peut suffire à elle seule. Comme je l’ai dit précédemment il ne s’agit pas de laisser filer les déficits publics primaires. Il ne faut pas non plus se laisser écraser par la puissance économique des pays émergents. Au fond n’allons-nous pas accoucher dans la douleur d’un nouveau modèle?
[1] Parfois bien trop, c’est un autre et important problème, la FED n’est pas un modèle à suivre sur tous les plans.
4 réponses à “Monétiser la dette publique, pour mettre fin à la spéculation et redresser l’Europe, tout en évitant la crise énergétique (joli programme !)”
Ca ne va pas être facile de changer la perception des dernières générations … Et encore moins facile de faire changer d’avis nos dirigeants actuels !
Non ce ne sera pas facile; je pense qu’il faut essayer de le faire avant que les gros gros ennuis commencent; toute idée de communication est la bienvenue. Du côté des dirigeants, ceux qui ont le pouvoir démocratiquement (je ne parle donc pas des « technocrates ») sont quand même soumis à quelques contraintes qui peuvent les faire bouger. En ce moment il y a un espace pour dire des choses nouvelles.
[…] nous l’avions prévu (voir « Monétiser la dette publique, pour mettre fin à la spéculation et redresser l’Europe, tout en
Tout à fait d’accord avec vous.
Dans le doute (il y aussi les risques de l’inflation à prendre en compte)
sans doute faut il faire au moins ce que font les Us
et en monétiser une partie comme le dit patrick artus:
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=56172
Sinon il me semble qu’il s’agit plutot de l’article 101 que du 123 du traite de Lisbonne?
http://www.traite-de-lisbonne.fr/Traite_de_Lisbonne.php